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mouvement social en France encourageant la prise de parole des femmes, contre les viols et agressions sexuelles De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le mouvement #MeToo en France émerge en 2017, peu de temps après celui aux États-Unis, avec le hashtag #BalanceTonPorc de la journaliste Sandra Muller.
Le mouvement #MeToo se diffuse dans plusieurs milieux de la société française : armée, cinéma, hôpital, média, musique, politique, religion, sport, théatre… Des affaires sont fortement médiatisées notamment celles concernant Tariq Ramadan, Patrick Poivre d’Arvor, Gérard Depardieu, Olivier Duhamel, Jean Marc Morandini, Nicolas Hulot, Luc Besson, Norman Thavaud ou encore Damien Abad.
Le hashtag #BalanceTonPorc est lancé en France en octobre 2017 par la journaliste Sandra Muller. Dans celui-ci, elle indique[1],[2] :
« #BalanceTonPorc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails d'un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends. »
Les plaintes pour violences sexuelles déposées auprès de la gendarmerie française augmentent de 30 % en [3]. Afin de donner une visibilité au mouvement en dehors des réseaux sociaux, des manifestations sont organisées dans plusieurs villes de France le , rassemblant jusqu'à 2 500 personnes à Paris[4]. En France, les plaintes pour agressions sexuelles connaissent une progression de 31,5 % au quatrième trimestre 2017 (+ 18 % pour les viols) par rapport à la même période de 2016, cette hausse étant interprétée non comme une recrudescence de faits commis mais comme une moindre résignation à laisser les agressions sans suite[5],[6].
Parmi ces plaintes, Henda Ayari accuse, en , Tariq Ramadan de l'avoir violée et menacée, celui-ci est poursuivi, l'affaire Tariq Ramadan commence[7].
À l'inverse, la forte augmentation - 10 000 sur les 39 000 enregistrées en France entre janvier et - des plaintes de femmes pour coups et blessures volontaires, en premier lieu dans la sphère familiale, est attribuée à une « libération de la parole » rendue possible par l'effet #MeToo[8].
Il apparait aussi #JeSuisVictime, lancé le 29 février 2020, après la cérémonie des Césars où Roman Polanski est désigné meilleur réalisateur malgré les accusations d’agression sexuelle exprimées par douze femmes à son encontre. Plusieurs #metoo apparaissent au fil des ans dans les milieux français comme #metooinceste, #metoopolitique, #metoogay ou encore #metootheatre[9].
En 5 ans (2017-2022), selon une étude de Visibrain, il est comptabilisé en France 870 200 tweets, soit seulement 2 % du total mondial. Cela s'explique par d’autres hashtags comme 490 000 tweets avec le mot-clé BalanceTonPorc et 74 200 avec #JeSuisVictime[10].
En mai 2024, le quotidien Le Monde publie une photo regroupant cent personnalités du mouvement #metoo afin de montrer que les violences sexuelles et sexistes concernent toutes les catégories de la population française. En paralèlle une pétition à l'initiative de la Fondation des femmes, de l’actrice Anna Mouglalis et de #MeTooMedia, signée par près de 150 personnes, demande une « loi intégrale » contre les violences sexuelles en France[11],[12].
Le ministre de la Justice, Didier Migaud déclare, en septembre 2024 à l’occasion du procès des viols de Mazan, être en faveur de l'ajout de la notion de consentement à la définition légale du viol[13],[14].
En 2024, pour la députée Laetitia Saint-Paul, ancienne officier de l'armée de terre ; « les chiffres sont complètement sous-évalués », en effet de nombreuses affaires d'agressions sexuelles ne parviennent pas à la cellule Thémis qui recueille les témoignages de victimes et engage des enquêtes[15]. Le ministre des armées , Sébastien Lecornu, décide, en avril 2024, d'engager une mission d’inspection sur les violences sexuelles dans l’armée[16],[17].
Vingt ans avant l'affaire Harvey Weinstein le producteur français Alain Sarde est impliqué en 1997 dans l'affaire Brumark-Bourgeois. En 2018, l’actrice Charlotte Arnould dépose une première plainte contre Gérard Depardieu puis en 2019, Adèle Haenel dénonce les agressions sexuelles du réalisateur Christophe Ruggia[18].
En décembre 2023, Emmanuelle Dancourt, présidente de MeTooMedia, voit dans la tribune N'effacez pas Gérard Depardieu, favorable à Gérard Depardieu, la négation de la souffrance des victimes alléguées[19]. Les auteurs de cette tribune considèrent que les attaques contre le dernier « monstre sacré » du cinéma français, une haine gratuite, mais aussi la fin de l'exception culturelle française déclarée par le ministre André Malraux en 1959[20]. Gérard Depardieu est également défendu par Emmanuel Macron[21]. La tribune provoque 3 contre-tribunes signées par plusieurs centaines d'artistes. Pour Raphaëlle Bacqué et Samuel Blumenfeld, l'affaire Gérard Depardieu a « levé une chape de silence », d'autres actrices ont dénoncé des agressions à l'encontre de Benoit Jacquot et Jacques Doillon : « ils sont certes présumés innocents mais il reste que rien ne sera plus comme avant » [22].
Le 2 mai 2024, en présence de Judith Godrèche qui l'avait demandée, l’Assemblée nationale décide la création d’une commission d’enquête sur « les violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité ». La rapporteuse de la commission est la députée Francesca Pasquini[23],[24],[25]. À la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, la commission disparait sans avoir terminé son travail[26].
Débuté en avril 2024, le mouvement #MeToo Hôpital est une vague de témoignages et de mobilisations dénonçant les violences sexistes et sexuelles subies par les femmes au sein des hôpitaux et des universités de médecine en France[27],[28],[29],[30]. Inspiré du mouvement #MeToo général, il prend de l'ampleur en mai 2024 à la suite des accusations d'agressions sexuelles et de harcèlement moral portées par la cheffe du service des maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Antoine (Paris), Karine Lacombe, contre le médecin Patrick Pelloux[31].
De nombreuses études et enquêtes révèlent l'ampleur du problème : 78% des femmes médecins disent avoir été victimes de comportements sexistes. 30% d'entre elles déclarent avoir subi des gestes inappropriés à connotation sexuelle. 4 étudiants en santé sur 10 subissent du harcèlement sexuel à l'hôpital. 1 étudiante sur 5 est agressée sexuellement à l'université[32].
En mai 2024, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, François Arnault, estime que les violences sexuelles et sexistes dans le monde médical sont « trop peu sanctionnées ». L’Ordre va engager une enquête professionnelle sur les abus sexuels subis ou constatés[33].
L'ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn témoigne à son tour début mai du harcèlement sexuel qu'elle a subi[34]. Le mouvement #MeToo Hôpital vise à briser le silence qui entoure ces violences et à exiger des mesures concrètes pour les combattre. Les revendications portent notamment sur :
Fin mai, des manifestations et des rassemblements sont organisés en France pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles à l'hôpital. Le 29 mai 2024, un rassemblement a notamment eu lieu devant le ministère de la Santé à l'appel du collectif Emma Auclert[35].
Le 31 mai, le gouvernement, par l'intermédiaire du ministère de la Santé annonce un plan pour répondre à ces revendications, qui s'appuie sur "quatre axes" :
D'autre part, tous les personnels des hôpitaux et Ehpad publics devront suivre une formation obligatoire aux violences sexistes et sexuelles[37].
En septembre 2024, le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) engage une enquête auprès de tous les médecins et « docteurs juniors » sur les violences sexistes et sexuelles subies dans le cadre professionnel, les résultats seront communiqués à la fin de l’année[38].
En novembre 2021, huit femmes, qui dans l'affaire Patrick Poivre d'Arvor accusent le journaliste de viols, d'agressions ou de harcèlement sexuel constituent l'association #MeTooMedia[39]. L'objectif est de déclencher un mouvement MeToo dans l'espace médiatique et soutenir la lutte « des femmes et des hommes qui souffrent silencieusement dans ce milieu médiatique ».
Le hashtag #BalanceTonRappeur, implique nombre de rappeurs, notamment Moha La Squale, Roméo Elvis, Retro x et Jorrdee[40],[41],[42]. Ainsi, Moha La Squale, après avoir fui à l'étranger, est incarcéré à Paris en [43].
Le Centre national de la musique (CNM) adopte, en 2021, un nouveau protocole qui pour « Former les directions et les équipes d'encadrement sur le sujet des violences sexuelles et sexistes, faire de l'information sur la prévention des risques dans leur entreprise, mettre en place un dispositif interne de signalement et de traitement des signalements ». Les entreprises qui demandent des aux aides du CNM doivent s'y soumettre pour les obtenir[44].
En 2021, la chanteuse Pomme profite de son prix artiste féminine de l'année aux Victoires de la musique, pour interpeller le monde musical sur les violences sexistes et sexuelles. Karine Huet, secrétaire générale adjointe du Syndicat national des artistes musiciens et musiciennes, se félicite de cette parole mais note : « la précarité des métiers de musiciennes n'aident pas à avoir une parole, par exemple il n'y a seulement que 10% de femmes dans le milieu du jazz. »[45].
Le festival Hellfest est régulièrement critiqué pour les violences sexistes et sexuelles qui l'entourent et sa légèreté dans leur traitement[46],[47].
En 2024, une étude effectuée par les sociologues Marie Buscatto et Ionela Roharik et la chanteuse lyrique Soline Helbert (pseudonyme) sur les agissements sexistes et sexuels au sein de la musique classique est publiée. 75 % des personnes signale des abus « récurrents », seuls 18 % affirment les avoir dénoncés au sein de leur structure et seulement 6 % auprès d’une autorité extérieure[48].
À la suite d'un « #MeToo politique fin 2021 »[49], de nombreuses femmes travaillant dans le milieu politique et universitaire rédigent une tribune dans Le Monde invitant à « écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes » de la vie politique[50].
Plusieurs femmes autrices de cette tribune — notamment Fiona Texeire, Mathilde Viot et Alice Coffin — cofondent en l'« Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique », une association loi de 1901[51] visant à « recenser, documenter et soutenir les femmes victimes » d’agissements sexistes et d’agressions de la part de personnalités politiques[52].
En , l'observatoire reçoit une lettre d'une femme témoignant « de faits de viol concernant Damien Abad », qui est transmise aux instances dirigeantes des Républicains et de La République en marche, ainsi qu'au procureur de la République[53].
En octobre 2017, quand Henda Ayari découvre le #balancetonporc, elle décide de dénoncer son « porc » l'islamologue Tariq Ramadan. C'est ainsi que débute l'affaire Tariq Ramadan[54].
Pour l'Église catholique, le mouvement #MeToo accentue la libération de la parole. En France, la religieuse Véronique Margron, présidente de la conférence des religieux et religieuses de France, appelle à briser l'omertà qui perdure encore[55].
En 2023, les journalistes Lila Berdugo et Salomé Parent-Rachdi produisent le podcast Tu ne te tairas point révèlant les agressions sexuelles de trois rabbins dans la communauté juive orthodoxe française[56].
Le mouvement #MeToo dans le sport commence avec le témoignage de la patineuse Sarah Abitbol en 2020, violée à 15 ans par son entraîneur Gilles Beyer. Il s"ensuit de nombreuses dénonciations dans la pluspart des disciplines sportives. En 2021, le ministère des sports dénombre 655 personnes mises en cause et 89 % des affaires concernent des faits de nature sexuelle[57].
Un ouvrage, #MetooThéâtre, est publié en juin 2022 avec une vingtaine de textes d’autrices, de metteuses en scène et d’actrices coordonné par Séphora Haymann et Louise Brzezowska-Dudek[58]
Plusieurs youtubers ont été dénoncés pour leurs comportements vis-à-vis des femmes. Les plus médiatisés étant Norman Thavaud et Léo Grasset[59]. Depuis 2018, dans le sillage du hashtag #BalanceTonYoutubeur, plusieurs témoignages accusent Norman Thavaud de harcèlement sexuel[60],[61], de viol et de corruption de mineur. En décembre 2022, YouTube cesse de diffuser des publicités sur sa chaîne, devenue inactive depuis, tandis que Webedia suspend sa collaboration avec le vidéaste. En 2023, le parquet de Paris, après avoir ouvert une enquête, classe l'affaire sans suite. Les avocats des plaignantes déposent une plainte avec constitution de partie civile. Le 11 août 2024, Norman publie une vidéo sur YouTube où il s'exprime publiquement pour la première fois sur les faits qui lui ont été reprochés et sur sa situation depuis sa garde à vue de décembre 2022. Il déclare notamment « Je ne suis plus présumé innocent. Je suis innocent" »[62]. Marlène Thomas, dans Libération, précise cependant : «Un classement sans suite ne signifie pas que les faits n’ont pas eu lieu, que l’accusé est innocent, mais que, par manque de preuves, le procureur décide de ne pas poursuivre »[63]. Manon Lozano, dans Midi Libre, argumente dans le même sens et cite ainsi une note de l’Institut des politiques publiques du 3 avril 2024 qui explique ainsi que le taux de classement sans suite est de 86 % dans les affaires de violences sexuelles, et de 94 % pour les viols. Le plus souvent car les infractions sont "insuffisamment caractérisées"[64].
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