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espèce de plantes De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le chénopode blanc (Chenopodium album L.), ou ansérine blanche, est une espèce de plantes annuelles de la famille des Amaranthaceae, l'une des environ 250 espèces[1] du genre Chenopodium qui doit son nom à ses feuilles (d'un vert blanchâtre) en forme de patte d'oie. C'est une plante pionnière et nitrophile fréquente dans les lieux anthropisés (cultivés notamment ou fraichement perturbés)[2]. Originaire de l'ouest de l'Asie[3], elle est naturalisée dans une grande partie de l'Europe, du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord et récemment introduite dans d'autres régions ou continents (Australie)[4]. Cultivée dans divers pays du monde[5],[6], elle a des vertus médicinales et une haute valeur alimentaire[3].
Règne | Plantae |
---|---|
Division | Angiospermes |
Clade | Dicotylédones vraies |
Clade | Noyau des Dicotylédones vraies |
Ordre | Caryophyllales |
Famille | Chénopodiaceae |
Genre | Chenopodium |
Plantule : les cotylédons sont elliptiques, à sommet arrondi en massue, allongés, fins et opposés avec les faces inférieures rouge violacé, plus ou moins pétiolés. Les premières feuilles sont simples, opposées, ovales à triangulaires, irrégulièrement dentées. La tige est rougeâtre à la base[12].
La tige mature est pleine, dure, cannelée/striée et à section anguleuse, ramifiée et dressée. Elle est glabre et parfois farineuse. La plante s'élève jusqu'à 30 cm à 2 m de haut, voire exceptionnellement 2,5 m (sa taille est maximale sur des sols fertiles, dystrophes et lourds) ; la tige est vert clair à vert foncé et se teinte parfois de violet ou de rouge en fin d'été.
Les racines sont de type dendritique avec en général une racine centrale nettement plus épaisse, elles sont plus ou moins traçantes et superficielles, selon le type de sol, et peuvent s'étaler autour de la tige jusqu'à plus d'un mètre.
Les feuilles sont plus longues que larges. Les feuilles basses sont alternes, rhombiques à ovales, devenant elliptiques à linéaires (lancéolées) quand on remonte vers le haut de la tige.
Le limbe mesure jusqu'à 10 cm de long. Leur bord est ondulé à profondément denté avec un sommet pointu ; leur couleur est vert clair (blanc-argentée sur la face inférieure).
Elles ont un aspect et une consistance plus ou moins farineuses, surtout sur la face inférieure. La poudre blanc-argenté (pruine) qui couvre la face intérieure des feuilles donne au toucher une sensation d'humidité caractéristique, qui est propre à certains chénopodes. Cet aspect « pruineux » est dû à la présence de minuscules poils globuleux blanchâtres modifiés et gonflés qui sont sessiles (c'est-à-dire se détachant facilement) ; ce sont des glandes aquifères ayant la forme de microbilles, pourvoyeuses d’eau en situation de sécheresse[12] ; ils constituent l'un des critères de reconnaissance des chénopodes[13]).
Les fleurs apparaissant de juin à octobre, petites (2 à 3 mm), bisexuées, vertes à blanchâtres parfois légèrement teintées de rose, dépourvues de pétales, elles sont réunies en glomérules disposés en panicules qui se superposent les uns les autres le long du haut de la tige. Ils présentent parfois aussi un aspect farineux. Le périanthe comporte cinq tépales enserrant un utricule globuleux. Elles portent cinq étamines et un style divisé en deux parties.
Le fruit est un akène contenant chacun une graine petite (1,5 mm en moyenne), lisse, noire et luisante pour la plupart mais on trouve aussi des graines brunes lisses, brunes réticulées et noires réticulées). Les graines restent souvent enveloppée dans l'enveloppe (péricarpe) beige-claire de l'akène. Un pied produit de 30 000 à 70 000 graines par plant selon l'IRIIS[14] et jusqu'à 100 000 selon M. Chauvet (2018)[15] et pouvant survivre 30 à 50 ans dans la banque de graines du sol[14]. La plante produit deux types de graines : à enveloppe dure (dormantes) et à enveloppe souple pouvant germer dès qu'elles sont en contact avec un substrat humide[12].
L'espèce peut être confondue avec :
L’aspect farineux de toutes ces plantes est moins marqué que chez le chénopode blanc.
La reproduction ne passe que par les graines, qui semblent principalement transportées par l’eau, des fourmis ou des oiseaux (mais aussi par les engins agricoles). La graine ne germe qu'en surface (de mars à juin, voire jusqu’à septembre en zone tempérée), mais elle peut survivre plusieurs décennies en profondeur[12].
Dans la nature sauvage ce chénopode a comme biotope primaire les ripisylves et sols riches de bras morts de cours d'eau de grandes vallées alluviales, les lisières forestières nitrophiles[12].
En milieux anthropisés, cette plante en C4 se comporte en rudérale non spécialisée : elle prospère localement dans les sols eutrophes à dystrophes (riches à trop riches en azote), et notamment sur les sols de cultures amendées et fumées, labourés et bien drainés de grandes cultures, de maraîchage ou sur les tas de fumier ou de compost ou à proximité[12]. On la retrouve aussi dans les Vignes et vergers, Jardins, sur les talus et bords de chemins et axes de transports, les terrains vagues, dans presque toutes les zones habitées du monde, sur tous types de sols et sur une large gamme de valeurs de pH[17],[18],[12].
Cultivé, mangé et utilisé comme plante médicinale dans certaines régions du monde, et ailleurs encore considéré comme mauvaise herbe, le chénopode blanc sauvage a été cueilli et consommé dès la Préhistoire ; il a été un aliment de secours pendant les disettes jusqu'au XIXe siècle[2], et il est encore utilisé comme plante sauvage comestible (voir plus bas).
Depuis les années 1990, en raison de sa facilité de culture, et au vu des études récentes montrant son intérêt en tant que plante médicinale, que plante potentiellement nutraceutique, et en tant qu'aliment de qualité, il suscite un regain d'intérêt en tant que graine[19], et en tant que légume car il compte parmi les légumes qui sont l'une des « sources les moins chères et les plus facilement disponibles de vitamines, minéraux, fibres et acides aminés essentiels en particulier »[20].
Sa valeur nutritionnelle varie probablement selon les souches, les conditions et les zones de culture dans le monde, dans une proportion encore mal connue. En Europe, selon une étude polonaise publiée en 2011, les graines de ce chénopode sont très riches en acides aminés (lysine notamment), mais moins que les graines de quinoa[21].
Le chénopode est une plante nutritive[22] et médicinale importante[3].
Les feuilles fraîches et la tige sont très nutritives. Pande et Pathak montraient en 2010 qu'elles sont une bonne source d'acides aminés (leucine, isoleucine, mais surtout lysine[23], lysine qui est un acide aminé essentiel utilisé en nutrition animale et humaine pour équilibrer les régimes alimentaires ou encore comme antiviral pour le traitement de l'herpès et du zona chez l'Humain). Également riches en minéraux et oligoéléments, elles sont aussi une bonne source de protéines, lipides et fibres[24], vitamines (vitamine C notamment) et fer biodisponible[24]. Les feuilles vertes sont particulièrement riches en calcium[25],[3], en vitamine C et en caroténoïdes[26], ainsi qu'en fer (plus que dans les feuilles d'épinard et de chou, mais moins que dans celles de l'amarante)[3].
Chenopodium album fait l'objet d'une culture vivrière ancienne et importante dans les pays tropicaux et subtropicaux où (en Inde et en Afrique[27] notamment). Dans le contexte du réchauffement climatique et de la sous-alimentation, il connait aujourd'hui un regain d'intérêt comme ressource alimentaire précieuse en raison de ses qualités gustatives et alimentaires, de sa facilité de culture dans divers types de sol, et de son potentiel agricole en zone de stress cultural (stress hydrique et salin), altitude (on trouve des souches sauvages jusqu'à 4 700 m)[28], canicules et froid)[3].
Les parties les plus souvent consommées sont la feuille, l'extrémité de tige, la jeune pousse entière.
Le chénopode est généralement cuit à la manière de l'épinard (proche cousin)[2]. Les feuilles sont très riches en protéines, en vitamine A (11600 UI/100g) et en vitamine C, ainsi qu'en calcium. Manger le feuillage cru est déconseillé, d'une part en raison de sa texture farineuse et surtout en raison de sa teneur en saponines, des molécules qui sont généralement un facteur antinutritionnel (le Chénopode blanc contient 3 saponines dont l'une est un seco-glycoside analogue à des composés antérieurement connus chez des Caryophyllales[29] (qui sont également souvent des plantes rudérales nitrophiles)[30], nitrates et acide oxalique, même après un lavage à grande eau. Selon la provenance de la plante, son taux d'acide oxalique varie de 360 à 2 000 mg/100 g, d'après Guil et al. (1996)[31].
Le chénopode blanc se congèle très bien juste blanchi. La graine, qui peut se conserver sèche, est aussi comestible[16],[2], cuite en gruau (à la manière de céréales ou avec des céréales, on classe d'ailleurs cette espèce parmi les pseudo-céréales), ou moulue en farine. Chenopodium album est l'une des deux espèces de Chénopode cultivé (en Asie surtout) pour ses graines, l'autre étant Chenopodium quinoa[34],[35], mais il est aussi cultivé ainsi que d'autres espèces proches comme légume.
Selon Amrita Poonia (2021), en raison de sa teneur en composés bioactifs et de ses activités pharmacologiques, Chenopodium album semble pouvoir devenir un aliment (légume) nutraceutique[36].
Cette plante est spontanément consommée par le bétail et la volaille.
En pisciculture, une étude a testé durant 45 jours chez la carpe commune (Cyprinus carpio) une supplémentation à base de Chenopodium album (alcoolat|extrait méthanolique aqueux). Pour la plupart des dosages testés, la croissance des poissons a été améliorée, probablement par un bénéfice à la fois respiratoire et immunologique, combiné à une amélioration de l'activité des enzymes digestives[37].
Dans le monde et en Asie notamment, le chénopode blanc a des usages médicinaux anciens (dit « Bathua sag » en Hindi, c'est l'une des plantes précieuses de l'ayurveda[3] qui l'utilise couramment contre « les douleurs pectorales, la toux, les douleurs abdominales, l'obstruction pulmonaire et les affections nerveuses »[38], mais il est encore « abondamment utilisé comme aliment et en phytothérapie dans le monde »[3]. On considère que son intérêt médicinal est principalement lié aux composés présents dans ses feuilles et dans ses graines (notamment riches en acides gras et en antioxydants)[39]. Par exemple, ses feuilles (cuites en général) traitent les troubles digestifs, les ulcères gastroduodénaux et certaines maladies du foie.
Plus précisément, on considère (en 2020) que ce chénopode a des effets :
Des études pharmacologiques récentes (pharmacochimie et phytopharmacologie...)[43] ont mis en évidence de nouvelles propriétés médicinales et de possibles nouveaux usages médicaux ou vétérinaires potentiels :
Les racines ne semblent pas avoir eu d'usage alimentaires ou médicinaux traditionnels importants, et n'ont dont pas fait l'objet de beaucoup de recherches. On y a découvert (en 1993) un nouvel amide phénolique (N-trans-féruloyl-4-O-méthyldopamine), qui a montré une activité d'attraction pour les zoospores d'Aphanomyces cochlioides (champignon connu pour infecter certains Chénopodes)[49].
Un colorant vert est obtenu à partir des jeunes pousses.
En 2020, divers composés d'intérêt alimentaire, mais aussi d'intérêt pharmaceutiques sont identifiés dans cette plante, dont notamment :
Un nouveau glycoside phénolique (baptisé chenoalbuside)[52] a été découvert dans la graine de C. album (24). Dans sa feuille (20) on connaissait déjà l'acide cinnamique[53] l'acide sinapique[54], l'acide férulique[55] et leurs dérivés[56] ainsi que le méthyl férulate[57].
À propos des flavonoïdes : C. alba en contient (mais moins que dans Chenopodium ambrosoides).
En 2009, les Métabolites primaires (c'est-à-dire directement impliqué dans la croissance, le développement et la reproduction normale de la plante elle-même) identifiés dans C. alba étaient[58] :
En 2020, au vu de ces constituants et de leurs propriétés, Choudhary Neeraj et ses collègues évoquent outre des effets déjà connus des médecines traditionnelles ou récemment démontrés, de potentiels effets d'antidiabétique, immunomodulateur, herbicide, larvicide, etc.) et ils se sont intéressés au caractère allergène (chez certains personés sensibles) ou à la toxicité aiguë de certains de ces phytoconstituants (flavonoïdes, alcaloïdes, saponine[29], caroténoïdes, amides, stérols, ecdystéroïdes, terpénoïdes et composés phénoliques)[43].
Quand le chénopode blanc est à l'état de pousse, la plante peut être récoltée après le deuxième nœud, de manière à pouvoir récolter plus tard les ramifications (avant qu'elles ne soient matures, ou feuilles par feuilles), jusqu'au milieu de l'été ou parfois plus tard.
Dans les deux cas, il est recommandé d'éviter les sites et sols pollués, et donc les plantes et graines trouvées dans les zones exposées à des herbicides et autres pesticides (qui peuvent avoir contaminé les graines).
Le chénopode blanc est considéré comme l'une des adventices les plus répandues, responsable de pertes économiques parfois importantes en agriculture dans le monde entier, quand bien même elle est comestible, consommée depuis des millénaires, et que ses graines peuvent être cuites en céréales ou moulues en farine[63].
Cultivée dans de nombreux pays tropicaux où elle est très appréciée, cette plante a cependant été classée parmi les pires mauvaises herbes du monde[64]. Cela s'explique par ses caractéristiques biologiques : sa capacité à coloniser de nouveaux habitats (pionnière) et à produire de grandes quantités de graines dont la viabilité s'étend sur plusieurs années, son potentiel allélopathique, a permis l'apparition de biotypes résistants aux herbicides[18] et lui a donné une répartition cosmopolite.
Avec d'autres chénopodes, elle fait partie des plantes-réservoirs des pucerons verts du pécher qui transmettent le virus BYV provoquant la Jaunisse de la betterave[65].
Son pollen est allergène pour certaines personnes (asthmatiques…)[66],[67] est considéré comme contribuant aux allergies émergentes[68]. Des recherches portent sur un vaccin contre cette allergie[69].
Le désherbage était autrefois manuel. Aujourd'hui, là où la plante est devenue envahissante (au Canada par exemple)[70], diverses méthodes sont utilisées :
On recommande d'« éviter le renouvellement de la banque de semences dans le sol en entretenant les bords de champs et les allées, et en coupant les plants avant l'apparition des fleurs, car le chénopode blanc a une forte capacité à produire des graines. Nettoyer la machinerie agricole lors de la sortie d’un champ infesté puisque les petites graines restent facilement sur la machinerie »[14].
Les désherbants ont été très utilisés, mais ont favorisé l'apparition de résistances à des herbicides dans différents pays d'Europe ainsi qu'en Amérique du Nord et en Nouvelle-Zélande[71]. Le faux semis oppose au chénopode des plantes concurrentes et réduit le stock de graines, mais deux ans sont souvent nécessaires pour traiter une zone qui a été très envahie l'année précédente[12].
Cette espèce a été décrite pour la première fois en 1753 par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778).
Chenopodium album est classée dans la famille des Chenopodiaceae selon la classification classique, ou des Amaranthaceae selon la classification phylogénétique APG III.
Selon The Plant List (27 septembre 2015)[72] :
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