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1re édition prévue du Festival de Cannes, annulée De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Festival de Cannes 1939, ou Festival international du film de Cannes 1939, devait être la première édition du Festival de Cannes, lancé par le gouvernement français pour s'opposer à la Mostra de Venise, dont l'édition de 1938 avait été dirigée par les fascistes et les nazis[1].
Prévu pour se dérouler en septembre 1939[2], le festival n'a pas eu lieu en raison de la déclaration de guerre du Royaume-Uni et de la France à l'Allemagne nazie le , marquant l'entrée de la France dans la Seconde Guerre mondiale. Sa véritable première édition est celle de 1946, organisée après la fin du conflit dans les salles du Casino municipal de Cannes dans l'attente de la construction du Palais des Festivals dit Palais Croisette sur l'emplacement du Cercle nautique.
La France ressent dès l'Exposition universelle de 1937 le désir de consolider son prestige culturel en organisant une compétition internationale de films. À la fin des années 1930, choqués par l’ingérence des gouvernements fascistes allemand et italien dans la sélection des films de la Mostra de Venise — inaugurée en août par le dirigeant nazi Joseph Goebbels —, Philippe Erlanger (directeur de l'Association française d'action artistique) et les critiques de cinéma Émile Vuillermoz et René Jeanne (tous trois membres du jury international de la Mostra) soumettent à Jean Zay, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, l'idée d'organiser en France un festival international de cinéma qui soit indépendant politiquement[3]. Jean Zay, intéressé par la proposition, donne une réponse favorable le 26 décembre 1938[4] et est encouragé par les Américains et les Britanniques, qui ont boycotté la Mostra de Venise. Harold Smith, représentant à Paris de la Motion Picture Association of America et Neville Kearney, délégué officiel du cinéma britannique en France, s'engagent à soutenir ce « festival du monde libre » et à y amener des vedettes[5]. Le projet se présente comme un partenariat franco-américain et vise à créer un grand marché mondial du film[6]. Plusieurs villes sont candidates, notamment Vichy, Biarritz, Lucerne, Ostende, Alger et Cannes, dont Henri-Georges Clouzot apprécie l’agrément et l’ensoleillement. Le comité de coordination composé des représentants des différents ministères concernés par le festival, après avoir étudié les atouts de chaque ville et envoyé ses représentants sur place, retient finalement Cannes. Deux personnalités cannoises, les directeurs de palaces Henri Gendre, propriétaire du Grand Hôtel, et Jean Fillioux, propriétaire du Palm Beach, ont fait valoir leurs capacités d'accueil et leurs équipements ainsi que l’existence d’une salle de projection, au Casino municipal de Cannes, pouvant accueillir un millier de spectateurs. De plus, la Ville de Cannes s'est engagée à augmenter sa participation financière à hauteur de 600 000 francs, à mettre à la disposition du comité ses salles de réception et à construire un palais spécialement destiné au festival[7].
Philippe Erlanger est le premier délégué général du Festival[8].
En juin 1939, Louis Lumière accepte d'être le président de cette première édition, qui doit se dérouler du 1er au 20 septembre. Il avait alors déclaré vouloir « encourager le développement de l’art cinématographique sous toutes ses formes et créer entre les pays producteurs de films un esprit de collaboration ». La sélection française est arrêtée et comprend L'Enfer des anges de Christian-Jaque, La Charrette fantôme de Julien Duvivier, La Piste du nord de Jacques Feyder et L'Homme du Niger de Jacques de Baroncelli.
Parmi les films étrangers, on retrouve Le Magicien d'Oz de Victor Fleming, Pacific Express (Union Pacific) de Cecil B. DeMille, Au revoir Mr. Chips (Goodbye Mr Chips) de Sam Wood et Les Quatre Plumes blanches (The Four Feathers) de Zoltan Korda.
Le peintre Jean-Gabriel Domergue, cannois d'adoption — dont la villa, léguée après le décès de sa femme à la municipalité de Cannes, est mise, depuis les années 1990, à la disposition du comité pour les délibérations du jury[9] — crée la célèbre affiche du 1er Festival qui montre une femme applaudissant, le dos nu, la chevelure luxuriante, aux côtés d'un homme en habit, les deux premiers spectateurs du Festival[10],[11],[12] et la « Coupe Lumière », du nom du président d'honneur du « festival du monde libre », ainsi nommée pour s'opposer à la coupe Mussolini de la Mostra de Venise, doit récompenser le meilleur film[13],[14].
Dès le mois d'août, les vedettes affluent et la Metro-Goldwyn-Mayer affrète un paquebot transatlantique pour amener les stars d'Hollywood : Tyrone Power, Gary Cooper, Annabella, Norma Shearer et George Raft. On prévoit des fêtes ; inspirés par le film Quasimodo, les Américains projettent de construire une réplique de Notre-Dame de Paris sur la plage de Cannes[8].
Le 1er septembre, jour de l'ouverture, les troupes allemandes pénètrent en Pologne, et le Festival est annulé[15] : c'est seulement le 26 mai 2002, que le « jury 1939 », sous la présidence de Jean d'Ormesson, décernera la Palme d'or 1939 au film de Cecil B. DeMille Pacific Express. Le jury de 2002 tiendra également à rendre hommage à deux espoirs féminin : Judy Garland pour le film Le Magicien d'Oz et Michèle Morgan pour le film La Loi du nord. Le jury complet de 2002 pour le festival de 1939 était constitué d'Alberto Barbera, Férid Boughedir, Raymond Chirat, Dieter Koslick et Lian Van Leer[1],[16].
Lors de la 55e édition du Festival de Cannes en 2002, la Palme d'or (qui n'existe sous ce nom qu'à partir de 1955) est décernée rétroactivement au film Pacific Express, à l’unanimité, par un « jury 1939 » présidé par Jean d'Ormesson[18]
80 ans après la première édition avortée du Festival de Cannes, le Cercle Jean Zay d’Orléans[19] organise à Orléans, du 12 au , l’édition originale de 1939 en hommage à l'un de ses initiateurs, Jean Zay, natif de cette ville. Le festival[20] est piloté par le Comité Jean Zay Cannes 1939, présidé par l’historien et critique de cinéma Antoine de Baecque, le délégué général est le designer François Caspar[21], qui signe aussi la communication visuelle, et le comédien et réalisateur Alex Lutz en est le maître de cérémonie. Le think-tank Tous Orléans y organise les demi-finales et la finale de son concours d'éloquence dénommé « Tous Orléans, tous éloquents » dont les candidats sont auditionnés sur des thématiques liées à la République, l'Europe et la Laïcité[22] face à un jury composé notamment de Jean-Pierre Sueur et de Patrick Kanner[23].
Le jury est dévoilé en avril 2019[24] :
Palmarès du jury de 2019[25],[26] :
Palmarès du jury lycéen :
Autres prix :
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