Closterovirus flavibetae
Closterovirus flavibetae, aussi appelé virus de la jaunisse grave de la betterave (BYV, Beet yellows virus), est une espèce de phytovirus pathogène du genre Closterovirus. Ce virus, transmis par diverses espèces de pucerons est l'agent de maladies de la « jaunisse » chez certaines espèces de plantes dicotylédones, notamment chez les espèces Beta vulgaris et Spinacia oleracea[2]. C'est un virus à particules allongées, d'environ 1250 nanomètres de long[2].
Ce virus a été décrit pour la première fois en 1936 par Georges Roland, ingénieur agronome à l'Institut royal belge pour l'amélioration de la betterave (IRBAB)[3]
Symptômes
La jaunisse grave de la betterave se manifeste par une coloration jaune citron du limbe des feuilles, entre les nervures. Les feuilles s'épaississent et deviennent cassantes, puis prennent une coloration rougeâtre[4]. Cette maladie entraîne des pertes de rendements importantes, qui peuvent atteindre 50 % dans les cas graves[3].
Plantes hôtes
La gamme des plantes expérimentalement sensibles du BYV comprend au moins 121 espèces appartenant à 15 familles différentes, principalement les Amaranthaceae, Aizoaceae, Caryophyllaceae et Chenopodiaceae. La famille des Chenopodiaceae comprend plus de la moitié des hôtes connus du BYV, dont plusieurs plantes cultivées (betterave sucrière, betterave fourragère, betterave potagère, blette et épinard)[5].
Chez ses hôtes, le BYV est fréquemment associé avec un autre virus, le virus de la jaunisse modérée de la betterave (BMYV, beet mild yellowing virus, du genre Polerovirus), dont il partage le principal insecte vecteur, Myzus persicae. Ces deux virus, provoquant des symptômes similaires de « jaunisse », n'ont été distingués qu'à partir de 1958[5].
Distribution
Ce virus a une répartition quasi-cosmopolite et est présent dans toutes les grandes zones de culture de la betterave sucrière, soit au total 39 pays en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Asie et en Australie[2],[5].
Modes de transmission
Le virus de la jaunisse grave de la betterave se transmet par l'intermédiaire d'insectes vecteurs du groupe des pucerons, selon un mode semi-persistant. 32 espèces de pucerons sont concernées, mais les plus importantes sont le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) et le puceron noir de la fève (Aphis fabae)[2].
Il peut également être transmis par certaines espèces de cuscutes (plante parasite). D'autres espèces ne le transmettent pas directement mais peuvent acquérir le virus sur des betteraves infectées et le transmettre par l'intermédiaire de pucerons[2].
Histoire
En 2020, dans plusieurs pays européens, les betteraviers ont vu proliférer le virus de la jaunisse
En France
Dans les 26 principaux départements français producteurs de Betterave à sucre, le virus a causé selon l'INRAE une perte de rendement moyenne de -27,70 % (par rapport à la moyenne sur 5 ans ; les rendements ayant varié de -64,27 % et +1,84 % selon les départements) ; il s'est ensuivi une chute de la production sucrière d'environ - 31 % (3,445 Mt de sucre de betterave en 2020-2021 contre 4,969 Mt en 2019-2020). On suppose que le virus a été dispersé par certaines espèces de pucerons ayant profité d'un hiver inhabituellement doux suivi d'un printemps chaud[6]. Pour satisfaire 22 000 agriculteurs français alimentant 21 sucreries, un projet d'arrêté (mis 15 jours en consultation publique)[7] conjointement signé des ministres chargés de l'agriculture et de l'environnement a, le 5 février 2021, appliqué une loi n° 2020-1578 du 14 décembre 2020 « relative aux conditions de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire pour les betteraves sucrières », tout en réaffirmant le principe en vigueur depuis le 1er septembre 2018 de l'interdiction d'utilisation des produits phytopharmaceutiques et des semences traitées avec des produits contenant une ou des substances actives de la famille des néonicotinoïdes ou présentant des modes d'action identiques[6]. Ces deux textes ont dérogatoirement réautorisé jusqu'au 1er juillet 202 les semences de betteraves enrobées d'imidaclopride ou de thiamethoxam (pour une durée maximale de 120 jours dans les conditions prévues à l'article 53 du règlement (CE) n° 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil du 21 octobre 2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques). Des restrictions seront imposées aux cultures susceptibles d'être implantées les années suivantes après culture de betteraves traitées, « afin de réduire l'exposition des insectes pollinisateurs aux résidus éventuels de produits, tenant compte des avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail du 6 octobre 2021 »[8] et du 13 décembre 2021 [9].
L'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), le 18 novembre 2021 a considéré que les autorisations d'urgence délivrées en France sont fondées scientifiquement compte tenu de l'absence d'alternatives aux néonicotinoïdes pour le contrôle des pucerons de la betterave sucrière, tandis que le applications foliaires ne constituent pas des alternatives suffisantes au traitement des semences dans la mesure où elle ne permettent pas une maîtrise des proliférations précoces de pucerons[10].
La loi du 14 décembre 2020 a créé un Conseil de surveillance. Ce Conseil présidé par le député Grégory Besson-Moreau est fait de représentants d'élus, administrations, organisations professionnelles agricoles, associations environnementales et de la filière « betterave-sucre »…) ; il donne un avis sur ces dérogations, suit l'évaluation des conséquences de ces dérogations, dont sur l'environnement (et l'économie de la filière)[6]. Il propose des alternatives et évalue l'avancement du plan de prévention proposé par la filière de la betterave à sucre, en veillant à ce que soient prévues les modalités de déploiement des solutions alternatives existantes en conditions réelles d'exploitation. Ce conseil réuni dans une sucrerie de Cristal Union, a rendu un avis favorable, sans retenir les avis négatifs émis en son sein par les associations environnementales[6].
Un plan national de recherche et d'innovation (PNRI) dédié à la jaunisse de la betterave sucrière, a reçu de l'Etat central 7 millions d'euros sur un total de plus de 20 millions d'euros (en comptant les apports de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), de l'Institut technique de la betterave (ITB) et d'entreprises privées (semenciers notamment)[6]. Il regroupe une vingtaine de projets scientifiques visant à trouver des alternatives aux néonicotinoïdes[6].
Un bref état (modélisation) des réservoirs viraux ; et des Prévisions climatiques saisonnières et l'analyse de la probabilité et de la temporalité de présence des pucerons) figurent dans le dossier de consultation du public[7],[6].
Selon l'ITB, Sur la base des prélèvements faits en 2020, « le nombre de positifs certains apparaît très faible (7 au total) contre 117 l’an dernier. En y ajoutant les cas « douteux », on arrive à 64 parcelles hôtes d’un ou plusieurs virus soit 10,85 % des échantillons susceptibles d’être des réservoirs viraux » ; L'Inrae conclut cependant qu'il n'est raisonnablement pas possible d'écarter l'hypothèse selon laquelle il y aura en 2022 une arrivée de pucerons suffisamment précoce, susceptible d'engendrer une fréquence significative de viroses avec une incidence négative sur le rendement en sucre de la betterave sur une part importante de la zone de culture de la betterave sucrière en France[6].
Alternatives aux néonicotinoïdes
Notamment proposées dans l'avis de l'ANSES du 26 mai 2021, ils sont étudiés, avec des pistes prometteuses, dont en France via le PNRI (cité plus haut), mais ne devraient pas être disponibles avant 2023.
Liste des non-classés
Selon NCBI (12 février 2021)[11] :
- non-classé Beet yellows virus isolate Ukraine
Notes et références
Voir aussi
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