titre de noblesse De Wikipédia, l'encyclopédie libre
C'est à la fin du IXesiècle qu'apparaissent les premiers vicomtes de Thouars, bien avant les seigneurs de Châtellerault et de Lusignan, etc. Ils représentaient le comte de Poitiers, dans l'espace nord aquitain confié à leur garde. Avec les branches puinées établies en Vendée, ils forment la maison de Thouars.
Les premiers vicomtes de Thouars sont issus de grands officiers de l'époque carolingienne. La maison de Thouars est probablement originaire des environs de Poitiers, où ils possédaient des biens au Xesiècle. À cette époque, leurs dons aux abbayes sont destinés à Saint-Cyprien de Poitiers, Saint-Jouin de Marnes (15 km au sud de Thouars), Saint-Florent de Saumur et Saint-Martin de Tours.
Au XIesiècle, à la suite du mariage de Geoffroy II de Thouars avec Agnès de Blois, s'y ajoutent les abbayes de Bourgueil et de Marmoutier[réf.nécessaire]. Ce mariage est cependant hautement improbable. La seule source connue, le Fragmentis Chronicorum Comitum Pictaviae, Ducum Aquitaniae, ne mentionne qu'un mariage entre Agnete (Agnès), fille d'un comte de Tours, et un Wido (Gui), comte (sic) de Thouars, fils d'un vicomte Ebles de Thouars et d'Altrude de Limoges[1].
La succession des vicomtes de Thouars est originale: elle ne passait pas du père au fils aîné, mais successivement, et suivant leur ordre de naissance à chacun des frères puînés du défunt. Par le décès du dernier d'entre eux seulement, le fils aîné de l'aîné réunissait l'usufruit à la nue-propriété sur laquelle ses oncles n'avaient aucun droit[2]. Ce mode de succession, en vigueur dans le Poitou, est nommé le retour, ou viage[3]. À la mort du vicomte les enfants ne se partageaient que les meubles et une provision à hauteur des deux neuvièmes des immeubles de la succession. S'il y avait des filles, le fils aîné ne gardait que les trois-quarts des immeubles avec l'hôtel principal, le dernier quart étant réservé aux filles. Les membres de la famille de Thouars, mêmes s'ils n'étaient pas vicomtes titulaires, étaient appelés vicomtes et utilisaient ce titre dans leurs chartes. Ce droit coutumier perdura jusqu'au règne de Guy II de Thouars.
Dès le départ ce sont de grands propriétaires fonciers et leurs possessions s'étendent grâce à la rétribution qui leur est donnée pour leurs services par le comte de Poitou. Dans ce cas, ce sont souvent des biens ecclésiastiques relevant de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers ou de l'abbaye Saint-Hilaire par exemple.
En 1397, la dernière vicomtesse de la dynastie originelle décède et la vicomté de Thouars passe, par héritage, dans les mains de la Maison d'Amboise et de là, entre celles de la maison de La Trémoille.
Cependant, les vicomtes de Thouars ne retrouveront jamais le pouvoir de leurs prédécesseurs.
avant 876-903: Geoffroy Ier. Ses successeurs Savary et Aimery et leur frère Adhémar Ierabbé de Saint-Maixent (vers 903-928), étaient sans doute ses fils ou ses neveux.
903-929: Savary Ier. Ce fut un fidèle du comte de Poitou Ebles Manzer. Il participa aux assemblées et plaids tenus par le comte de Poitiers. Ainsi en 903, Ebles le récompensa en lui donnant la tutelle de l'abbaye de Saint-Maixent.
929-936: Aimery Ier. Frère du précédent, il possédait des biens près de Poitiers, il était avoué de l'abbaye de Saint-Maixent (qui était très riche). Il épousa Aremburge et ils eurent deux fils: Savary II et Aimery II.
936-943: Savary II. Fils du précédent; il n'eut aucun fils.
943- vers 960: Aimery II. Fils d'Aimery Ier, il est le frère de Savary II. Il fut un fidèle allié de son suzerain Geoffroy Grisegonnelle comte d'Anjou, celui-ci lui attribua des biens à Chavagné près du monastère de Saint-Maixent, à Faye-l'Abbesse près de Bressuire et à Missé, au sud de Thouars. En 955 il fit don de terres, toujours à Faye-l'Abbesse, au bénéfice de l'abbaye Saint-Bonneval-lès-Thouars. Aimery II épousa Aliénor (Adénor)[4] en 935, avec qui il eut un fils, Herbert Ier.
vers 960-987: Herbert Ier. Il était le fils d'Aimery II. Geoffroy Grisegonnelle, comte d'Anjou, apparaît comme suzerain et protecteur du vicomte Herbert (il en sera de même, d'ailleurs, vis-à-vis de son fils Aimery III). Depuis environ 973, Geoffroy était en possession des points forts de Loudun et Mirebeau et enserrait donc les domaines du vicomte de Thouars. Herbert épousa en 956 Aldéarde (ou Hildegarde), fille de Cadelon Ier, vicomte d'Aulnay et de Sénégonde de Marcillac. En 971, Aldéarde fonda l'église d'Airvault, elle mourut après l'an mil. Herbert et Aldéarde eurent plusieurs enfants: Aimery III, Savary III, Raoul Ier, Thibault et Geoffroy.
Aldéarde est restée célèbre par la mésaventure qui lui arriva vers les années 980. Ayant eu une liaison avec le comte de Poitiers Guillaume Fier à Bras, elle se trouva exposée à la vindicte de la femme de ce dernier, Emma de Blois, sœur du comte de Blois Eudes. Emma se vengea en faisant rudoyer et violer sa rivale lors d'une rencontre. Emma se réfugia alors dans le château de Chinon, où elle attendit que son mari lui pardonnât cette action[5].
987-997: Aimery III. Il était le fils d'Herbert Ier et d'Aldéarde (ou Hildegarde) d'Aunay. Vassal du comte de Poitiers, il se reconnaissait aussi vassal du comte d'Anjou Foulques III Nerra qui était très présent dans cette partie du Poitou. En 992 le vicomte assiste Foulques contre les Bretons pour la possession du comté de Nantes et en particulier lors de la bataille de Conquereuil. Foulques confie la garde de Nantes à Aimery pendant la minorité du petit comte Judicaël. En 994 pourtant Aimery s'éloigne durablement de l'alliance angevine et Foulques construit une forteresse à Passavant pour le contrôler. Il épousa Elvise mais ils n'eurent pas d'enfants; cependant Aimery eut un fils naturel, Haimon ou Aymon de Dinan, né vers 975, qui fut seigneur de Dinan, dit le Vicomte, comte en Domnonée.
997-1004: Savary III. Frère du précédent, il se maria à deux reprises: du premier lit il eut Geoffroy II, du second Hugues, né vers 995. Pour s'être emparé d'un domaine appartenant aux Lusignan, Savary fut toujours en situation de conflit avec son voisin Hugues IV de Lusignan.
1004-1015: Raoul. Frère du précédent, il lui succéda. Sa femme s’appelait Aremburge (ou Asceline), il en eut deux fils, Aimery et Thibault et une fille Aldegarde. Le duc d'Aquitaine et comte de Poitiers Guillaume le Grand pratiqua une politique d'équilibre (avec beaucoup de duplicité) entre Raoul et Hugues IV de Lusignan afin de les neutraliser. Guillaume fit échouer un mariage entre la fille de Raoul et Hugues de Lusignan en proposant à ce dernier la veuve de Josselin, seigneur de Parthenay (qui n'avait laissé qu'un fils en bas âge). Mais en fait, le duc s'arrangea pour que ce mariage échouât lui aussi et provoquât la guerre entre le vicomte de Thouars d'une part et le seigneur de Lusignan et le duc lui-même d'autre part. Le vicomte Raoul mourut à la fin de l'année 1014 alors qu'il ravageait les terres d'Hugues IV de Lusignan.
1055-1093: Aimery IV. Fils du précédent, marié à Arengarde fille de Geoffroy de Mauléon, puis en secondes noces il épousa Ameline.
1093-1104: Herbert II. Fils du précédent, il mourut lors de la première Croisade à Jaffa (Palestine) en 1104. C'était le fils d'Aimery IV et d'Ameline. Il succéda immédiatement à son père Aimery IV. Le , l'évêque de Poitiers Pierre restaura l'abbaye d'Airvault, avec l'accord de Herbert, vicomte de Thouars, fils du vicomte Aimery défunt. Le , sa famille entoura Arbert lors de la dédicace de l'église Saint-Nicolas de la Chaise, commencée par son père et qu'il acheva; alors auprès de lui se trouvaient son frère Geoffroy, dit de Tiffauges, sa sœur Audéarde (ou Hildegarde) qui était l'épouse de Hugues VI de Lusignan, et son oncle Raoul, dit de Mauléon.
À cette époque on pouvait mesurer l'étendue de la vicomté de Thouars par les fiefs qui relevaient d'elle. C'étaient Bressuire, Doué, Passavant, Argenton le Château, Airvault, La Forêt-sur-Sêvre, Montaigu, La Roche-sur-Yon, Tillé, Châteaumur, Pouzauges, Les Essarts, Lezay, Commequiers, et d'autres encore. Comme beaucoup de ses contemporains, le vicomte Herbert se rendit en Palestine, la première fois en 1098. Il repartit avec son frère Geoffroy en 1102 lors de la croisade conduite par le duc Guillaume IX d'Aquitaine. Sa bannière était d'or semé de fleur de lys d'azur au franc quartier de gueules. Ces armoiries restèrent celles de sa maison, elles furent ensuite celles de la ville de Thouars. Beaucoup de pèlerins moururent pendant le trajet de Constantinople à Jérusalem. Au moment où Herbert voulut repartir en France, il mourut à Jaffa en 1104. Il fut inhumé près de l'église Saint-Nicolas de Jaffa. Il avait épousé vers 1095 Agnès dont il eut deux fils, Aimery VI et Herbert.
1370-1397: Péronnelle de Thouars, Fille ainée du précédent, mariée à Amaury IV de Craon. À la mort de ce dernier en 1376, elle épousa Tristan Rouault de Boisménard. Avec elle s'éteignit la branche aînée de la première famille de Thouars qui posséda la vicomté plus de cinq siècles.
D'or au franc quartier de gueules, semé de fleurs de lys d'azur
D'azur au franc quartier de gueules, semé de fleurs de lys d'or
Le blason de la famille de Thouars est issu des armes du vicomte de Thouars, Herbert II (d'or au franc quartier de gueules, semé de fleurs de lys d'azur).
Lorsque la ville de Thouars adopta le blason, les couleurs furent inversées (d'azur au franc quartier de gueules, semé de fleurs de lys d'or), on ne sait pas exactement pourquoi.
(lat) Ex Fragmentis Chronicorum Comitum Pictaviae, Ducum Aquitaniae, col.1147, H.F., Tome 10, p. 294-295. et sur fmg.ac/Projects/MedLands/CENTRAL France/Blois/France/agnès de Blois.
Jacques Duguet, «La question de la succession dans la famille de Thouars aux XIeetXIIesiècles», Bulletin de la Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres, troisième série, vol.II, 1er semestre 1994, p.11-20 (lire en ligne)
Luc Guéraud, Contribution à l'étude du processus coutumier au Moyen Age: le viage en Poitou, Paris, Institut Universitaire Varenne, coll.«Thèses», , 462p.
Christian Settipani: La noblesse du Midi carolingien, Etudes sur quelques grandes familles d'Aquitaine et du Languedoc du IXeetXIesiècles, Ed. Linacre colleg, P&G, Oxford, 2004, pp. 282-283. Adenordis a été francisé tardivement en Aliénor, notamment par Hugues Imbert.
Jean-Philippe Collet, Les vicomtes de Thouars (IXe-1154): l'irrésistible ascension d'un lignage aux temps des principautés, entre comtes du Poitou et comtes d'Anjou, Mémoire de Maîtrise de l'Université de Poitiers sous la direction de Martin Aurell, 1998.
Jean-Philippe Collet, «le combat politique des Plantagenêt en Aquitaine: l'exemple des vicomtes de Thouars (1158-1199)», Martin Aurell (dir.), Noblesses de l'espace Plantagenêt (1154-1224), Poitiers, CESCM, 2001, p.139-164. [lire en ligne]
Géraldine Damon, Naissance d'une tétrarchie nobiliaire en Poitou: les vicomtes de Thouars et les seigneurs de Lusignan, Parthenay et Mauléon, Mémoire de DEA de l'université de Poitiers sous la direction de Martin Aurell, 2004, 2 vols.
Géraldine Damon, «Stratégies nobiliaires et politiques familiales dans le Poitou médiéval: L'ascension des vicomtes de Thouars, des seigneurs de Lusignan, de Parthenay et de Mauléon (IXe-milieu duXIIIesiècle)», Revue historique du Centre-Ouest, t. 5, 2006, p. 7-29.
Géraldine Damon, «Jeux seigneuriaux en Poitou au temps des Plantagenêts. L’exemple des vicomtes de Thouars, des Lusignan, des Parthenay-Larchevêque et des Mauléon», Martin Aurell et Frédéric Boutoulle, (dir.), Les Seigneuries dans l’espace Plantagenêt (c.1150-c. 1250), Bordeaux, Ausonius, 2009, p.285-307. [lire en ligne]
Jacques Duguet, «La question de la succession dans la famille de Thouars aux XIeetXIIesiècles», Bulletin de la Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres, troisième série, tome II, 1er semestre 1994, p.11-20. [lire en ligne]
Hugues Imbert, «Notice sur les vicomtes de Thouars de la famille de ce nom», Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, t. XXIX, 1864, p.321-431. [lire en ligne]
Christian Settipani, La noblesse du midi carolingien, Études sur quelques grandes familles d'Aquitaine et du Languedoc du IXeauXIesiècle, Toulousain, Périgord, Limousin, Poitou, Auvergne, éd. Linacre College, Prosopographica & Genealogica, Oxford 2004, 398 p., (ISBN1-900934-04-3)