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philosophe antique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Apollonios de Tyane (en grec ancien : Ἀπολλώνιος ὁ Τυανεύς), parfois connu sous la forme latine de son nom, Apollonius, est un philosophe néopythagoricien, prédicateur et thaumaturge du Ier siècle de l'ère chrétienne, né en 16 ap. J.-C. à Tyane en Cappadoce et mort à Éphèse en 97 ou en 98. S'il est également mentionné par Apulée et Lucien de Samosate, c'est la Vie d'Apollonios de Tyane, composée dans la première moitié du IIIe siècle par Philostrate, qui constitue la principale source d'informations le concernant[1].
Naissance | |
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Ἀπολλώνιος ὁ Τυανεύς |
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Ie siècle |
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Influencé par |
Adulé pendant les premiers siècles apr. J.-C. avant de tomber dans l'oubli, Apollonius de Tyane fut comparé à Jésus de Nazareth. Il aurait eu des disciples et aurait fait des miracles[2].
En fait, on sait très peu de choses sur Apollonios. Il semble cependant qu'un personnage de ce nom a bel et bien vécu, au Ier siècle. Il est né à Tyane vers l’an 15, et il semble que ses contemporains voyaient en lui un « mage mi-sorcier mi-charlatan », qui rassemblait autour de lui des disciples, tout en ayant une réputation controversée[3].
Apollonios est sans doute d'un thaumaturge ou d'un magicien qui est plus ou moins mythique. Philostrate, quand il rédige la Vie d'Apollonios de Tiare (deux siècles après la mort de ce dernier) veut donner à travers ce personnage un portrait du sage idéal, d'un homme divin, d'un nouveau Pythagore, et en même temps réagir à la réputation de magicien qui accompagne Apollonios[4]. Il le présente comme un homme attaché au silence, au célibat, à une vie modérée, qui défend que c'est par le culte d'un cœur pur que l'on rend hommage au Dieu suprême, non par des sacrifices sanglants[4].
Mais à la fin de l'Antiquité, dans sa lutte contre le christianisme, le paganisme va faire d'Apollonios un saint et un thaumaturge qu'il oppose au personnage de Jésus-Christ. Différents auteurs et polémistes anti-chrétiens s'emparent donc du personnage, parmi lesquels Sossianos Hiéroclès ou Porphyre de Tyr[4]. On trouve aussi la figure d'Apollonios sur l'une des faces des contorniates, des monnaies émises par Rome à fin de propagande antichrétienne. En plus, dans la deuxième moitié du IVe siècle, Virius Nicomachus Flavianus traduit en latin le roman de Philostrate[4], sous le règne de Théodose Ier[5].
Roger-Pol Droit[3] relève aussi que l’Apollonios de Philostrate est un « [a]scète et dialecticien, guérisseur et végan, parangon de vertu et thaumaturge, (...) aventurier sans peur, capable de ressusciter les morts, [qui] dessine un visage fascinant, trop souvent méconnu, celui de la raison hellène vers la fin de l’Antiquité, mêlant logique et magie, sagesses grecques et non grecques. »
Finalement, c'est un portrait dithyrambique que Philostrate laisse d'Apollonios, alors même que le personnage était controversé par des auteurs comme Lucien de Samosate qui le comparait à un célèbre imposteur, nommé Alexandre d'Abonuteichos. En outre, le merveilleux domine cette biographie[6]: l'auteur fait d'Apollonios un personnage d'origine divine, il décrit ses voyages dans des pays lointains comme l'Inde ou l'Éthiopie, où il rencontre des animaux fantastiques et des gymnosophistes. De plus, il pratique de nombreux miracles, venant à bout d'épidémies, il débarrasse des femmes du fantôme d'un satyre qui s'est emparé d'elles, il s'évade miraculeusement de la prison où Domitien le retient[6]... On comprend que l'on utilisera longtemps des talismans protecteurs liés à Apollonios, même dans la Byzance chrétienne[4].
Ses disciples lui élevèrent des statues et des temples et le comparèrent à Jésus Christ.
L'empereur Néron l'aurait banni de Rome en tant que magicien, pour avoir ressuscité une jeune fille[7], et l'empereur Domitien lui aurait fait couper de force, barbe et cheveux. À Éphèse, le 18 septembre 96 il serait entré en transe devant ses disciples, et se serait écrié « Frappe le tyran ! » au moment même où l'empereur Domitien était assassiné à Rome, à l'instigation de sa femme Domitia Longina et du préfet du prétoire.
Selon la légende, rapportée par le biographe et théosophe G. R. S. Mead, il aurait été aussi capable de bilocation ou d'ubiquité, ou de lévitation[8].
Un ouvrage anonyme, probablement daté du Ve siècle, l'Histoire Auguste, évoque une apparition miraculeuse d' Apollonios de Tyane qui aurait promis à Aurélien la victoire sur Zénobie s'il épargnait la cité de Tyane et ses habitants. L'Histoire Auguste présente Apollonius comme « l'ami fidèle des dieux, digne d'être honoré lui-même comme une divinité », et affirme qu'Aurélien aurait vu son portrait dans de nombreux temples. Selon André Chastagnol, l'Histoire Auguste invente et parodie la vision de Constantin Ier racontée par Eusèbe de Césarée, opposant le miracle païen d'Apollonius de Tyane au miracle chrétien[9].
La biographie qui suit est, sauf mention autre, fondée sur la Vie d'Apollonios de Tyare de Philostate, qu'elle résume.
Grec né au début de l'ère chrétienne, Apollonios descend d'une famille ancienne qui donna à la ville de Tyane (dans la Turquie actuelle) quelques-uns de ses fondateurs. « On rapporte qu'il vint au monde dans une prairie, non loin de laquelle s'élève le temple qui lui est consacré ». Son père, qui répond aussi au nom d'Apollonios, est de loin le plus riche citoyen d'une ville opulente[10].
À quatorze ans, il est conduit par son père à Tarse, auprès du maître le Phénicien Euthydème, rhéteur célèbre de ce temps. De là, il se rend à Ægæ en Macédoine, où il rencontre des adeptes de différentes écoles philosophiques. Le penchant naturel de son esprit vers le mysticisme lui fait embrasser de préférence les doctrines de Pythagore, enseignées dans cette ville par Euxène d'Héraclée, qui s'adonnait aux plaisirs sensuels et prenait Épicure pour modèle. Cependant, Apollonios observera toute sa vie les pratiques les plus sévères du pythagorisme antique, tout en mêlant aux doctrines de cette école celles de Platon. On vante son désintéressement, sa tempérance, sa chasteté, qu'il poussera jusqu'à l'ascétisme. Il préconisait à ses disciples le végétarisme[11].
Pendant cinq années, il pratique le silence, conformément aux prescriptions de Pythagore. Il entreprend de longs voyages, en compagnie d'un certain Damis, qui devient son disciple. Leurs pérégrinations les conduisent principalement dans trois directions. Tout d'abord, Apollonios et ses compagnons de voyage se dirigent vers l'Orient : ils passent de la Pamphylie en Cilicie ; de là, ils se rendent à Antioche, en Syrie, puis à Ninive et à Babylone, jusqu'en Inde, où Apollonios converse avec les sages du pays, les brahmanes.
Sous le règne de Néron (54-68), il revient vers l'Occident : il visite les grandes cités d'Ionie et de Grèce, Rome, l'Italie, l'Espagne, et séjourne à Gadès (Cadix). Après quoi, il se dirige vers le Sud : il visite la Sicile, passe par Rhodes pour gagner la côte septentrionale de l'Afrique, séjourne en Égypte, à Alexandrie – où il rencontre Vespasien, en 69, et les philosophes Euphratès et Dion de Pruse – et en Éthiopie, conversant avec d'autres sages, les gymnosophistes. Puis il revient en Asie mineure, en Grèce et à Rome, sous le règne de Domitien (81-96). Son biographe lui prête des relations avec plusieurs intellectuels influents de l'époque, avec plusieurs empereurs qui ont régné à Rome depuis Néron, ainsi qu'avec des rois étrangers dont il lui fait visiter les Etats, comme ceux de Phraotès en Inde. Domitien le fait jeter en prison, et le traduit devant son tribunal, d'où il s'échappe.
Il meurt à Éphèse en 97 sous le règne de Nerva.
Philostrate présente Apollonios comme un grand voyageur, visitant les pays entourant la Méditerranée, jusqu'à Babylone et même l'Inde, où il se lie d'amitié avec des brahmanes. Il marche pieds nus, porte les cheveux longs, ne se nourrit que de légumes et refuse les boissons alcoolisées. Il pratique l'abstinence sexuelle, vit d'aumônes, redistribue aux pauvres les biens qu'on lui donne et dort dans les temples. Ses prédications rassemblent sur son passage des foules qui viennent l'écouter condamner le luxe et la décadence des mœurs, inciter à ne pas consommer de chair animale et prôner un système de vie communautaire.
Malgré sa notoriété et ses nombreux disciples, Apollonios n'établira pas d'école ou de groupe formel, ni ne formera de successeur pour poursuivre sa tâche de prédication.
Apollonios souhaita à la ville d'Éphèse « une couronne de citoyens vertueux » plutôt que des bâtiments et des portiques.
Peu de choses nous sont parvenues. On notera essentiellement des Lettres, un fragment sur les sacrifices rapporté par Eusèbe de Césarée, le Nuctéméron, un curieux ouvrage, en grec, qui attribue un génie à chacune des douze heures. Nuctéméron signifie « jour de la nuit ». L'occultiste Éliphas Lévi a traduit le livre[12], dont il fait Apollonius de Tyane l'auteur, mais l'attribution reste douteuse. Cet extrait, à titre d'exemple : « Première heure : dans l'unité, les démons chantent les louanges de Dieu. »[13]
Apollonios n'a cessé de fasciner, depuis Byzance aux occultistes du XIXe siècle, en passant par la Renaissance et la Révolution française. Et en 1934 encore, Antonin Artaud, en 1934, écrit au début d’Héliogabale ou l’anarchiste couronné : « Je dédie ce livre aux mânes d’Apollonius de Tyane (…) »[3].
À noter que dans son livre Je vois Satan tomber comme l'éclair, René Girard (1999) propose un chapitre intitulé « L'horrible miracle d’Apollonius de Tyane », sur la base du récit de Philostrate (Livre IV), pour souligner les différences entre le « gourou » qui fait lapider un mendiant innocent et le comportement du Christ face à la femme adultère[14].
Divers ouvrages nous sont parvenus ayant pour nom d'auteur d'Apollonios de Tyane.
« C'est ici le livre du sage Bélinous [Apollonios de Tyane], qui possède l'art des talismans : voici ce que dit Bélinous. […] Il y avait dans le lieu que j'habitais [Tyane] une statue de pierre, élevée sur une colonne de bois ; sur la colonne, on lisait ces mots : "Je suis Hermès, à qui la science a été donnée…" Tandis que je dormais d'un sommeil inquiet et agité, occupé du sujet de ma peine, un vieillard dont la figure ressemblait à la mienne, se présenta devant moi et me dit : "Lève-toi, Bélinous, et entre dans cette route souterraine, elle te conduira à la science des secrets de la Création…" J'entrai dans ce souterrain. J'y vis un vieillard assis sur un trône d'or, et qui tenait d'une main une tablette d'émeraude… J'appris ce qui était écrit dans ce livre du "Secret de la Création des êtres"… [« Table d'émeraude »] Vrai, vrai, indiscutable, certain, authentique ! Voici, le plus haut vient du plus bas, et le plus bas du plus haut ; une œuvre des miracles par une chose unique… »
Le Kitâb sirr al-Khalîqa de Balînoûs a été traduit en latin sous le titre De secretis naturæ[17].
On relève aussi des ouvrages portant sur l'astronomie, la géométrie ou l'astrologie.
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