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collège-lycée catholique français fondé en 1837 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'institution Notre-Dame de Bétharram est un collège-lycée catholique français fondé en 1837, à Lestelle-Bétharram en Nouvelle-Aquitaine, par Michel Garicoïts. Celui-ci crée aussi la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram. En 2009, l'institution religieuse change de nom et devient Le Beau Rameau.
Fondation |
par Michel Garicoïts |
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Type | Enseignement privé |
Domaine | Enseignement catholique (d) |
Académie | Bordeaux |
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Directeur | Romain Clercq (en 2024) |
Population scolaire | 280 (en 2023) |
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Formation | collège |
Langue(s) des cours | anglais, espagnol ou allemand, latin (option) et occitan (option) |
Ville | Lestelle-Bétharram |
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Pays | France |
Site web | beau-rameau.org |
Plusieurs affaires judiciaires sont liées à l'institution, impliquant des agressions sexuelles et des viols sur mineurs. En 2024, une centaine de plaintes sont communiqués à la justice par des anciens élèves, portant sur des faits ayant eu lieu entre 1960 et 2004.
L'école de Notre-Dame de Bétharram est précédée par l'existence d'un petit et d'un grand séminaire[1].
En 1806, de vieux bâtiments détruit lors de la Révolution sont rachetés par le prêtre Pierre-Procope Lassalle[2].
En 1808 est ouvert un collège-petit-séminaire de Bétharram[2],[3],[4]. Celui-ci est fermé par décret impérial en date du , décret qui intègre les petits-séminaires à l’Université impériale[2].
Le , Michel Garicoïts est nommé à la chaire de philosophie du grand séminaire de Bétharram[5]. Il devient supérieur du grand séminaire de Bétharram début , à la suite du décès du chanoine Procope Lassalle[5].
À partir du , le grand séminaire de Bétharram est condamné à disparaître, à la suite du mandement de l’évêque du diocèse d’agrandir le séminaire de Bayonne. En 1831, ce projet est achevé[1].
À la rentrée d', il ne reste que 57 étudiants à Bétharram ; l'ensemble des élèves de philosophie et de théologie de Bétharram sont appelés à Bayonne[1].
Le , il n’y reste plus d'étudiant ; alors, Mgr d’Arbou transforme la maison de Bétharram en une école ecclésiastique, recevant de « 8 à 10 jeunes enfants pour leur donner des principes de latinité »[1].
L'école primaire Notre-Dame de Bétharram est créée en [6],[7],. Situé à Lestelle-Bétharram dans le département des Pyrénées-Atlantiques, c'est un établissement scolaire privé sous-contrat de l'académie de Bordeaux[8].
L'établissement est implanté au cœur du centre spirituel de la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, qui héberge des prêtres, des frères de passage ainsi que des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, à proximité du sanctuaire de Notre-Dame de Bétharram, de style baroque, daté du XVIIe siècle[9].
L’école primaire de Notre-Dame de Bétharram est transformée en école primaire supérieure[5], en , dans une maison offerte à Michel Garicoïts par Casimir Nabarrette[1]. Suivie en 1847, par l'enseignement secondaire, et de premiers bacheliers en 1855[1].
Entre 1857 et 1858 est construit l’école Notre-Dame de Bétharram[5].
En , les élèves du collège de Bétharram offrent à l'évêque de Bayonne, François Antoine Jauffret (1833-1902), un recueil retraçant la vie de Michel Garicoïts en souvenir du triduum du au . Cette étude sera publiée en 1900[10].
L'école est fermée à la suite de l'expulsion des congrégations en et avant de rouvrir en [11].
Avant la seconde Guerre mondiale, le collège de Notre-Dame de Bétharram est le refuge, loin du tumulte, fréquenté par les fils de bonne famille, confié pour y mettre les études à l'abri des mauvaises idées et fréquentations. Les collègiens sont alors des locaux issus majoritairement du monde rural. Cette époque contribue à fournir « beaucoup de vocations sacerdotales »[7].
Participant au concours d'éloquence de 1952 de la Ligue des droits du religieux ancien combattant, regroupant cent trente-sept collèges catholiques, Hervé Panté-Depiand, élève du collège Notre-Dame-de-Betharram en est, à l'unanimité des suffrages, le lauréat[12].
En 1971, l'apostolicat — lieu où s'exerce l'apostolat, la mission et l'activité de propagation de la foi chrétienne —, l'ancien pensionnat des élèves voués à devenir ecclésiastiques, est reconverti en maison de retraite[13].
Dans les années 1980, l'institution accueille 600 élèves dont 500 vivent à l'internat de l'école. Sa réputation prestigieuse[14],[15] est telle qu'elle recrute des élèves dans les régions de Bordeaux et Toulouse[6],[16],[17].
En 1994, un surveillant est renvoyé après avoir « enveloppé un élève de papier hygiénique et l'[avoir] giflé »[18].
Les conditions de vie au sein de l'internat sont décrites comme particulièrement difficiles et violentes[19], avec des dortoirs sans chauffage, de restrictions alimentaire, des sanitaires sans papier toilette, et la fréquentation d'une douche hebdomadaire à l’eau froide[20]. La direction de l'établissement est connu pour ses méthodes musclées et pour recadrer le manque de discipline[9],[16],[21]. L'institution est décrite par l'« insalubrité » qui y règne. Plusieurs élèves relatent s'être retenus d'aller aux toilettes à cause du manque d'hygiène dû à l'absence de chasse d’eau dans les toilettes à la turque[17],[22].
Début 1996, l'affaire de Behr pour coups et blessures volontaires est révélé dans la presse.
La rentrée scolaire 1996, voit la fréquentation de l'établissement baisser à 400 élèves, issus de toute l'Aquitaine[23], soit 120 élèves de moins qu'à la rentrée 1995. À cette date, plus aucun prêtre n'enseigne[7].
En 1998, le directeur Pierre Silviet-Carricart est incarcéré pour viols et agressions sexuelles sur mineurs.
L’institut religieux est réservé uniquement aux garçons jusque dans les années 1990 pour le collège, et 2000 pour le lycée[24].
En 2001, cinq élèves internes, tous fils de bonnes familles, sont interpellés au sein de l'établissement pour usage de cannabis[25]. Ces interpellations mènent les enquéteurs au démentellement d'un réseau en 2003[26].
L'institution religieuse Notre-Dame de Betharram fusionne avec l'institution Sainte-Élisabeth d'Igon et change de nom en 2009, pour devenir l'organisme de gestion des établissements catholiques Le Beau Rameau[6],[27], en référence à la Vierge de Bétharram, « protectrice des enfants »[9]. Cette nouvelle dénomination a pour origine une légende locale. En effet la Vierge Notre-Dame de Lestelle sauva une jeune fille tombée dans le gave de Pau en lui tendand une « longue branche », elle est sauvée avec ce « Beau Rameau » qui se traduit par « bèth arram » en gascon. Depuis on invoque Notre-Dame de Bétharram[28].
En 2009, l’institution est tenue par la congrégation des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram et par les filles de la Croix[16].
En 2010, et depuis huit années, le collège est une structure pilote pour des nouveaux rythmes scolaires, pour lesquels 124 établissements français sont retenus par le ministère de l’Éducation nationale. Après les cours du matin, les 250 élèves de Bétharram participent l'après-midi, pendant deux heures, à des activités ludiques, artistiques, spirituelles, culturelles ou sportives. À cette fin, un parc de six hectares avec des terrains de sports est à disposition. De plus, le gave de Pau permet de pratiquer le kayak ou le rafting. « L'égyptologie, le gospel, la robotique ou l'enregistrement de livres pour non-voyants » sont aussi au programme. Pour l'équipe éducative du collège, « la motivation procurée par ces activités rejaillit sur la scolarité ». Les familles règlent 20 euros par mois pour ces activités[29],[30].
À la rentrée 2011, l'institution compte 94 élèves primaire, 195 collégiens et 190 élèves en lycée général et technologique, encadrés par cinq instituteurs et 46 professeurs[31].
En , l'établissement est victime de la crue du Gave, impactant jusqu'à un mètre d'eau et de boue, les étages inférieurs[32],[33].
Un reportage du quotidien La Croix mentionne, en 2013, la présence de 360 élèves au sein de l'école primaire, du collège et du lycée général et professionnel. Un tiers des enfants fréquentent alors l'internat de l'école[9],[34]. L'enseignement religieux est optionnel[9]. Des échanges sur divers sujets sociétaux sont suivis par 40 % des élèves ; ils sont organisés par l'aumônier, qui précise : « Nous parlons de racisme, de pourquoi devient-on prêtre… ». Par ailleurs, 20 % des enfants participent aux sacrements. Des partenariats sont organisés pour des actions de « terrain ». Par exemple avec l'association bénévole l'Hospitalité basco-béarnaise, pour assiter des malades lors du pèlerinage à Notre-Dame de Lourdes[9].
En 2023, l'institution accueille 520 élèves de la maternelle à la terminale, dont 80 en internat[35].
Le collège Le Beau Rameau est lié au lycée privé Le Beau Rameau et au lycée professionnel privé le Beau Rameau situés à Igon[36], distant de 3 km de Lestelle-Bétharram. Un internat de garçons et de filles est possible pour les élèves. Celui des filles se situe à Igon. Les langues enseignées sont l'anglais, l'espagnol, le latin ainsi que l'occitan (option)[8].
En 1996, le taux de réussite au bac est entre 65-75 %[7].
En 2013, le taux de réussite du brevet est de 90 % et de 88 % pour le bac[9].
L'Étudiant donne pour le diplôme national du brevet de l'année 2022 un taux de réussite au niveau national de 87,5 % et de 94 % pour l'institution Le Beau Rameau. Sur trois ans, le taux de réussite du Beau Rameau est de 90 %[37].
En 2024, Le Monde indique que l'établissement « bénéficie depuis plusieurs décennies d’une excellente réputation. Le taux de réussite au baccalauréat est très élevé et des notables de toute la région y ont envoyé leurs enfants, autant pour construire leurs réseaux que pour les confronter à une éducation à la dure »[16].
Les frais de scolarité s'élèvent à 10 000 francs dans les années 1980-1990[38].
En 1996, le coût de la pension y est alors d'environ 4 000 francs par trimestre[7].
En 1828, Pierre-Vincent Eliçabide entre au séminaire de Notre Dame de Bétharram à 18 ans ; il y apprend la philosophie[54]. En 1837, il devient enseignant à l'école primaire Notre-Dame de Bétharram[54] dirigée par Michel Garicoïts[1].
Il a pour élève Joseph Anizat. Rapidement, l'enseignant tombe amoureux de la mère de l'élève, Marie Anizat, une jeune veuve de Pau[55]. En , l'enseignant quitte la direction de l'établissement pour Paris, où il espère faire fortune. Il invite Marie Anizat à le rejoindre avec ses deux enfants[7]. Elle lui envoie dans un premier temps son fils aîné, Joseph, le , afin de faciliter son éducation[55]. Le soir de son arrivée, le , Vincent Eliçabide le conduit près des abattoirs de la Villette et l'assomme[1] à coup de marteau avant de l'égorger[56].
Le , Marie Anizat se décide enfin à rejoindre son amant[56]. Ils se retrouvent en Gironde[57]. Au cours d'une promenade à Artigues-près-Bordeaux, le , il massacre la veuve et sa fille, comme il l'avait fait avec Joseph[1],[57].
Il est arrêté, deux jours plus tard, puis écroué à la prison du Hâ. Il est condamné à la mort par décapitation par les assises de la Gironde[58] le et exécuté sur la place d’Aquitaine le [1],[7]. Son corps est inhumé au cimetière de la Chartreuse, alors que sa tête est remise à la faculté de médecine de Bordeaux et son cabinet de curiosités de la place de la Victoire[59]. Sa tête disparaît lors du déménagement de la faculté vers l'hôpital Pellegrin[59],[60].
Une victime, parmi plusieurs, relate qu'en une dizaine d'écoliers de Bétharram âgés de 8 à 10 ans avaient dénoncé auprès de la direction de l'établissement, des abus pédophiles[61], impliquant des masturbations et des fellations, dont ils avaient été victimes dans l'internat de la part du père Henri Lamasse, surveillant de dortoir depuis [62],[63]. L'un des accusateurs, Jean-Marie Delbos, un jeune orphelin, est menacé d'exclusion. À la suite d'un accident au genou, il est amené, sans réel motif, à hôpital psychiatrique militaire de la cité royale[Quoi ?], manœuvre qu'il impute aux pères de Bétharram pour le faire passer pour fou[63]. À sa sortie de l'hôpital, trois prêtres menacent sa grand-mère, qui est sa responsable légale, de saisir ses biens si l'affaire s'ébruite[43],[63].
En , il raconte son calvaire dans une lettre qu'il envoie à Rome. Les faits dénoncés à la gendarmerie de Navarrenx sont cependant prescrits. L'auteur présumé, le père Lamasse, est muté en Cisjordanie à Bethléem la même année[43].
En , la victime rencontre Marc Aillet. Une enquête canonique ouverte en considère également les faits comme « trop anciens »[15],[43],[64].
En , le père Henri Lamasse, supérieur de la communauté de Bethléem[65], rentre à Bétharram pour y prendre sa retraite dans l'Ehpad communal, situé au sein de la congrégation[43],[66]. Il assure l'aumônerie du Carmel de Bethléem[67].
En , l'ancien élève est reconnu victime et indemnisé en 2023 par la Commission reconnaissance et réparation[43],[63]. Celui-ci juge les mesures financières insuffisantes[14],[15].
En , à l'âge de 97 ans, le père Henri Lamasse réside encore à l'Ephad de Bétharram, situé au centre de la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, sans avoir fait l'objet de sanctions canoniques[61].
Henri Lamasse nie les faits qui lui sont reprochés[38].
Le , à la suite d'un chahut puni par un aîné responsable de son dortoir, un adolescent de 14 ans est envoyé de nuit, pieds nus, en slip et t-shirt par zéro degré, sur le perron, sur les bords du gave de Pau[68]. L'adolescent rentre un quart d'heure plus tard, se plaignant du froid. Il est frappé, insulté par le surveillant général puis reconduit sur le perron à grelotter pendant près d'une heure[18]. L'élève se voit délivrer une incapacité de travail de 3 jours[69].
Jean-François Lacoste-Séris, le père de l'élève signale les faits à l'Association des parents d'élèves de l'enseignement libre (Apel), alors qu'un précédent acte de violence de ce surveillance sur son fils en , pour un verre cassé[68], avait causé une perforation du tympan[70] entraînant une perte d'audition de 40 %[16],[20],[47].
En , les conditions d'éducation au sein de l'institution Notre-Dame de Bétharram sont décrites dans la presse[71]. En cas de manquement à la discipline, le châtiment est « la baffe », « la bouffe »[note 1], « la coco »[note 2][72], « le perron »[note 3],[16] ou « le pied du lit »[note 4],[73]. La présence dans l'établissement de drogue, d'alcool et d'un climat de violence où la discipline musclée des « frères boxeurs »[74],[75]est reproduite par les élèves, est mise au jour[18].
Une association de victimes, « Droits des enfants », tente alors de se constituer avec une douzaine d’anciens élèves[20],[76]. La direction de Bétharram déplore le « grave discrédit porté à l'institution »[18],[77]. D'anciens élèves de l'institution, parmi lesquels Jean-Charles de Castelbajac et le député Michel Péricard, montent plusieurs comités de soutien pour défendre l'institution Notre-Dame de Bétharram[52],[78] à l'initiative de Serge Legrand[Qui ?] avec huit avocats des barreaux de Pau et de Bayonne[23].
Françoise Gullung, une enseignante qui déplorait le climat de violence à Bétharram, communique à ses élèves le numéro Vert 119 du service national d'accueil téléphonique pour l'enfance en danger[16],[18].
L'Apel soutient l'équipe éducative et ne cautionne pas la « généralisation et l'imprécision des faits tels qu'ils ont été rapportés, ni l'amalgame auquel ils ont servi dans le but évident de nuire à la réputation de l'établissement »[79]. Les méthodes pédagogiques de l'établissement font l'objet d'échange au sein de l'Apel du Pays basque. Marie-Christine Etchebers, la présidente, qualifie d'inadmissible les « mauvais traitements à enfants ». Mayté Irazoqui, directrice diocésaine des écoles privées, précise cependant que « les châtiments corporels ne constituent pas les fondements de la méthode pédagogique » de l'institution[80].
Le rectorat diligente une enquête administrative[23] de l'inspection pédagogique régionale qui conclut que « Notre-Dame de Bétharram possède suffisamment d'atouts et d'éléments positifs pour surmonter ces moments difficiles et réussir dans sa volonté de changement »[81]. L'encadrement des élèves les plus jeunes par les plus âgés, remise en question au sein de l'Apel[79], prend fin[7].
Le , le plaignant, M. Lacoste-Séris, est destitué de ses fonctions de vice-président de l'Apel et invité à présenter ses excuses pour avoir partagé les faits au nom de l'association[16],[18],[69]. En réaction, il dépose une plainte pour « coups et blessures volontaires » et « traitements inhumains et dégradants » contre deux membres de l'encadrement[18],[23],[52]. Les faits sont médiatisés du fait de la présence au sein de l'établissement de Calixte Bayrou, le fils du ministre de l’Éducation de l’époque, François Bayrou, et de deux petits-fils de son député suppléant[18],[82].
Le parquet poursuit l'éducateur pour « violences n'ayant pas entraîné une incapacité temporaire de travail supérieure à huit jours sur mineur de 15 ans »[83].
Le , le surveillant général, Marie-Paul de Behr, affirme devant le tribunal correctionnel avoir « usé de son devoir de correction » afin de préserver la discipline de l'établissement[52]. Le procureur admet « la nécessité de faire respecter l'ordre », en trouvant cependant la punition « disproportionnée »[84]. Il est relaxé pour la punition du perron, qui ne constitue pas une infraction au sens de la loi, tout en étant condamné à 5 000 francs d'amende avec sursis pour avoir infligé une gifle[52],[70].
Le père de l'élève assigne le collège au civil fin , afin d'obtenir le franc symbolique de dommages-intérêts, estimant que la punition du perron infligée à son fils constitue un traitement inhumain et dégradant[81].
Françoise Gullung, enseignante de mathématiques entre 1994 et 1996, revient en 2024 sur les événements et signale avoir subi des pressions et des menaces de mutation de la part du directeur de l'époque, le père Vincent Landel. Par la suite, le directeur de Bétharram est promu évêque de Rabat au Maroc. Depuis 2014, il dirige le synode de la famille au Vatican, à Rome. L'enseignante précise que « le poids des élites locales, politiques, administratives et religieuses a joué dans l'omerta autour de Bétharram »[85].
Pierre Silviet-Carricart, directeur de l'institution Notre-Dame de Bétharram, est mis en examen le pour « viol et d'agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans par personne abusant de son autorité » pour des faits présumés entre janvier et , sur Franck, un mineur interne au collège âgé de 10 ans et demi[20],[86]. Le prêtre aurait profité de la fragilité psychique de l'enfant, déstabilisé par la mort de son père, pour se livrer sur lui à des attouchements, le matin de l'enterrement, avant que sa mère ne vienne le chercher pour l'emmener aux obsèques[16],[47],[87]. Le directeur conteste les accusations[88] et dépose une plainte pour dénonciation calomnieuse[47]. L'annonce pour certain est une surprise[89], pour d'autres cette mise en examen « n'est pas un scoop »[19].
Lors de cette affaire, trois personnes sont mises en cause, parmi lesquelles le père Silviet Carricart et un surveillant, Patrick M.[14],[90].
La communauté éducative de l'institution réagit avec « réserve et prudence » à la procédure judiciaire qui met en cause l'ancien directeur de l'établissement[91].
Placé sous mandat de dépôt, il reste deux semaines en détention provisoire à la maison d'arrêt de Pau, avant d'être remis en liberté le , à la suite d'une demande formulée en appel à la chambre d'accusation de la Cour d'appel de Pau, au motif « que la mise en détention n’est plus nécessaire à la poursuite de l’information »[92],[93]. Les motifs invoqués par la chambre d’accusation, pour remettre en liberté un prévenu hors du commun, étaient « ceux qui habituellement justifiaient le maintien en détention » selon l'avocat du plaignant[16]. Le juge d'instruction exprime également son étonnement devant cette décision inhabituelle[19],[92],[94]. Il rapporte les « questions de sa hiérarchie » sur ce dossier et relate la visite durant la détention du prévenu de François Bayrou, alors parent d'élèves, député des Pyrénées-Atlantiques, président du conseil général, et ancien ministre de l'éducation nationale, ce dernier exprimant « ses interrogations et ses doutes » sur la culpabilité de Pierre Silviet-Carricart[19],[92]. En mars 2024, François Bayrou se défend de toute intervention dans cette affaire[95].
Le , la levée du contrôle judiciaire du religieux[92] est jugée « insolite »[96]. Il est autorisé à quitter la France pour rejoindre au Vatican le siège de sa congrégation, les prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram[46],[97],[94].
Le procureur de la République convoque l'ecclésiastique fin 1999 à la suite d'une seconde plainte d'un ancien élève de Bétharram[16], orphelin de père, pour des faits d'agressions sexuelles[98],[99], dont lui aussi aurait été victime de la part du prêtre, une douzaine d'années auparavant[46]. Une troisième victime se manifeste[92],[38].
Le prêtre, âgé de 58 ans, disparaît le [100], une semaine avant de devoir se présenter devant le juge d'instruction[101]. Une lettre est retrouvée annonçant son suicide : « J'ai accompli mon chemin de croix, je suis au Golgotha, ma croix va se lever. »[102],[103]. Celui-ci affirme qu'il n'a « violé aucun enfant », et que face à l'acharnement et au harcèlement dont il est l'objet, « sa vie sur terre s'achevait » ici[100].
Le , son corps en état de décomposition avancée est repêché dans le Tibre. Il est méconnaissable, mais ses vêtements, un chapelet et une carte d'identité à son nom sont retrouvés sur lui[102],[104]. Il est enterré en France, en présence d’Élisabeth Bayrou[92],[105], dans le petit cimetière de la congrégation à Lestelle-Bétharram le [98],[106].
Le , le corps du religieux est exhumé pour un test d'identification ADN après que des doutes sur son identité ont été exprimés[107],[108],[109]. Des constatations visuelles de plusieurs témoins[110],[111] et, le , une identification ADN confirment que le corps enterré est bien celui du religieux[112],[113] mettant un terme à l'enquête pénale[114],[115].
Franck, dénonce également un surveillant général, mais celui-ci n'est pas poursuivi[94],[24].
L'avocat de la première victime annonce l'ouverture d'une procédure civile à l'encontre de la congrégation et une assignation de la direction de l'établissement pour défaut de surveillance devant le tribunal de grande instance[98].
Le père Silviet Carricart aurait abusé au moins de cinq personnes, dont trois dans une même classe[15],[94].
L'enquête canonique menée par le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron concernant une accusation d'agression sexuelle sur un enfant aboutit à un non-lieu en 2017[116],[117].
En 2021, après la publication de rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église, plusieurs anciens élèves de l'institution Notre-Dame de Bétharram sont reconnus par la Commission reconnaissance et réparation (CRR)[19],[118]. Après avoir été auditionnée en , une victime est dédommagée par la CRR à hauteur de 50 000 €[13].
En , Alain Esquerre, ancien élève de Bétharram de 1980 à 1985, croise dans le village de Lestelle-Bétharram le surveillant qui l’a brutalisé en 1985[16],[19],[20]. Il crée en un groupe Facebook « Les Anciens du collège et lycée de Bétharram, victimes alléguées de l’institution », qui regroupe en près de 550 personnes[119]. Ainsi, il reçoit des témoignages sur les violences vécues dans l’établissement : « Des gens vous racontent leur détresse, des choses subies à l’âge de 10 ou 12 ans et qu’ils n’ont jamais racontées à personne. Ils se sont terrés dans leur silence alors que certains habitent à 10 kilomètres de là »[120],[121].
Plusieurs châtiments corporels sont dénoncés, comme des claques violentes[17], des coups de pied, des coups de poing dans la tête[88], des coups de règle en bois sur les ongles, des fessées à même le corps[15], y compris avec une batte de cricket ; certains jeunes garçons se faisaient tirer les oreilles ou les cheveux[38], punir les genoux sur une règle métallique jusqu’au sang[16],[74], arracher les ongles et les cheveux[22]. Les témoins décrivent « des tabassages en série », des « visages ensanglantés »[15], des « coups très violents »[14] et « des étranglements jusqu'à l'évanouissement »[122]. Ils relatent d'autres sévices physiques, comme des piqûres sous-cutanées à l’eau[123],[124] ou à l’alcool[125], sur l’avant-bras ou la fesse, réalisées à l’infirmerie[122],[126]. Les mineurs pouvaient être punis pour le week-end, pour que les signes de maltraitance échappent à leur famille[14],[16],[125],[127]. Les internes n'avaient pas l'autorisation d'aller aux toilettes après l'extinction des lumières[38].
Les enfants de notables étaient épargnés alors que les plus rebelles, les plus fragiles ou les plus pauvres encaissaient les coups. Parmi les victimes se trouvent plusieurs orphelins et enfants de parents divorcés. Certains élèves tentaient de s'évader de l'institution[38].
D'anciens élèves relatent des suicides d'élèves au sein de l'établissement[51],[22].
En , le parquet de Pau ouvre une enquête préliminaire à la suite de vingt plaintes d’anciens élèves pour des faits de violences physiques, violences morales, viols et agressions sexuelles sur mineurs au sein de l'établissement, dans les années 1980[20],[88],[128]. Ces plaintes concernent des religieux et des laïcs[50],[116],[129].
En , treize autres plaintes sont déposées par des anciens élèves contre l’institution Notre-Dame de Bétharram[130], dont dix pour des viols ou agressions sexuelles[20],[119],[131]. Parmi ces plaintes de 2024, huit, dont au moins quatre, portent sur des agressions sexuelles et viols (attouchements[35], fellations et sodomie)[132],[133]) concernent, Patrick M., un laïc sexagénaire, salarié du diocèse[6] et surveillant à l’internat depuis [61],[90], toujours présent au sein du collège en [6],[16],[130]. Les faits, commis dans l’établissement et lors de sorties, de voyage scolaire[107] et de camps d'été des Scouts unitaires de France, remontent aux années 1980 et 1990[15],[134],[51]. Le surveillant est suspendu de son poste le , selon la direction « au nom du principe de précaution »[20],[135]. Le surveillant Patrick M. est, à ce stade, désigné comme l'auteur des faits les plus graves. Il avait dans les années 2000 déjà été convoqué par la gendarmerie pour des faits similaires dans une affaire classée sans suite[61],[51],[136].
Ces trente-trois plaintes visent six religieux et deux laïcs accusés de crimes sexuels. Trois d’entre eux sont encore en vie[20]. Les plaintes doivent aussi être transmises à la Commission reconnaissance et réparation (CRR) de l’Église catholique, créée pour réparer les violences sexuelles commises par des membres d'instituts religieux[116]. Certaines de ces plaintes ont fait l'objet d'une reconnaissance et d'une indemnisation de la CRR[20],[117]. Sur les 33 plaintes, seules deux ne sont pas encore couvertes par la prescription[137].
Le , l’évêché de Bayonne organise un pèlerinage diocésain pour les vocations des jeunes prêtres depuis le sanctuaire de Notre-Dame de Bétharram. Plusieurs victimes s'indignent de cette procession[138]. Deux jours avant l’événement, le lieu de départ du pèlerinage est modifié, en réponse aux contestations[139].
Le , quarante-trois nouvelles plaintes s'ajoutent au dossier[140],[141]. Les 76 plaintes portent sur plusieurs auteurs présumés, concernant des faits de violences physiques et psychologiques[122], de tortures, d'actes de barbarie et d'agressions sexuelles et de viols sur mineurs[142],[143],[144],[145]. France Bleu Béarn Bigorre s'étonne que les faits qualifiés de systématiques, institutionnels[50], datés entre les années 1970 à 2000, n'aient pas encore fait la une des grands médias nationaux[146].
Selon plusieurs victimes, « Betharram était un repère idéal pour les pédophiles, il y avait de quoi consommer sur place dans un endroit isolé »[50]. Une autre dénonce un « système de prédateurs étalé sur 35 ans »[49]. L'affaire est « probablement [l']un des plus grands scandales de pédophilie que la France ait jamais connu. »[51],[125].
Alain Esquerre dénonce « des connivences entre les laïcs et les pères pour abuser des enfants », un système de « pédophilie décomplexée » et précise que « tous les pères directeurs qui se sont succédé dans les années 80-90 étaient agresseurs sexuels »[51],[136]. Les « pères-directeurs faisaient leur marché dans les dortoirs la nuit »[38].
Sur les 76 plaintes, 38 sont de natures sexuelles[17],[147]. Selon France 2, vingt et un auteurs présumés sont visés par les plaintes de violences, viols et agressions sexuelles, dont onze sont toujours en vie[148],[149]. Neuf plaintes concernent des religieux[17]. Aux moins huit plaintes concerne un surveillant, Patrick M., présent dans l'institution jusqu'en [94],[51]. Certaines plaintes sont prescrites[51].
En , un nouvel ensemble de plaintes recense un total de quatre-vingt six victimes, dont quarante-quatre abusées sexuellement. La plus jeune victime, âgée de 33 ans, a été abusée à l'âge de 9 ans par un autre élève et un prêtre. 25 % des plaintes à caractères sexuelles visent deux personnes[61].
Le père Silviet Carricart, professeur de philosophie et directeur de l'institution pendant une dizaine d'années, est cité dans seize plaintes. Le surveillant Patrick M. est cité dans 22 plaintes[38].
Vingt nouvelles plaintes liées à l'institution Notre-Dame de Bétharram sont communiquées à la gendarmerie de Pau. Les faits dénoncés concernent pour la majorité des attouchements sexuels entre 1960 et 2011[24],[90].
Un surveillant général, surnommé « Cheval », est visé par 59 plaintes. En 1989, à la suite d'une agression sexuelle du surveillant sur un élève (Franck), sa mère somme le directeur, le père Carricart, de le renvoyer[24]. Le surveillant est alors muté dans un collège privé à Châteauroux (Indre), où il est resté en fonction jusqu'à sa retraite en 2018[51].
Alain Esquerre déclare que « tous les pères directeurs ont été des agresseurs sexuels des enfants, avec toujours le même mode opératoire » et qu'il s'agit de « de pédophilie décomplexée »[13].
En , un ancien pensionnaire de Notre-Dame de Bétharram entre 2002 et 2004 raconte publiquement avoir été tabassé, racketté, avoir subi des sévices et des violences sexuelles, des fellations et une sodomie, commises en réunion par d'autres collégiens plus âgés, alors qu'il avait 12 ans. Cet homme dénonce également des agressions sexuelles commises par certains prêtres retraités hébergés au sein de l'EHPAD de la congrégation. Son signalement auprès du directeur de l'école reste sans suite. L'ancien pensionnaire précise également que le bus scolaire effectuant le trajet depuis Bordeaux jusqu'à Bétharram était lui-même « une véritable zone de non-droit », dans lequel « de nombreuses violences » étaient commises[85],[150].
En novembre 2024, Alain Esquerre affirme avoir reçu de nouvelles plaintes pour des violences physiques et des abus sexuels qui auraient été commis entre 2013 et 2016[151].
Pour le prêtre Jean-Marie Ruspil, responsable de l'école, il est « très regrettable que de la violence ait pu être utilisée envers des enfants et des adolescents ». Il indique qu'en 2024 l'institution est dans une nouvelle dynamique[116],[131].
Le directeur, Romain Clercq, exprime sa « compassion » et son « soutien » aux victimes d'actes qu'il « condamne fermement »[49]. La direction de l'établissement envisage de se constituer partie civile et exprime la volonté de collaborer à l'enquête[90].
Pour sa part, Marc Aillet, évêque du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, qui dans un premier temps n'avait pas souhaité faire de commentaire[6],[152], indique être « terriblement choqué » par ces révélations[153].
Le maire de Lestelle-Bétharram, relativise les faits, invitant à ne pas « faire d’amalgame entre la dérive de quelques individus, religieux ou non, et les méthodes éducatives d’une époque »[36].
La congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram se dit « consciente de la souffrance des victimes de ces actes abominables »[49]. Elle « manifeste toute sa compassion à l’égard des victimes et s’associe aux mesures engagées par l’établissement »[51].
Selon Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, « ni la congrégation de Bétharram, ni l'Église et ni le rectorat n'ont prêté attention aux signaux ». Elle estime possible le fait que la congrégation puisse cacher des agissements pédocriminels au sein de ses antennes à l'étranger et qu'elle protège les auteurs de ces faits[90].
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