Chantal Akerman

réalisatrice et scénariste belge, également actrice, productrice et directrice de la photographie De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Chantal Akerman

Chantal Akerman[1] est une cinéaste belge et française, née le à Etterbeek en Belgique et morte le dans le 20e arrondissement de Paris.

Faits en bref Naissance, Décès ...
Chantal Akerman
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Image de la vidéo Chantal Akerman: Too far, Too close.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Chantal Anne Akerman
Nationalités
Formation
Activités
Période d'activité
Conjoint
Autres informations
A travaillé pour
Représentée par
Marian Goodman Gallery (d)
Distinction
Films notables
Archives conservées par
Œuvres principales
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Vue de la sépulture.
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Considérée comme une des figures de proue du cinéma moderne, et pionnière du cinéma contemplatif, elle a eu une influence importante notamment pour Gus Van Sant, Todd Haynes ou Michael Haneke.

Biographie

Résumé
Contexte

Famille et débuts

Née le à Etterbeek[2], Chantal Akerman est issue d'une famille juive polonaise. Ses grands-parents maternels ainsi que sa mère, Natalia, ont été déportés à Auschwitz, et seule sa mère, Natalia, en est revenue[3]. Son père est Jacques Akerman. Elle a une sœur, Sylviane Akerman, qui entretiendra sa mémoire[4].

Dans ses films, elle traite des relations mère-fille, de la vie des femmes, de leurs rapports, de la sexualité, de l'homosexualité et de l'identité féminines[3]. Selon Jean-Michel Frodon, sa relation au judaïsme traverse toute sa filmographie[5]. C'est pourtant à partir du film Histoires d'Amérique (1989) qu’émerge la conscience juive de la cinéaste, à travers des témoignages de Juifs ashkénazes d'Europe de l'Est émigrés aux États-Unis[3].

C'est Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard (1965) qui provoque sa vocation. Formellement, Michael Snow est sa deuxième profonde influence[6],[7]. Elle déclare le au centre Pompidou :

« Godard m'a donné de l'énergie et les formalistes m'ont libérée. »

Le cinéaste André Delvaux la soutient dès son premier court métrage, Saute ma ville en 1968, un film pré-punk, anarchiste, dans l’air subversif du temps[8], où Akerman exprime de manière explosive son besoin vital de libération[réf. souhaitée].

New York

Après un court passage à l'Institut national supérieur des arts du spectacle en 1967-1968[1], dont elle claque la porte après trois mois[9], elle réalise en 1971 un moyen métrage resté inachevé, L'Enfant aimé ou Je joue à être une femme mariée, que la cinéaste estime raté parce que pas assez construit, précis, dirigé.

Akerman part ensuite avec Samy Szlingerbaum à New York où elle fréquente assidûment une cinémathèque dédiée au patrimoine cinématographique indépendant, l'Anthology Film Archives. Elle y découvre le cinéma expérimental américain (Michael Snow, Andy Warhol, Jonas Mekas, etc.) et rencontre Babette Mangolte, qui devient la chef opératrice de ses films.

Vivant de petits boulots, elle parvient néanmoins à tourner plusieurs films. En 1972, La Chambre, un court métrage à base de lent panoramique horizontal balaie l'espace à 360 degrés plusieurs fois, et Hôtel Monterey, de 63 minutes, une suite de plans fixes précisément cadrés et de lents travellings dans les couloirs, puis la caméra sort de l'immeuble par le toit où un panoramique balaie l'horizon urbain. Enfin, en 1973, Hanging Out Yonkers, son premier essai de documentaire (sur des jeunes à problèmes fréquentant un centre social), resté inachevé et dont les rushes sont parfois projetés en cinémathèque ou lors de rétrospectives[réf. nécessaire].

Chantal Akerman vit ensuite à Paris. Elle retourne à New York en 1976, après sa reconnaissance internationale, pour réaliser News from Home (89 minutes)[3], une lecture des lettres inquiètes et plaintives que lui envoyait sa mère pendant son séjour, accompagnée par des plans monumentaux (façades, rues, métro) de la mégapole. Le film se clôt par un très long travelling arrière, la caméra posée sur un bateau s'éloignant des tours jumelles du World Trade Center. La cinéaste reviendra dans cette ville pour tourner Histoires d'Amérique en 1988[3] et Un divan à New York en 1996[3].

Jeanne Dielman et la reconnaissance internationale

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Chantal Akerman en octobre 2011 au FIFF de Namur pour la présentation de son film La Folie Almayer.

Dans le Nouvel Observateur en 1989, Chantal Akerman explique : « Je me retournais dans mon lit, inquiète. Et brusquement, en une seule minute, j'ai tout vu Jeanne Dielman[10] »

Parmi les films de sa longue carrière, Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975) est considéré comme son chef-d'œuvre, selon Serge Kaganski[11] et reconnu en 2022 comme le meilleur film de tous les temps par la revue Sight and Sound du British Film Institute[12]. Il s'agit d'une description méticuleuse, en illusion de temps réel (proche de l'hyperréalisme) de l'aliénation, avec l'actrice Delphine Seyrig. D'une durée de plus de trois heures, le film condense trois jours de la vie de l'héroïne dans l'intimité quotidienne de son foyer modeste, où l'on suit chronologiquement presque chaque fait et geste, avec une succession presque « hypnotique » de longs plans fixes[12].

« C'est un film sur l'espace et le temps et sur la façon d'organiser sa vie pour n'avoir aucun temps libre, pour ne pas se laisser submerger par l'angoisse et l'obsession de la mort[13]. »

Viennent ensuite parmi ses films les plus importants Les Rendez-vous d'Anna (1978) avec Aurore Clément, un très autobiographique road movie en train (d'Allemagne à Paris en passant par Louvain et Bruxelles) ; la comédie musicale Golden Eighties (1986) (une variation à la Jacques Demy de ses thèmes habituels avec Seyrig et Lio) ; sa tentative de comédie romantique américaine à la Ernst Lubitsch (ou à la Woody Allen) Un divan à New York (1996, avec William Hurt et Juliette Binoche), et La Captive (2000, avec Sylvie Testud et Stanislas Merhar), son adaptation, écrite avec Eric de Kuyper, de La Prisonnière de Marcel Proust, influencée par Vertigo d'Alfred Hitchcock[14] et les mélodrames morbides d'Evgueni Bauer.

En 2006, Chantal Akerman détourne une commande (un documentaire sur Israël) pour revenir à un travail plus personnel, son plus intime depuis les années 1970 (voix off autobiographique accompagnant des plans fixes hyperréalistes tournés en vidéo), tourné à Tel-Aviv et monté à Paris, sur l'exil, l'exil des autres, l'exil de soi-même, le repli sur soi, le déséquilibre mental, le temps, l'espace et les tâches ménagères qui deviennent des « actes héroïques de la vie quotidienne ». La conclusion de ce film, intitulé Là-bas[3], est : « Le paradis n'existe pas. »

Autres activités

Documentaires

La cinéaste a réalisé des documentaires (Un jour Pina a demandé..., 1983 ; D'Est, 1993 ; Sud, 1998 ; De l'autre côté, 2002) qui se distinguent par une recherche plastique et formelle[réf. nécessaire] et une attentive écoute humaniste[réf. nécessaire] (« Je suis comme une éponge qui écoute d'une manière flottante. »)

Art contemporain

À travers sa démarche artistique, elle mêle étroitement création filmique et installation vidéo. En 1995, elle réalise ainsi l'installation D'Est, au bord de la fiction à partir des images tournées pour le film documentaire D'Est (1993), œuvre qui prend pour thème la vie dans les rues d'Europe centrale et d'Europe de l'Est juste après la chute du mur de Berlin[15].

Elle a présenté une installation filmique intitulée Woman Sitting after Killing à la Biennale de Venise de 2001, From the Other Side à Documenta 11 (2002), et Now en 2015 à la Biennale de Venise, une installation en cinq écrans, où défilent à vive allure des paysages désertiques filmés en travelling.

Enseignement

Chantal Akerman a été professeure à l'European Graduate School de Saas-Fee (Suisse) où elle dirigeait un atelier de cinéma pendant l'été.

Elle a enseigné à l'université de la ville de New York[16] (City University of New York : CUNY).

Vie privée

Les sœurs franco-américaines Sonia Wieder-Atherton, violoncelliste, et Claire Atherton, monteuse, furent des amies et collaboratrices de Chantal Akerman. Sonia Wieder-Atherton fut sa compagne[17] et confidente de travail et de vie durant des années et en tira des expériences artistiques[18].

Mort

Souffrant de troubles bipolaires[19] et profondément affectée par la mort de sa mère, Natalia (1927-2014), un an et demi plus tôt, elle décide de mettre fin à ses jours[20] à l'âge de 65 ans, le , dans le 20e arrondissement de Paris[21],[22],[3].

Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (49e division).

Décoration

Publications

Installations

Chantal Akerman a créé de nombreuses installations artistiques.

  • D'Est au bord de la fiction, 1995
  • Vingt-cinquième écran, 1995
  • Autobiography/Selfportrait in Progress, 1998
  • Woman Sitting after Killing, 2001
  • From the Other Side, 2002
  • A Voice in the Desert / Une Voix dans le Désert, 2002
  • Marcher à côté de ses lacets dans un frigidaire vide, 2004
  • In the Mirror, 1971-2007
  • Je, tu, il, elle, the Installation, 2007
  • Femmes d’Anvers en novembre / Women from Antwerp in November, 2008
  • Maniac Summer, 2009
  • Tombée de nuit sur Shanghai, 2009 (reprise de son segment de 2007, cf. ci-dessous)
  • La Chambre, 1972-2012
  • Maniac Shadows, 2012
  • Now, 2015
  • Travelling, 2024 (posthume)

Filmographie

Cinéma

Télévision

Postérité

Résumé
Contexte

Reconnaissance

En , le magazine de cinéma britannique Sight and Sound classe Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles meilleur film de tous les temps[26],[27].

Recherche universitaire

En 2016, à l'université Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis, l'UFR Esthétique, Sciences et Technologies du cinéma et de l'audiovisuel (ESCTA) lui consacre une journée d'études « Chantal Akerman, retours sur l’œuvre »[28].

Influence

Chantal Akerman est considérée comme une « figure de proue du cinéma moderne »[11],[29].

Elle a été une influence importante notamment pour Gus Van Sant, Todd Haynes et Michael Haneke[29],[22].

Hommages

Rétrospectives

En 2023, la maison de production Capricci organise une rétrospective de plusieurs de ses longs métrages.

Celle-ci se poursuit, en 2024-2025[33], avec une exposition aux galeries du Jeu de paume[34], à Paris, intitulée « Travelling », et réalisée avec le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, la Fondation Chantal Akerman[35] et la cinémathèque royale de Belgique[36],[37].

Notes et références

Voir aussi

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