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La plus ancienne liste des évêques de Chartres connue se trouve dans un manuscrit du XIesiècle provenant de l'abbaye de la Trinité de Vendôme[1]. Elle contient 57 noms depuis Adventus (saint Aventin) jusqu'à Aguiertus (Agobert) mort en 1060.
La liste la plus connue est celle que contient la Vieille Chronique de Chartres, datée de 1389. Elle est très proche de la précédente (Agobert y porte le numéro 56) et a servi de base à toutes les suivantes. Imprimée en 1608 par Villiers en tête de son édition des Lettres de Fulbert, elle a été utilisée pour les travaux d'érudition moderne, de la Gallia Christiana au catalogue placé par Lépinois et Merlet dans l'introduction du Cartulaire de Notre-Dame qui liste 110 noms[Note 1].
L'article respecte l'ordre ci-dessous. Si la liste du XIesiècle ne fournit aucune date, celle de la Vieille Chronique illustre la légende des origines chartraines en faisant d'Adventus l'évêque consacré par les envoyés de saint Pierre.
IVesiècle?
Saint Aventin(Adventinus), biographie légendaire qui en fait un contemporain des apôtres[2].
Martin le Blanc(Martinus Candidus), personnage problématique, en relation avec le monastère de Saint-Martin-au-Val qui aurait été bâti sur son tombeau.
Aignan, inexistant; bien qu'on ait composé au XIIesiècle une Vita pour en faire un saint local, il s'agit en fait de saint Aignan d'Orléans introduit dans la liste chartraine par erreur ou pour l'étoffer.
Les huit évêques suivants posent un problème difficile; quatre d'entre eux, aux noms peu communs, portent des noms d'évêques des régions de la Meuse et de la Moselle: Possessor et Polychronius sont des évêques de Verdun, Arbogast est peut-être un ancien comte de Trèves et Sévère un évêque de Trèves (mais Arbogast est aussi attesté à Strasbourg).
Dom Morin a produit une lettre (à l'authenticité indiscutable) dans laquelle des clercs fugitifs qui trouvé accueil auprès d'un évêque nommé Castor demandent à leur propre évêque, Polychronius, de venir les visiter. Il est tentant d'identifier avec lui le Castor de cette lettre avec celui de la liste chartraine. On pourrait voir alors dans ces évêques des exilés qui, devant l'avancée franque en Rhénanie, se sont repliés dans le Bassin parisien. Ces relations anciennes entre les Églises pourraient expliquer également le culte assez incompréhensible rendu dans le diocèse de Chartres à un obscur martyr lorrain du IVesiècle, saint Élophe(Eliphus), qui a même laissé son nom au village de Saint-Éliph (canton de La Loupe)[3].
Castor serait ainsi le seul évêque de Chartres du Vesiècle à recevoir quelque consistance historique. Il est possible aussi que l'un ou l'autre de ces évêques chassés de leur siège ait occupé celui de Chartres.
Sévère
Castor
Africanus (?)
Possesseur (Possessor)
Polychronius
Palladius (?)
Arbogast
Flavius (?) - Dans une vie de saint Aventin (IXesiècle?) sans autorité, ce Flavius est donné comme le grand-oncle de Solen et d'Aventin, leur éducateur et leur ordinateur.
Saint AventinII, personnage obscur dont la biographie est étroitement liée à celle de Solen. On a parfois contesté son existence. Il souscrit pourtant au concile d'Orléans de 511, ce qui fait de lui le premier évêque de Chartres directement documenté. Il a peut-être siégé à Châteaudun (cf. article saint Solen).
Éthère, plus rarement Euthère (Etherus, Aetherius): il souscrit aux conciles d'Orléans en 533, 538 et 541.
Saint Lubin ou Leobinus: il souscrit aux conciles d'Orléans de 549 et de Paris en 551. Son culte s'étendit rapidement. Au début du XIIIesiècle, l'Église de Chartres l'honore à l'égal d'un fondateur et en fait le modèle des évêques en lui consacrant une verrière célèbre dans le bas-côté nord de la cathédrale -
Saint Calétric(Caletricus, Chaletricus), parfois francisé en Caltry ou même Calais: il souscrit aux conciles de Paris en 557 et de Tours en 566; on a retrouvé en 1703 son tombeau avec une inscription; Venance Fortunat a écrit un court panégyrique à l'occasion de sa mort.
Lancégésile ou Bertegisilus (Leodegisilus, Lancissilus, Langesilisus, Bertegisilus): il souscrit au concile de Reims en 625. Il paraît, comme son prédécesseur Béthaire, issu de l'entourage de ClotaireII et on le trouve mêlé à un miracle de Saint Chéron. Sa tombe existait autrefois dans l'église Saint-Martin-au-Val de Chartres.
Saint Malard: il souscrit au concile de Châlons en 644, encore cité en 653 dans une charte de Landry, évêque de Paris.
Gaubert, ou Gausbert (Gaubertus, Gausbertus...): il est cité dans des souscriptions de chartes de vers 658 à 666. La Vieille Chronique lui donne un successeur Godebertus qui n'est probablement qu'un dédoublement de Gaubert.
Dromus, ou Dronus, Drono, et Pronus, ou Promus, Promo (?): deux évêques donnés par la Vieille Chronique et qui doivent n'en faire qu'un.
Berthegran.
Haynius.
Agirard ou Airard (Agirardus, Aidradus, Airardus, Aicardus, Haigradus...): il souscrit à un concile de Rouen vers 689. Connu par un diplôme original de 696/697 (†698 d'après la Vieille Chronique).
Agatheus.
Léobert (Leobertus, Leudisbertus): il est connu en 723 par une inscription (disparue) dans un reliquaire, datée de l'an 15e de son ordination.
Hado.
Flavius.
À noter que les dates de ces évêques sont très incertaines. Celles qui sont données par la Vieille Chronique concordent mal avec les maigres données que nous possédons par ailleurs. Elle place Godessald et Bernoin au VIIIesiècle, fait d'Hélie (789-815) le contemporain de Charlemagne puis «se rattrape» en donnant de longs règnes à Bouchard (815-841) et à Frotbold (841-855 - date à laquelle elle place la prise de Chartres par les Normands).
Les Carolingiens paraissent avoir été attentifs à la nomination des évêques de Chartres. Tous ceux que nous connaissons, jusqu'à Rainfroy, contemporain de LouisIV d'Outremer, inclus, sont de leurs fidèles.
IXesiècle
Godessald, Gondesault (?), pour Godosaldus, Godalsadus.
Bernoin (Bernoinus, Hernoinus, mais aussi Hieronymus): il souscrit à un concile de Paris en 829 et à un concile de Sens en 836.
Hélie, plus rarement Élie (Helias), connu de 840 à 849 par un conflit violent avec les moines de abbaye Saint-Père de Chartres qui préfèrent s'exiler à Auxerre plutôt que de reconnaître la juridiction épiscopale; correspondant de Loup de Ferrières.
Bouchard (Burchardus): connu en 853-854, missus dans l'Orléanais et le Blésois[5], il parvient à organiser en 854, avec Agius l'évêque d'Orléans, la résistance contre les Normands[6]. Le nom de Bouchard - qui est aussi celui d'un saint local hypothétique - apparaît à cette époque dans l'entourage des Robertiens et figurera dans l'anthroponymie héréditaire des premiers comtes de Vendôme. Il a sans doute été imposé par Charles le Chauve.
Frotbold: connu en 855-857. Massacré dans sa cathédrale par une troupe de Danois selon le moine Paul, noyé dans l'Eure en tentant de leur échapper selon les Annales de Saint-Bertin et selon Pierre Rigord[réf.nécessaire]. Correspondant de Loup de Ferrières.
Gislebert ou Gilbert (Gislebertus, Willebertus, Galeverius, Galtherus): connu de 859 à 878.
Aymon (Haimo), apparaît en 885 dans le récit des translations de saint Wandrille et saint Ansbert de Rouen fuyant devant les Normands; en compagnie de l'abbé Aimeric, il les reçoit en l'abbaye de Saint-Chéron (n° 47)[7].
Gancelme ou Goussaume ou Jousseaume[9](Waltelmus, Wantelmus, Waltelmus, Gancelinus, Gantelmus, Ancelmus, Gancelmus…): célèbre pour avoir organisé la défense de la ville contre les Normands en 911 (miracle de la Sainte Chemise).
Haganon ou Aganon (Haganus, Aganus): connu en 931 et en 940, mort en 941 (n° 47).
Rainfroy, parfois Ragenfroy[10](Ragenfredus): connu vers 949-950 par des donations et privilèges accordés à l'abbaye de Saint-Père [11] dont il poursuit la restauration. Comme Haganon, Rainfroy est un fidèle des Carolingiens: au plus fort de la lutte entre Hugues le Grand et Louis IV d'Outremer, il date toujours ses chartes du règne de ce dernier. Son inhumation en 955 dans l'église Saint-Pierre de Chartres est mentionnée sur une plaque commémorative[12].
Hardouin (ou Hauldouïn, 50eéveque[13]), connu dans les années 950; il aurait été le frère de Rainfroy, d'après le moine Paul[14],[Note 4].
Vulfaldus, Vulfard ou Ulphardus, ancien moine de Fleury, cité dans la chronique de Flodoard pour l'année 962: mort en 967 d'après le nécrologe de Notre-Dame, son inscription funéraire était autrefois connue à l'abbaye de Saint-Père.
Eudes (Odo): connu par diverses souscriptions à partir de 968. Mort en 1003 ou 1004 d'après le nécrologe de Notre-Dame. Il a donné à l'église de Chartres la terre de Gamaricourt, près de Beauvais, ce qui indique peut-être son pays d'origine.
1004-1006: RaoulIer ou Rodolphe (Radulfus, Radulphus, Rodulfus).
D'après une charte douteuse, il aurait obtenu simultanément du roi et du comte l'immunité du cloître de Saint-Père. Un passage du Cartulaire de Saint-Père (I, p.104) laisse clairement entendre que Raoul a été nommé par RobertII le Pieux. Désormais, les Capétiens imposent les évêques de leur choix qui, à l'exception de la personnalité hors du commun de Fulbert, fut rarement heureux. Dès la seconde moitié du siècle, la papauté s'immisce de plus en plus dans l'élection.
Ami personnel de Robert le Pieux dont il fut le compagnon d'étude, grand juriste; chancelier de l'église de Chartres avant d'être évêque, il fit de l'École de la cathédrale de Chartres une des premières de la chrétienté. Il entreprit la construction de la cathédrale romane. Nous le connaissons par son recueil de Lettres et par ses poèmes.
1028-1048: Thierry (Theodoricus).
Précédemment chevecier, imposé par la reine Constance d'Arles contre le chapitre qui avait élu son doyen Albert (nous connaissons la protestation des chanoines). Il est connu comme amateur de livres.
1432-1434: RobertIV Dauphin, ainsi surnommé parce qu'il est le fils de BéraudII, dauphin d'Auvergne, prend possession de l'évêché lorsque la ville est conquise par CharlesVII; mais il ne parvient pas à s'imposer contre les chanoines «anglais», toujours majoritaires, qui ont élu Philippe de Prunelé, abbé de Saint-Lomer de Blois. Robert est alors transféré à l'archevêché d'Albi en 1434 ou il sera également confronté à un autre prétendant BernardV de Cazilhac.
1442-1443: PierreIV de Comborn, donné par la Gallia Christiana, d'après les registres du Vatican. Il ne prit sûrement pas possession de l'évêché, mais prit celui d'Évreux en 1443.
1444-1459: PierreV Bèchebien, doyen de la faculté de médecine de Paris.
1459-1492: Miles d'Illiers, en compétition avec Christophe d'Harcourt; il apparaît pour la première fois dans un concile à Sens en 1460; résigne l'épiscopat en 1492 (n° 94)[24].
1507-1525: Érard de La Marck, précédemment évêque élu de Liège, oncle du duc de Bouillon, maréchal de France. Ce grand seigneur, proche de LouisXII, fut nommé cardinal par LéonX à la prière de Charles Quint. En conflit constant avec ses chanoines, il s'aliéna la faveur de FrançoisIer qui mit l'évêché de Chartres en régale et Érard dut finalement le céder en 1525 à Louis Guillard.
1525-1553: LouisII Guillart, évêque de Tournai de 1513 à 1525, transféré à Châlon en 1553 et à Senlis en 1560.
1553-1573: Charles Guillart, neveu du précédent, fortement soupçonné de sympathies calvinistes.
1573-1598: Nicolas de Thou, célèbre en 1594 le sacre de HenriIV dans la cathédrale de Chartres.
1620-1642: Léonor d'Estampes de Valençay, cousin du précédent, transféré à l'archevêché de Reims en 1641; résigna l'évêché de Chartres l'année suivante (1585-1651).
En 1793, la cathédrale de Chartres est convertie en temple de la Raison. Le siège épiscopal n'est pas restauré après la Terreur et le concordat de 1801 le supprime pour le réunir à celui de Versailles[26]. Rétabli, dans le principe, par le concordat du 11 juin 1817, il n'en faut pas moins attendre 1821 pour qu'un nouvel évêque soit nommé.
Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa... Tome VIII - Paris, 1744. - In-fol.;
Rouillard, Sébastien.- Parthénie ou Histoire de la très-auguste et très-dévote église de Chartres... - Paris, 1609.;
Souchet, Jean-Baptiste.- Histoire du diocèse et de la ville de Chartres... - Chartres, 1867-1876. - 4 vol. in-8 - Travail d'un chanoine du XVIIIesiècle.
Merlet, René - Clerval, Alexandre.- Un Manuscrit chartrain du XIesiècle... - Chartres, 1893.- In-4 - Contient le plus ancien nécrologe de Notre-Dame connu;
Obituaires de la province de Sens..., édit. par A. Molinier - Tome II: Diocèse de Chartres.- Paris, 1906. - In-4- (Recueil des Historiens de la France) - Reprend et complète les nécrologes précédents;
Cartulaire de l'abbaye de Saint-Père de Chartres, publ. par B. Guérard.- Paris, 1840 - 2 vol. in-4 - (Collection de documents inédits...);
Duchesne, L.- Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule. Tome 2 - 2e éd. revue et corr. - Paris, 1910.
Clerval, Alexandre- Les Écoles de Chartres au Moyen-Âge... - Chartres, 1895.
Billot, Claudine.- Chartres à la fin du Moyen âge.- Paris, 1987;
Chédeville, André.- Chartres et ses campagnes (XIe – XIIIesiècle). - Paris, 1973;
Histoire de Chartres et du Pays chartrain, sous la dir. de André Chédeville.- Toulouse, 1983;
Histoire religieuse de l'Orléanais, sous la dir. de J. de Viguerie.- Chambray-lès-Tours, 1983;
Lépinois, E. de.- Histoire de Chartres. - Chartres, 1854-1858. - 2 vol.;
Merlet, Lucien et René.- Dignitaires de l'Église Notre-Dame de Chartres - Chartres, 1900 - (Archives du diocèse de Chartres).
Un Valentin est cité par Sulpice Sévère(Dialogues, III) comme contemporain de saint Martin de Tours, ce qui permet de lui assigner une date vers 395; s'il est effectivement le troisième évêque de Chartres comme l'affirment les listes, cela placerait ses deux prédécesseurs dans la seconde moitié du siècle, chronologie cohérente avec ce que nous savons des Églises voisines (Orléans, Paris, Sens…).
Ces quatre évêques que la Vieille Chronique fait siéger entre 551 et 598 (dates évidemment indéfendables) sont inconnus en dehors des listes et peut-être n'ont-ils été regroupés ici que pour combler des lacunes. Certains auteurs chartrains (notamment A. Clerval, Les Écoles de Chartres..., p.9) les ignorent et font de Lancégésile le successeur immédiat de Béthaire.
Hardouin occupe une place particulière dans l'historiographie chartraine. La tradition médiévale, enregistrée par la Vieille Chronique, voulait que, depuis Malard au moins, les évêques de Chartres aient aussi exercé l'autorité comtale. Hardouin, «ne voulant se donner qu'aux choses divines», aurait été le premier à instituer un comte laïc. Il aurait choisi un certain Eudes, membre de sa famille, et l'aurait doté des temporels de Saint-Père et de Saint-Martin-au-Val. La tradition est fausse: des comtes sont connus avant le temps de Hardouin. Lépinois a émis l'hypothèse (reprise par Chedeville) que, confronté à la volonté du comte de contrôler l'évêché, Hardouin n'a pu accéder à l'épiscopat qu'en livrant Saint-Martin-au-Val à Thibaut le Tricheur. La tradition a gommé de la mémoire de l'évêque ce trait de pure simonie tout en affirmant une manière de supériorité de l'autorité épiscopale sur l'autorité comtale. Malgré la similitude des noms, rien ne permet d'établir une relation entre l'évêque Hardouin et la lignée vicomtale des Hardouin/Gilduin.
Manuscrit latin 13758 de la BNF.- Cf. Merlet, René. Catalogues des évêques de Chartres, in: Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir, tome IX, 1889.
Morin, G. Castor et Polychronius, un épisode peu connu de l'histoire ecclésiastique des Gaules, in: Revue bénédictine, 1939. - cf. Histoire de Chartres..., sous la dir. de A. Chédeville, p.48-49; article connexe: Saint Élophe.
André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll.«Inédits et introuvables du patrimoine Normand», , 319p. (ISBN978-2-91454-196-1), p.53.
RobertIII le Breton, évêque de Chartres (actif en 1155-1164) dans la base Bibale-IRHT/CNRS (permalink: https://bibale.irht.cnrs.fr/90001). Consultation du 22/11/2022.
Pau Godet des Marais, Approbation de Monseigneur l'Evesque de Chartres pour le Livre de chant de la maison de St.Loöïs a St. Cyr, datée du 1er novembre 1702 [lire en ligne].