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écrivain français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Vladimir Volkoff, né le à Paris et mort le dans sa maison de Bourdeilles dans la Dordogne[1], est un écrivain français, d'origine russe, auteur de nombreux romans ayant trait notamment à l'histoire russe, à la guerre froide et à la guerre d'Algérie, d'essais consacrés à la désinformation, mais également dramaturge, poète, biographe et traducteur. Sa langue de prédilection pour l’écriture est le français, mais il a publié des romans en anglais et des textes en russe.
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Sous le nom de Lieutenant X, il est également l'auteur de séries de romans policiers pour la jeunesse : Langelot et Larry J. Bash. Pour la série Larry J. Bash, il fait croire qu'il est le traducteur et utilise le pseudonyme de Gil Hérel[2]. Il a écrit sous d'autres pseudonymes : Victor Duloup (Volkoff signifie « fils du loup » en russe), Basile Septime, Lavr Divomlikoff (anagramme de Vladimir Volkoff) et Rholf Barbare.
Les Volkoff, d’origine tatare, ont servi les tsars depuis Ivan le Terrible. Grand-père de Vladimir Volkoff, « le général Vladimir Aleksandrovitch Volkoff a disparu pendant la révolution russe, probablement fusillé par les bolcheviks après avoir commandé la garnison d’Omsk sous le gouvernement de l’amiral Alexandre Koltchak[3] ».
Il est le fils de Nicolas Volkoff et Tatiana Porokhovstchikoff. Du côté de sa mère, c'est le petit-neveu du compositeur Piotr Ilitch Tchaïkovski. Son grand-père, Ioury Serguéïévitch, sapeur, est mort en France en 1937 après avoir été prisonnier en Allemagne, avoir appris l’horlogerie en captivité, décrotté des wagons à bestiaux à Metz, et travaillé comme ajusteur chez un facteur d’orgues[4].
Ses parents, échappés de la Révolution et émigrés en France, se rencontrent et se marient à Paris. Son père, Nicolas, travaille comme laveur de voiture et gardien de nuit dans un garage, et sa mère, Tatiana, comme brodeuse[5].
Volkoff vit ses premiers mois dans une maison de la rue Olivier de Serres, dans le 15e arrondissement de Paris, puis dans un pavillon de Vanves[6], l’un comme l’autre démolis depuis. Pendant la Seconde Guerre mondiale, son père, engagé dans la Légion étrangère, est fait prisonnier[7]. Volkoff vit à Barenton, dans la Manche, avec sa mère, dans une maison sans chauffage, électricité, ou eau courante. Il va à l’école du village, puis au collège de Domfront dans l’Orne[6].
Sa mère, tout en surveillant ses études françaises, lui donne tous les éléments d’une éducation russe. L’enfant grandit entre deux alphabets et deux calendriers où les deux fêtes de Pâques tombent rarement le même dimanche, et celle de Noël à treize jours d’écart : deux civilisations à absorber[8]. Il apprend à penser dans une autre langue que celle de ses interlocuteurs.
Rentré à Paris, il fréquente le lycée Claude-Bernard, et s’il est capable, très vite, d’écrire de courts poèmes en russe, c’est en français qu’il s’embarque pour l’aventure littéraire qui durera toute sa vie. Il fait ses études supérieures à la Sorbonne, où il obtient une licence de lettres classiques, puis un doctorat de philosophie à l'université de Liège[9].
En 1955, Volkoff s’installe avec sa mère à Amiens, où il a trouvé une place de professeur d’anglais dans un collège de jésuites : « Des différends de famille firent que mes parents se séparèrent et que, rigoureux jusqu’à la cruauté, je ne revis plus jamais mon père[10] ». Plus tard, le père, gravement malade, lira avec plaisir la série des Langelot. Le père et le fils reprennent contact : « Nous nous pardonnâmes du fond du cœur ce que nous avions à pardonner[10] ». Avec la relation père-fils d’autant plus essentielle pour le chrétien Volkoff qu’« elle est à l’image de la jointure Dieu le Père—Dieu le Fils[11] », le pardon demandé et reçu est un autre thème essentiel de l’œuvre de Volkoff.
En 1957, son sursis d’incorporation expire. Il part pour le service militaire, comme deuxième classe, le puis se porte volontaire pour l'Algérie, servant dans les troupes de marine[12].
Initialement affecté dans le Sud tunisien, il rejoint l’école d'élève-officiers de Cherchell pour terminer sa formation d'Aspirant dans un bon rang : dixième de sa promotion. Le , il est nommé officier. « Je pris à cet instant la décision de m’assumer pleinement en tant que Français, puisque des vies françaises me seraient confiées (sans que cela me rendît en rien moins Russe)[3] ». Décidé à rester en Algérie, Volkoff choisit l’Encadrement de la jeunesse algérienne, supprimé aussitôt créé. Il est alors affecté au 22e régiment d’infanterie coloniale qui garde la frontière marocaine. Sa connaissance de plusieurs langues le fait affecter dans un bureau, ce qui lui convient fort peu. Ayant demandé d’être muté dans une unité plus active, Volkoff est initié à la doctrine du RAP (renseignement, action, protection). Il sert en effet une année comme officier de renseignement durant la guerre d'Algérie[13]. Il travaille entre 1958 et 1959 au Comité de coordination interarmées[14] ou CCI[15]. Ne s'y plaisant pas, il demande une nouvelle affectation et passe deux années plus heureuses dans une Section administrative spécialisée.
Cette expérience, qui ne se passe pas sans heurts, est, au demeurant, l'une des sources de son inspiration romanesque. Tout en écrivant son roman le plus intimiste, La Chambre meublée, des nouvelles comme La Grenade, ou encore un texte très inspiré de William Faulkner, Opération Barbarie, qu’il ne publiera que quarante ans plus tard avec une postface (« Évolution de mes convictions »), il mûrit la quintessence de son œuvre : Les Humeurs de la mer, une partie des Chroniques angéliques et du Berkeley à cinq heures, et son dernier roman, Le Tortionnaire, pour n’en citer que quelques-uns.
En 1961, il fait la connaissance du colonel Antoine Reboul[16], rencontre qui le marque et l'inspirera.
Volkoff se découvre un amour fou pour l'Algérie, aussi bien pour ses paysages que pour sa population. C’est là qu’il se marie une première fois, union très vite suivie d'un divorce, après la naissance d’une fille, Tatiana (future diplomate américaine), qui aura elle-même un fils. La guerre d’Algérie se termine dans des conditions que Volkoff n’acceptera jamais. Il quitte ce pays pour toujours.
Il est démobilisé le comme lieutenant, avec la croix de la Valeur militaire[12].
Rentré en France, il est engagé au ministère des Armées, et publie dès 1962 L’Agent triple, qui n’est pas son premier texte à être accepté par un éditeur.
Un seul salaire et une seule publication ne suffisent pas à le faire vivre avec sa mère et sa fille. Sous le pseudonyme de Lieutenant X, il crée le personnage de Langelot, un jeune sous-lieutenant facétieux qui travaille dans les services secrets, auquel il arrive de multiples aventures. La série, publiée de 1965 à 1986 dans la Bibliothèque verte, a fait l'objet de plusieurs rééditions. Volkoff aimait dire de ces romans qu’il les avait écrits avec autant de conscience et de plaisir que ses autres livres. La série, par son goût de l'action, a une visée éducative (valeurs du combat pour la patrie transmises à la jeunesse de l'époque). Volkoff est également l'auteur d'une série qui connut moins de succès, constituée par les récits d'un jeune détective américain, Larry J. Bash. Cette série de romans policiers est marquée par un « esprit du Sud profond » mais tourne en dérision les préjugés contre les Noirs, qui étaient encore très vivaces.
En 1962, au cours d’un voyage dans le Sud des États-Unis, où il est allé saluer sa tante Natacha, émigrée à Atlanta, Volkoff trouve un poste de professeur de littérature et de civilisation françaises dans un collège de jeunes filles et se fixe à Atlanta avec sa famille. Sa passion du théâtre peut s’y exercer pleinement car il monte une troupe à qui il fait jouer les textes de Molière, Jules Supervielle, mais aussi les siens.
Avec l’escrime qu’il pratique depuis l’enfance, Volkoff se découvre aussi une nouvelle passion, la chasse, devant soi ou à l’affût, heureux de pouvoir, dans la solitude des nuits, attendre « le lever du soleil et la visite du premier daim[3]. » La lecture des ouvrages du Père Serge Boulgakoff est alors une révélation. Volkoff, qui vivait dans une torpeur religieuse, retourne à la religion avec une énergie nouvelle. Ce « retournement » sera aussi un thème majeur de son œuvre. En 1978, Volkoff se « marie pour la seconde fois : la bonne », d'après son autobiographie[17].
L’enseignement lui laisse assez de temps pour écrire. C’est pendant ces longues années que, s’essayant au roman relativiste, il écrit les quatre volumes des Humeurs de la Mer, hommage au Quatuor d’Alexandrie de Lawrence Durrell. Sans se faire trop d’illusion sur la publication de cette tétralogie de quelque mille pages, ou alors peut-être posthume, Volkoff écrit un texte qu’il pense plus facile à publier, Le Retournement. Vladimir Dimitrijevic, l’éditeur de l’Âge d’Homme, lui propose de publier le tout, en association avec Bernard de Fallois, alors éditeur chez Julliard.
Le Retournement, vendu à plus de 100 000 exemplaires, est un grand succès ; les Humeurs ne sont pas en reste. En , Le Monde titre « 1982 : l'année Volkoff » ; Jean-François Kahn écrit dans Le Matin de Paris du une chronique intitulée « L'année Volkoff, hélas[18] ! ».
La gloire est enfin là, et Volkoff fait désormais plusieurs séjours dans l’année à Paris[19]. Ce succès lui vaut de rencontrer le patron des services de renseignement extérieur français, Alexandre de Marenches, qui, venant de découvrir la doctrine de Sun Tzu, se demande comment avertir l’opinion publique du danger de la désinformation. Estimant qu’un ouvrage technique n’aurait aucun impact, Marenches propose à Volkoff d’en faire un roman. Ce thème de « l’empaumement des âmes[17] » fascine Volkoff. C’est ainsi qu’il écrit Le Montage, traduit en douze langues, et qui obtient le grand prix du roman de l'Académie française. Volkoff est donc le premier en France, après Pierre Nord[20], à étudier la manipulation de l’information[réf. nécessaire], à laquelle il consacre six ouvrages.
Invité sur le plateau de l'émission Apostrophes le pour son roman Le Montage, Vladimir Volkoff est violemment pris à partie par le journaliste et écrivain Pierre Joffroy qui le qualifie de « raciste anti-juif et anti-musulman » et de « fasciste[21] ». Volkoff porte plainte pour injures publiques et gagne son procès.
En 1985, inspiré par son expérience américaine, il publie Le Professeur d'histoire, dans lequel il décrit la confrontation à la fois cocasse et émouvante entre un homme de lettres, pétri des traditions classiques, et une jeune héritière « moderne ». En 1991, le communisme s’effondre en Russie. Volkoff, qui vient de publier une bande dessinée sur saint Vladimir, se voit offrir le visa no 1 pour Saint-Pétersbourg. Ce premier voyage sera suivi de beaucoup d’autres.
En 1994, il revient vivre définitivement en France, dans une maison qu’il avait acquise à Bourdeilles, au cœur du Périgord. Sa mère, toujours munie du seul « passeport Nansen » le suit en Dordogne. Dans le même temps commence le conflit yougoslave qui va « labourer et ensemencer la dernière décennie[3] » de son existence. Pour tenter de faire comprendre aux Français le tragique de la situation, il écrit un premier roman, La Crevasse, puis un second, L’Enlèvement, sur lesquels s’étend un profond silence médiatique.
En 1999, il signe pour s'opposer à la guerre en Serbie la pétition « Les Européens veulent la paix »[22], lancée par le collectif Non à la guerre[23].
D'après lui, l’effondrement de la Russie communiste n’avait pas fait mourir la désinformation, qui s’exerce désormais sous d’autres formes. Pour la dénoncer, Volkoff crée et dirige aux Éditions du Rocher une collection d’essais sur le sujet. Ainsi paraissent : La Désinformation et le journal Le Monde, de François Jourdier ; La Désinformation par les mots : les mots de la guerre, la guerre des mots, de Maurice Pergnier ; Ovni, 60 ans de désinformation, de François Parmentier ; La désinformation par l’Éducation nationale, de Christine Champion ; ou encore : Désinformation et services spéciaux de Sophie Merveilleux du Vignaux.
Avec Daniel Trinquet, alors journaliste à Radio France, il a fondé l’Institut d’études de la désinformation, qui édite le bulletin Désinformation Hebdo et qui aurait été financé en partie par l'UIMM[24]. Le dernier titre, Désinformation vue de l’Est est écrit par Volkoff lui-même dans les tout derniers mois de sa vie : il est publié après sa mort, en 2007.
En 2004, Volkoff publie L’Hôte du pape, roman inspiré d’un fait réel : la mort brutale d’un métropolite russe orthodoxe dans les bras du pape Jean-Paul Ier au terme d’une entrevue confidentielle. Le Tortionnaire est le dernier roman de Vladimir Volkoff qui revient, quarante ans plus tard, sur les questions brûlantes de la guerre en Algérie. C’est en terminant les corrections de ce texte que Volkoff meurt à Bourdeilles le et y est enterré.
Avec le thème du prince, des relations père-fils, de la Russie éternelle, un autre thème, tout aussi essentiel, habite l’œuvre entière de Volkoff : la question du mal. Volkoff l’interprète de façon très personnelle. Nourri de Fiodor Dostoïevski, il n’en a pourtant pas la même analyse. Dostoïevski est mort sans avoir pu répondre à la question, mais Volkoff la pose différemment : « Non pas le mal : pourquoi ? mais le mal : pour quoi faire[25] ? » Dans l’œuvre de Volkoff, le mal est présent, utile et fécond. La pureté d’Abel, pour Volkoff, est stérile, et c’est Caïn, le criminel, qui est fécond. Dans le grand champ du monde, qui contient étroitement mêlés le bon grain et l'ivraie de la parabole évangélique, Volkoff estime qu’il n'appartient pas à un homme de dissocier ce mélange qui ne pourra l’être qu’au Jugement dernier.
De même que la connaissance de la vie est indissociable de la connaissance du mal, l’action doit se concevoir avec une certaine acceptation du mal, en tout cas de sa présence. C’est ce qui pousse les personnages de Volkoff à agir, mais sur une corde raide : « Aussi bouc que possible tout en restant agneau pour être sauvé de justesse[26] ». Le colonel Samson ajoute : « Le mal de Dieu, c’est nous, il faut nous faire une raison[27]. »
Il existe pourtant des armes contre le mal. Pour Volkoff, la beauté en est une, essentielle. Elle peut combattre le mal car elle « est partie intégrante du culte divin[28]. » Les liturgies orthodoxes qui, pour Volkoff, appartiennent par la beauté de leurs icônes, des vêtements sacerdotaux et de leurs chants « à l’ordre de la transfiguration[29] », sont omniprésentes dans ses romans.
Les personnages volkoviens hantés[30] par la question du mal, hommes de fidélité ou de trahison envers leurs pères, leurs chefs militaires ou religieux, ont un dernier point commun : ils touchent tous, de près ou de loin à l’univers du renseignement, cela dès son Métro pour l'enfer publié en 1963. Or, comme aimait le répéter Volkoff, ses romans ne sont pas des romans d’espionnage mais des romans sur l’espionnage et « il n’est pas de plus riche domaine à exploiter pour le romancier chrétien en quête de héros modernes[31]. »
L'ultime arme contre le mal reste le pardon. De L’Interrogatoire au Tortionnaire, du Retournement à L’Hôte du Pape, il n’existe pas de roman de Volkoff sans un interrogatoire ou une confession suivis de retournements et de conversions. Le guerrier dans la solitude du renseignement à obtenir, le pécheur face à son confesseur, il n’y a que chez Volkoff que l’on peut prendre la mesure de ce rapprochement. Pour Volkoff, la différence entre interrogatoire et confession n’est que le pardon demandé et reçu. Or, le pardon réciproque, il l’écrit lui-même, est tout simplement « la clef du monde[32] ».
Plusieurs ouvrages de Volkoff, et notamment sa Petite histoire de la désinformation et son Manuel du politiquement correct, examinent les conditionnements auxquels il juge que ses concitoyens sont soumis et qui auraient créé en eux, à force de répétition, comme une seconde nature. Il s'attache à les démonter un par un avec humour. De conviction monarchiste, il publia plusieurs essais « engagés » : Du roi, Pourquoi je suis moyennement démocrate et Pourquoi je serais plutôt aristocrate. C'est toutefois dans un de ses romans, Le Professeur d'histoire, qu'il décrira le plus clairement l'engagement vis-à-vis de l'institution royale, tel que l'éprouve son personnage.
« Aussi russe qu’on peut l’être, par le sang de tous ses ancêtres, sa foi orthodoxe, sa langue maternelle (c’est-à-dire celle qu’il apprit la première), sa fidélité à la Russie, mais français par sa naissance puis son engagement comme officier en Algérie (seconde naissance), Volkoff aime à répéter qu’en russe, le mot patrie a deux traductions : rodina, la patrie où l’on est né, et otchizna, le pays des pères, celui de l’hérédité. Pour lui, les deux mots signifient concrètement deux pays, chance inconfortable mais combien féconde pour le romancier[33]. »
Cet amour de Volkoff pour la patrie est nourri par l'amour de la personne du prince. « Du monde de Volkoff, le prince est la clef de voûte. Sous diverses formes (le roi, le tsar, l’empereur, le chef militaire, le poète, le père), il joue un rôle dans presque tous les ouvrages de Volkoff, et même tous, dans la mesure où, pour Volkoff, le prince est une métaphore constante, quelles que soient les contradictions ou du moins les antinomies qu’elle suppose[33]. » Le prince et les fidélités à son égard sont un thème majeur de l’œuvre de Volkoff.
En marge de son œuvre majeure, on doit également à Volkoff quelques romans et nouvelles de science-fiction.
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