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formation végétale au bord d'un cours d'eau De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La forêt riveraine, rivulaire ou ripisylve[1] (étymologiquement du latin : ripa, « rive » et silva, « forêt ») est l'ensemble des formations boisées, buissonnantes et herbacées présentes sur les rives d'un cours d'eau, d'une rivière ou d'un fleuve, la notion de rive désignant le bord du lit mineur (ou encore lit ordinaire, hors crues) du cours d'eau non submergée à l'étiage.
La notion de ripisylve désigne généralement des formations boisées linéaires étalées le long de petits cours d'eau[Information douteuse], sur une largeur de quelques mètres à quelques dizaines de mètres[réf. souhaitée], ou moins (si la végétation s'étend sur une largeur de terrain inondable plus importante, dans le lit majeur d'un cours d'eau, rivière ou fleuve, on parlera plutôt de forêt alluviale, de forêt inondable ou inondée ou de forêt rivulaire[réf. souhaitée]).
Il semble qu'il faille bien distinguer la ripisylve (forêt riveraine), de la zone riparienne (zone géographique), dont cette forêt participe. Si l'usage courant utilise souvent le terme de ripisylve dans ce sens, une ripisylve semble toujours « riparienne », alors qu'une zone riparienne n'est pas nécessairement une ripisylve (elle n'est pas toujours nécessairement boisée). La notion de zone riparienne quant à elle est proche de celle de « berge » mais plus précise et orientée vers l'écologie ou les sciences et arts du paysage ou de l'environnement tout comme la notion de ripisylve.
Les ripisylves jouent un rôle écologique important[2]. En particulier, elles offrent des habitats naturels spécifiques (« écotoniaux »), variant selon l'altitude et l'importance du cours d'eau (du ruisseau ou torrent de montagne jusqu'à l'estuaire et parfois la mangrove). Elles forment des corridors biologiques, augmentent la connectivité écologique des paysages[3] et jouent pour ces raisons un rôle majeur pour le maintien de la biodiversité (biodiversité forestière et des cours d'eau notamment), aux échelles régionales [4]. Enfin, véritables filtres, elles protègent la qualité de l'eau et d'une partie des zones humides du bassin versant[5],[6], les berges et les sols riverains.
Des arbres isolés et hauts risquent plus que la moyenne d'être déchaussés par le courant. Des berges uniquement couvertes d'herbacés peuvent être creusées par le dessous, et s'écrouler par pans entiers. C'est la diversité des essences et des végétaux, des types de plantes et les entrelacs racinaires qui rendent les ripisylves si résistantes.
Pour assurer une protection maximale des berges contre l'érosion, la ripisylve doit être large d'au moins 6 mètres[réf. nécessaire] sur chaque berge. Elle doit être dense, équilibrée et dominée par les buissons pour conserver 15 à 20 % d’éclairement[réf. nécessaire]. « Équilibrée » signifie qu'elle doit être composée d'arbres de tous les âges et de trois strates végétales :
L'association des systèmes racinaires des végétaux rivulaires maintient dans ce cas de manière optimale la terre des berges à toutes les échelles : les graminées stabilisent le sol à l'échelle des mottes de terre grâce à leurs racines, les arbustes fixant de petites portions de berges à l'aide de leurs racines et radicelles, les arbres stabilisant le tout par sections de plusieurs mètres de berges.
La ripisylve est un corridor biologique particulier, qui a d'importantes fonctions d'abri et de source de nourriture pour un grand nombre d'animaux (reptiles, oiseaux, mammifères, poissons, crustacés, insectes et autres invertébrés associés aux berges) ; ils y vivent ou en dépendent indirectement comme source de nourriture. Certaines espèces leur sont partiellement inféodées (castor par exemple, qui enrichit et complexifie les ripisylves par sa présence, surtout quand il construit des barrages), d'autres s'y réfugient lors d'inondations importantes.
La fonction « corridor » se manifeste de deux grandes manières ;
L'étude de ces phénomènes vise notamment à mieux comprendre pourquoi et comment l'artificialisation des berges, la destruction ou l'insularisation écologique des « annexes hydrauliques » (bras morts, zones humides adjacentes, etc.) des cours d'eau peut menacer la biodiversité et la survie de tout ou partie des espèces utilisant l'hydrochorie pour coloniser de nouveaux milieux[7],[8],[9],[10].
Pour les habitants de la rivière (poissons, insectes), cavités, racines et radicelles offrent de nombreux abris (vis-à-vis du courant et des prédateurs) et parfois de support de ponte. D'autre part, l'ombre portée sur la rivière semble rassurante pour de nombreuses espèces qui réduisent leur activité en pleine lumière (espèces lucifuges). Elle permet aussi de garder l'eau assez fraîche en été (essentiel pour les salmonidés) et de limiter le colmatage de frayères par des algues.
C'est un écotone notamment apprécié des martins-pêcheurs, des loutres, ou des castors (qui la modifient et y entretiennent des ouvertures dans la strate arborescente), qui joue parfois un rôle important de zone tampon ou de refuge pour les animaux (en cas de sécheresse, ou en cas de coupe rase à proximité[3] par exemple).
Le système racinaire de la ripisylve, et la fonge et les bactéries qui y sont associés (symbiotes ou non) constituent également une pompe épuratrice pour certains polluants (phosphates et nitrates d'origine agricole ou urbaine, radionucléides, etc.)[11],[5],[12].
La ripisylve joue aussi un rôle majeur de ralentisseur de l'onde de crue, contribuant aussi à la rétention normale de sédiments (diminuant le risque de surcreusement des rivières qui peuvent entraîner une baisse de la nappe).
Si elle est source de matériaux (branches, feuilles) risquant de faire embâcle en aval, elle en bloque d'autres venant de l'amont, très efficacement dans le cas des ripisylves qui poussent sur des « chevelus » de rivière (systèmes aussi dits en tresses).
Dans de nombreuses régions, un important linéaire de ripisylve pourrait être reconquis ou qualitativement amélioré.
Par exemple, la Wallonie disposait en 2006 de 18 000 kilomètres de cours d’eau, constitués à 80 % de petits cours d’eau (moins de 5 mètres de large) de bonne qualité car situés en forêt pour plus d'un tiers de ce linéaire. JB Schneider[13] estime qu'environ 40 % des ripisylves wallonnes sont cependant trop artificielles (espèces et structure inadéquates). Les peuplements de résineux (acidification, ombre dense) sont en cause, mais aussi l'ombre des peuplements monospécifiques trop denses qui nuit aux strates basses qui fixent aussi les berges et à la biodiversité. Là où il n'y a plus de castors et de grands herbivores, les ripisylves ne sont plus éclaircies et là où les chevaux et vaches sont densément présents, ils mangent toutes les pousses avant qu'elles ne s'épanouissent.
La biodiversité au sein des ripisylves est souvent élevée, voire très élevée en zone tropicale. En zone tempérée, aux niveaux locaux, la diversité biologique des plantes ligneuses et forestières semble dépendre à la fois de l'histoire de la forêt, de la naturalité du cours d'eau et du boisement, et de la position biogéographique, ainsi que de sa position dans le bassin versant[14].
Une évaluation peut être demandée par exemple lors de mesures agro-environnementales, ou dans l'application de la directive cadre sur l'eau ou de l'élaboration ou évaluation d'une trame verte ou d'un réseau écologique.
L'évaluation qualitative et quantitative peuvent notamment porter sur :
L'expérience américaine de Bear Creek a apporté beaucoup d'informations sur de telles zones-tampons. En 1990, la plantation d'une ripisylve le long d'un segment de la Bear Creek (photo ci-contre) a été associée à la restauration d'une bande enherbée en bordure de rivière. Ce site a été largement étudié durant dix ans, par des scientifiques de l'université d’État de l'Iowa et des spécialistes en agroécologie (du Leopold Center for Sustainable Agriculture).
On a notamment montré là que cette zone tampon a eu de nombreux intérêts :
Dans un second temps, la recherche s'est étendue en amont et aval, avec la plantation de 14 nouvelles zones-tampons le long des 22,5 km (14 miles) de rivière dans le comté de Story et celui d'Hamilton. Près de 50 % des agriculteurs riverains se sont maintenant associés à ce programme de conservation et ont restauré de telles zones-tampons. Le site a été visité par plus de 50 ONG de conservation de la nature et agricoles de l'Iowa[17].
Dans le monde, les fonctions écologiques et physiques des ripisylves commencent à être reconnues, et donc à justifier qu'elles soient mieux protégées et parfois restaurées. Les moyens ou outils de protection sont parfois des mises en réserve naturelle et plus souvent des mesures agrienvironnementales (en milieu rural, et conjointement aux bandes enherbées, avec parfois, par une protection foncière volontaire ou négociée de la part des propriétaires (servitude environnementale ou Easement refuge dans le droit anglo-saxon, projet de Trame verte et bleue nationale en France (à la suite du Grenelle de l'environnement et généralement dans le cadre des SDAGE, etc.).
On a récemment confirmé que la qualité de la matière organique allochtone influe sur les transferts d'énergie et de nutriments dans les réseaux trophiques qui en bénéficient[20] (ce qui est le cas des ripisylves et forêts riveraines qu'elles soient feuillues, mixtes et de conifères)[21].
Hormis via le « pompage racinaire », des quantités importantes de nutriments peuvent passer du cours d'eau à la forêt alluviale ou inondable, via les inondations (les apports de limons du Nil étant l'une des démonstrations la plus anciennement connu de l'intérêt des limons en matière de nutriments). Ailleurs (en zone non inondable), des transferts significatifs peuvent aussi être effectués par ceux des invertébrés (insectes) qui émergent de l'eau pour se reproduire. Ainsi, les nutriments provenant des cours d'eau compensent certaines « carences» induites par l'utilisation de nutriments rares ou « lessivables » par les organismes terrestres, et/ou induits par les pertes de nutriments très solubles (nitrates, soufre…) emportés par le lessivage des sols.
De nombreuses rétroactions existent ou sont possibles au travers des écotones rivulaires, impliquant les insectes aquatiques avec par exemple les Chironomidés dans les cours d'eau riche en matières organiques et les mouches de mai dans les eaux non-polluées, deux familles dont les espèces peuvent produire des biomasses émergentes très importante (évoquant parfois des nuages, de la fumée ou une tempête de neige) ou des insectes décomposeurs des litières immergées. Ceci est confirmé par des études de stœchiométrie[20]. On peut maintenant suivre la cinétique d'éléments chimiques (carbone / azote / phosphore ) en utilisant des isotopes stables (C13∂ et N15∂) comme traceurs.
À titre d'illustration, un suivi du devenir de trois nutriments présents dans la litière de feuilles mortes ou d'aiguilles de pins immergées dans divers cours d'eau a été fait en Amérique du Nord en comparant des ripisylves d'aulne rouge (Alnus rubra) ou de conifères (Pruche de l'Ouest ; Tsuga heterophylla dans ce cas) ou mixtes[20]. L'étude a aussi porté - dans les mêmes cours d'eau (non-pollués) drainant et irriguant des forêts riveraines de nature différentes (feuillues, mixtes et de conifères)- sur deux invertébrés aquatiques : le trichoptère Lepidostoma cascadense de la famille des Lepidostomatidae, dont la larve présente jusqu'à 812 individus par mètre carré, et dont le taux de croissance IGR[22] est de 1,5 % /jour en hiver avant une pupaison intervenant en mai-juin, et une espèce proche Lepidostoma unicolor qui présente des populations atteignant 320 larves/m2 début juillet (avec alors une croissance IGR[22] de 2,7 % par jour)[20].
Les mêmes différences sont observées dans les litières de feuilles accumulées au sol et sous l'eau[20].
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