Il a contribué à prouver l'existence de l'homme fossile et est un des pionniers de la préhistoire en tant que discipline scientifique. Son principal mérite est d'avoir confirmé en 1851 les découvertes près d'Abbeville de Jacques Boucher de Perthes sur l'Homme préhistorique, par ses fouilles d'un gisement paléolithique à l'Infernet, situé sur la commune de Clermont-le-Fort, en Haute-Garonne[2]. Homme de science discret, Émile Cartailhac a dit de lui: «Il aimait trop la science pour elle-même. Il avait peur de faire parler de lui. Il ne cherchait pas la lointaine renommée!»
Il a aussi fixé d'une manière définitive l'âge des Pyrénées[3]. Il fut également lexicographe et critique de la langue et de la littérature occitane.
1826: Il est lauréat de l'École de Médecine. Il reçoit pour prix les cinq volumes de la Flore française de Lamark et De Candolle.
1830: Il initie l'étude des mollusques terrestres et d'eau douce pyrénéens[4].
1831: Il est membre correspondant de l'Académie des sciences de Toulouse.
1832: Jean-Baptiste Noulet obtient son doctorat en médecine à la faculté de Montpellier.
1834: Publication de malacologie: Précis d'analyse de l'histoire naturelle des mollusques terrestres et fluviaux qui vivent dans le bassin sous-pyrénéen[5].
1837: Publication de botanique: La flore du bassin sous-pyrénéen[6]. Il en tira un abrégé, publié sous le titre de Flore analytique de Toulouse et de ses environs[7]. Parallèlement, il travaille avec son ami Édouard Lartet sur la malacologie du Miocène de Sansan et s'intéresse aussi aux mammifères de ce gisement. De cette collaboration naîtra son goût pour la Préhistoire.
1838: La ville de Toulouse créé pour lui une chaire d'agriculture au Jardin des plantes. Il coécrit avec Augustin Dassier un Traité des champignons comestibles et vénéneux qui croissent dans le bassin sous-pyrénéen[8] (lire en ligne). C'est vraisemblablement le premier atlas de champignons destiné au grand public. Il a été réédité récemment.
1840: Il est nommé associé résident de l'Académie des sciences de Toulouse dans la section médecine.
1841: Titulaire de la chaire d'Histoire naturelle médicale à l'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Toulouse.
1850: Il est élu président de l'Académie des sciences de Toulouse.
1851: Les découvertes qu'il réalise dans le gisement paléolithique du ravin de l'Infernet («petit enfer» en occitan), sur la commune de Clermont-le-Fort, prouvent l'existence de l'homme fossile[2].
1865: Édouard Filhol ouvre le Muséum de Toulouse au public. Les collections de Jean-Baptiste Noulet servent à inaugurer pour la première fois au monde une galerie d'archéologie préhistorique.
1871: Il publie une note sur le polypore cinnabarin[11].
1879: Il s'intéresse également à d'autres zones géographiques et publie L'âge de la pierre polie et du bronze au Cambodge, d'après les découvertes de M. Moura[14].
Vers la fin de sa vie, il se consacre à l'étude de la langue occitane et à la publication d'un dictionnaire occitan. Il publie plusieurs essais sur l'histoire littéraire des patois du Midi de la France [autrement dit, en langue d'oc] des XVIe, XVIIeetXVIIIesiècles[15].
Beaucoup de ses œuvres, qu'elles concernent la préhistoire, la botanique, la malacologie, la paléontologie ou la langue occitane, sont présentes dans les bibliothèques des plus prestigieuses universités du monde comme Harvard ou Cornell.
Brèche à ossement: Homo sapiens Age du Bronze (Fouilles de 1882) MHNT
Jean-Baptiste Noulet a été le découvreur de plusieurs espèces fossiles. Très souvent il ne fait que décrire précisément des fossiles découverts par d'autres comme Léonce Roux ou le pharmacien. Un certain nombre d'ouvriers coopèrent aussi avec lui. Son terrain de chasse favori est le bassin de l'Éocène supérieur de l'Agout, dans le département du Tarn.
Lophiodon lautricense (Noulet, 1851)[17]. Il s'agit d'un pachyderme tapiroïde de très grande taille. Cette espèce a duré longtemps de l'éocène moyen au supérieur.
Palæotherium castrense (Noulet, 1863)[18]. Il s'agit d'un pachyderme palæothérioïde. Il se distingue des autres types principalement par la forme de son maxillaire inférieur. Cette espèce a vécu à l'éocène supérieur.
Aphelotherium Rouxi (Noulet, 1863)[18]. Il s'agit d'un pachyderme anoplotherioïde de la taille d'un écureuil.
Sa renommée dans l'histoire des sciences repose essentiellement sur ses découvertes dans le gisement paléolithique du ravin de l'Infernet sur la commune de Clermont-le-Fort. Celles-ci prouvent de façon certaine l'existence de l'homme fossile. Elles confirment les idées de Boucher de Perthes[22], fort critiquées par le milieu conservateur de l'époque. Noulet est pénalisé par le fait que l'Académie des sciences de Toulouse ne publie ses travaux qu'en 1860[2], alors qu'il les a présentés en 1853. Cette lenteur fait qu'il n'a jamais atteint la notoriété qu'il aurait dû avoir. Il prouve notamment que l'homme était contemporain d'animaux aujourd'hui disparus car dans le ravin de l'Infernet il trouve deux défenses de mammouth, des restes de rhinocéros laineux, d'espèces fossiles de bovidés, de cheval et de chat des cavernes. L'homme y côtoyait aussi des animaux vivant aujourd'hui dans d'autres contrées, comme le renne ou le rhinocéros, preuve que le climat n'était pas le même. Nous savons aujourd'hui que les outils trouvés appartiennent à la culture du Châtelperronien qui est une entité culturelle comprenant le sud-ouest de la France et le nord de l'Espagne[23].
Cependant ni Noulet ni Boucher de Perthes ne sont les inventeurs de l'homme fossile. Car une vingtaine d'années auparavant Paul Tournal, un pharmacien narbonnais, en fait le premier la preuve de son existence. Il en émet une prudente hypothèse dès 1828[24] à la suite des fouilles qu'il mène dans les cavernes de Bize dans le département de l'Aude. Puis il est conforté dans ses arguments peu de temps après et de façon indépendante, par les découvertes dans le département du Gard du médecin Jules de Christol[25]. Leurs propositions sont rapidement appuyées par Pierre Toussaint Marcel de Serres de Mesplès un savant reconnu à l'époque[26].
Les arguments de Tournal étant encore contestés et les preuves de Boucher de Perthes pas assez convaincantes, on doit à Noulet l'apport d'une preuve irréfutable, même si le point de départ de son raisonnement est le même que celui de Tournal et de De Christol. En effet les os qu'il trouve sont rarement entiers et visiblement sectionnés avec des outils tranchants, donc ne pouvant être façonnés que par la main de l'homme. Il s'agit très probablement de ceux qui ont été retrouvés à proximité. Les roches dont ils sont constitués sont d'origine pyrénéenne et n'ont pu être amenées en ce lieu que par les hommes qui les ont taillés et utilisés, contrairement à Paul Tournal, à qui on opposait l'argument que ces outils avaient pu être amenés postérieurement par des écoulements torrentiels provoqués par de forts orages et mélangés avec les ossements des animaux fossiles. Cependant cette critique ne pouvait être sérieusement faite à Jules de Christol, preuve du dérangement que ces découvertes provoquaient dans les milieux conservateurs de l'époque. Bien plus ouverts d'esprit les Britanniques accordent une grande importance aux découvertes de Paul Tournal, au point que la correspondante du Magazine of Natural History à Paris, Sarah Bowdich Lee, fait un rapport sur le sujet[27].
Si l'on creuse bien, on se rend compte que ces outils étaient déjà connus depuis longtemps et on les appelait «pierre de foudre». C'est Nicolas Mahudel qui en fait une première étude sérieuse dès 1740[28]. Cependant son mémoire est alors amputé et il faut attendre 1906 pour qu'on en ait une publication du texte intégral par Ernest-Théodore Hamy[29]. Nicolas Mahudel y fait une première proposition hardie pour l'époque, à savoir qu'elles ne sont pas tombées du ciel mais qu'elles ont été façonnées de la main de l'homme. Il y voit même une préfiguration des instruments de fer et d'airain qui viendront plus tard. Il est bien moins précis pour ce qui est de donner un âge à ces outils mais il les qualifie d'antédiluviens. Il démolit ainsi des croyances très anciennes et identifie même la nature des pierres: le silex. Il fait aussi le rapprochement avec les outils utilisés par les peuplades primitives contemporaines de son époque qui lui sont connues et qu'il qualifie de sauvages. Il cite également la proposition de Michel Mercatus, médecin de Clément VIII qui, le premier, a reconnu de possibles armes dans ces pierres de foudre. C'est aussi ce que pensait l'Allemand Trichmeier alors que le Danois Oliger Jacobaeus y avait vu des sortes de haches.
L'autre point qui distingue Noulet de ses prédécesseurs, est que son mode de rédaction est très scientifique. Dans leur forme, ses écrits ne diffèrent guère des articles publiés aujourd'hui. Ils contrastent singulièrement sur ce point avec les écrits antérieurs que nous avons cités ici et qui relèvent plus de la dissertation que de la publication scientifique telle qu'on peut la concevoir maintenant. La première partie de son article qui porte sur la géologie du site de l'Infernet[2] est d'une rigueur et d'une précision qui sont d'une autre dimension que celle de ses prédécesseurs.
D'autre part, Jean-Baptiste Noulet outre son rôle de pionnier en Préhistoire, a été bien plus loin dans la connaissance de nos lointains aïeux. Il est vraisemblablement le premier à mettre en évidence l'existence de véritables ateliers de fabrication d'outils au Paléolithique[30]. Cette découverte sera confortée par bien d'autres qui mettront au jour de véritables complexes surprenants par leur modernité. Finalement nous savons aujourd'hui que ce type de structure était courant dans ces temps reculés. On a en effet retrouvé des traces laissées par l'industrialisation de la production d'outils. Ces lieux servaient aussi à la formation aux techniques de taille. Un des sites les plus connus en France est celui de Pincevent, en Seine-et-Marne[31]. Cette situation nous permet de penser qu'il existait déjà une véritable économie développée par nos lointains ancêtres.
Vers la fin de sa vie, il s'intéresse à la langue parlée de son pays[15], en l’occurrence le parler toulousain (la langue mondine ou, en occitan, lenga mondina). Décidé à le maintenir coûte que coûte, il va le défendre comme un drapeau. Contre le point de vue des lettrés de la langue occitane, il est le premier démolisseur de la légende de Clémence Isaure[1].
Une plante de la famille des Rosacées, endémique de Chine: Rubus nouleti (Sudre).
Il est également dédicataire d'un lichen: Antilyssa nouleti.
Paléontologie
Une espèce de mammifère (perissodactyla): Leptolophus nouleti (Stelhin, 1904). Les échantillons types (Un maxillaire gauche avec M3-P2) faisant partie initialement de la collection de Noulet sont aujourd'hui au Muséum de Toulouse.
Une espèce de mammifère (perissodactyla): Plagiolophus nouleti (Stehlin, 1904)[32]. Un maxillaire gauche, type de l'espèce, au Muséum de Toulouse.
Une espèce de rhinocéros: Cadurcotherium nouleti (Roman).
Du 18 au , pour le centenaire de sa mort, l'association Culture, loisirs et sports de Venerque lui a rendu hommage en lui consacrant une exposition. Pour l'occasion le Muséum d'histoire naturelle de Toulouse prêta des pièces trouvées à l'Infernet et la bibliothèque de l'université Paul-Sabatier mit à disposition quelques ouvrages dont un précieux herbier de la flore locale.
Une stèle a été érigée sur le site archéologique de l'Infernet (commune de Clermont-le-Fort, Haute-Garonne, France) lors de la célébration du centenaire des fouilles.
La ville de Venerque a donné son nom à son école primaire ainsi que la rue dans laquelle elle se trouve.
Une pièce de théâtre, Jean-Baptiste, lui est dédiée[34].
Précis analytique de l'histoire naturelle des mollusques terrestres et fluviatiles qui vivent dans le bassin sous-pyrénéen, J.-B. Paya libraire-éditeur, Toulouse, 1834 (lire en ligne)
avec Augustin Dassier, Traité des champignons comestibles, suspects et vénéneux, J.-B. Paya, libraire-éditeur, Toulouse, 1838 (lire en ligne)
Flore analytique de Toulouse et de ses environs, Delboy libraire-éditeur, Toulouse, 1861 (lire en ligne)
L'âge de la pierre polie au Cambodge: d'après les découvertes de M. Moura, Librairie Louis et Jean-Matthieu Douladoure, Toulouse, 1877 (lire en ligne)
Étude de l'Ombrive ou grande caverne d'Ussat (Ariège) et de ses accessoires, Édouard Privat, Toulouse, 1882 (lire en ligne)
Vie de Sainte Marguerite en vers romans, Librairie Louis et Jean-Matthieu Douladoure, Toulouse, 1875 (lire en ligne)
Las "Ordenansas et coustumas del Libre blanc" publiées avec une introduction, des notes et un glossaire, Publications de la Société pour l'étude des langues romanes, Montpellier, 1878 (lire en ligne)
Las Nonpareilhas receptas per far las femnas tindentas, risentas, plasentas... et mais per las far pla cantar et caminar honestamen et per compas, Publications de la Société pour l'étude des langues romanes, Montpellier, 1880 (lire en ligne)
Œuvres de Pierre Goudelin, Édouard Pivat libraire-éditeur, Toulouse, 1887 (lire en ligne)
avec Camille Chabaneau, Deux manuscrits provençaux du XIVesiècle: contenant des poésies de Raimon de Cornet, de Peire de Ladils et d'autres poètes de l'école toulousaine, Maisonneuve et Charles Leclerc, Paris, 1888 (lire en ligne)
Les joies du gai savoir. Recueil de poésies couronnées par le Consistoire de la gaie science (1324-1484) publié avec la traduction de J.-B. Noulet, revue et corrigée, une introduction, des notes et un glossaire par Alfred Jeanroy, Imprimerie et librairie Édouard Privat, Toulouse, 1914 (lire en ligne)
J.-B. Noulet, Sur un dépôt alluvien, renfermant des restes d'animaux éteints, mêlés à des cailloux façonnés de la main de l'homme, découvert à Clermont près de Toulouse (Haute-Garonne), Mémoires de l'académie impériale des sciences, Inscriptions et Belles lettres de Toulouse, 1860, 5esérie, T. IV, p.265 -284.
Jean-Baptiste Noulet, Précis analytique de l'histoire naturelle des mollusques terrestres et fluviatiles qui vivent dans le bassin sous-pyrénéen, 1834, J. B. Paya Éditeur.
Jean-Baptiste Noulet, Flore du bassin sous-pyrénéen ou description des plantes qui croissent naturellement dans cette circonscription géologique, 1837, Paya Éditeur. Il est en accès libre intégral sur Google livres, l'original de l'université Harvard étant dédicacé de la main de Noulet à l'un de ses collègues américains.
Jean-Baptiste Noulet et Augustin Dassier, Traité des champignons comestibles et vénéneux qui croissent dans le bassin sous-pyrénéen, 1838, Paya Éditeur.
Jean-Baptiste Noulet, Étude sur la caverne de l'Herm, particulièrement au point de vue de l'âge des restes humains qui en ont été retirés, Mém. Acad. Roy. Sc. Inscrip. Bel. Let. Toulouse, 1874, vol. VI, p.497-516.
Jean Baptiste Noulet, "Essai sur l'histoire littéraire des patois du Midi de la France aux XVIeetXVIIesiècles", Paris, J. Techener, , VIII-257p., in-8° (BNF31026839, lire en ligne).
Gaston Astre, Les crocodiliens fossiles des terrains tertiaires sous-Pyrénées, Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Toulouse, Volumes 61, 1931, p.25 (52).
J.-B. Noulet, Sur une nouvelle espèce de pachyderme fossile du genre lophodion (Lophiodion lautricense), Mém. Acad. Roy. Sc. Toulouse, 4esérie, T.1, 1851, p.245-250.
J.-B. Noulet, Étude sur les fossiles du terrain éocène supérieur du bassin de l'Agout (Tarn), Mém. Acad. Imp. Sc. Toulouse, 6esérie, T.1, 1863, p.181-206.
J.-B. Noulet, Du chéropotame de Lautrec, espèce nouvelle des grès à Palæotheriums du bassin de l'Agout (Tarn), Mém. Acad. Sc. Toulouse, 7esérie, T.2, 1870, p.331-335.
Jules de Christol, Notice sur les ossements humains fossiles des cavernes du département du Gard, 1829, Martel Imprimeur, présenté à l'Académie des Sciences le 29 juin 1829.
Marcel de Serres, Sur les ossements humains mêlés, dans les cavernes à ossements humains de Bize, département de l'Aude, à des débris de mammifères terrestres d'espèces perdues, 1829, Annal. Mines V., sér. 2, p. 507-514.
Mrs. Bowdich, Some account of the progress of natural history, during the year 1828, as reported to the academy of sciences at Paris by the baron Cuvier, The magazine of natural history, 1829, Vol. II, no10, p.409-428.
Jean-Baptiste Noulet, Étude sur les cailloux taillés par percussion du pays toulousain et description d'un atelier de préparation dans la vallée de la Hyse, 1880, Privat Éditeur.
Bilotte M. et Duranthon F., «Documents originaux inédits de Jean-Baptiste Noulet (1802-1890) relatifs au site archéologique de l'Infernet (commune de Clermont-le-Fort, Haute-Garonne, France)», Comptes rendus Palevol, 2006, vol. 5, no5, p.757-766.
À la mémoire de J.-B. Noulet qui prouva, dès 1851, l'existence de l'Homme fossile, Bulletin de la Société méridionale de spéléologie et de préhistoire, t. V, années 1954-1955
Bilotte M. et Duranthon F., «Documents originaux inédits de Jean-Baptiste Noulet (1802-1890) relatifs au site archéologique de l'Infernet (commune de Clermont-le-Fort, Haute-Garonne, France)», Comptes rendus Palevol, 2006, vol. 5, no5, p.757- 766