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film de Lars von Trier sorti en 2000 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Dancer in the Dark, ou Danser dans le noir au Québec, est un film réalisé par Lars von Trier, sorti en .
Titre québécois | Danser dans le noir |
---|---|
Réalisation | Lars von Trier |
Scénario | Lars von Trier |
Acteurs principaux |
Björk |
Sociétés de production | Zentropa |
Pays de production |
Pays-Bas Suède Danemark Finlande Islande France Allemagne États-Unis Royaume-Uni Norvège |
Genre | Drame, film musical |
Durée | 140 minutes |
Sortie | 2000 |
Série Cœur d'or
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Il est coproduit par des sociétés danoises, hollandaises, suédoises, finlandaises, islandaises, allemandes, françaises, américaines, britanniques et norvégiennes.
Troisième opus de la « trilogie cœur en or », après Breaking the Waves et Les Idiots, il mêle drame et film musical.
Présenté pour la première fois lors du 53e Festival de Cannes, ce film y a remporté la Palme d'or et a valu à Björk le prix d'interprétation féminine.
Dans les années 1960, Selma Jezkova, immigrée tchécoslovaque, s'est installée dans une petite ville des États-Unis avec son fils Gene, âgé de 12 ans.
Elle travaille dur et sans relâche pour tenter de réunir l'argent qui doit lui permettre de payer à son fils une opération des yeux avant son treizième anniversaire. Gene, en effet, souffre d'une maladie héréditaire qui le prédestine comme sa mère à la cécité.
Pour y parvenir, Selma travaille comme emboutisseuse dans une usine métallurgique, au-delà de ses capacités et au mépris des règles de sécurité.
Elle ne s'offre comme distraction que la participation à une comédie musicale montée par la chorale amateur de son quartier. Un jour, Selma et Bill, son voisin, échangent leurs secrets : elle devient aveugle et il cache à sa femme Linda qu'il est ruiné. Bill vole finalement à Selma les économies qui devaient servir à sauver son fils ; une série d'événements désastreux s'ensuit alors.
Ce film est une comédie musicale dramatique, d'un caractère dramatique affirmé [1],[2]. L'ambiance générale est lourde mais les passages musicaux agissent comme des pauses poétiques à l'atmosphère plus douce ou joyeuse[2]. La mort de deux personnages y est montrée, à chaque fois, avec brutalité.
Le réalisateur danois a voulu, avec ce film, sortir des règles du Dogme95 qu'il avait initiées avec Thomas Vinterberg (10 règles très strictes qui donnent un cinéma épuré sans aucun artifice et sans meurtre) car il les trouvait déjà dépassées[3]. Néanmoins, il tient à conserver un style quasi-documentaire (caméra portée notamment[1], qui semble justifiée ici, en accord avec le parcours « chaotique » de Selma[2]). Dans ce film plus que dans d'autres, le cinéaste danois concilie le naturalisme de la forme et des thèmes traités (séquences improvisées, illustration du milieu ouvrier, évocation du déterminisme social, des maladies génétiques etc.) au symbolisme, présent notamment dans les scènes dansées et chantées. Ce symbolisme très prononcé s'accentue clairement dans ses œuvres suivantes (la figure christique et la vengeance divine dans Dogville, la féminité, la nature et la sorcellerie dans Antichrist, la dépression, le désespoir et la mort dans Melancholia...)[4],[5].
Le film est entièrement tourné en numérique[6]. Pour les séquences dansées et chantées, Lars von Trier a utilisé simultanément cent caméras numériques, dans le but de donner aux numéros musicaux le style d'une véritable retransmission en direct[7]. La plupart étaient cachées dans le décor, d'autres ont été effacées numériquement à l'image, et quelques-unes étaient maniées par différents opérateurs, notamment pour les gros plans de Björk, difficiles à réaliser au vu de la grande taille des différents décors. Ce système, qui a permis de tourner chacune de ces scènes en deux jours au lieu d'un mois, amène naturellement à un découpage très haché aux plans courts et fixes, ce qui va à l'encontre des règles traditionnelles de la comédie musicale, plus habituée aux amples mouvements de caméra. La gestion des caméras est le résultat des échanges entre le réalisateur et le chorégraphe Vincent Paterson (qui joue aussi le rôle de Samuel) : une fois les chorégraphies préparées, le réalisateur proposait un placement des caméras, puis l'équipe du chorégraphe plaçait et cadrait celles-ci, avant que le réalisateur tourne les scènes[8].
Le rapport de force entre Björk et Lars von Trier a démarré dès le début du projet, puisque le réalisateur a insisté pour que la chanteuse joue le rôle principal alors qu'elle voulait uniquement composer la bande originale[9]. Au bout de deux ans, une fois toutes les musiques préparées, Björk a cédé au réalisateur lorsqu'il a dit qu'il abandonnerait le film si elle ne jouait pas Selma[9].
Selon l'équipe de tournage et le réalisateur, les divergences de vue entre Björk et Lars von Trier ont souvent influencé le film durant le tournage. Lars von Trier aurait continuellement maintenu son actrice en état de faiblesse, comme l'avait fait Stanley Kubrick avec sa comédienne Shelley Duvall sur Shining. Björk, impliquée dans son rôle au point de le ressentir plus que de le jouer[10], se serait conduite de façon excessive selon l'équipe du film, quittant même le plateau pour quelques jours en plein milieu du tournage. Son manager aurait tenté de racheter le film afin qu'elle puisse en faire ce qu'elle voulait[11]. Cette constante confrontation vient nourrir l'opposition violente entre l'idéalisme de Selma et le registre pathétique du récit qui amène l'héroïne de catastrophe en catastrophe ; pour beaucoup de critiques, cet affrontement a néanmoins nui au film.
Björk se distancie de cette expérience en considérant que Selmasongs est la musique de Selma et non la sienne[9],[12],[13] mais déclare, à propos des « sons martiaux » de Selmasongs, qu'ils « étaient plus liés à la douleur qu'à l'autorité. Ils étaient une réaction au contrôle, plutôt que le contrôle lui-même »[12]. Elle juge que la collaboration avec Lars von Trier a été terrible[9]. De façon plus générale, elle déclare qu'elle a « détesté faire l'actrice » et qu'elle « aurai[t] dû [s]e contenter de la musique »[9].
Le , à la suite de l'accumulation de témoignages de nombreuses actrices annonçant avoir été victimes d'intimidation, de chantage, de harcèlement sexuel, d'agression sexuelle et/ou de viol de la part du producteur américain Harvey Weinstein, Björk publie un texte sur Facebook dans lequel elle explique avoir été victime de harcèlement sexuel et de pressions en faisant part de son « expérience avec un réalisateur danois » ; elle souligne qu'elle a « découvert qu'un cinéaste peut toucher et harceler ses actrices à volonté et que le cadre institutionnel le permet [...] et l'encourage ». Björk ajoute que, selon elle, le film Dogville, réalisé après Dancer in the Dark, est inspiré de ces faits[14],[15].
À l'instar de Breaking the Waves, le réalisateur et scénariste du film aborde de façon poignante le thème du sacrifice de la femme, ici en tant que mère. Le jeu d'actrice de Björk, époustouflant, permet de rendre le personnage aussi attachant que tragique. Le film, aussi bien dans la forme que dans le fond, est un réquisitoire contre la peine de mort et, plus loin, une critique de l'aveuglement parfois de la justice.
Le film conclut la « trilogie cœur en or » de Lars von Trier, débutée avec Breaking the Waves (1996) et Les Idiots (1998), présentant des personnages simples qui restent purs dans des circonstances tragiques[3].
Par ordre d'apparition dans le film :
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