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écrivain, critique et éditeur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean Paulhan est un écrivain, critique littéraire et éditeur français né à Nîmes[1] le et mort à Neuilly-sur-Seine le .
Naissance | |
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Décès | |
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Pseudonymes |
Jean Guérin, Maast, Just, Lomagne |
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Écrivain, critique et éditeur |
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- |
Rédacteur à |
Littérature (à partir de ), La Nouvelle Revue française (- |
Père | |
Conjoints |
Sala Prusak (d) (de aux années 1930) Germaine Dauptain (d) (jusqu'en ) Dominique Aury |
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Fernand Thérond (d) (cousin) |
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Il est successivement secrétaire puis rédacteur en chef et enfin gérant de La Nouvelle Revue française (NRF) de 1920 à 1968[2].
Fils du philosophe Frédéric Paulhan, Jean Paulhan étudie la psychologie française dans le sillage de Pierre Janet et de Georges Dumas. Il écrit dans des revues de philosophie, comme La Revue philosophique de la France et de l'étranger, ou de sciences sociales, comme Le Spectateur. Il fréquente assidûment les milieux anarchistes et s'intéresse déjà aux lieux communs et aux proverbes, thèmes auxquels il pense consacrer sa thèse. À la fin de 1907, il part pour Madagascar alors colonie française, où il enseigne principalement le français et le latin — occasionnellement aussi la gymnastique — au lycée de Tananarive. C'est là qu'il recueille des textes populaires malgaches, les hain-teny, qui prolongent sa réflexion sur la logique de l'échange.
De retour en France à la fin de 1910, il donne des cours de langue malgache à l'École des langues orientales. Il fait paraître en 1913, chez l'éditeur Paul Geuthner, le recueil de poésies populaires malgaches qui le fait connaître auprès des écrivains, notamment de Guillaume Apollinaire.
À la déclaration de la guerre, il est affecté au 9e régiment de zouaves, où il obtient le grade de sergent. Il est blessé pendant la nuit de Noël 1914. Cette expérience, au cours de laquelle il découvre en lui un patriotisme qu'il ne se connaissait pas, l'incite à prendre les notes qui deviendront son premier récit publié, Le Guerrier appliqué, modèle de tenue stylistique et mentale devant la catastrophe, et sur lequel Alain et Paul Valéry se montrent très élogieux.
Après la guerre, il se lie avec Paul Éluard et André Breton, mais devient en 1919 le secrétaire de Jacques Rivière, à la NRF. Il contribue à organiser le Congrès de Paris sur les directions de l'esprit moderne, participe à la revue présurréaliste Littérature et fait à la NRF le plein apprentissage de la direction de revues[3]. Le pluriel s'impose, car Paulhan aura veillé à conserver plusieurs revues à sa main : Commerce, Mesures et les Cahiers de la Pléiade. Gestion des abonnés, alimentation des rubriques, contact avec les écrivains, ses activités à la NRF forment le creuset d'une activité littéraire et éditoriale exceptionnelle. La Haute Commission interalliée des territoires rhénans (HCITR) le consulte pour le lancement d'un magazine littéraire bilingue destiné aux élites allemandes, la Revue rhénane : il recommande un jeune collaborateur de la NRF, Alexandre Vialatte, comme correspondant à Mayence[4]. Après la mort de Jacques Rivière, emporté par une fièvre typhoïde en , Paulhan incarne naturellement, aux yeux de Gaston Gallimard, le point d'équilibre entre expérience et modernisme.
De 1925 à , Jean Paulhan dirige donc la principale revue littéraire d'Europe[5], signant un certain nombre d'articles sous le pseudonyme de Jean Guérin[6]. Les années qui suivent sont écrasantes, mais d'une grande richesse intellectuelle et humaine. Paulhan y pratique l'amitié[7], et observe l'attitude, faite de haine et d'amour, des écrivains devant le langage. Il appelle « Rhétoriqueurs » ceux qui ont confiance dans la capacité du langage à exprimer ce qu'ils ont à dire, et à l'inverse « Terroristes » ceux qui voient d'abord dans le langage un obstacle à l'expression. En 1932, il s'installe à Châtenay-Malabry au 29, rue Jean-Jaurès, et devient conseiller municipal de 1935 à 1941 avec son ami le docteur Henri Le Savoureux, sur la liste SFIO de Jean Longuet, le petit-fils de Karl Marx.
En , il emménage au 5, rue des Arènes à Paris où il restera jusqu'à son décès. Une plaque commémorative est apposée sur la façade. En juillet de la même année, il tente de persuader ses amis de l'échec inévitable de toute collaboration. Au cours du mois d'août 1940, il accorde brièvement du crédit au positionnement du maréchal Pétain[8].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entre dans une clandestinité partielle et travaille à la revue Résistance, puis fonde, avec Jacques Decour, les Lettres françaises. Il soutient les Éditions de Minuit fondées par Vercors et Pierre de Lescure, qui publient clandestinement Le Silence de la mer de Vercors. Ses activités sont connues des Allemands et lui valent une première arrestation. Après une semaine d'interrogatoire à la prison de la Santé, il est libéré grâce à l'intervention auprès d'Otto Abetz de l'écrivain collaborateur Pierre Drieu la Rochelle, son directeur au sein de la maison Gallimard.
En , Élise Jouhandeau dénonce à la Gestapo Jean Paulhan comme « Juif », et Bernard Groethuysen, comme « communiste ». Marcel Jouhandeau prévient ainsi Paulhan de l'acte de sa femme : « Ce que j'aime le plus au monde a dénoncé ce que j'aime le plus au monde[réf. nécessaire] ». Jean Paulhan sera précisément prévenu de l'heure du « retour des mêmes personnages » (ceux de la Milice, plus probablement que ceux de la Gestapo) par un coup de fil de Gerhard Heller. Le jour où Louis Martin-Chauffier se fait arrêter à Lyon, Paulhan s'enfuit par les toits de la rue des Arènes et part alors se cacher chez Georges Batault (de l'Action française), qui collabora, en 1910, au Spectateur de René Martin-Guelliot, et qui est le beau-frère du Dr Henri Le Savoureux, 17, rue Marbeau. Il écrit là plusieurs des Causes célèbres. Il vit dans la clandestinité de mai à . À Pourrat, le « Jeudi », (c.p. ), Paulhan écrit qu’à la suite d’un incident, il lui a fallu quitter la rue des Arènes pour la banlieue. À Pareau : « Vous connaissez la définition de la démocratie : “quand on vous réveille à 7 h., c’est pour vous apporter du lait”. Précisément ce qui s’est passé. Ce n’était pas du lait. »[9].
Après la Libération, il accepte de participer à la revue dirigée par Jean-Paul Sartre, Les Temps modernes, mais sous le pseudonyme de Maast. L'évolution du Comité national des écrivains, initialement organe de résistance des écrivains et des intellectuels français, qui s'assigne pour tâche, sous la férule de Louis Aragon, une épuration de la littérature française, oblige Jean Paulhan à remettre en cause le principe d'une épuration et à prendre la défense d'écrivains « collaborateurs », non pour les justifier, mais pour leur permettre d'être à nouveau publiés[10]. Il dénonce alors les « vertueux » résistants littéraires de l'après-guerre devenus censeurs, notamment dans sa Lettre aux directeurs de la Résistance, et ose publier à nouveau Louis-Ferdinand Céline. Dans le même esprit, il écrit des articles pour la Revue de la Table ronde, éditée par la maison d'édition du même nom, où se retrouve la droite littéraire de l'après-guerre.
En , Jean Paulhan fait l'expérience de la mescaline avec la poétesse Edith Boissonnas et l'écrivain Henri Michaux. Cette prise de drogue hallucinogène fera l'objet, chez chacun d'eux, de publications : Rapport sur une expérience, de Jean Paulhan (publié dans ses œuvres complètes), Mescaline, d'Edith Boissonnas (La NRF, ), Misérable miracle, de Henri Michaux (Éditions du Rocher, 1956)[11].
Il reprend la direction de la NRF après que celle-ci a été autorisée à reparaître, d'abord en janvier 1953, sous le titre Nouvelle Nouvelle Revue française, puis sous son titre initial, à partir de janvier 1959. Mais sa collaboration avec Marcel Arland devient de plus en plus tendue. Sans abandonner le terrain de la littérature contemporaine, il travaille à ses œuvres complètes, qui seront publiées, dans leur première édition, chez l'éditeur Claude Tchou, de 1966 à 1970. Il est élu membre de l'Académie française le par dix-sept voix contre dix pour le duc de Castries (son épée d'académicien est conçue par le peintre Robert Wogensky)[12].
Son influence dans la « République des lettres » de l'immédiat après-guerre lui attire une spirituelle mise en boîte de la part de Boris Vian : dans l'Automne à Pékin (où il n'est question ni d'automne, ni de Pékin), le très pontifiant et très ridicule président du Conseil d'administration de la société qui bâtit un chemin de fer en Exopotamie est le baron Ursus de Jeanpolent, une allusion transparente.
Son œuvre comporte des récits mais également des écrits sur l'art (le cubisme et ce que dans un ouvrage de 1962 il nommait lui-même L'Art informel). Avec Jean Dubuffet, il contribuera à la définition du concept d'art brut. Il entretiendra également une intense correspondance avec certains artistes, comme Gaston Chaissac ou encore Yolande Fièvre, dont il célèbrera notamment les "orinoscopes"[13].
En 1974, quelques années après sa mort, une exposition rendant hommage à la réflexion artistique menée par Paulhan sera d'ailleurs organisée au Grand Palais, à Paris. Intitulée, Jean Paulhan à travers ses peintres[14], elle montrera au public certains de ses manuscrits ainsi qu'un extrait de sa monumentale correspondance et mettra à l'honneur les peintures de Braque, Picasso, Chirico, Chaissac, Dubuffet, Fièvre, etc[15].
Toutefois, c'est surtout pour ses essais sur le langage et sur la littérature qu'il a acquis sa célébrité : Les Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les lettres, À demain la poésie, Petite préface à toute critique. Si une grande partie de son immense correspondance reste inédite, un intéressant choix de lettres, ainsi que son dialogue avec Paul Éluard, André Lhote, François Mauriac, Jean Grenier, Georges Perros, Francis Ponge, André Suarès, Marcel Arland, André Gide, Michel Leiris, Jacques Chardonne, Armand Petitjean, André Pieyre de Mandiargues, est déjà accessible, comme ses lettres écrites de Madagascar (1907-1910)[16]. Ce sera aussi prochainement le cas, par exemple, de ses correspondances avec Gaston Gallimard, Franz Hellens, Marcel Jouhandeau ou Jacques Rivière. Les archives de Jean Paulhan sont déposées à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine. Les cinq premiers volumes de ses œuvres complètes ont paru en 2006, 2009, 2011 et 2018 chez Gallimard, dans une édition établie par Bernard Baillaud ; deux autres volumes suivront : les écrits sur l'art et les écrits politiques.
Jean Paulhan est inhumé au cimetière parisien de Bagneux (73e division). Sa seconde épouse, Germaine Paulhan, est décédée en 1976.
Jean Paulhan utilise le pseudonyme Maast pour, entre autres, ses publications dans la revue Les Temps modernes dirigée par Jean-Paul Sartre et la revue Les Cahiers du Sud dirigée par Jean Ballard.
Avec dates de première édition et d'édition révisée par l'auteur :
Écrits publiés à titre posthume :
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