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compositeur majeur français du XXe siècle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Olivier Messiaen [mɛsjɑ̃][2], né le à Avignon (Vaucluse) et mort le à Clichy (Hauts-de-Seine), est un compositeur, organiste et pianiste français.
Œuvres principales
Son œuvre trouve ses sources dans une profonde ferveur catholique, un goût prononcé pour le plain-chant médiéval, la science du chant des oiseaux, les rythmes indiens (Taal) ainsi que grecs. L'Ascension de 1933, le Quatuor pour la fin du Temps de 1940, les Vingt Regards sur l'Enfant-Jésus de 1944, la Turangalîla-Symphonie de 1946-48, l'opéra Saint François d'Assise et la Messe de la Pentecôte, entre autres œuvres majeures, ont contribué à faire d'Olivier Messiaen l'un des compositeurs les plus influents de la musique contemporaine de la seconde moitié du XXe siècle.
Son enseignement au Conservatoire national supérieur de musique de Paris a également contribué à sa notoriété internationale, notamment par le nombre des élèves qu'il forme et influence.
Olivier Eugène Prosper Charles Messiaen est né à Avignon, le [3], premier enfant de Pierre Messiaen (1883-1957), professeur d'anglais et intellectuel catholique, et de la poétesse Cécile Sauvage (1883-1927). Un second enfant naît de cette union, Alain (1913-1990), qui deviendra poète, à l'instar de sa mère[4]. Olivier Messiaen est profondément influencé par les poèmes de sa mère, notamment un recueil intitulé L'Âme en bourgeon ainsi que par les œuvres de William Shakespeare que traduit son père et dont les histoires fantastiques, merveilleuses et sombres le fascinent. Plus tard, le compositeur affirme que, des pièces du grand dramaturge anglais, « J'aimais plus que toute autre Macbeth (pour les sorcières et le spectre de Banquo), aussi bien que Puck et Ariel. »[5]
En 1914 son père est mobilisé et sa mère emmène les deux jeunes garçons à Grenoble pour vivre avec leur oncle. Le jeune Olivier Messiaen met en scène Shakespeare devant son petit frère, dans des décors faits maison à partir de cellophane peinte à l’aquarelle et collée sur des vitres. À cette époque, il acquiert une foi catholique qui ne le quittera plus. Il composera la plupart de sa musique dans cette région de Grenoble, le Dauphiné.
Il commence ses leçons de piano, après avoir fait l'apprentissage de l'instrument en autodidacte. Il est d’abord intéressé par les compositeurs français récents comme Claude Debussy et Maurice Ravel, dont il découvre très vite les Estampes et Gaspard de la nuit. Il demande comme cadeau de Noël des partitions d’opéras de Mozart, Gluck, Berlioz et Wagner. C'est à cette époque qu’il commence à composer. En 1918, son père revient de la guerre, et la famille déménage pour Nantes. Le jeune Olivier, âgé de dix ans, continue néanmoins à suivre des cours de musique. Son professeur d’harmonie, Jean de Gibon, lui fournit la partition de l’opéra Pelléas et Mélisande de Debussy, qui est pour Messiaen une révélation parmi les plus décisives. L’année suivante, son père obtient un poste de professeur au lycée Charlemagne à Paris, et la famille déménage à nouveau.
C’est ainsi qu’en 1919, Olivier Messiaen, âgé de onze ans, entre au Conservatoire national de musique et de déclamation à Paris pour étudier le piano et les percussions. Il a notamment comme professeurs Maurice Emmanuel et Marcel Dupré pour l’improvisation et l’orgue, Paul Dukas pour la composition et l’orchestration.
Il y effectue de brillantes études. En 1924, à l’âge de 15 ans, il obtient un second prix d'harmonie dans la classe de Jean Gallon[6] ; en 1926, la même année que Jean Rivier, il obtient un premier prix de fugue et contrepoint dans la classe de Georges Caussade[7] ; puis en 1927, celui d'accompagnement au piano. En 1928, après avoir suivi les cours de Maurice Emmanuel, il est lauréat d'un premier prix en histoire de la musique. Maurice Emmanuel lui inculque l'intérêt pour les rythmes grecs anciens, et les modes exotiques. Dans cette prestigieuse institution, il étudie en outre l’orgue avec Marcel Dupré, qui lui transmet l’héritage de la tradition des grands organistes français (Dupré avait étudié l'orgue au Conservatoire avec Alexandre Guilmant qui en 1896 avait succédé à Charles-Marie Widor, ce dernier ayant repris la classe d'orgue en 1890 à la mort de César Franck). Messiaen décroche un premier prix en orgue et improvisation à l’orgue en 1929. Après un an de cours de composition avec Charles-Marie Widor, il suit l'enseignement à l’automne 1927 de Paul Dukas, nouvellement chargé de la classe de composition, avec qui il apprend notamment la maîtrise de l’orchestration. Les études de Messiaen au Conservatoire trouvent leur couronnement avec son obtention, en 1930, du premier prix en composition dans la classe de Paul Dukas[8].
Il devient organiste à l’église de la Trinité à Paris à l’âge de 22 ans, succédant ainsi à Charles Quef. L'orgue Cavaillé-Coll sera profondément modifié par la suite, sur sa demande, avec notamment une électrification des notes et des jeux et l'ajout de plusieurs jeux de détail. Il compose de très nombreuses œuvres pour cet instrument sur lequel il improvise pour expérimenter ses idées musicales de composition. Olivier Messiaen se passionne également pour le plain-chant, les rythmes de l'Inde, les chants des oiseaux dont il entreprend la notation et le classement méthodique, l'interaction entre valeurs chromatiques et valeurs sonores. Dès 1928, à l'âge de 20 ans, il fait plusieurs séjours dans la maison de ses tantes paternelles, Marthe et Agnès Messiaen, à Fuligny dans le département de l'Aube. C'est là qu'il compose sept de ses premières œuvres au piano. Il écoute les chants d’oiseaux des bois de Fuligny, qu'il mémorise et transcrit dans sa musique. Passionné par les oiseaux, qui ont inspiré toute sa vie et un grand nombre de ses compositions, il deviendra aussi ornithologue.
Il se marie une première fois en 1932 avec Claire Delbos, née Louise-Justine, une violoniste, dont il a un fils, Pascal-Emmanuel Messiaen (mort le 31 janvier 2020 à Pézenas[9]) qui devient professeur de russe. Claire Delbos terminera ses jours dans un hôpital psychiatrique. De 1936 à 1939 il enseigne à l'École normale de musique de Paris et à la Schola Cantorum de Paris et à la même époque participe à la fondation du groupe Jeune France avec André Jolivet, Daniel-Lesur et Yves Baudrier.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Olivier Messiaen est mobilisé comme simple soldat. Yves Balmer et Christopher Brent Murray[10] précisent cependant au début de l'article qu'ils lui consacrent que les dates fournies par le compositeur au sujet de cette période ne sont pas conformes à la réalité et établissent qu’en avril- il est « musicien au centre musical et théâtral de la 2e armée » formé par Charles Huntziger, Henri Massis et Xavier de Courville où il rencontre Étienne Pasquier et Henri Akoka. Fait prisonnier, il est envoyé au Stalag VIII-A à Görlitz. Il compose durant sa réclusion son Quatuor pour la fin du Temps. La première est donnée dans le camp le par un groupe de musiciens prisonniers, la partie du piano étant jouée par le compositeur. Il est libéré en d’après Balmer et Brent Murray qui ajoutent[11] qu’en mars 1941, Olivier Messiaen sort de quarantaine et « retrouve rapidement du travail à Vichy » au sein de l’association vichyste Jeune France. C’est dans ce cadre qu’il participe à un spectacle à la gloire de Jeanne d'Arc pour lequel il écrit Chœurs pour une Jeanne d'Arc. Les mêmes historiens ajoutent que le compositeur obtient le poste de professeur d’harmonie au Conservatoire de Paris (encore dirigé par Henri Rabaud), à la suite de l’élection du . Les lois antisémites ont écarté de son poste André Bloch, car juif, laissant ainsi une place dès 1940 à Olivier Messiaen. La compositrice Odette Gartenlaub se souvient de l'éviction de Bloch[12][pertinence contestée].
Au Conservatoire, il rencontre une jeune élève, Yvonne Loriod, qui devient la première et la principale interprète de ses œuvres pour piano. Après le décès de sa première épouse en 1959, il épouse la jeune fille en 1961. Au Conservatoire de Paris, devant l'hostilité d'un corps enseignant passéiste, Messiaen est d'abord professeur de philosophie de la musique, puis, avec l'évolution des années, sa classe d'analyse musicale de renommée mondiale devient officiellement classe de composition en 1966. Il compte parmi ses élèves Pierre Boulez, Pierre Henry, Daniel Charles, Michel Merlet, Marius Constant, Antoine Duhamel, Jean Prodromidès, Gilbert Amy, François-Bernard Mâche, Paul Méfano, Karlheinz Stockhausen, Míkis Theodorákis, Iannis Xenakis, Michaël Levinas, Tristan Murail, Adrienne Clostre, Gérard Grisey, Philippe Fénelon, Michèle Foison, Kent Nagano, George Benjamin, Alain Louvier, Alain Abbott, Erzsébet Szőnyi, Alain Mabit, Jean-Pierre Leguay, Lalo Schifrin, Betsy Jolas, Serge Garant, Gilles Tremblay, Michel Fano, Claude Vivier, Michèle Reverdy et Qigang Chen[réf. souhaitée].
Durant sa carrière, Olivier Messiaen voyage, se produit comme pianiste avec Yvonne Loriod, et enseigne dans divers pays : Argentine, Bulgarie, Canada, États-Unis, Finlande, Hongrie, Italie, Japon.
Il meurt le à l'hôpital Beaujon de Clichy. Il est enterré au cimetière de Saint-Théoffrey, à 35 km de Grenoble, entre Laffrey et La Mure (Isère), village dans lequel il possédait une propriété. Sa stèle, facilement reconnaissable, a été sculptée en forme d'oiseau.
Le langage musical d'Olivier Messiaen ne peut vraiment être rattaché à une école particulière — même si Messiaen a fait partie du groupe Jeune France avec André Jolivet, Jean Yves Daniel-Lesur et Yves Baudrier. Parmi les éléments caractéristiques de sa musique, on trouve :
Les travaux d'Yves Balmer, Thomas Lacôte et Christopher B. Murray, fondé sur des études génétiques et une analyse des partitions, ont montré comment Olivier Messiaen composait à l'aide d'éléments mélodiques, harmoniques et rythmiques empruntés à d'autres traditions musicales ou à d'autres compositeurs, tels que Jules Massenet, Emmanuel Chabrier, Igor Stravinsky, Claude Debussy, Maurice Ravel et André Jolivet[réf. nécessaire].
Les accords musicaux faisaient l'objet pour lui d'une synesthésie avec les couleurs[13], ce qui a largement influencé son art, comme il en témoigne[14].
Pour une discographie plus détaillée, voir les articles consacrés aux œuvres d'Olivier Messiaen.
Ces trois disques, considérés comme « l'une des plus grandes réalisations de toute l'histoire du disque » (Paul Menier - Télérama), ont obtenu le grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros 1973, ainsi qu'un diapason d'or. Olivier Messiaen écrivit à propos de cet enregistrement :
« Louis Thiry est un extraordinaire organiste, virtuose accompli, musicien total, d'une mémoire et d'une adresse sans égales : on peut le classer parmi les héros de la musique ! Il a donné plusieurs exécutions prestigieuses de mes œuvres d'orgue les plus difficiles – notamment de ma Messe de la Pentecôte. Tous ceux qui ont entendu et tous ceux qui entendront Louis Thiry ne peuvent que l'admirer. »
Si ce quatuor est une des partitions les plus accessibles d'Olivier Messiaen, c'est aussi l'une des plus émouvantes. Pour cette œuvre, composée au Stalag VIII-A de Görlitz, le musicien s'est inspiré d'une citation de l'Apocalypse de saint Jean :
« Je vis un ange plein de force, descendant du ciel, revêtu d'une nuée, ayant un arc-en-ciel sur la tête. Son visage était comme le soleil, ses pieds comme des colonnes de feu. Il posa son pied droit sur la mer, son pied gauche sur la terre, et, se tenant debout sur la mer et sur la terre, il leva la main vers le Ciel et jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles, disant : « Il n'y aura plus de temps » ; mais au jour de la trompette du septième ange, le mystère de Dieu se consommera[15]. »
L'œuvre a été composée pour le clarinettiste Henri Akoka, le violoniste Jean Le Boulaire et le violoncelliste Étienne Pasquier, détenus avec lui, et créée le , quelques semaines avant la libération du compositeur. Olivier Messiaen disait lui-même ceci à propos de son quatuor :
« Lorsque j'étais prisonnier, l'absence de nourriture me donnait des rêves colorés : je voyais l'arc-en-ciel de l'Ange, et d'étranges tournoiements de couleurs. Mais le choix de « l'Ange qui annonce la fin du Temps » repose sur des raisons beaucoup plus graves. […] Au nom de l’Apocalypse, on a reproché à mon œuvre son calme et son dépouillement. Mes détracteurs oublient que l’Apocalypse ne contient pas que des monstres et des cataclysmes : on y trouve aussi des silences d'adoration et de merveilleuses visions de paix. De plus, je n'ai jamais eu l'intention de faire une Apocalypse : je suis parti d'une figure aimée (celle de « l'Ange qui annonce la fin du Temps ») et j'ai écrit un quatuor pour les instruments (et instrumentistes) que j'avais sous la main, à savoir : un violon, une clarinette, un violoncelle, un piano. […] Dernière remarque. Mon Quatuor comporte huit mouvements. Pourquoi ? Sept est le nombre parfait, la création de six jours sanctifiée par le sabbat divin ; le sept de ce repos se prolonge dans l'éternité et devient le huit de la lumière indéfectible, de l'inaltérable paix. »
La Fondation Olivier Messiaen a été créée sous l'égide de la Fondation de France en 1995 par sa veuve[17], Yvonne Loriod. Cette fondation a pour mission[18] de promouvoir l'œuvre d'Olivier Messiaen, de la faire rayonner[19] et d'en défendre l'intégrité.
La Fondation Olivier Messiaen verse également des prix à de jeunes pianistes, dans le cadre du Concours Olivier Messiaen[20].
Le Festival Messiaen au Pays de la Meije est un festival international de musique contemporaine créé en hommage à Olivier Messiaen. Il a lieu chaque été depuis 1998 à La Grave dans les Hautes-Alpes[21].
En 1936, Claire et Olivier Messiaen avaient acquis une maison dans le hameau de Pétichet, au bord du Grand lac de Laffrey, où le compositeur écrivit de nombreuses œuvres. En 2016, cette maison fut transformée en établissement pour les artistes, d'après le testament de Messiaen[22]. Dorénavant propriété de la Communauté de commune de la Matheysine, elle est ouverte au public aussi, avec les événements et l'exposition[23].
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