L'église Saint-Pierre est une église de Chartres (Eure-et-Loir), classée monument historique depuis 1840[1]. Avant la Révolution, c'était l'église de l'abbaye Saint-Père-en-Vallée (Père signifiant ici Pierre) dont les vestiges remontent au VIIesiècle. L'église est devenue paroissiale en 1803.
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On doit probablement à la reine Bathilde, au VIIesiècle, non la fondation de l'abbaye Saint-Père, plus ancienne, mais un accroissement de ses revenus. L'abbaye est réservée aux moines bénédictins de sa fondation à la révolution française. Détruite par les Normands en 858 et à nouveau en 911, l'abbaye fut entièrement reconstruite vers 930 par l'évêque de ChartresAganon, qui y fut inhumé.
Les incendies de 1077 et 1134 la détruisirent presque totalement, à l'exception de la tour ouest, bâtie comme un donjon. Les dégâts furent si importants que l'abbé Foucher décida de reconstruire entièrement l'église en conservant la tour épargnée par les incendies.
Fort opportunément la découverte, en 1165, du tombeau de saint Gilduin, mort en 1077 au cours d'un pèlerinage à l'abbaye de Saint-Père et inhumé dans le chœur l'église abbatiale, fit affluer pèlerins et dons, qui permirent de poursuivre les travaux du chœur, dont les vitraux furent posés vers 1190. Le reste de la reconstruction se déroula au cours du XIIIesiècle dans des conditions financières moins favorables. Ainsi renonça-t-on à démolir la tour primitive. L'édifice fut achevé autour des années 1320.
Les bâtiments de l'abbaye évoluèrent en fonction des modes et des vicissitudes de l'Histoire. La galerie nord du cloître fut reconstruite au XIIIesiècle, le cloître en entier en 1408, le dortoir (qui disparut dans l'incendie de 1584) fut rebâti et terminé en 1609, tous les bâtiments furent rénovés entre 1700 et 1709.
La Révolution fit disparaître le cloître et utilisa l'église, vidée d'une grande partie de son mobilier, comme fabrique de salpêtre. Les bâtiments restants furent affectés à une caserne de cavalerie (caserne Rapp), avant d'être attribués au lycée Marceau, au muséum et à un hôpital militaire.
L'église paroissiale Saint-Pierre de Chartres
En 1803, au moment du rétablissement du culte en France, une paroisse est constituée. L'église prend alors le vocable de Saint-Pierre.
Lorsque le décor de la chapelle axiale, chapelle Notre-Dame ou de la Vierge, fut renouvelé dans la deuxième moitié du XIXesiècle, elle comprenait respectivement deux vitraux de part et d'autre de la fenêtre centrale et les douze précieuses plaques des apôtres[2], peints en émail, commandées en 1545 par François Ier pour la chapelle Saint-Saturnin du château de Fontainebleau et exécutées en 1547 à Limoges par Léonard Limosin, émailleur du roi, d'après des cartons en couleur de Michel Rochetel.
Ces plaques avaient été données par Henri II à Diane de Poitiers pour la chapelle du château d'Anet où elles restèrent jusqu'à la Révolution. Elles se trouvaient dans la chapelle axiale de Saint-Pierre depuis 1802[3].
L'église Saint-Pierre comporte quarante-six vitraux classés monuments historiques au titre d'objet[a]:
l'ensemble des vingt-huit fenêtres hautes, composé des sous-ensembles suivants[5]:
six vitraux de l'hémicycle du chœur[b], verrières datées vers 1295, 1300, 1305 (no200 à 205)[6];
vingt-deux baies restantes, dix dans la partie rectiligne du chœur et douze dans la nef; les verrières sont datées du XIIIesiècle et 1er quart du XIVesiècle, restaurées aux XIXeetXXesiècles (no207 à 228)[7],[8];
les baies 219, 223 et 227 présentent une singularité intéressante: les deux lancettes sont censées représenter chacune deux apôtres différents, chacun doté de ses attributs et de la couleur de ses habits. Il est cependant patent que les traits des apôtres sont les mêmes en haut et en bas et que le même patron (modèle) est utilisé pour les visages de douze apôtres différents[9],[10].
l'ensemble des dix-sept baies du triforium, verrières datées 1260, 1270 et 1300, restaurées au XXesiècle (no100 à 116)[11],[12];
la verrière gauche de la chapelle de Saint-Jean (à droite de la chapelle de la Vierge), remploi au XXesiècle de deux écus armoriés du XVIesiècle (no008)[13].
Les vitraux des bas-côtés de la nef sont principalement datés du XIXesiècle. La baie 26 est notamment signée par Nicolas Lorin, maître verrier chartrain, fondateur des ateliers Lorin toujours en activité.
Le Baptême du Christ, anonyme du XVIIesiècle, chapelle saint-Jean (première chapelle à droite de la chapelle axiale), Classé MH(1908)[17];
Les Noces de Cana, huile sur toile de Coypel, 450 × 577 cm, XVIIesiècle restaurée en 2010, provenant du réfectoire de l'ancienne abbaye Saint-Père-en-Vallée, située contre le mur du clocher, Classé MH(1908)[18].
Déploration, monument historique disparu?
Adoration des bergers, 1re moitié du XVIIesiècle.
Moïse recevant les Dix Commandements.
Sculpture et statuaire
Cinq éléments du jubé de l'ancienne abbaye bénédictine de Saint-Père-en-Vallée représentant des scènes de la vie de saint Pierre et saint Paul sont en cours de restauration. Des copies sont présentées dans l'attente de leur retour. Ces éléments sont l’œuvre de François Marchand en 1543, Classé MH(1972)[19]. Quatre autres scènes sont au musée du Louvre dans les salles de sculptures de la Renaissance.
Une plaque commémorative du XVIIesiècle en pierre gravée mentionne que l'église est un lieu d'inhumation d'évêques en 955 (Ragenfroy, évêque de Chartres), 1028 (Fulbert, également évêque de Chartres) et 1244 (Clément de Vitré, évêque de Dol), Classé MH(1908)[20].
Chapelle Sainte-Anne, baies no8 (monument historique) et no10.
Mission de 1885. L'inscription au centre mentionne «Notre Dame du Perpétuel Secours priez pour nous», ainsi que la dédicace en bas «Souvenir de la mission mars MDCCCLXXXV» (1885).
Paul Durant: «Église de Saint-Père, à Chartres: explication de la nouvelle décoration exécutée dans la chapelle de la Sainte-Vierge», Chartres, Imprimerie de Garnier, 1863 (voir en ligne.
«Note sur la chapelle de la conception dans l’église de Saint-Père, à Chartres», in Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir, tome I, Chartres, 1858, p.167-174, [lire en ligne];
«Église de Saint-Père, à Chartres - Explication de la nouvelle décoration exécutée dans la chapelle de la Sainte-Vierge», in Mémoires de la Société archéologique d’Eure-et-Loir, tome III, Chartres, 1863, p.298-320, [lire en ligne].