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Affaire des viols de Mazan
affaire judiciaire française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L'affaire des viols de Mazan, dite également affaire Pelicot, est une affaire judiciaire française, dans laquelle 51 hommes ont été accusés et 46 ont été reconnus coupables de viol aggravé, deux de tentatives de viol et deux d'agression sexuelle sur la même femme, Gisèle Pelicot. Celle-ci avait été droguée à son insu par son mari, Dominique Pelicot, l'accusé principal. Un 51e homme est condamné pour avoir utilisé le même procédé de soumission chimique sur sa propre épouse, afin de la violer, en compagnie de Dominique Pelicot.
Les faits se sont déroulés du au , principalement à Mazan, commune du Vaucluse, à partir de , mais aussi en Île-de-France et sur l'île de Ré.
Le procès, qui commence le à Avignon et se termine le [2], est fortement médiatisé, en France et à l'international. Rendu possible par les milliers de photos et de vidéos prouvant les faits, il est exceptionnel, à la fois par le nombre d'accusés et par la décision de la victime qu'il se déroule en public « afin que la honte change de camp ». Ces éléments, et les arguments de défense des accusés, qui, pour une bonne part refusent de reconnaitre leur culpabilité, interrogent sur les violences contre les femmes, leur caractère « systémique » et la « culture du viol », tandis que le procès se déroule dans un silence des hommes politiques français jugé « assourdissant ».
Le verdict est rendu le , et les 51 accusés sont jugés coupables, avec des peines allant de trois ans de prison, dont un ferme à vingt ans de réclusion criminelle pour Dominique Pelicot.
Dominique Pelicot ne fait pas appel du verdict. Parmi les autres accusés, 17 hommes font initialement appel, mais plusieurs d'entre eux se désistent par la suite. Un second procès se tiendra en – [3].
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Contexte et faits reprochés
Résumé
Contexte
Le , vers 15 h 30, Dominique Pelicot, alors âgé de 67 ans[4], est surpris par un agent de sécurité du supermarché E.Leclerc de Carpentras, via la vidéosurveillance, à filmer sous les jupes de plusieurs clientes à leur insu. L'agent de sécurité l'interpelle lorsqu'il en est à sa quatrième victime[5]. La police appelée intervient rapidement ; Dominique Pelicot est menotté et arrêté[4],[6],[7],[8].
Le lendemain matin, le parquet de Carpentras lève sa garde à vue, mais l'enquête préliminaire se poursuit avec une expertise psychiatrique et avec l'inspection du matériel informatique saisi à son domicile[7],[9]. Cette inspection met au jour des échanges sur coco.gg[10] (un site de rencontres fermé en ) dans un salon de discussion intitulé « À son insu »[11], au cours desquels Dominique Pelicot invite des inconnus à violer sa femme, inconsciente sous l'effet de fortes doses d'un puissant anxiolytique qu'il lui administre, le Temesta (lorazépam) ; il leur propose également de regarder les vidéos des viols[8],[12]. Sur l'ordinateur de Dominique Pelicot, les enquêteurs trouvent un dossier intitulé « ABUS » qui contient plus de 20 000 photos et vidéos[13], dont des centaines de vidéos aux titres explicites[14], et déterminent ainsi que les faits se sont déroulés de à . Ils dénombrent 92 viols de la victime, qui ont eu lieu à Mazan dans la chambre du couple[8].
Après cette découverte, Dominique Pelicot est de nouveau placé en garde à vue, le , et passe aux aveux[15]. Au même moment, dans une autre pièce du commissariat de Carpentras, un officier de police judiciaire explique la situation à son épouse Gisèle Pelicot, qui découvre les faits[16]. Le , Dominique Pelicot est placé en détention provisoire à l'issue de sa garde à vue[15].

La victime, mariée à Dominique Pelicot depuis près de cinquante ans[17], qui était soumise chimiquement n'a aucun souvenir des faits[4] et n'en prend connaissance qu'au moment de l'enquête[8].
Les policiers constatent que la fille du couple apparaît également inconsciente et en sous-vêtements sur certaines images[8], mais aussi que Dominique Pelicot a filmé à leur insu ses belles-filles pour ensuite en diffuser les vidéos sur le site de rencontres[8],[18].
En , à la suite de ces découvertes, Caroline Darian, fille de l'accusé et de la victime, publie le livre Et j'ai cessé de t'appeler Papa aux éditions Jean-Claude Lattès[19].
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Profil de la victime
Résumé
Contexte
Désignée par le pseudonyme de « Françoise P. » par la presse, Gisèle Pelicot[20], septuagénaire, mariée à Dominique Pelicot[21], apparaît à visage découvert sous son vrai nom lors du procès.
Elle s'est plainte durant de longues années de douleurs gynécologiques, d'absences et de fatigue[8].
Gisèle Pelicot est nommée en par la BBC comme étant une des 100 Women (100 femmes) marquantes de l'année[22]. Elle est perçue internationalement comme une héroïne féministe[23],[24],[25].
Conséquences pour la victime
Malgré le nombre de violeurs et l'absence de protection la plupart du temps, Gisèle Pelicot a échappé au VIH, à la syphilis et aux hépatites. Elle a néanmoins contracté quatre infections sexuellement transmissibles dont un papillomavirus. En outre, la soumission chimique lui a fait courir un risque vital sans compter les risques dans sa vie quotidienne dus à son état « proche du coma » selon l'experte médicale Anne Martinat Sainte-Beuve[26],[27]. Elle souffre notamment de périodes d'endormissement diurne longues et involontaires, de trous de mémoire, d'une perte de poids et de la chute de ses cheveux, ce qui l'angoisse car elle se pense atteinte d'une maladie mortelle à brève échéance[13].
La découverte a posteriori des viols commis sur elle, alors qu'elle était inconsciente, cause un traumatisme psychologique grave, selon un psychiatre l'ayant examinée[8]. Dès la connaissance des faits, elle demande le divorce et déménage[4]. Lors du procès, elle fait part en outre de son profond sentiment de trahison face à un mari qu'elle estimait jusque là parfait, et déclare être détruite de l'intérieur, et ne pas savoir si elle arrivera à se reconstruire[28].
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Profils des auteurs
Résumé
Contexte
Entre et , 92 faits de viol sont commis sur la même victime[29]. Les policiers dénombrent 83 violeurs possibles, parmi lesquels 54 sont identifiés (les 51 du procès, un 52e décédé entretemps et deux autres hommes relâchés faute de preuve). Le mari de la victime fait partie des violeurs[8]. Tous ont été arrêtés lors d'une dizaine de vagues d'interpellations puis incarcérés[8],[17].
Il s'agit d'hommes présentés comme « ordinaires »[8],[17], ayant en entre 26 et 73 ans[8] et au moment des faits entre 22 et 67 ans, pour une moyenne de 47 ans et demi[30], venant tous de la même région que le couple[8]. Au moins 37 des hommes accusés sont pères[30]. Certains sont retraités, d'autres exercent des professions et des fonctions diverses, pour certaines d'utilité publique : pompier, militaire, gardien de prison, conseiller municipal[8]. Ces hommes sont sans pathologies psychiques, mais nourrissent un sentiment de « toute-puissance » sur les corps féminins[31]. Treize accusés déclarent aux enquêteurs une consommation, voire une addiction aux drogues (alcool, cannabis, cocaïne). Treize accusés dont Dominique Pelicot déclarent avoir été victime de violence sexuelle pendant leur enfance, dont deux d'inceste[30].
Parmi les accusés, vingt-trois hommes ont déjà été condamnés par la justice, et en particulier six l'ont été pour des faits de violence conjugale et deux pour des violences sexuelles. Quarante-neuf hommes sont jugés pour viol avec des circonstances aggravantes, un pour tentative de viol et un pour agression sexuelle[30]. D'importantes quantités d'images pédopornographiques sont retrouvées lors de l'enquête[8] et cinq hommes sont mis en examen pour détention de ce type d'images[30].
Parmi les accusés, dix hommes se sont rendus plusieurs fois chez les Pelicot et trente-neuf, une seule fois[30].
Lors du procès, dix-huit accusés (dont Dominique Pelicot) comparaissent détenus, trente-deux comparaissent libres sous contrôle judiciaire et l'un est en fuite, jugé en son absence[30].
Profil de Dominique Pelicot
Dominique Pelicot est né le à Quincy-sous-Sénart, en Seine-et-Oise. À la fin des années , sa famille déménage dans l'Indre, où son père Denis est embauché comme contremaître du domaine d'Oublaise, centre de réadaptation pour vétérans de l'armée créé par le commandant Jean-François Perrette (–), au sortir de la Seconde Guerre mondiale, à Luçay-le-Mâle[32].
Dominique Pelicot décrit son père comme quelqu'un de « dur, sévère, autoritaire » et « pas aimant »[33]. Il est témoin des violences qu'il exerce sur sa mère, Juliette[34]. Avant de vivre avec Denis Pelicot, cette dernière a eu deux enfants avec le frère de Denis, André[33]. Son frère Joël, de quatre ans son aîné[32], est le « préféré » de Denis, en raison, notamment, de sa réussite scolaire[33]. Entré au collège d'Écueillé vers 1963 (converti depuis en école primaire)[32], Dominique Pelicot abandonne quant à lui l'école en cinquième et intègre très tôt le monde du travail et des chantiers[35].
En , la famille quitte le domaine d'Oublaise pour s'installer dans le centre de Châtillon-sur-Indre[32], où elle accueille l'année suivante une enfant de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) prénommée Nicole. Dominique Pelicot soupçonne son père d'abuser d'elle[33]. À l'âge de 17 ans, il obtient un Certificat d'aptitude professionnelle d'électricien[35].
En , la famille emménage dans une longère deux kilomètres plus loin[32]. La même année, Dominique Pelicot rencontre Gisèle dans une entreprise d'Azay-le-Ferron. Pour lui, c'est le « coup de foudre ». Il l'épouse deux ans plus tard, en , dans ce village. Le couple a trois enfants : David, né en , Caroline, née en [36], et Florian, né en [37],[38]. La même année, Dominique Pelicot est « profondément marqué » par la mort de sa mère, « une femme malheureuse qui se battait pour ses enfants » et dont il « était très proche »[33].
À la fin des années , il dit avoir découvert l'infidélité de sa femme[38]. D'après Gisèle Pelicot, le moment où elle admet cette relation extraconjugale est la seule fois où il se montre « violent » à son égard[39]. Par la suite, lui-même la quitte quelques mois pour une autre femme, avant de revenir au domicile conjugal[38].
Victime présumée de viols à 9 ans
Dominique Pelicot se présente comme la victime de viols multiples, commis par un infirmier dans une clinique de Châteauroux en [33]. Un épisode que certains de ses proches minimisent[34], à commencer par son frère : « il n'a passé qu'une seule nuit à la clinique et, en revenant, il a seulement parlé d'attouchements. » « Ma mère, qui connaissait bien l'établissement, s'est renseignée et il n'y avait que des infirmières cette nuit-là », assure-t-il en dénonçant une histoire « inventée pour se victimiser »[40].
L'avocate de Dominique Pelicot, Béatrice Zavarro, met en cause les prétentions du frère à juger de l'authenticité de cette histoire, affirmant que son client « dit n'en avoir jamais parlé à ses parents »[33]. La psychologue Annabelle Montagne, experte près la cour d'appel de Nîmes, explique que le viol dont Dominique Pelicot se dit victime pourrait avoir formé « un clivage dans sa psyché »[41]. Elle parle d'« expérience d'objectalisation », qui à « l'âge prépubère […] a pu contribuer à infléchir son positionnement relationnel dans la sphère intime et relationnelle[42]. »
Témoin présumé d'un viol collectif à 13 ans
En , alors qu'il est apprenti sur un chantier, il a contre son gré assisté, selon ses déclarations, au viol collectif d'une femme — « un souvenir qui le hante »[33].
Affaires judiciaires antérieures
Viol et meurtre de Sophie Narme en
Le , Dominique Pelicot est également mis en examen pour le viol précédé ou suivi du meurtre non élucidé de Sophie Narme, âgée de 23 ans en à Paris[43],[44], stagiaire dans une agence immobilière, qui présente des similarités avec l'agression d'Estella B., une autre jeune agente immobilière de 19 ans, victime d'une agression le à Villeparisis[8],[18]. Il nie être l'auteur des faits. L'ADN n'a pu être comparé[8].
Tentative de viol en
Son ADN, prélevé à la suite des agressions sexuelles commises en , correspond à celui retrouvé sous la chaussure d'Estella B., qui a réussi à échapper à une tentative de viol à Villeparisis[8]. Dominique Pelicot, qui dans un premier temps nie les faits, finit par reconnaître avoir agressé Estella B. tout en rejetant l'intention de viol[45]. L'affaire est relancée en . Au début du procès pour les viols de son épouse, en , l'affaire est toujours en cours d'instruction[46].
Agressions sexuelles en
L'enquête révèle également que Dominique Pelicot a déjà été arrêté en pour avoir filmé l'entrejambe de femmes à leur insu, dans un supermarché de Seine-et-Marne[8]. À cette occasion, un prélèvement ADN est réalisé et permet de faire le lien avec l'affaire de , bien que cette concordance n'ait jamais été exploitée à la suite d'erreurs dans les instructions des deux affaires[8].
Profils des autres auteurs
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Mode opératoire
Dominique Pelicot poste des annonces sur la plate-forme internet Coco.gg pour recruter des hommes susceptibles de violer sa femme. Les discussions entre le mari et les hommes se poursuivent sur un salon privé du site intitulé par Dominique Pelicot « À son insu »[47]. Il décrit le déroulement des viols ; les somnifères et l'inconscience de sa femme sont évoqués. Des consignes pratiques s'ajoutent sur le site de visio-conférence Skype : se garer à distance pour ne pas éveiller les soupçons des voisins, ne pas avoir mis de parfum, ni avoir fumé de cigarette pour ne pas laisser de trace olfactive ; à leur arrivée, les hommes doivent se déshabiller dans la cuisine, se laver les mains et chuchoter[48],[49] ; les mains doivent être à température ambiante pour ne pas réveiller la victime[47].
Les pénétrations terminées, Dominique Pelicot fait la toilette intime de sa femme pour ne pas laisser de traces, car les hommes le plus souvent ne portent pas de préservatif[47].
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Procès
Résumé
Contexte
Avant le procès
Le parquet d'Avignon requiert le renvoi devant la cour criminelle du Vaucluse pour viol avec circonstances aggravantes[8].
Le couple est officiellement divorcé depuis le , soit une dizaine de jours avant l'ouverture du procès, ce que Me Antoine Camus, l'un des avocats de Gisèle Pélicot[50], estime être d'une « portée symbolique » avant le début du procès[51].
Pendant le procès
Le procès s'ouvre le et dure jusqu'au de la même année[52]. À l'ouverture du procès, l'avocat général Jean-François Mayet, rejoint par plusieurs avocats des accusés, demande le huis clos, mais la victime s'y oppose et la cour criminelle, composée de cinq magistrats professionnels, opte finalement après délibération pour la publicité des débats[53],[54]. Gisèle Pelicot précise : « je n'ai pas à avoir honte ». L'un de ses avocats, Me Stéphane Babonneau ajoute qu'« il faut que la honte change de camp ». Le , les avocats de plusieurs accusés annoncent porter plainte pour menaces sur leurs clients à la suite de la « diffusion d'informations personnelles suivie de menaces » portant préjudice aux proches et enfants des accusés[55].
Dominique Pelicot est souffrant et ne peut assister aux premiers jours du procès. Le , il s'exprime pour la première fois et déclare notamment : « aujourd'hui, je maintiens : je suis un violeur, comme tous ceux concernés dans cette salle. Ils ne pouvaient pas ne pas savoir ». Il présente ses excuses à sa victime et ex-épouse Gisèle Pelicot : « je regrette ce que j'ai fait, je demande pardon, même si ce n'est pas pardonnable »[56],[57].
Le , il est confronté aux photos de sa fille dénudée. Il dément en être l'auteur, et nie avoir commis des viols sur elle. Cette dernière en est pourtant persuadée et laisse éclater sa colère[58].
Au cours du procès, les signes de soutien à Gisèle Pelicot se multiplient autour de la salle d'audience : applaudissements, bouquets de fleurs, haies d'honneur, de la part d'un public de plus en plus nombreux[59].
Chronologie détaillée du procès
La question des films, des photos et du huis clos des débats
Lors de l'audition de Jacques C., un accusé qui conteste le viol, la cour, après avoir fait évacuer le public, montre avec l'accord de Gisèle Pelicot les uniques preuves de ces viols, les films et photos prises par son mari, qui « montr[ent] les faits dans toute leur crudité ». L'avocat de Jacques C. s'insurge, parlant de « sensationnalisme », tandis que le ministère public demande pour sa part que ces vidéos soient à l'avenir montrées pour chacun des accusés en raison de leur force probatoire, et pas uniquement pour ceux contestant les faits. Les avocats des autres accusés, à l'exception de celui de Dominique Pelicot, qui s'étaient jusque là battus en vain pour obtenir un huis clos, font pression sur le président de la cour, Roger Arata, pour que les films ne soient pas montrés. L'un d'eux suggère de les remplacer par « les descriptifs des vidéos faits par les enquêteurs ». Le président de la cour répète que les images sont « indécentes et choquantes » et usant de son pouvoir discrétionnaire, indique que désormais, en cas de projection, la salle, presse comprise, sera évacuée. L'un des avocats de la défense en appelle à « la dignité de la victime, mais aussi celle des accusés » en parlant d'images « nauséabondes », alors que la veille des photos de l'intimité de la victime et des montages avaient été projetés, dans le but de la discréditer. Du côté de la partie civile, Me Camus et Me Babonneau s'indignent[167], évoquant « un retour 50 ans en arrière » avec cette forme de huis clos ainsi imposée[168]. Pour Me Babonneau, si l'on souhaite changer la société « il faut qu'on ait le courage de se confronter à ce qu'est véritablement le viol, dans un dossier, justement, où il est exceptionnel d'avoir la représentation précise et réelle de ce qu'est un viol, et pas simplement une description sur un procès-verbal »[169].
Lors de l'audience du , le président de la cour criminelle fait évacuer comme annoncé le public et la presse lors de la projection des vidéos concernant six accusés. Toutefois, il laisse aussi la porte fermée lors des débats, empêchant ainsi la presse d'y assister, au nom de ses « pouvoirs de police », provoquant la colère des avocats de Gisèle Pelicot, Me Babonneau s'interrogeant sur la légalité de la mesure[170]. Les journalistes judiciaires, dont plusieurs ont fait l'objet de menaces et pressions lors de la couverture de ce procès[171],[172], dénoncent une « atteinte à la liberté de la presse »[173],[174].
Le , après un nouveau débat faisant suite aux conclusions déposées par les avocats de la partie civile, la cour criminelle décide finalement la levée du huis clos qui jusque là excluait le public et la presse lors des diffusions de photos ou vidéos[175].
Verdict
Le verdict est rendu le . L'ensemble des accusés sont reconnus coupables. Les peines prononcées sont globalement inférieures à celles requises, et certaines, non assorties de mandat de dépôt ou d'une durée maximale d'un an ferme, permettent à leurs auteurs de ne pas aller en prison[176]. Celle de Dominique Pelicot, de 20 ans de prison ferme, est assortie d'une période de sûreté des deux tiers[177]. Celui-ci ne fait pas appel[178].
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Procès en appel
Sur les 51 hommes condamnés, dans un premier temps, 17 hommes ont fait appel fin . Dominique Pelicot, qui n'a pas fait appel, est donc condamné définitivement[191],[192]. Le procès se tiendra devant la cour d'assises du Gard, à Nîmes, du au [3]. Toutefois la durée du procès sera réévaluée en fonction du nombre d’accusés qui y comparaîtront.
Le , il a été annoncé que 5 accusés sur les 17 maintiennent leur appel, les 12 autres s'étant désistés[193],[194].
Le , un nouvel accusé, Simone M., se désiste ; passant à 4 accusés jugés en appel[195],[196],[197].
Le 3 juin 2025, un seul accusé, Husamettin D., maintient son appel ; les trois autres s'étant désistés [198],[199].
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Couverture médiatique
Résumé
Contexte
En France
Le procès est très relayé dans la presse régionale et nationale. De nombreux articles décrivent ces comportements comme des résultantes d'une « culture du viol » et des violences faites aux femmes, de manière « systémique », qui s'appuient sur une conception patriarcale et misogyne très répandue, et interrogent l'inexistence de la notion de consentement dans la définition juridique du viol en France[200],[201],[202],[203].
Des manifestations sont organisées le en soutien à Gisèle Pelicot et aux victimes de viols[204],[205],[206]. Ce jour-là, la street-artiste Maca réalise à Gentilly (Val-de-Marne) une fresque représentant Gisèle Pelicot, accompagnée du message : « Pour que la honte change 2 camp »[207].
Ce procès qui met en lumière une analyse féministe des violences sexuelles permet, selon certains observateurs, une prise de conscience dans la société française[208].
Certains médias, tels que Le Dauphiné libéré, choisissent d'indiquer l'identité complète des accusés[209].
À l'échelle internationale
De nombreux médias étrangers assistent au procès[210]. 36 médias sont accrédités[211], dont la BBC, The New York Times, The Washington Post, The Guardian[212], plusieurs tabloïds anglais, El País, El Mundo[213], Der Spiegel[210], Hindustan Times[214].
La BBC nomme Gisèle Pelicot lauréate des 100 Women de [215].
Tous rendent hommage au courage de la victime qui a demandé la publicité des débats « pour que la honte change de camp », selon la formule reprise par son avocat. Ils s'accordent sur la nécessité de ne pas qualifier de « monstres » les violeurs présumés, afin de ne pas, comme l'indique l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, participer à leur « mécanisme de défense » alors qu'« il serait bien plus inquiétant de devoir admettre que les violeurs sont tous ancrés dans un tissu social continu de misogynie banalisée »[210]. Courrier international résume ces analyses en quelques notions clés : « Lâcheté, cruauté, fraternité […] solidarité patriarcale […] brutalité misogyne [et] masculinité ordinaire »[216].
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Faible réaction des hommes politiques
Résumé
Contexte
Le procès est marqué par l'absence ou la faiblesse de réaction des responsables politiques français, seules quelques femmes politiques s'emparant du débat[217]. Le journaliste Matthieu Croissandeau s'en inquiète sur la chaîne Public Sénat, expliquant que « cela signifie que pour ces hommes politiques, ce n'est pas un sujet »[218], et plusieurs médias mettent en avant comme lui la différence de traitement avec certains faits divers, tel le meurtre de Philippine, l'étudiante violée et tuée dans le bois de Boulogne, dont est soupçonné un ressortissant marocain visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF)[219] ou avec des questions d'insécurité[220]. Pour le juriste Patrice Spinosi, qui appuie l'analyse de Matthieu Croissandeau en soulignant que « l'instrumentalisation quotidienne par certains responsables politiques du sentiment d'insécurité tend surtout à stigmatiser le laxisme de l'État à l'égard de populations qu'ils jugent anxiogènes (délinquants récidivistes, étrangers sans-papiers...) », le « malaise Mazan » pourrait s'expliquer par « l'extrême tolérance dont [le droit français] a longtemps fait preuve envers le viol entre époux »[221]. Charlotte Buisson, doctorante en sciences de l'information et de la communication, estime que plus qu'un fait divers, c'est un fait de société, et que « si les hommes politiques ne réagissent pas de la même façon, c'est aussi parce qu'ils font partie du problème, ils savent très bien qu'il existe dans leurs rangs des personnalités accusées de violences »[220].
Pour le critique de télévision Samuel Gontier, la différence de traitement entre l'affaire du viol suivi du meurtre de Philippine de Carlan, qui fait l'objet d'un « frénétique vacarme » de la part des politiques, au contraire de leur « assourdissant silence » qui entoure l'affaire des viols de Mazan montre qu'il est plus facile « d'incriminer l'immigration plutôt que de traiter les violences sexistes et sexuelles comme un problème systémique »[222]. Pour la juriste Catherine Le Magueresse, après le verdict, la qualification du procès comme étant hors-norme masque le silence qui reste assourdissant des politiques, et l'ampleur du chantier juridique qu'il faudrait mettre en œuvre pour répondre au problème des violences sexuelles[223].
Le président de la République, Emmanuel Macron, le Premier ministre, François Bayrou, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et d'autres responsables et formations politiques saluent le courage de Gisèle Pelicot à l'annonce du verdict de première instance[224].
Après le procès de première instance, où le ministère public a appelé à « l'éducation de nos fils », un éditorialiste du Monde s'inquiète des déclarations devant le Sénat du ministre délégué à la Réussite scolaire, Alexandre Portier, qui, relayant une campagne des milieux catholiques ultra-conservateurs et de l'extrême droite, remet en cause un texte visant à faire appliquer une loi de prévoyant une éducation sexuelle et affective à l'école[225].
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Notes et références
Pour approfondir
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