Une ambiguïté demeure dans le fait que la Bibliothèque nationale de France propose sous son nom deux séries de données, l'une à propos d'un nommé Jean-Baptiste Delafosse (17..-1775), l'autre à propos d'un second (1721-1806). On trouve la première proposition de dates dans le dictionnaire Bénézit, la seconde chez Neil Jeffares qui semble s'être mieux approché des archives familiales, paroissiales ou notariales puisqu'il évoque le mariage de Jean-Baptiste Delafosse avec Marie-Louise-Pacifique Dervin (?-1812)[2] et la naissance de leur fille Marie-Nicole en 1762. La seule vigilance homonymique à laquelle invitent Roger Portalis et Henri Beraldi, qui citent une lettre écrite par Jean-Claude Richard de Saint-Non en 1779 et restituant un Jean-Baptiste Delafosse toujours très actif[3], concerne Jean-Charles Delafosse (1734-1789), dessinateur et graveur d'ornements mobiliers et architecturaux.
Entre les noms de François-Philippe Charpentier et de Jean-Baptiste Le Prince, celui de Jean-Baptiste Delafosse demeure lié, autour de 1765, aux recherches sur le procédé encore nouveau et confidentiel de l'aquatinte, la méthode inédite qu'il expérimente consistant à déposer de la poudre de colophane sur une plaque de cuivre chauffée pour favoriser l'adhésion du colophane. Delafosse grave ensuite la plaque dans l'acide afin de créer une surface rugueuse qui capture l'encre et fournit les zones tonales à l'impression.
Jean-Baptiste Delafosse est en 1771 l'inventeur des crayons de mine de plomb gradués: ainsi que l'explique François Courboin, «il substitue au graphite naturel qu'on tirait alors d'Angleterre la mine de plomb broyée et présentant différents degrés de dureté; ses crayons, soumis à l'examen de l'Académie royale de peinture et de sculpture, obtinrent une approbation flatteuse[4], après un rapport particulièrement favorable d'Augustin Pajou, Jean-Jacques Bachelier, Jean-Baptiste Le Prince et Charles-Nicolas Cochin»[5].
Bruno Neveu voit dans le Voyage pittoresque ou description des royaumes de Naples et de Sicile de l'abbé de Saint-Nom, édité par Jean-Baptiste Delafosse à partir de 1781 et pour lequel l'abbé a acquis auprès de notre artiste une formation de graveur, «la plus ambitieuse, la plus réussie du reste, de ces tentatives pour décrire, à l'usage des gens du monde mais avec une rigoureuse fidélité, les paysages et les monuments de ce Sud inépuisable». L'ouvrage, dédié à la Reine Marie-Antoinette, «a réuni les talents d'écrivains et d'artistes comme l'abbé de Saint-Non, Vivant Denon, Jean-Honoré Fragonard, Louis-Jean Desprez, Augustin de Saint-Aubin, en un mot le XVIIIe siècle le plus vivace». Les cinq volumes, parus chez Jean-Baptiste Delafosse de 1781 à 1786, constituent «une réussite presque parfaite de typographie et de gravure, non seulement par les eaux-fortes des planches, mais par les bandeaux, fleurons, culs-de-lampe du texte, pour la plupart gravés par Saint-Nom lui-même»[6].
Pastels
Portrait de Marie-Nicole Delafosse, fille de l'artiste (collection Jean Bonna)[7].
Trois gravures d'après Carmontelle («portraits généralement de profil et d'une ressemblance très fidèle»[3]):
Jean-Baptiste Durey de Bourneville-Mesnières
Gaspar-François de Fontenay
Monsieur de Bourneville, officier aux gardes
Contributions bibliophiliques
François-Marie Blondel, Fêtes données par la ville de Paris à l'occasion du mariage de Monseigneur le Dauphin, les 23 et , frontispice gravé par Jean-Baptiste Delafosse d'après Charles Eisen, Paris, 1745[13].
Abbé Charles Batteux, Les beaux-arts réduits à un même principe, gravures de Jean-Baptiste Delafosse d'après Charles Eisen, chez Durand, libraire rue Saint-Jacques (imprimerie de Charles-Jean-Baptiste Delespine), 1746[14].
Jean le Rond D'Alembert, Réflexions sur la cause générale des vents - Pièce qui a remporté le prix proposé par l'Académie royale des sciences de Berlin pour l'année 1746, gravures de Jean-Baptiste Delafosse d'après Charles Eisen, chez David l'Aîné, 1747.
Cardinal Melchior de Polignac, L'Anti-Lucrèce, poème sur la religion naturelle, 10 bandeaux et 5 culs-de-lampe par Pierre-François Tardieu et Jean-Baptiste Delafosse, Desaint et Saillant, Paris, 1749[15].
Étienne Pavillon, Œuvres, gravures de Jean-Baptiste Delafosse d'après Charles Eisen, chez Charles-Hugues Le Fèvre de Saint-Marc, 1750.
Samuel Richardson, Lettres anglaises, ou histoire de Miss Clarisse Harlowe, gravures de Jean-Baptiste Delafosse d'après Charles Eisen, Nourse, libraire à Londres, 1751.
Abbé J.-F. de La Baume-Desdossat, La Christiade ou le Paradis reconquis, pour servir de suite au Paradis perdu de Milton, gravures de Jean-Baptiste Delafosse et Noël Le Mire d'après Charles Eisen, chez Vase, Bruxelles, 1753.
Abbé Charles Batteux, Cours de belles lettres ou principes de la littérature, gravures de Jean-Baptiste Delafosse d'après Charles Eisen, Eisen, Desaint et Saillant-Durand, 1753.
William Walsh, L'hôpital des fous, gravures de Jean-Baptiste Delafosse d'après Charles Eisen, imprimerie de Sébastien Jorry, Paris, 1765.
Étienne-Claude Marivetz, Physique du monde, dédiée au Roi, 6 volumes, François-Augustin Quillau imprimeur, 1780-1786.
Didier Robert de Vaugondy, Atlas d'étude - Introduction à la géographie: cartes des diverses positions de la sphère, des systèmes de l'univers, des planètes, des éclipses, cartes gravées par Jean-Baptiste Delafosse, chez C.-F. Delamarche, géographe à Paris, 1791[17].
Jean-Baptiste Delafosse, Mappemonde ou description du globe terrestre, assujettie aux observations astronomiques par le Sieur Delafosse, géographe, avec Privilège du Roi, 1779.
Jean-Baptiste Delafosse, Carte d'Italie divisée en ses différents états, dressée sur les mémoires les plus récents, 1780.
Édition
Jean-Claude Richard de Saint-Non, Voyage pittoresque ou description des royaumes de Naples et de Sicile, cinq volumes, chez Jean-Baptiste Delafosse, 1780-1786[6].
Jean-Claude Richard de Saint-Non.
Mozart, une passion française, opéra Garnier, juin-.
Musée Carnavalet, Paris, La malheureuse famille Calas[19], Jean-Baptiste Brizard, pensionnaire du Roi[20].
Muséum national d'histoire naturelle, Réflexions sur la cause générale des vents, D'Alembert, 1747;Physique du monde, dédié au Roi d'Étienne-Claude Marivetz, 1780-1786.
Observatoire de Paris, Réflexions sur la cause générale des vents, D'Alembert, 1747.
Bibliothèque de l'Université(de) de Berne, Carte des Provinces-Unies connues sous le nom de Hollande, dressée sur les nouvelles observations ordonnées par les états généraux (éditée par Louis-Joseph Mondhare, 1779), Carte de l'évêché de Liège et du comté de Namur (éditée par Louis-Joseph Mondhare, 1782).
États-Unis
Musée des beaux-arts de Boston, Jeune écolier, pastel; L'Anti-Lucrèce de Melchior de Polignac, 1749[15]; Contes et nouvelles en vers de Jean de La Fontaine, 1762[16].
Archives nationales, «Inventaire après décès de Jean-Baptiste Joseph Delafosse et de son épouse Marie-Louis-Pacifique Dervin, demeurant rue Bonaparte, n°10», Minutes et répertoires du notaire Louis-Alexandre Chiboust, 1812.
Michael Huber et Carl Christian Heinrich Rost, Manuel des curieux et des amateurs de l'art, contenant une notice abrégée des principaux graveurs et un catalogue raisonné de leurs meilleurs ouvrages, depuis le commencement de la gravure jusqu'à nos jours, chez Orell, Fussli et Compagnie, Zurich, 1804.