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auteure-compositrice-interprète française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Monique Serf, dite Barbara (ou Barbara Brodi à ses débuts), est une auteure-compositrice-interprète française, née le à Paris 17e et morte le à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle |
Monique Serf |
Nom de naissance |
Monique Andrée Serf |
Surnoms |
La Dame en noir, La Longue Dame brune, La Chanteuse de Minuit |
Pseudonyme |
Barbara |
Nationalité | |
Activités |
Actrice, artiste d'enregistrement, compositrice, poétesse, auteure-compositrice-interprète, chanteuse |
Période d'activité |
- |
Instrument | |
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Labels |
Universal Music Group, Odeon, La Voix de son Maître (d), Decca Records, Philips Records |
Partenaire | |
Genre artistique | |
Distinctions | Liste détaillée Médaille d'honneur de la Ville de Göttingen (d) () Victoire de l'artiste interprète féminine ( et ) Chevalier de la Légion d'honneur |
Discographie | |
Archives conservées par |
Sa poésie, servie par l'harmonie de ses compositions et la finesse de ses interprétations, lui assure un public fidèle quarante ans durant. Nombre de ses chansons sont devenues des classiques de la chanson française, notamment : Une petite cantate, Dis, quand reviendras-tu ?, Nantes, Göttingen, La Dame brune, L'Aigle noir, Marienbad ou encore Ma plus belle histoire d'amour.
Barbara joue dans trois films pour le cinéma et dans deux pièces musicales, Madame en 1970 et Lily passion (avec Gérard Depardieu) en 1986.
Monique Andrée Serf est née le au 6, rue Brochant dans le 17e arrondissement de Paris, au domicile de ses parents, Jacques Serf (1904-1959)[2], Juif alsacien représentant de commerce dans la fourrure, et Esther Brodsky (1905-1967)[3], également Juive née à Tiraspol (Moldavie), fonctionnaire à la préfecture de Paris[4]. Elle passe les premières années de sa vie dans le quartier des Batignolles en compagnie de ses parents, de sa grand-mère maternelle Hava Poustilnikov (1878-1946) née à Zlatopil (en Ukraine, alors dans l'Empire russe) et de son frère Jean (1928-2014)[5]. Elle vit notamment avec sa grand-mère dans la rue Nollet[6],[7] voisine.
Sa jeunesse est marquée par des déménagements successifs, notamment en 1938, au 26 rue Mulsant à Roanne (Loire), où naît sa sœur Régine en août de la même année, puis en 1941, au 3 bis rue des Carmes à Tarbes (Hautes-Pyrénées), où naît son frère Claude en [6]. Les déménagements continuent sous l'occupation allemande pour échapper à la chasse faite aux Juifs par les nazis. S'y ajoutent les séparations pour déjouer les dénonciations. De à , les Serf sont cachés par la famille du chef d'orchestre Jean-Paul Penin à Préaux (Indre), puis à Saint-Marcellin (Isère). À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les membres de la famille se retrouvent au 31 bis, rue Ernest-André au Vésinet (Yvelines), où Barbara prend des cours de chant et de piano, avant d'emménager en à Paris[8].
Barbara subit le comportement incestueux de son père pendant son enfance. En 1941, alors qu'elle a dix ans et demi, à Tarbes, son père abuse d'elle pour la première fois. « Un soir, à Tarbes, mon univers bascule dans l'horreur », écrit-elle[Note 1]. Personne ne dénonce l'inceste dans sa famille. Puis, en Bretagne, elle fugue et s'adresse à une gendarmerie. On l'écoute mais sa plainte n'est pas enregistrée[9]. Son père revient la chercher et laisse entendre qu'elle affabule. En 1949, alors qu'elle n'a que 19 ans, son père quitte définitivement le foyer familial, mettant ainsi fin aux violences[10], mais elle n'en fait le récit que très tardivement, dans ses mémoires dont la rédaction est interrompue par sa mort en 1997[11],[12], sans toutefois se décider à employer les mots « viol » et « inceste ». Beaucoup de personnes se sont interrogées sur le sens réel des paroles de L'Aigle noir. De son vivant, Barbara se dérobait à chaque fois, prétextant que cela ne concernait qu'elle : « Ce ne sont pas les paroles qui sont importantes… », disait-elle. Selon le chanteur Patrick Bruel (qui reprend le titre en 2015 sur l'album Très souvent, je pense à vous…), ces paroles seraient une référence à l'emblème de l’Allemagne nazie et à la vie d'errance et de danger durant l'enfance de la chanteuse. Le journaliste Pierre Adrian commente : « Après l'interprétation psychanalytique, voici l'interprétation historique[13]. »
En 1946, les Serf s'installent au 50, rue Vitruve, dans le 20e arrondissement de Paris. Monique Serf a 16 ans. L'été est assombri par la mort de sa grand-mère. Peu attirée par les études, elle ambitionne depuis longtemps de devenir pianiste mais son rêve est brisé depuis 1944, un kyste à la main droite ayant obligé les médecins de Grenoble à intervenir à sept reprises et sectionner les tendons[14]. Ses parents promettent de lui offrir des cours de chant. Elle s'inscrit à ceux de Mme Dusséqué. Sa vie en est changée. Au bout de quelques leçons, son professeur la présente à Gabriel Paulet, enseignant au Conservatoire de Paris, qui la prend comme élève en 1947[15].
Dans le nouvel appartement, un piano loué par son père est installé ; Monique Serf en joue d'instinct, sans prendre de leçons. La jeune fille entre au Conservatoire comme auditrice[Note 2], mais au répertoire de chant classique, qui l'ennuie, elle préfère celui de la chanson populaire, ayant rencontré à l'ABC le répertoire d'Édith Piaf. Elle arrête les cours en 1948. La même année, après avoir passé une audition au théâtre Mogador, elle est engagée comme mannequin-choriste dans l'opérette Violettes impériales[6].
Un jour de 1949, son père abandonne soudainement le foyer, pour ne plus revenir. Bientôt, la même année, la location du piano ne peut plus être honorée[17]. Contrainte de s'en séparer, elle vit un déchirement.
Voulant à tout prix concrétiser son rêve, devenir « pianiste chantante », elle quitte Paris en février 1950. Grâce à l'argent prêté par une amie, elle se rend à Bruxelles chez un cousin, Sacha Piroutsky, qu'elle quitte au bout de deux mois car il devenait violent[17]. Sans ressources ni connaissances, la vie est difficile. Au hasard d'une rencontre, elle rejoint une communauté d'artistes à Charleroi, qui se réunit dans un local appelé La Mansarde[18]. Là, elle trouve de l'aide et commence à chanter dans des cabarets sous le nom de Barbara Brodi (en l'honneur d'une de ses aïeules ukrainiennes appelée Varvara, ou de sa grand-mère Hava Brodsky)[19]. Son répertoire est constitué de chansons d’Édith Piaf, Marianne Oswald, Germaine Montero, Juliette Gréco. Chaque fois, le public la siffle copieusement[17]. En 1950, elle rencontre Jacques Brel qui, comme elle, tente de percer en se produisant dans divers cabarets. Elle ajoute à son répertoire les premières chansons de cet auteur-compositeur en herbe avec qui elle va se lier d'une très grande amitié discrète mais indéfectible, pleine de complicité et d'admiration mutuelle. Plus tard, tandis que Barbara ne chante encore que des chansons écrites par d'autres, Brel l'encourage à écrire elle-même ses propres chansons ; il sera donc le premier à qui elle fera découvrir ses premiers textes, dont ses premiers succès. Brel dira : « Barbara, c'est une fille bien. Elle a un grain, mais un beau grain. On est un peu amoureux, comme ça, depuis longtemps[20]. » En 1971, il lui offrira un premier rôle dans son film Franz. À partir de 1981, soit trois ans après la mort de Brel, La Valse de Franz, composée par Brel, sera jouée dans tous les spectacles de Barbara. En 1990, elle créera au théâtre Mogador la chanson Gauguin (Lettre à Jacques Brel)[21].
Fin 1951, elle retourne vivre chez son oncle au 131 rue Marcadet à Paris pour des auditions sans lendemain, dont une au cabaret La Fontaine des Quatre-Saisons dont la programmation est déjà faite et où on lui propose une place de plongeuse pour un an. Elle peut toutefois y rencontrer et observer, sans jamais chanter, Boris Vian avec Henri Crolla et Louis Bessières ou encore Mouloudji[22]. Elle revient à Bruxelles où un ami du groupe de Charleroi lui donne l'occasion de chanter. Elle est mise en relation avec Ethery Rouchadze, pianiste géorgienne qui accepte de l'accompagner et auprès de qui elle se perfectionnera au piano. Cette dernière lui présente Claude Sluys, jeune avocat[23],[24]. Habitué des lieux de spectacles, il se pique d'écrire quelques chansons. Fin 1952, il déniche le « théâtre du Cheval blanc » et use de ses relations pour y ouvrir un cabaret afin qu'elle s'y produise sous le nom de Barbara[22].
Le bouche à oreille aidant, le succès ne se fait pas attendre. Le , Barbara épouse Claude Sluys. Au début de l’année 1955, elle enregistre deux chansons chez Decca : Mon pote le Gitan et L'Œillet blanc (parfois noté L'Œillet rouge), diffusées en 78 tours et 45 tours[25].
En 1955, les époux se séparent. À la fin de l'année, Barbara retourne à Paris où elle chante dans de petits cabarets : La Rose rouge en 1956, Chez Moineau en 1957, puis en 1958 à L'Écluse, où elle chante déjà pour de courts engagements. En 1958, elle réussit à s'imposer, sous le surnom de La Chanteuse de minuit, si bien que sa notoriété grandit et lui attire un public de fidèles, en particulier parmi les étudiants du Quartier latin. Sous le nom de Barbara, elle effectue son premier passage à la télévision, le , sur l’unique chaîne de la RTF, dans l’émission Cabaret du Soir, où la présentatrice la compare à Yvette Guilbert et lui assure « qu’elle deviendra certainement une grande vedette ».
À cette époque, poussée par son ami Brel[21], elle commence à écrire. Remarquée et engagée par Pathé-Marconi, elle enregistre, sous le label La Voix de son Maître, son premier super 45 tours, La Chanteuse de minuit, avec deux de ses propres chansons : J’ai troqué et J’ai tué l'amour[15], ainsi qu'au printemps 1959 son premier 33 tours (Barbara à L'Écluse).
En décembre 1959, apprenant que son père est mourant et la réclame auprès de lui à Nantes, elle s'y précipite, mais arrive trop tard. À la vue de son corps, à la morgue, ses sentiments oscillent entre fascination, panique, mépris, haine, d'une part, et un immense désespoir d'autre part[26]. Au lendemain de l’enterrement, elle commence l’écriture de la chanson Nantes, qu'elle achève quatre ans plus tard, quelques heures avant son passage au théâtre des Capucines, le ; ce sera l'une de ses plus grandes chansons.
En 1960, elle change de maison de disques pour signer chez Odeon. Elle enregistre Barbara chante Brassens puis Barbara chante Jacques Brel : le premier de ces albums est couronné par l’Académie Charles-Cros dans la catégorie « Meilleure interprète ».
En 1961, elle décroche un tour de chant du 9 au 20 février, en première partie de Félix Marten à Bobino[27]. Sa performance est peu appréciée, sa présentation jugée austère, à l’évidence pas encore prête pour les grandes scènes. Loin de se décourager, elle reprend ses récitals à L’Écluse. La même année, elle se rend à Abidjan, où elle retrouve son amant, le diplomate Hubert Ballay ; elle lui écrira Dis, quand reviendras-tu ?, avant de le quitter[28].
Deux années plus tard, les mardis de novembre et décembre 1963, au théâtre des Capucines, elle retient et capte l'attention avec un répertoire nouveau comprenant deux de ses chansons : Nantes et Dis, quand reviendras-tu ?. Le succès est tel que la maison Philips lui signe un contrat. Séduit, Georges Brassens lui propose la première partie de son prochain spectacle à Bobino.
En attendant, le , elle se rend sans enthousiasme en Allemagne de l'Ouest, en réponse à l’invitation de Hans-Gunther Klein, directeur du Junges Theater (de) de la ville universitaire de Göttingen. Agréablement surprise et touchée par l’accueil chaleureux qu’elle reçoit, elle prolonge son séjour d’une semaine. L'avant-veille de son départ, elle offre au public la chanson Göttingen, qu’elle a écrite d’un trait dans les jardins du théâtre. En mai 1967, elle sera à Hambourg pour l’enregistrer, avec neuf autres titres, traduits en allemand, pour le 33 tours Barbara singt Barbara, et retournera chanter à Göttingen le 4 octobre. Dans les années 1980, les hommes politiques se saisiront de la chanson pour promouvoir l'amitié franco-allemande. En 1988, Barbara reçoit la Médaille d’honneur de Göttingen et l'ordre du Mérite fédéral, le Bundesverdienstkreuz, la plus haute distinction allemande, pour ses mérites dans la réconciliation entre la France et l'Allemagne de l’Ouest[29]. En 1992, à la veille d'un référendum sur Maastricht, François Mitterrand choisit ce titre pour terminer un entretien télévisé. En 2002, Xavier Darcos, alors ministre délégué à l’enseignement scolaire, inscrira cette chanson aux programmes officiels des classes de l'école primaire : la chanson sera reprise dans les écoles en 2003 à l'occasion de la commémoration du quarantième anniversaire du traité d'amitié franco-allemand dit traité de l'Élysée[30].
Comme convenu, elle chante à Bobino avec Georges Brassens en « vedette » du 21 octobre au . Le public est conquis et les critiques sont unanimes pour saluer sa prestation. Paris-Presse-L'Intransigeant écrit qu’elle « fait presque oublier Brassens », L'Humanité : « Un faux pas de Brassens, une prouesse de Barbara. »[31].
En octobre 1964, sort son premier album Philips, Barbara chante Barbara. Il obtient le prix de l’Académie Charles-Cros et un réel succès commercial. Lors de la cérémonie, au palais d'Orsay, Barbara déchire son prix en quatre pour le distribuer aux techniciens, en témoignage de sa gratitude[32].
La même année, elle obtient un grand succès à Bobino. Le , jour de la première, France Inter organise une journée Barbara sur ses ondes[33]. La chanteuse est si profondément marquée par cette première qu’elle l'immortalise peu après dans l’une de ses plus grandes chansons : Ma plus belle histoire d’amour.
« Ce fut, un soir, en septembre
Vous étiez venus m’attendre
Ici même, vous en souvenez-vous ? … »
En décembre 1966, Barbara se produit à nouveau à Bobino, où elle interprète notamment Au cœur de la nuit (titre que jamais plus elle n'inscrira à son tour de chant). Trois ans avant L'Aigle noir, elle y évoque « un bruissement d'ailes qui effleure son visage », évoque la mort de son père (sans le nommer) et le pardon « pour qu'enfin tu puisses dormir, pour qu'enfin ton cœur repose, que tu finisses de mourir sous tes paupières déjà closes » (voir les albums Ma plus belle histoire d'amour, Bobino 1967).
En 1967, elle écrit avec Georges Moustaki, La Dame brune, chanson d'amour qu'ils interprètent en duo[34]. Elle dira à son sujet : « Moustaki, c'est ma tendresse[35]. »
Le 6 novembre 1967, alors en tournée en Italie, elle apprend la mort de sa mère[36].
Elle a vécu au 14 rue de Rémusat de 1961 à 1967, date à laquelle elle quitte l'immeuble à la suite du décès de sa mère, ce qui lui inspire quelques années plus tard, en 1972, la chanson Rémusat, où elle évoque ce double départ.
En février 1969, Barbara est à l'Olympia. À la fin de la dernière représentation, à la stupeur générale, elle annonce qu’elle arrête le tour de chant[37]. Mais elle respecte ses engagements passés jusqu’en 1971. Toutefois, cet arrêt ne sera pas définitif. Elle a d'ailleurs déclaré qu'elle n'avait jamais fait d'adieux, mais qu'elle avait pris ses distances. La chanteuse reviendra sur les scènes du music-hall après trois ans d'absence[38].
Début 1970, elle est au théâtre de la Renaissance dans Madame, une pièce musicale, écrite par Remo Forlani, dont elle signe la musique. Le fauteuil à bascule du décor la suivra désormais dans tous ses tours de chant. Elle interprète une « tenancière de lupanar en Afrique ». Madame est un échec[39], mais Barbara remet rapidement le pied à l’étrier grâce au succès de l’album studio L'Aigle noir, dont la chanson éponyme est l’un des plus gros succès discographiques de l’année. Barbara a dit de cette chanson qu'elle l'avait rêvée, « un rêve plus beau que la chanson elle-même »[réf. souhaitée]. À la suite de la publication de ses mémoires en 1998, une interprétation bien plus sombre de L'Aigle noir fut supposée[12].
En février 1972, Barbara est avec son ami Jacques Brel à l'affiche de Franz. Elle joue Léonie, femme laide, incapable de vivre l’amour dont elle rêve[25]. Ce premier film réalisé par le chanteur obtient peu de succès.
Deux ans plus tard, elle joue la diva délaissée du film L'Oiseau rare, réalisé par Jean-Claude Brialy[25].
Le danseur et chorégraphe Maurice Béjart, qui appréciait Barbara énormément[40], la fait tourner dans Je suis né à Venise. Dans ce film, qui ne sera diffusé qu’à la télévision[Note 3], Barbara tient deux rôles : celui d'une chanteuse (elle interprète trois titres : L’Amour magicien, L’Homme en habit rouge et La Mort) et celui de La Dame de la nuit.
Sa carrière musicale demeure active dans les années 1970 : à la télévision, en 1972, elle interprète un duo avec Johnny Hallyday, Toi mon ombre, toi ma lumière[Note 4],[41]. Elle tourne au Japon, au Canada, en Belgique, en Israël, aux Pays-Bas et en Suisse.
Barbara réalisera ses plus grands passages de sa carrière à la télévision pendant ses années ORTF, entre 1958 et 1974.
En 1973, Barbara s'installe à Précy-sur-Marne (Seine-et-Marne), à trente kilomètres à l'est de Paris, dans une ancienne ferme villageoise au 2, rue de Verdun. Pour ses répétitions avant chaque spectacle, elle fait transformer la grange en théâtre, lui donnant le nom de « Grange au loup » (c'est l'adresse de son père mourant qu'elle cite dans sa chanson Nantes : « Madame soyez au rendez-vous / 25, rue de la Grange-au-Loup / Faites vite, il y a peu d'espoir / Il a demandé à vous voir. »).
Dans le jardin enserré par les bâtiments de la ferme, elle découvre le plaisir de jardiner[42].
Au petit matin du 5 juin 1974, les pompiers de Meaux découvrent son corps inanimé. Dans le coma, elle est conduite en urgence à l'hôpital. Plus tard, dans plusieurs entretiens, elle relate l'événement en expliquant que, n'arrivant pas à trouver le sommeil, elle a absorbé les cachets qu'elle avait sous la main. Lors d'un concert à Avignon, elle déclare : « Je n'ai pas voulu mourir, j'ai voulu dormir »[43].
Par décision, elle interrompt ses apparitions audiovisuelles en 1974. À partir de cette période, ses textes et ses choix musicaux évoluent en profondeur, et ses concerts de 1974, 1975 et 1978 accueillent de nouveaux titres importants. La chanson de 1974, L'Homme en habit rouge, évoque le souvenir de sa liaison avec son parolier de l’album La Louve, François Wertheimer, auquel Barbara avait offert le parfum Habit rouge de Guerlain. Pour cet album de 1973, Barbara demande à William Sheller de faire les orchestrations. De cette collaboration naît une amitié entre William et la Duchesse, comme celui-ci la surnomme affectueusement. C'est elle qui pousse alors William à devenir chanteur[réf. nécessaire].
Entre 1975 et 1976, elle a une aventure avec le comédien Pierre Arditi, de quatorze ans son cadet. Celui-ci se souvient d'avoir été comme « un adolescent énamouré » dans une liaison qu'il décrit comme « pas très longue mais marquante ». Après leur séparation, ils sont restés très bons amis[44].
En 1978, elle fait un retour remarqué à l'Olympia[38]. À l'automne 1981, Barbara chante à l’hippodrome de Pantin (emplacement actuel du Zénith de Paris), où elle donne trente-cinq représentations. Plus que de simples concerts, se sont, selon Jérôme Garcin, de véritables messes dont les rappels ininterrompus se prolongent jusque tard dans la nuit. Elle y interprète notamment Regarde, chanson qu'elle a composée le soir du après l'annonce de la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle[45]. C’est lors de ce spectacle que la voix de la chanteuse irrémédiablement se brise. Si, au départ, elle s'en affole, par la suite, elle ne cherchera pas à le cacher mais saura au contraire se servir de cette voix, désormais « au crépuscule », pour renforcer l’aspect dramatique et authentique de son interprétation[46].
Se renouvelant sans cesse, la chanteuse continue d’attirer un public très jeune. L’année suivante, elle reçoit le Grand Prix national de la chanson en reconnaissance de sa contribution à la culture française. Par ailleurs, elle développe une relation de travail et d’amitié avec la vedette cinématographique montante Gérard Depardieu et son épouse Élisabeth.
En 1985, elle coécrit avec Luc Plamondon la musique et le texte de la pièce Lily Passion, où elle joue et chante avec Gérard Depardieu. Sorte d’autobiographie romancée, c’est l’histoire d’une chanteuse qui voue toute sa vie à son public. La première représentation a lieu au Zénith de Paris, le 21 janvier 1986[47]. L’été venu, elle est invitée sur la scène du Metropolitan Opera de New York pour un Gala Performance, donné le 8 juillet. Elle accompagne au piano son ami le danseur étoile Mikhaïl Barychnikov qui danse sur deux de ses chansons (Pierre et Le Mal de vivre).
À cette période, elle s'investit dans la collecte de fonds pour le traitement du sida. Elle rend visite aux malades dans les hôpitaux et dans les prisons[25],[48]. Lors de ses concerts, elle met des corbeilles de préservatifs à la disposition des personnes venues l’écouter ; engagement dont témoigne artistiquement le titre Sid’amour à mort.
En 1987, elle monte pour la première fois sur la scène du théâtre du Châtelet, à Paris, pour une série de récitals pendant les mois de septembre et octobre, suivis d'une tournée en France, en Suisse, en Belgique, au Japon, au Canada et en Israël qui se termine en 1988.
En 1988, elle est faite chevalier de la Légion d'honneur par le président de la République François Mitterrand.
L'année suivante, elle chante au théâtre Mogador à Paris de février à avril. Suivra une tournée en France et au Japon jusqu'en 1991.
En 1991, elle enregistre Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke pour les Éditions Claudine Ducaté[25]. Elle dédicacera cet enregistrement dans une librairie parisienne, la même année.
En novembre et , Barbara est à nouveau sur la scène parisienne du théâtre du Châtelet[49] mais des problèmes de santé la contraignent à interrompre les représentations. Après quelques jours de repos, elle retrouve son public, le temps d’enregistrer le spectacle, puis renonce à poursuivre et annule les dernières représentations.
En 1994, elle obtient la Victoire de l'artiste interprète féminine de l'année aux Victoires de la musique[49] (récompense qu'elle obtiendra une seconde fois en [50]). Son ultime tournée débute à Dijon, le 1er février. Sa dernière apparition sur scène a lieu le soir du samedi 26 mars 1994 au Centre de congrès Vinci de la ville de Tours[51].
Après seize années passées loin des studios, elle enregistre douze nouvelles chansons durant l'année 1996. Pour ce disque, elle fait appel à Myriam Eddaïra à la prise de son, Jean-Louis Aubert signe le texte Vivant poème et Guillaume Depardieu celui de À force de. Sorti le 6 novembre, cet album, sobrement intitulé Barbara, est son chant du cygne[49].
Usée par les stimulants, les médicaments pris en doses massives pour calmer son angoisse ou les corticoïdes pour soigner ses cordes vocales, affaiblie par une alimentation déséquilibrée[52],[53], elle consacre son temps à la rédaction de ses mémoires. Le , son travail est interrompu par « un choc toxi-infectieux d'évolution foudroyante »[49] que les rumeurs transforment en mystère[54]. Elle meurt à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine à l’âge de 67 ans. Elle est enterrée trois jours plus tard dans le carré juif (4e division) du cimetière de Bagneux, au sud de Paris[25], en présence d’une foule de deux mille personnes dont nombre de ses amis du monde du spectacle[Note 5],[55]. Elle repose dans le caveau familial de la famille Brodsky, auprès de sa grand-mère Granny, « qui seule savait sécher ses larmes et recueillir, du bout des doigts très fins, son désespoir d'enfant »[56].
La chanteuse meurt sans descendance[57].
Deux ans après sa mort, ses effets personnels sont vendus aux enchères[25] malgré les efforts de ses admirateurs et amis pour préserver ce patrimoine dans un hypothétique musée[58].
En 1998, ses mémoires inachevés sont publiés chez Fayard, sous le titre « Il était un piano noir… ». Elle y révèle l’inceste dont elle a été victime (page 31)[11] :
Une de ses toutes premières pianistes fut Liliane Benelli, avec laquelle elle se lie d'amitié. Celle-ci part en tournée avec Serge Lama, qui est alors au début de sa carrière. Le , près d'Aix-en-Provence, ils sont victimes d'un accident de la route. Liliane Benelli est tuée sur le coup[Note 6]. Quelques semaines plus tard, Barbara écrit et enregistre la chanson Une petite cantate, qui lui est dédiée.
Elle a toujours choisi avec soin ses partenaires musicaux, souvent issus du jazz, et ce dès les années 1960. Un de ses premiers accordéonistes fut Joss Baselli. Par son jeu discret, il a su donner aux musiques de Barbara une ambiance caractéristique. Bien des années plus tard, Barbara confiera que le jeu de Joss lui a énormément apporté. Elle lui en sera toujours reconnaissante. On peut citer également Michel Portal, Bernard Vitet, Eddy Louiss, Maurice Vander, Richard Galliano, Didier Lockwood, mais aussi des auteurs-compositeurs-interprètes de talent comme Catherine Lara (qui en 1972 compose les musiques des chansons Accident et Clair de nuit sur l’album Amours incestueuses), ou encore William Sheller (chargé des orchestrations de l’album La Louve l’année suivante) ; Barbara fut d’ailleurs celle qui suggéra à ce dernier de faire de la scène. Une de ses plus marquantes et durables collaborations est celle de l’accordéoniste Roland Romanelli, lequel fut rejoint, pour le Récital Pantin 1981, par le pianiste Gérard Daguerre (qui l’accompagnera jusqu’à la fin). La collaboration avec Roland Romanelli s’achève au moment de la création de Lily passion avec Gérard Depardieu. Gérard Daguerre devient alors son musicien de prédilection.
À l'occasion de son spectacle au Châtelet 1987, Barbara s'entoure de trois nouveaux musiciens : Marcel Azzola (qui fut l'accordéoniste de Jacques Brel), Michel Gaudry, contrebassiste de jazz ayant collaboré avec Barbara des années auparavant et Jean-Louis Hennequin aux claviers.
Les années 1990-1991 voient le percussionniste Mahut, le pianiste Marc Lerchs et l’accordéoniste Sergio Tomassi rejoindre le groupe des musiciens, tandis que Jean-Louis Hennequin s’éloigne pour un temps.
1993 est l'année de la dernière apparition de Barbara sur la scène parisienne au théâtre du Châtelet, Gérard Daguerre, Mahut, Jean-Louis Hennequin et Sergio Tomassi se trouvent réunis pour ce spectacle et pour la tournée qui suit.
Lors de l'enregistrement de son dernier album studio, en 1996, la plupart de ses musiciens de prédilection sont là : d'Eddy Louiss à Jean-Jacques Milteau, en passant par Richard Galliano, Didier Lockwood et les fidèles Gérard Daguerre, Jean-Louis Hennequin et Dominique Mahut.
Du au , l’INA a célébré Barbara en une exposition de photographies en réalité augmentée mêlant archives et innovation numérique : Barbara, du bout des lèvres. Chacun des seize clichés inédits choisis par Mathieu Amalric et exposés sur les grilles du palais Brongniart était associé à un module vidéo présent sur une application pour smartphone[77] qui s'ouvrait lorsque la photographie en question était elle-même photographiée (voir vidéo[78]). Des entretiens, des chansons et des extraits de fictions étaient également disponibles en bonus sur l’application ainsi que sur le site dédié[79]. De plus, dès la nuit tombée, un mapping vidéo animait les photographies de cette exposition publique en extérieur.
En 2010, à l’occasion de la 29e édition de la Fête de la musique en France, Frédéric Mitterrand crée le Prix Barbara (qui est remis de 2010 à 2014) pour encourager une jeune chanteuse ou un jeune chanteur auteur–compositeur-interprète. Les lauréats sont :
Quelques ouvrages sont parus du vivant de Barbara : un recueil de textes, précédé d’un portrait par Jacques Tournier, dans la collection « Chansons d’aujourd’hui », chez Seghers en 1968, et une première biographie de Marie Chaix, chez Calmann-Lévy en 1986. Le Mercure de France a publié en 1980 un roman La Barbaresque de Sandra Thomas. L’auteur y mêle sa quête de paternité avec sa relation étroite (et pas toujours partagée) avec la chanteuse.
Joël July, sous la direction de Joelle Gardes-Tamine, Style et versification dans les chansons de Barbara, thèse de doctorat en langage et parole, faculté des lettres et sciences humaines, université Aix-Marseille 1, 2002, 390 p.
Sébastien Bost, sous la direction de Catherine Douzou. Barbara : la morsure et la caresse - une esthétique de la déchirure, thèse de doctorat en Arts et Lettres, École Doctorale Sciences de l'Homme et de la Société, Université de Tours, 2019, publiée aux Éditions La Simarre sous le titre "Barbara, la morsure et la caresse", 2023, 264 p. (ISBN 978-2-36536-165-1)
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