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réalisatrice, scénariste et actrice française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Justine Triet, née le à Fécamp (Seine-Maritime), est une réalisatrice, scénariste et actrice française.
Naissance |
Fécamp, France |
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Nationalité | Française |
Profession |
Réalisatrice Scénariste Actrice |
Films notables |
Victoria Sibyl Anatomie d'une chute |
Issue d'une nouvelle génération de réalisatrices engagées comportant Sofia Coppola, Maïwenn, Rebecca Zlotowski, Alice Winocour ou encore Greta Gerwig, elle débute en réalisant plusieurs documentaires et le court-métrage Vilaine Fille, mauvais garçon, primé à la Berlinale 2012. Deux ans plus tard, son premier long métrage La Bataille de Solférino présenté lors du Festival de Cannes 2013 connaît un succès critique important qui l'impose dans le paysage audiovisuel francophone et lui vaut une nomination au César du meilleur premier film. Cette reconnaissance se poursuit avec la comédie Victoria qui lui vaut à nouveau deux autres nominations aux César, ainsi qu'avec Sibyl en 2019.
Quatre ans plus tard, elle acquiert un succès mondial grâce à son film Anatomie d'une chute, qui obtient la Palme d'or au Festival de Cannes 2023 ; elle devient alors la troisième femme de l'histoire du festival à remporter ce prix et la première réalisatrice française nommée à l'Oscar de la meilleure réalisation. Son film est aussi récompensé par six César, deux Goldens Globes, un Lumière, trois Prix du cinéma européen, un Goya et l'Oscar du meilleur scénario original en 2024.
Née le à Fécamp, en Seine-Maritime, d'où sa famille paternelle est originaire[1], Justine Triet grandit à Paris. Son père est souvent absent et sa mère travaille et élève trois enfants, dont deux qui ne sont pas les siens[2],[3].
Justine Triet est diplômée de l'école des Beaux-Arts de Paris dont elle avait passé le concours dans le but de devenir peintre. Après deux ans d'études dans cette école, elle se consacre à la vidéo et au montage[3]. Ce n'est que plus tard qu'elle se dirige vers le cinéma, et alors qu'elle se juge trop âgée pour tenter le concours de La Fémis[4].
Elle revendique l'influence de John Cassavetes et de son film Opening Night mais aussi de James L. Brooks et son Tendres Passions, drame aux cinq Oscars, dont celui du meilleur film, avec Shirley MacLaine et Jack Nicholson[5].
Près de quinze ans après ses débuts, elle reconnaît lors de sa Palme d'or de 2023 qu'à cette époque, il était « encore possible de se tromper et de recommencer »[6].
Après ses études, elle réalise une série de documentaires dont :
Lors de la Berlinale 2012, elle reçoit le prix EFA du meilleur film européen par le jury présidé par le britannique Mike Leigh pour son court métrage intitulé Vilaine Fille, mauvais garçon, qui raconte la rencontre puis le duo[9] d'un peintre fauché et d'une comédienne, confrontés à des changements de situation[10],[11], avec notamment Thomas Lévy-Lasne, Laetitia Dosch et Serge Riaboukine. Ce court métrage obtient aussi le grand prix la même année au festival Premiers Plans d'Angers 2012[12] et au festival du film de Belfort - Entrevues[13],[14].
Son premier long métrage, La Bataille de Solférino, est remarqué par la critique mais sans succès commercial. L'intrigue se déroule le {{|6 mai 2012}}, le jour du second tour de l'élection présidentielle française. L'héroïne, journaliste jouée par Laëtitia Dosch, travaille au service de la chaîne d'information en continu I-Télé[15] et couvre l'évènement rue de Solférino, devant le siège du Parti socialiste, qui gagne l'élection en direct. Il a été tourné principalement sur les lieux et « montre à quel point un rassemblement peut être oppressant et même violent, surtout quand l’individu noyé dans la masse est en plein drame personnel »[15].
La vie privée de l'héroïne est placée au dessus de l'intrigue politique, le père de ses deux filles (Vincent Macaigne) s'invitant par surprise chez elle dans la journée alors qu'elle l'a quitté afin de refaire sa vie. Le compagnon de la réalisatrice dans la vie, lui-même réalisateur connu par ailleurs, a un petit rôle dans le film, celui d'un homme appelé à la rescousse par le père pour tenter de rester dans l'appartement.
La diffusion en salles reste modeste avec seulement 30 951 entrées[16].
Avec Antonin Peretjatko, Guillaume Brac, Sébastien Betbeder, Djinn Carrenard ou Vincent Macaigne, elle fait partie d'une génération de jeunes cinéastes français mise en avant par Stéphane Delorme dans les Cahiers du cinéma en {{|avril 2013}} et révélée au festival de Cannes 2013[17],[18],[19], car elle y présente pour la première fois dans la programmation de l'Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID).
Victoria est son premier succès en salles, avec 700 000 entrées au cours de l'année 2016[20]. L'héroïne est une jeune avocate amenée à défendre un ami soupçonné d'avoir blessé d'un coup de couteau sa compagne, puis à embaucher un ancien dealer sorti d'affaire comme homme au pair pour garder ses deux petites filles du fait de ce travail débordant, tout en découvrant que son ex-mari a publié sur internet un récit inspiré de leur histoire en l'accablant de tous les maux. Ce film fait l'ouverture de la 55e Semaine de la critique en 2016.
Le film est nommé cinq fois aux Césars 2017[3], notamment pour le César du meilleur film. Vincent Lacoste, pour le rôle de Sam, et Melvil Poupaud, pour le rôle de Vincent, sont tous deux nommés pour le Meilleur acteur dans un second rôle.
Au cours du festival de Cannes 2019, Sibyl est sélectionné en compétition[21]. Le scénario du film a été coécrit par Justine Triet et son compagnon Arthur Harari[a]. L'actrice allemande Sandra Hüller joue le rôle de Mikaela « Mika » Sanders, une réalisatrice.
Sibyl raconte l'histoire d'une psychothérapeute, jouée par Virginie Efira, qui revient à sa première passion, l'écriture, avec une source d'inspiration bien trop tentante : sa nouvelle patiente, une actrice troublée en devenir. L'héroïne s’impliquant de plus en plus dans la vie tumultueuse de cette patiente, elle ravive, à cette occasion, ses propres souvenirs difficiles, tandis que sa sœur, qui lui fait des reproches, alourdit le poids qui pèse sur elle, selon la revue Le Rayon vert[22].
Le film est une « révélation du Festival de Cannes » et salué pour avoir su « montrer enfin les femmes dans toute leur complexité »[23] à travers « le portrait d'une femme complexe et multidimensionnelle », qui est « à la fois sûre d'elle et pas du tout »[23]. Il confirme un axe principal de travail de la cinéaste : « les héroïnes de Justine Triet semblent toujours porter le monde à bout de bras[23] », caractéristique observée dans chacun de ses trois premiers films[23] et qui sera notée aussi par la critique pour le quatrième mais à un moindre degré.
C'est le premier film de Justine Triet tourné en paysage naturel, dans l'île volcanique italienne de Stromboli, avec pour « idée de se servir de ce décor pour faire exploser tout le film » et aussi un clin d'œil au Stromboli de Roberto Rossellini sorti en 1950, film considéré comme un classique du néoréalisme italien.
En 2023, Justine Triet est la troisième femme et la deuxième française de l'histoire du festival de Cannes à recevoir la Palme d'or, après en 1993 la néo-zélandaise Jane Campion pour La Leçon de piano et en 2021 la française Julia Ducournau pour Titane[24],[b].
Anatomie d'une chute est une « dissection chirurgicale d’une relation de couple ». Il raconte le procès d'une écrivaine accusée d'avoir tué son mari, tombé de la fenêtre du grenier d'un chalet dans un village de la vallée de la Maurienne, en Savoie. Coécrit avec Arthur Harari[26], il est interprété par l'allemande Sandra Hüller pour le rôle principal de l'accusée, ainsi que par Swann Arlaud, Antoine Reinartz et Samuel Theis.
La cinéaste reconnaît être « devenue incollable sur le juge des libertés, grâce à la complicité d'un ami avocat et cinéphile[27] » quand la trame de ce film de procès, inspiré de faits divers, est dévoilée en janvier dans une enquête du Monde[27]. Le journal note « une atmosphère à double fond, vénéneuse[27] », lors de la première projection le à Cannes et plusieurs villes. Juste après, il arrive en tête du panel de critiques compilé par la revue Screen International, ex aequo avec May December de Todd Haynes[28].
Le règlement du festival empêchant le jury d'attribuer plus d'un prix à une même production, Sandra Hüller n'a pas obtenu celui d'interprétation féminine, auquel s'était préparée la critique du film[6].
À l'attribution de son prix, Justine Triet dédie sa Palme d'or aux « jeunes réalisatrices et réalisateurs », appelant à leur « donner une place dans ce monde »[29], par un système de financement public selon elle indispensable mais qui doit être défendu[30].
La Palme d'or de Justine Triet est saluée dans la presse internationale comme la troisième pour une femme, en 79 ans de festival de Cannes, où les questions de parité au cinéma sont sur le devant de la scène depuis les enquêtes accusant le producteur californien Harvey Weinstein d'agressions sexuelles en 2017-2018. En l'annonçant, le quotidien américain Los Angeles Times[31] souligne que les réalisatrices sont en proportion plus nombreuses en France que dans de nombreux autres pays, y compris les États-Unis[31]. Le magazine Variety note qu'elles portaient pour la première fois le tiers des films en compétition.
En , Triet reçoit aux États-Unis au cours de la cérémonie des Goldens Globes le prix du meilleur scénario et du meilleur film dramatique pour Anatomie d'une chute. Son film est également le plus gros succès français de 2023 sur le marché nord-américain dès la fin [32], ainsi que le dixième long métrage de l'histoire du cinéma français en lice pour le trophée suprême à Hollywood[33], après La Grande Illusion de Jean Renoir, Z de Costa-Gavras, Tess de Roman Polanski, Atlantic City de Louis Malle, Le Pianiste de Roman Polanski, The Artist de Michel Hazanavicius, Amour de Michael Haneke, The Father de Florian Zeller et Coda de Sian Heder[34],[35]. Lors de la 96e cérémonie des Oscars, elle reçoit l'Oscar du meilleur scénario original.
Début , Justine Triet crée sa société de production JT Films[36].
Au moment où elle remercie pour sa Palme d'or, Justine Triet la dédie aux jeunes réalisateurs et ajoute quelques phrases[37],[c]. Elle défend le mécanisme conçu en 1946 puis renforcé dans les années 1980 pour encourager la création cinématographique[38],[39],[40],[41], en s'inquiétant de la « marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend »[42]. Elle affirme que cette marchandisation est « en train de casser cette exception culturelle française[39],[43] […] sans laquelle je ne serais pas là aujourd'hui devant vous[43]. » C'est une allusion au rapport Calvez-Magne[d] et à la politique de Dominique Boutonnat[e],[f]. Elle apporte son soutien au mouvement social contre la réforme des retraites en France de 2023, à laquelle elle s'est fermement opposée, l'estimant « nié et réprimé de façon choquante »[46].
Dans la même soirée, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak twitte qu'elle est « estomaquée »[43] car, selon elle, seules des aides publiques ont permis au film de voir le jour. Le lendemain matin, la ministre dénonce à nouveau un discours « ingrat et injuste »[47], selon elle au « fond idéologique d'extrême gauche ».
Alors qu'il avait « promptement félicité Julia Ducournau en 2021 »[48], le président de la République Emmanuel Macron suscite « comme un malaise » pour n'avoir pas, plusieurs jours après sa Palme d’or, félicité Justine Triet[49],[50],[51], qui a pourtant reçu le soutien de la Société des réalisatrices et réalisateurs de films et les félicitations de la Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs.
Maxime Saada, PDG du groupe Canal+, a relayé ses inquiétudes, au sujet des plateformes de vidéos en ligne qui monopolisent « attention et discours » de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, alors qu'elles « consacrent la quasi-totalité de leurs 20 % d’obligations au financement de séries télévisées et non de films[48] », comme la ministre de la Culture leur en « a donné la possibilité », selon lui[48] et ouvrant ainsi « la boîte de Pandore », selon une enquête de Médiapart[52], alors qu'« aucune n'a souhaité signer un accord avec les organisations du cinéma français, à l’exception notable de Netflix[48]. » Questionnée sur le plateau de l'émission Quotidien, présentée par Yann Barthès sur TMC, Rima Abdul Malak répond qu'elle n'en a pas parlé avec Emmanuel Macron. Face à ce silence, des députés LFI comme Sarah Legrain dénoncent un manque de reconnaissance consécutif au discours politique de la réalisatrice.
Le compte Instagram de Justine Triet subit « des dizaines de commentaires à la violence défiltrée »[53] après des éditoriaux aux attaques personnelles parfois virulentes[54],[55], elles-mêmes dénoncées[53] par plusieurs critiques de cinéma qui prennent sa défense[g],[30] ou rappellent le « principe de réserve » ou discrétion des ministres lors des récompenses aux artistes[53].
Ses propos sont aussi soutenus par la Société des réalisatrices et réalisateurs de films[48], l'ex-ministre de la Culture Aurélie Filipetti[56], ainsi que des élus de tous les partis de gauche[57],[39] qui dénoncent un chantage aux aides[41] en mode « prends le fric et tais-toi »[37]. « La main qui nourrit les artistes n’est pas la vôtre. C’est celle de la communauté nationale », répond à la ministre Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018[37].
Pierre Lescure, ex-président du festival (2014-2022), rappelle les commissions indépendantes accordant les aides[39] ou les discours très militants, en cérémonie de clôture, de Bertrand Tavernier en 1997 ou Ken Loach en 2016[58],[h].
Enfin, la CGT lui décerne la Palme Rouge 2023 pour son discours engagé à Cannes[62].
Justine Triet vit à Paris avec son compagnon, le réalisateur et scénariste français Arthur Harari, qu'elle a rencontré au Brive Festival en 2007, et leurs deux filles[63].
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