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domaine d'étude De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La cryptozoologie (du grec ancien κρυπτός / kruptós, « caché », ζῷον / zỗion, « animal », et λόγος / lógos, « étude », soit « étude des animaux cachés ») désigne la recherche des animaux dont l'existence ne peut pas être prouvée de manière irréfutable[1]. Ces formes animales sont appelées cryptides. Ce domaine est majoritairement considéré comme une pseudoscience par la communauté scientifique, ses pratiquants liant inégalement leurs recherches à la méthode scientifique ou à des théories réfutées par la science[2].
Le terme a été inventé par le biologiste écossais Ivan T. Sanderson[3]. Bernard Heuvelmans, docteur en sciences d'origine belge, la décrit comme « l'étude scientifique des animaux cachés, soit des formes animales encore inconnues pour lesquelles sont seulement disponibles des preuves testimoniales ou circonstancielles, ou des preuves matérielles considérées comme insuffisantes par d'aucuns ». Lorsque la recherche porte sur des animaux anthropomorphes « cachés » tels que le yéti, on parle plus spécifiquement de cryptoanthropologie[4].
Pour le cryptozoologiste Loren Coleman (en), l’étude est consacrée à la découverte de créatures qui ne sont pas officiellement reconnues et répertoriées par la science moderne. Coleman ajoute que les cryptides peuvent aussi être des créatures que l’on pensait éteintes, mais qui peuvent encore exister maintenant[5]. En 2004, l'auteur Chad Arment, dans son manuel de cryptozoologie, Cryptozoology: Science & Speculation, et dans une tentative de rendre la cryptozoologie acceptable pour la communauté scientifique, décrit ce domaine comme n'étant pas l’étude du paranormal, et qu'elle fait partie de la même science qui a conduit à la confirmation de l’existence d’animaux réels comme l’okapi et le gorille des montagnes, autrefois perçus comme des êtres fantaisistes. En 2015, Lorenzo Rossi, se présentant comme disciple de Heuvelmans, définit la cryptozoologie comme l'étude et la recherche d'animaux non encore officiellement répertoriés, mais néanmoins signalés par des témoins, et dont l'existence controversée repose sur des éléments considérés comme insuffisants par la communauté scientifique des zoologues[2].
Selon le Grand dictionnaire terminologique, c'est à la fois une « science qui tente d'étudier objectivement le cas des animaux seulement connus par des témoignages, des pièces anatomiques ou des photographies de valeur contestable »[6], et une « partie de la zoologie (fantaisiste assurément) qui se donne pour objectif de résoudre les énigmes que pose l'existence vraie ou supposée d'animaux préhistoriques fabuleux »[7]. Il n'existe aucune formation universitaire, ni aucun institut scientifique officiel de cryptozoologie[1].
La cryptozoologie est considérée comme une pseudoscience par une grande partie de[réf. nécessaire] la communauté scientifique, car s'appuyant en grande partie sur des témoignages invérifiables, et défendant l'existence de créatures ne reposant sur aucune preuve irréfutable. Par ailleurs, la disproportion entre la masse de témoignages et d'informations réunies sur certains des cryptides, et la rareté, voire l'absence de preuves concrètes est marquante[8]. Dans de nombreux cas, le recours à l’interdisciplinarité n'est utilisé que pour tenter de démontrer les interprétations des cryptozoologues. De plus, lorsque les éléments en présence démentissent l'existence des cryptides, les cryptozoologues refusent généralement d'admettre leurs erreurs ou d'envisager d’autres possibilités, ce qui est une entorse au principe de vérification et de falsification des hypothèses[2].
Cette vision de la cryptozoologie en tant que pseudoscience est critiquée par certains cryptozoologues, car contrairement à d'autres pseudosciences comme l'astrologie ou la cartomancie, la cryptozoologie n'est pas en contradiction avec les lois de la physique, et serait basée sur des faits irréfutables : l'inventaire de la faune terrestre est inachevé, la découverte de grands animaux est toujours possible, les grands animaux nouvellement décrits ne sont généralement nouveaux que pour les zoologistes, car étant souvent déjà connus depuis longtemps des autochtones, des animaux considérés comme éteints (appelé ici Taxon Lazare) peuvent être redécouverts (comme la sous-espèce de l'Hippotrague noir géant, qui ne fut pas observée durant de nombreuses années avant d'être redécouverte), et la découverte de beaucoup de grands animaux s'est souvent étalée sur des années, voire des décennies ou des siècles[9],[10]. Un grand nombre de connaissances humaines, même acceptées ou irréfutablement vraies, notamment en physique, en astronomie ou en histoire, ne reposent que sur des preuves circonstancielles et non autoscopiques[8], les preuves autoscopiques n'étant pas toujours fiables (le cas célèbre de l'homme de Piltdown, basé sur un crâne qu'on crut appartenir à une espèce d'hominidé inconnue, mais étant en réalité un canular très réaliste en est un exemple)[3]. Selon Heuvelmans, la cryptozoologie consiste avant tout en des recherches extensives, dans le but d'obtenir le plus d’informations possible sur des cryptides, en s’appuyant sur les sources les plus diverses (et notamment la « démythification » de la mythologie et du folklore), dans le but d'arriver à des hypothèses scientifiques pour expliquer les témoignages, d'exclure d’éventuels canulars, et de permettre une description officielle et donc une protection plus rapide d'animaux pour l'instant « cachés » (Heuvelmans était notamment convaincu de l'existence d'hommes sauvages qui étaient selon lui en voie d'extinction[11] ), censés rejoindre à terme le domaine de la zoologie, si possible sans qu'il y ait besoin de tuer un spécimen pour prouver définitivement l'existence de son espèce[2],[10].
Toutefois, de par l'absence d'une méthode ou d'une formation homogène sur ce domaine, les cryptozoologues n'ont pas tous la même approche : certains tentent d'étudier les cryptides avec une approche scientifique, tandis que d'autres (majoritaires) expriment ouvertement leur hostilité envers la communauté scientifique, et associent parfois la cryptozoologie à l'ufologie, l'étude de divers phénomènes paranormaux, voire le créationnisme[2],[12]. Certains des cryptozoologues les plus connus ont suivi une formation de zoologiste, notamment Heuvelmans, Sanderson et Magraner. D'autres ont suivi des cursus différents, comme Mackal (en) (biochimiste), Porchnev (historien) ou Koffman (chirurgienne), mais une grande partie des investigations ont été menées par des amateurs passionnés, mais peu familiers avec la méthode scientifique[13]. Aussi, de nombreux facteurs - les nombreux canulars, l'importante médiatisation de certains cryptides notamment américains (Bigfoot, Chupacabra, Mothman), ainsi que leurs appropriations par la culture de masse - ont contribué à donner à la cryptozoologie une réputation de « chasse aux monstres »[2].
Heuvelmans a consacré une grande partie de sa vie à chasser des formes animales encore inconnues. Auteur de Sur la Piste des Bêtes ignorées (deux tomes publiés en 1955), il a déposé en 1999 l'entièreté de sa documentation et de ses archives au Musée de zoologie de Lausanne[14], faisant de ce musée l'institution permanente sans but lucratif avec la collection de cryptozoologie la plus importante au monde[réf. nécessaire].
Selon Heuvelmans, il existe trois types de preuves :
Dans sa méthodologie, la cryptozoologie peut faire appel à diverses disciplines, comme la zoologie, la paléontologie et la paléoanthropologie, mais aussi la psychologie, l'ethnologie, l'écologie, l'histoire, l'étude de la mythologie et du folklore, voire la police scientifique. Elle n'inclut pas la recherche de plantes hypothétiques, qui possède sa propre forme, la cryptobotanique.
Le sujet d'étude de la cryptozoologie, c'est-à-dire les animaux « inconnus », aussi appelés cryptides, se décline selon le cryptozoologue Michel Raynal en cinq catégories qui, parfois, se complètent l'une l'autre :
Le champ d'étude de la cryptozoologie s'étend ainsi à toute créature vivante non identifiée, pour autant qu'elle ait laissé une trace dans l'esprit humain. Ainsi, les insectes, à quelques exceptions près[15], n'en font pas partie, car trop petits pour avoir frappé les esprits[2],[15]. Selon Raynal, les découvertes fortuites d'animaux officiellement décrits ne font pas partie de la cryptozoologie[1].
Chad Arment décrit quant à lui quatre type de cryptides :
Cependant, les deux derniers types définis par l'auteur ne sont pas ou peu considérés, à la fois par le public, les cryptozoologues et les scientifiques, comme pouvant être éligibles en tant que catégories de cryptides, puisque ces dernières incluent des créatures ou espèces d'animaux déjà connues de la science, qu'on sait actuellement vivantes de manière certaine, et de simples formes et comportements que les individus de ces dernières peuvent arborer via des phénomènes biologiques ou comportementaux également connus de longue date par les scientifiques.
Selon Heuvelmans, l'étude des mythes et du folklore est l'un des aspects les plus importants de la cryptozoologie. Selon lui, les monstres de l'inconscient collectif seraient les résultats d'un « mécanisme de défense de notre intégrité psychique face à l'agression de l'inconnu ». Les mythes étant stéréotypés, souvent exagérés et souvent eux-mêmes altérés, mais toujours au moins basés sur quelque chose de vrai, l'étude de ces derniers pourrait fournir des indices sur d'hypothétiques créatures ayant pu les inspirer[10].
Le zoologue Guillaume Lecointre souligne que beaucoup de mythes ont pu apparaître à la suite d'observations sans explication scientifique[réf. nécessaire].
Ainsi :
Pour les cryptozoologues, presque toutes les espèces animales décrites ont préalablement été des cryptides, car ayant été d'abord connus uniquement par des informations inexactes ou invérifiables, souvent de la part des peuples locaux, ce qui fut le cas pour les exemples mentionnés ci-dessus[2],[10]. L'étude de témoignages est donc le point de départ de plusieurs recherches et d'expéditions ayant mené à la découverte d'animaux au XIXe siècle et au début du XXe siècle[20]:
Toutefois, de nombreux éléments présentés comme preuves ont été invalidés par un examen rigoureux. Ainsi, Bernard Heuvelmans a rejeté des scalps de yéti[21] et des « mains de singes pétrifiées », présentées comme des mains du yéti et conservées dans un monastère, en montrant qu'elles n'étaient en fait que des molaires fossilisées d'éléphants (les racines étant considérées comme des doigts)[22]. De même, des prétendus poils de yéti trouvés dans l'Himalaya ont été analysés et sont en fait des poils de goral, chèvre de l'Himalaya. Cette analyse a également permis de découvrir que l'aire de répartition du goral était plus étendue vers l'est[23]. Dans un autre cas, les analyses génétiques ont montré qu'il s'agissait de poils d'ours[24],[25].
Des cryptozoologues adeptes du créationnisme ont organisé plusieurs expéditions à la recherche du Mokélé-mbembé et autres dinosaures lacustres qui auraient survécu à l'extinction Crétacé-Paléogène, en espérant démontrer leurs théories[12].
Depuis le début de la cryptozoologie, de nombreux canulars, motivés par exemple par la volonté de ridiculiser autrui, la recherche de renommée, d'argent ou dans la volonté d'attirer des touristes, ont été présentés comme des « preuves » de l'existence de cryptides et créatures inconnues[28],[29]. Certains canulars sont devenus célèbres mondialement, comme la fameuse photo du monstre du Loch Ness publiée le 21 avril 1934[30].
Encore aujourd'hui, des canulars et impostures se font régulièrement, surtout par le biais des réseaux sociaux. Ces fausses preuves restent néanmoins des éléments négatifs pour le domaine, car représentant un frein et une perte de temps engendrée à la recherche d'animaux inconnus. Les canulars sont aussi l'une, sinon la, principale raison qui fait que le domaine est moqué et regardé souvent négativement par la communauté scientifique.
La liste non-exhaustive de canulars connus et/ou fréquents comprend entre autres :
Cependant, il existe aussi des canulars volontairement réalisés à des fins non-lucratives, avant que leur vraie nature soit révélée par leurs propres auteurs. Ces supercheries ont souvent pour but d'êtres instructives et ont la volonté d'adopter une approche éducative sur divers sujets et domaines réels et sérieux en utilisant des exemples fictifs.
Par exemple, comme cas notables de supercheries volontaires, il y a :
La cryptozoologie est, de manière plus ou moins volontaire, souvent représentée dans les médias en raison de l'intérêt que lui porte le public. Ainsi, toute œuvre mettant en scène, même de façon mineure, des créatures ou des êtres inconnus ou supposés disparus présente le thème de la cryptozoologie.
Cette dernière est aussi parfois, et malgré tout, ironiquement, souvent utilisée sérieusement à des fins d'éducation, comme pour expliquer des phénomènes et des conditions réelles, par exemple l'évolution des espèces, les interactions biologiques ou encore la vie animale (comme vu ci-dessus avec le cas de certaines supercheries de la section précédente), afin de démontrer comment un cryptide devrait être réellement pour exister ou les raisons qui font qu'il ne peut pas exister. De nombreuses études et analyses sérieuses ont été faites par des scientifiques et chercheurs, malgré la perception générale du domaine aux yeux de la communauté scientifique, comme pour expliquer certains mécanismes réels (comme la génétique chez le Dahu ou encore le véritable habitat du Yéti)[44],[45],[46]. Cela montre que malgré ses apparences, le domaine peut-être source d'instruction pour tous, même en partant et en se basant sur des éléments hypothétiques, possiblement inexistants, voire complètement farfelus[47],[48].
La liste non-exhaustive d'œuvres médiatiques présentant la cryptozoologie qui suit comprend par exemple :
Quelques bandes dessinées, comme Kenya, de Léo, Adèle et la Bête, de Tardi, Tintin au Tibet de Hergé (qui s'est documenté auprès de son ami Bernard Heuvelmans et de son livre Sur la piste des bêtes ignorées, et dont l'apparition du Yéti y deviendra la plus célèbre), l'univers de Carthago et son spin-off Carthago Adventure de Christophe Bec, L'homme des neiges, de Milo Manara ou encore Yeren (dans la série Jeannette Pointu) de Wasterlain, reprennent des thèmes cryptozoologiques, faisant apparaître dans leurs récits des animaux inconnus (yéti) ou disparus (ptérodactyle, mastodonte, etc.).
Dans le monde fictif et parallèle des Cités obscures, inventé par Benoît Peeters et François Schuiten, cette discipline serait (si l'on en croit leur ouvrage Le Guide des Cités) la plus importante dans le domaine de la zoologie. Les Cités obscures semblent, d'après les auteurs, pauvres en créatures animales, ce qui explique l'importance de cette science.
Le jeu de société Cryptide de Hal Duncan et Ruth Veevers consiste à trouver l'emplacement d'un cryptide en utilisant son indice et ceux de ses adversaires. Il est sorti en 2019 chez Origames[51].
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