Marie Trintignant

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Marie Trintignant

Marie Trintignant (/maʁi tʁɛ̃tiɲɑ̃/[a] Écouter), née le à Boulogne-Billancourt, et morte le à Neuilly-sur-Seine des suites de violences conjugales, est une actrice française.

Faits en bref Naissance, Décès ...
Marie Trintignant
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Marie Trintignant par Jean-Loup Othenin-Girard.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, tombe des Trintignant (d)
Nom de naissance
Marie Trintignant-Corneau
Nationalité
Activités
Période d'activité
Père
Mère
Fratrie
Conjoints
Samuel Benchetrit (de à )
Bertrand Cantat (de à )
Enfants
Roman Kolinka
Paul Cluzet (d)
Léon Othnin-Girard (d)
Jules Benchetrit
Œuvres principales
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Vue de la sépulture.
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Sa carrière de comédienne commence très tôt et se développe durant les années 1990, notamment grâce à son travail artistique pour le film Une affaire de femmes[1]. Elle obtient cinq nominations aux César.

Dans la nuit du 26 au , elle est rouée de coups par son compagnon, Bertrand Cantat, dans une chambre d'hôtel à Vilnius (Lituanie). Elle meurt le après avoir été rapatriée en France.

La thèse du « crime passionnel », longtemps véhiculée par les médias et l'opinion publique, a progressivement fait place à celle d'un féminicide.

Biographie

Résumé
Contexte
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Ses parents, Nadine Trintignant et Jean-Louis Trintignant, en 1968.

Famille

Marie Trintignant est la fille de l'acteur Jean-Louis Trintignant et de la réalisatrice Nadine Trintignant. En 1998, sa mère épouse son compagnon de longue date, le réalisateur Alain Corneau, lequel adopte dans le même temps, Marie et son frère Vincent, avec le consentement de leur géniteur, Jean-Louis Trintignant[2].

Enfants

Habitant tantôt Uzès, tantôt Paris[3], Marie Trintignant est la mère de quatre enfants : Roman, né en 1986 de Richard Kolinka, Paul né en 1993 de François Cluzet, Léon né en 1996 de Mathias Othnin-Girard et Jules né en 1998 de Samuel Benchetrit.

Carrière

Elle commence sa carrière d'actrice en 1966, à l'âge de quatre ans, pour le long métrage Mon amour, mon amour réalisé par sa mère, aux côtés de son père, puis elle enchaîne d'autres films également mis en scène par sa mère.

En 1978, à 16 ans, elle incarne le personnage de Mona dans le film Série noire[b] d'Alain Corneau, lequel devient culte parmi le genre film noir, grâce à sa mise en scène, l'ambiance sombre et désespérée qui en émane et, surtout, l'interprétation de Patrick Dewaere sans lequel le film « n'aurait pas existé[c] », selon le réalisateur.

Dans les années 1980, sa notoriété se confirme grâce à Étienne Périer, metteur en scène du téléfilm en deux épisodes La Garçonne, pour France 2, d'après le roman de Victor Margueritte (1922), et grâce à Claude Chabrol pour le film Une affaire de femmes,  dans lequel elle incarne une prostituée, amie du personnage principal interprété par Isabelle Huppert  ainsi que Betty (1992) du même réalisateur, dans lequel elle tient le premier rôle, une alcoolique en rupture avec sa famille bourgeoise qui provoque le désordre dans le couple qui la recueille.

Dans les années 1990, elle tient le premier rôle dans Nuit d'été en ville de Michel Deville. Elle joue dans des comédies comme Cible émouvante et … Comme elle respire, deux films de Pierre Salvadori où elle donne la réplique à Jean Rochefort et à Guillaume Depardieu.

En 2000, sous la direction de sa mère, elle incarne une militante du droit à l'avortement dans le téléfilm Victoire ou la Douleur des femmes. La même année, elle est membre du jury du festival du cinéma américain de Deauville.

Nommée cinq fois aux César du cinéma, elle n'obtient cependant pas de trophée.

Mort

Dans la nuit du 26 au dans la chambre d'hôtel du Domina Plaza de Vilnius en Lituanie, où elle tourne le téléfilm Colette, une femme libre, une dispute au sujet d'un message envoyé par son mari Samuel Benchetrit, dont elle est séparée, éclate avec son compagnon, le chanteur Bertrand Cantat. Ce dernier et Marie Trintignant ont une relation tumultueuse depuis 18 mois[4]. Bertrand Cantat la frappe à plusieurs reprises, « une vingtaine de traces de coups sont apparentes »[5]. La comédienne tombe au sol, inanimée[6]. Il la porte dans son lit, sans appeler les secours. Plus tard dans la nuit, il appelle au téléphone Vincent Trintignant, le frère de Marie. Celui-ci rejoint le chanteur, ne mesure pas la gravité de la situation et Cantat le dissuade à plusieurs reprises d'appeler un médecin. Au matin à 7 h 15, Vincent Trintignant voit que sa sœur ne réagit pas et appelle les secours. Marie Trintignant est admise à l'hôpital universitaire de Vilnius dans un coma profond[7].

À deux reprises, les chirurgiens opèrent la jeune femme pour décompresser le cerveau. Elle est rapatriée en France le en état de mort cérébrale, à la suite d'un œdème cérébral suivi d'un coma profond provoqué par les coups portés[8]. Une opération de la dernière chance est tentée par le neurochirurgien Stéphane Delajoux[9], mais elle meurt le lendemain, le , à Neuilly-sur-Seine.

Bertrand Cantat est condamné à huit ans de prison par la justice lituanienne pour « meurtre commis en cas d'intention indirecte indéterminée »[10], peine dont il ne purge que la moitié.

Inhumation

Marie Trintignant est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (45e division) le , en présence d'une assistance vêtue de blanc comme l’a demandé la famille. Le cercueil est recouvert de tournesols, sa fleur favorite[d]. Le matin, un hommage réunit des proches au théâtre Édouard VII pour des lectures de textes et des chansons joués ou appréciés par la comédienne.

Le , son père adoptif Alain Corneau est inhumé auprès d'elle. Leur sépulture porte en épitaphe une phrase de Percy Shelley : « Paix, paix, ils ne sont pas morts, ils ne sont pas endormis, ils se sont réveillés du rêve de la vie. »

Hommages

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Le square Marie-Trintignant, à Paris, inauguré en mai 2007.

Nadine Trintignant publie en 2003 le livre Marie, ma fille, résumé par ces mots :

« Je t'aime, ma fille chérie. Je t'aime à jamais. Peut-être parviendrai-je un jour à ne plus être obsédée par les horribles images de la fin de ta vie. J'arriverai à penser à toi avec douceur, et à te sourire. Peut-être. Je ne suis sûre de rien[11]. »

Le , Bertrand Delanoë, maire de Paris, inaugure le square Marie-Trintignant (ou jardin Marie-Trintignant) situé entre l'hôtel de Sens et la Seine, rue de l'Ave-Maria, dans le 4e arrondissement[12]. Il existe également une rue Marie-Trintignant à Brest et une allée Marie-Trintignant à Rezé (Loire-Atlantique).

En 2016, Samuel Benchetrit, son ex-mari, lui rend hommage à travers son livre La Nuit avec ma femme[13].

En 2021, Eva Almassy revient sur le meurtre de Marie Trintignant dans R’avec (Arcane 17). La romancière franco-hongroise adopte le point de vue d'une autre victime potentielle de Bertrand Cantat, son épouse Krisztina Rády, qui s'est suicidée en 2010[14].

Questionnements sur le traitement médiatique de son meurtre

Résumé
Contexte

En mars 2025, Netflix diffuse une minisérie intitulée De rockstar à tueur : le cas Cantat, en 3 épisodes, coréalisée par Anne-Sophie Jahn, Nicolas Lartigue, Zoé de Bussierre et Karine Dusfour[15],[16]. La série, fruit d'une enquête ayant débuté en 2016, revient sur les morts de Marie Trintignant et de Krisztina Rády, et connaît un grand succès de diffusion et médiatique[16]. Le rôle de Cantat dans les morts des deux femmes, l'emprise qu'il a eue sur les deux ainsi qu'une forme d'omerta autour de lui sont décryptées[17],[18].

Le documentaire suggère que la défense de Bertrand Cantat à l'issue du meurtre de Marie Trintignant, invoquant l'accident, aurait marqué l'imaginaire collectif, générant une empathie envers lui comparable à celle envers la victime[19],[15]. Un rapport médical inédit est révélé, suggérant des violences conjugales que Bertrand Cantat aurait fait subir à son épouse Krisztina Rády, incluant des violences psychologiques et physiques qu'elle n'aurait confiées qu'à de rares proches[20],[21],[22]. Le documentaire témoigne d'un changement de regard sur le personnage, lié aux évolutions sociétales depuis l'émergence du mouvement MeToo. La thèse du « crime passionnel », longtemps véhiculée par les médias et l'opinion publique, a progressivement fait place à celle d'un féminicide[15],[23],[24]. Le documentaire remet en avant un traitement médiatique problématique. Par exemple, l'écrivain Christophe Gallaz écrit quelques jours après le drame : « Oh, petite comédienne morte, comment les choses en sont arrivées là ? Quelle femme étais-tu donc à courir ainsi non seulement d’un amour à l’autre, mais d’un père de tes enfants au suivant, jusqu’à te rendre peut-être insupportable aux yeux de ton ami le chanteur, lui-même rempli de charge explosive jusqu’au ras de la peau ? Es-tu morte à force d’avoir été trop dispersée, trop ramifiée, trop éparpillée, trop ailleurs, trop évanouie, trop insaisissable ? Ton ami le chanteur t’a-t-il frappée parce que ce geste était devenu pour lui le seul moyen de t’arrêter, et de te retrouver ? »[25] Ainsi, la chanteuse Lio, qui témoigne dans ce documentaire, a été dans les premières à dénoncer publiquement la violence de Cantat, n'a pas été écoutée pendant longtemps, et a même subi des conséquences négatives sur sa carrière[26],[27],[28]. Elle explique notamment : « Bertrand Cantat l’a tenue avec le genou sur la gorge. Le médecin légiste l’avait dit. C’était une exécution[21]. »

Filmographie

Cinéma

Longs métrages

Courts métrages

Télévision

Théâtre

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Enregistrements

Distinctions

Récompenses

Nominations

Notes et références

Voir aussi

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