Loading AI tools
prix cinématographique, plus grande distinction du Festival de Cannes De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Palme d'or est la principale récompense décernée par le jury du festival de Cannes, qui a lieu chaque année en mai depuis 1946. Elle est accordée au meilleur film de la sélection officielle. Cette appellation date de 1955, succédant à celle de Grand Prix du Festival international du film.
Palme d'or | |
Festival de Cannes 2024 | |
---|---|
Description | Meilleur film de la compétition |
Organisateur | Festival de Cannes |
Pays | France |
Date de création | 1955 |
Dernier récipiendaire | Anora Sean Baker |
Site officiel | festival-cannes.fr |
modifier |
Le symbole de la Palme est tiré des armes de la ville de Cannes — tout comme le Lion de la Mostra de Venise et l'Ours du festival de Berlin s’inspirent du blason de ces villes.
Initialement envisagée comme « Coupe Lumière », du nom du président d'honneur du « festival du monde libre », pour s'opposer à la coupe Mussolini de la Mostra de Venise[1],[2], la plus haute récompense du Festival de Cannes s'appelle à l'origine le « Grand Prix du Festival international du film » et est décernée à un réalisateur sous la forme d'un diplôme et d'un trophée signé d'un artiste contemporain[3].
L'histoire de la Palme d'or commence dans les années 1950[4].
En 1954, à l'initiative de Robert Favre Le Bret, les organisateurs chargent plusieurs joaillers de concevoir une distinction reprenant, comme symbole de victoire, le motif de la feuille de palmier des armes ancestrales de la vieille cité cannoise[4], elles-mêmes issues du blason abbatial et de la légende de saint Honorat. À l'approche de l'an Mil, le village de Cannes fut cédé à l'abbaye de Lérins dont la palme était l'emblème en référence au palmier sur lequel grimpa le saint pour que la mer puisse nettoyer l'île des serpents qui l'infestaient. Elle rappelle aussi la palme bénie que rapportaient les Cannois en revenant du pèlerinage annuel aux îles de Lérins[5],[6].
Le projet retenu est celui de Lucienne Lazon. Sa feuille de palmier repose sur un socle en terre cuite réalisé par le sculpteur Sébastien. Une fois élaborée, la récompense prend le nom de « Palme d'or » en 1955 et revient, pour la première fois, à l'Américain Delbert Mann pour le film Marty[4].
Le nouveau prix ne fait pas l'unanimité : il est décerné jusqu'en 1963 et le conseil d'administration revient au « Grand Prix du festival » avec la formule diplôme-œuvre d'art[4]. En 1975, la Palme d'or est définitivement réhabilitée mais son appellation n'est officialisée que cinq ans plus tard[4]. Elle devient le logo du festival au cours des années 1980[4]. Sa configuration évolue avec le temps : elle passe notamment d'un socle arrondi à un socle pyramidal en 1984[3].
Elle est ensuite modernisée en 1992 par Thierry de Bourqueney puis en 1997 par Caroline Gruosi-Scheufele, présidente de la joaillerie suisse Chopard qui depuis cette date, a l'exclusivité de sa réalisation ainsi que celle des deux palmettes, remises en prix d'interprétation à deux comédiens[4]. Les autres prix de la compétition officielle sont décernés sous forme de diplômes (papier parchemin enroulé autour d'un ruban rouge). La palme pèse 118 grammes d'or jaune et mesure 13,5 centimètres de long pour 9 centimètres de large. Son coût est estimé à un peu plus de 20 000 euros[7]. Elle est travaillée à partir d'un lingot d'or de 18 carats (75 % d'or et 25 % d'alliage de cuivre et d'argent), coulé à 760 °C dans un moule en plâtre où a été préalablement placée une copie en cire qui fond sous l'effet de la chaleur mais laisse son empreinte[8],[9]. La palme est ensuite limée, ciselée et polie puis fixée avec sa tige légèrement courbée et ses 19 folioles sculptées sur un coussin en cristal d'un kilogramme, taillé en diamant. Pour 2022, le cristal est remplacé par un quartz rose[10]. Le trophée est alors placé dans un écrin en maroquin bleu[4]. Plus de 40 heures de travail sont nécessaires à sa réalisation[9]. La palme est fournie gracieusement par le joaillier qui la garde dans ses coffres jusqu'au dernier moment. Une copie à l'identique est toujours conservée en cas d'accident matériel ou d'attribution ex æquo. Le nom de son récipiendaire est annoncé en dernier lors de la proclamation du palmarès[3]. En 2014, Chopard abandonne l'or recyclé habituel et se lance dans la fabrication de la première palme équitable, certifiée Fairmined, en collaborant avec deux coopératives du désert d'Atacama, au Chili, qui exportent l'or vers la Suisse pour la confection de la récompense[9],[11],[12]. En 2017 et en 2022, pour les éditions anniversaires du festival, la palme est incrustée de diamants[13],[10].
Considérée comme l'une des distinctions cinématographiques les plus importantes, son attribution comprend des enjeux artistiques, financiers et médiatiques majeurs : gage de qualité pour le public français et international, elle permet à son lauréat d'obtenir une renommée mondiale, de trouver facilement un distributeur et de multiplier par dix, voire par cent le nombre de spectateurs en salles[14] même si ce boom de fréquentation est moins évident dans les années 2000[15].
Lors du Festival 1988, l'interprétation de Max von Sydow est mentionnée par Ettore Scola, président du jury, pour l'attribution de la Palme à Pelle le Conquérant de Bille August[16]. De même, Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, les comédiens d'Amour de Michael Haneke, sont cités par les jurés pour leur contribution fondamentale au film, en 2012[17]. En 2013, Steven Spielberg et son jury obtiennent une dérogation exceptionnelle pour que le prix co-distingue à la fois le réalisateur Abdellatif Kechiche et les deux actrices principales de La Vie d'Adèle : Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos[18].
Il n'est d'ailleurs pas rare de voir les films palmés recevoir des nominations puis des récompenses lors de la Cérémonie des Oscars à Hollywood, l'année suivante (Marty, Orfeu Negro, Un homme et une femme, Le Tambour, Pelle le Conquérant, La Leçon de piano, Le Pianiste, Amour, Parasite...) ou dans leurs propres récompenses locales[19],[20].
Bien que le festival ne consacre sa compétition qu'aux films de cinéma, certaines palmes étaient initialement destinées à être diffusées à la télévision, en téléfilm ou mini-série. Quelques fois, cette diffusion eut lieu avant la sélection cannoise, car le festival autorise (hors films français) les sorties locales. C'est le cas de Padre Padrone[21], Les Meilleures Intentions[22],[23] ou Elephant[24].
Deux documentaires ont été consacrés par la récompense suprême, Le Monde du silence et Fahrenheit 9/11[25].
Tandis que la palme d'or est normalement remise au réalisateur, en 2013, le jury décide de la remettre non seulement au réalisateur Abdellatif Kechiche mais aussi à Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, interprètes principales de La vie d'Adèle : Chapitre 1 et 2.
Neuf metteurs en scène l'ont obtenu à deux reprises : Francis Ford Coppola, Bille August, Emir Kusturica, Shōhei Imamura, les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, Michael Haneke, Ken Loach et Ruben Östlund. Le réalisateur suédois Alf Sjöberg a également obtenu deux fois la récompense suprême du festival de Cannes, mais il ne s'agissait pas encore de la Palme d'or.
En 2018, Le Livre d'image, réalisé par Jean-Luc Godard, reçoit une Palme d'or spéciale[26].
Pacific Express (Union Pacific) avait été sélectionné dans la compétition de 1939, lors de ce qui aurait dû être la toute première édition du Festival de Cannes, organisée à l'instigation de Jean Zay et présidée par Louis Lumière. La compétition comptait parmi les films français L'Enfer des anges de Christian-Jaque, La Charrette fantôme de Julien Duvivier, La Piste du Nord de Jacques Feyder et L'Homme du Niger de Jacques de Baroncelli puis, parmi les longs métrages étrangers, Le Magicien d'Oz de Victor Fleming, Au revoir Mr. Chips de Sam Wood, Boefje de Douglas Sirk, Lénine en 1918 de Mikhaïl Romm et Les Quatre Plumes blanches de Zoltan Korda. La déclaration de guerre du Royaume-Uni et de la France à l'Allemagne nazie en septembre 1939, à la suite de l'invasion de la Pologne, provoqua l'annulation immédiate de la manifestation[27]. Le festival ne put avoir lieu qu'en 1946, après le second conflit mondial[28].
Pour le 55e anniversaire du festival, en 2002, un jury, présidé par l'écrivain Jean d'Ormesson et composé de Dieter Kosslick, Alberto Barbera, Lia van Leer, Férid Boughedir et Raymond Chirat, eut pour tâche de départager les films sélectionnés en 1939, avec 63 ans de retard. Sept films parmi les 32 de la sélection originelle furent jugés. La Palme d'or fut décernée à l'unanimité et à titre posthume à Cecil B. DeMille pour Union Pacific. Judy Garland et Michèle Morgan reçurent quant à elles une mention spéciale pour le meilleur espoir féminin, respectivement pour Le Magicien d'Oz et La Piste du Nord[29],[30].
En , le festival Cannes 1939, organisé à Orléans, est allé plus loin, projetant tous les films prévus pour cette première édition annulée et décernant un palmarès. Toutefois, la Palme d'or y a été remplacée par un « Grand prix Jean-Zay Cannes 1939 », décerné cette fois à Monsieur Smith au Sénat, de Frank Capra, également primé pour l’interprétation masculine de James Stewart et par un Prix du jury lycéen[31],[32].
La Néo-Zélandaise Jane Campion fut pendant 28 ans la seule femme ayant reçu la Palme d'or, pour La Leçon de piano en 1993, partagée avec le cinéaste chinois Chen Kaige qui l'a obtenue pour Adieu ma concubine[34]. En 2021, Julia Ducournau devient la deuxième femme couronnée avec Titane[35] et la première femme à la remporter seule. L'édition 2023 récompense pour la troisième fois une femme : Justine Triet, pour Anatomie d'une chute.
Pour la vingtaine de films en lice chaque année, il n'y a jamais eu plus de cinq réalisatrices, 2022 étant un record absolu avec vingt-un hommes et cinq femmes concourant pour la Palme d'or[34].
Les critiques peuvent être consécutives au choix du jury, qui ne récompense pas forcément le favori des festivaliers et de la presse[36],[37]. Il est reproché que la Palme d'or consacre certains réalisateurs pour des films considérés comme faibles ou mineurs dans leurs filmographies[38],[39],[40],[41],[42],[43].
Le jury s'est vu parfois reprocher d'avoir été sensible à l'actualité politique, pour le choix de L'Homme de fer (essor de Solidarność en Pologne communiste)[44],[41], Fahrenheit 9/11 (opposition au président George W. Bush)[45],[41] et La Vie d'Adèle (adoption en France de la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe)[46].
Le règlement limite les potentiels conflits d'intérêts en interdisant qu'un juré participe à un des films de la compétition. Mais malgré ces précautions, des articles de presse ont dénoncé le caractère de jurés[47],[48] et de présidents du jury « tyranniques » (Kirk Douglas en 1980[49], Roman Polanski en 1991[50],[51], Isabelle Adjani en 1997[52]) ou des connivences par rapport aux collaborations passés (David Lynch en 2002[53], Isabelle Huppert en 2009[54]).
Les films ci-dessous ont remporté le « Grand Prix du Festival international du film », qui est l'équivalent de la Palme d'or jusqu'en 1954.
Le principal prix du Festival de Cannes prend le nom de Palme d'or à partir de 1955.
Neuf réalisateurs (en comptant le duo des frères Dardenne) ont remporté deux fois la Palme d'or (ou le Grand Prix, selon les périodes concernées) :
Classement des pays récompensés par le Grand prix du festival (de 1939 à 1954 et de 1964 à 1974) puis la Palme d'or (de 1955 à 1963, et depuis 1975) :
Pays | Palmes d'or | Grands prix | Total |
---|---|---|---|
France | 11 | 10 | 21 |
États-Unis | 13 | 6 | 19 |
Italie | 5 | 10 | 15 |
Royaume-Uni | 4 | 5 | 9 |
Japon | 4 | 1 | 5 |
Suède | 3 | 2 | 5 |
Danemark | 2 | 1 | 3 |
Turquie | 2 | 2 | |
Allemagne de l'Ouest | 2 | 2 | |
Autriche | 2 | 2 | |
Belgique | 2 | 2 | |
Pologne | 2 | 2 | |
Yougoslavie | 2 | 2 | |
Union soviétique | 1 | 1 | 2 |
Suisse | 1 | 1 | 2 |
Corée du Sud | 1 | 1 | |
Algérie | 1 | 1 | |
Brésil | 1 | 1 | |
Chine | 1 | 1 | |
Espagne | 1 | 1 | |
Grèce | 1 | 1 | |
Iran | 1 | 1 | |
Nouvelle-Zélande | 1 | 1 | |
Roumanie | 1 | 1 | |
Thaïlande | 1 | 1 | |
Inde | 1 | 1 | |
Mexique | 1 | 1 | |
Sénégal | 1 | 1 | |
Tchécoslovaquie | 1 | 1 |
La Palme d’or a par moments été accompagnée d’autres prix décernés par le jury officiel.
Au début des années 2000, il est décidé que, comme pour l'œuvre récompensée du Grand Prix ou du Prix de la mise en scène, le film lauréat de la Palme d'or ne peut plus obtenir d’autres récompenses. L'attribution d'un prix ex æquo à deux films n'est plus applicable à la palme. Cette dernière ne peut donc revenir désormais qu'à un seul long métrage. Cette limite ne vaut que pour la sélection officielle, les prix décernés par d’autres institutions ou d'autres jurys (comme le Prix FIPRESCI ou le Prix du jury œcuménique) ne sont pas concernés.
La Palme d'or peut quelquefois être un gros succès au box-office. Certains films d'auteurs arrivent à dépasser le million de spectateurs, objectif rarement atteint sans la médiatisation engendrée par le Festival de Cannes.
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.