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La « découverte de l'Amérique » correspond usuellement au débarquement, en 1492, sur plusieurs îles américaines de la mer des Caraïbes, d’un équipage d'une centaine de personnes commandé par le navigateur Christophe Colomb, mandaté par la reine de Castille Isabelle Ire et par le roi d'Aragon Ferdinand II pour atteindre les Indes orientales à travers l'océan Atlantique, ignorant qu'un continent se trouve sur cette route entre l'Europe et l'Asie. La « découverte » est donc celle, documentée, du continent américain par les Européens de la Renaissance, qui l'appelleront « Nouveau Monde » au siècle suivant. En effet, vers l'an 1000, d'autres Européens, des Vikings menés par Leif Erikson ont touché le continent à partir du Groenland, établissant une colonie nommée Vinland, à l'embouchure du fleuve Saint-Laurent (Terre-Neuve), et bien que que la Saga du Vinland ait été compilée vers 1250 à Brême, il semble que leur expédition n'ait pas été connue à l'époque du projet de Christophe Colomb de rejoindre les Indes par la mer.
Durant la nuit du 11 au , la flotte dont Colomb est l'amiral aborde l'île de Guanahani (actuel San Salvador), aux Bahamas. Ce moment marque la rencontre de sociétés et d'écosystèmes qui avaient globalement évolué indépendamment l’une de l’autre pendant environ 12 000 ans, après la disparition du pont terrestre de la Béringie.
Très vite après ce premier voyage, les Espagnols commencent à explorer et à coloniser le continent, bientôt imités par d'autres Européens, au détriment de ses habitants autochtones nommés « Indiens » (Indios) par Colomb. Cette colonisation transforme radicalement et durablement, au niveau mondial, les rapports politiques comme les échanges commerciaux.
Le terme et concept de « découverte de l'Amérique » (tout comme celui d'« Indiens »), issu de l'état des connaissances et de la pensée politique de l'Europe du XVIe siècle, continue à être largement utilisé, mais il fait l'objet de controverses depuis le XXe siècle, en particulier en Amérique où il est considéré comme biaisé, à la fois pour son eurocentrisme et pour l'occultation oppressive des populations et cultures indigènes auquel il est associé.
L'expression « Christophe Colomb découvre l'Amérique en 1492 » tire son origine du contexte politique européen de la fin du XVe siècle et de la concurrence sur les mers entre Portugais et Castillans (Traité d’Alcáçovas, 1479) : alors que les navigateurs portugais ont atteint le cap de Bonne-Espérance en 1488, préparant ensuite une traversée de l'océan Indien vers les Indes, qui aura lieu en 1498 (Vasco de Gama), il revient à un navigateur espagnol[1] d'atteindre des terres encore inconnues, identifiées comme appartenant à un nouveau monde seulement vers 1500.
Le nom « Amérique », qui se généralise à partir du début du XVIe siècle, est inventé par le cartographe allemand Martin Waldseemüller en compagnie du cartographe alsacien Mathias Ringmann et apparaît dans le planisphère qu'ils éditent en 1507. Il est donné en l'honneur de l'explorateur italien Amerigo Vespucci qui est l’un des premiers Européens à comprendre qu’il s’agit d’un continent différent de l’Asie dans un livre publié en 1503. Ce continent resta longtemps désigné par la formule « Indes occidentales ».
Nous n’adopterons donc ici, de l’historien de la nouvelle France, qu’une réflexion à laquelle on ne peut rien opposer : c’est qu’il est fort glorieux à l’Italie que les trois puissances qui partagent aujourd’hui presque toute l’Amérique doivent leur première découverte à des italiens. Les Castillans à un Gênois (Colomb), les anglais à un vénitien (Cabot), et les français à un florentin (Verrazzano). On pourrait joindre à ses noms illustres celui d’un autre florentin qui rendit de grands services aux castillans et aux portugais s’il n’avait dû sa gloire à une supercherie (...)
Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost[2]
L'expression du XVe siècle ne signifie pas que Colomb ait été le premier Européen en Amérique. Bien qu'à la Renaissance, cette information n'était pas connue, ce sont les Vikings (Leif Erikson) venus d'Islande qui ont atteint le Groenland et l'actuel Canada vers l'an 1000 et y ont installé un habitat. Mais celui-ci n'a duré que jusqu'au XIVe siècle, de sorte que les explorateurs du XVIe siècle n'ont rencontré aucun Viking en Amérique du Nord. À la colonisation viking des Amériques attestée du Xe au XIIIe siècle, s'ajoutent des contacts plus ou moins probables et précis de pêcheurs de morue (du Portugal et/ou des Açores) vers Terre-Neuve, d'éventuelles expéditions portugaises et danoises qui forment les contacts trans-océaniques précolombiens.
C'est cependant l'expédition de Christophe Colomb en 1492 qui a marqué le début de l'exploration, de la découverte et de la colonisation de ces terres. L'identification de ces nouvelles terres comme continent permit les échanges intercontinentaux avec l'Amérique, bouleversa les routes commerciales existantes vers l'Asie, ainsi que les équilibres politiques et économiques, et les écosystèmes à échelle planétaire. L'importance et la radicalité de l'événement en font le passage symbolique du Moyen Âge aux Temps modernes dans l'historiographie occidentale.
Les expressions « découverte de l'Amérique » ainsi que « Nouveau Monde » sont usuelles en Europe, mais sont controversées en Amérique, notamment du point de vue des autochtones, selon qui ce continent n'était ni « à découvrir » ni « nouveau », car il était habité depuis des milliers d'années.
Ces expressions sont donc accusées d'eurocentrisme par les populations d'origine amérindiennes, par différents auteurs et notamment Kirkpatrick Sale[3]. L'expression « découverte » est remise en question par les peuples autochtones (par exemple les Premières Nations du Canada) dans une perspective de décolonisation des savoirs[4].
Certains précisent que la découverte de l'Amérique a été en réalité le fait des premiers chasseurs paléolithiques arrivés sur ce continent[5] il y a au moins 33 000 ans.
Toutes ces réflexions ont amené certains historiens à promouvoir des expressions moins ethnocentristes telles que « L'arrivée de Christophe Colomb en Amérique » ou « L'arrivée des Espagnols en Amérique »[réf. souhaitée]. L'historien mexicain Edmundo O’Gorman propose en 1958 de remplacer l'expression « découverte de l'Amérique » par celle de « l'invention de l'Amérique », particulièrement parce que les Européens se représentent ces terres nouvelles pour eux comme un nouveau continent à part entière[6].
On peut aussi utiliser l'expression « conquête de l'Amérique » pour évoquer le processus de colonisation du Nouveau Monde après sa « découverte » en 1492.
L'expression « découverte de l'Amérique » reste cependant solidement attestée en Europe, étant donné qu’elle signifie (implicitement) « découverte de l'Amérique par les Européens ».
Durant la nuit du 11 au , la flotte dont Colomb est l'amiral aborde l'île de Guanahani (actuel San Salvador), aux Bahamas. Ce moment marque la rencontre de sociétés et d'écosystèmes qui avaient globalement évolué indépendamment l’une de l’autre pendant environ 12 000 ans, après la disparition du pont terrestre de la Béringie.
Immédiatement après ce premier voyage, Espagnols et Portugais se partagent les terres et le commerce avec les contrées à découvrir : le traité de Tordesillas définit une ligne de partage selon un méridien situé à 370 lieues[7] (1 770 km) à l'ouest des îles du Cap-Vert (46° 37' Ouest dans le système actuel) : les territoires situés à l'ouest de ce méridien (en partant du Cap Vert), sont dévolus à la couronne de Castille (ils incluent les découvertes de Colomb) ; les territoires situés à l'est, à la couronne de Portugal (Afrique, mais aussi le Brésil, découvert en 1500 par le Portugais Pedro Alvares Cabral). Espagnols et Portugais commencent à explorer et à coloniser le continent, bientôt imités par d'autres Européens (notamment anglais, français, hollandais) sans tenir compte du traité de Tordesillas, qu'ils n'ont d'ailleurs pas signé.
C'est le début de l'exploration et de la colonisation de l'Amérique, au détriment de ses habitants autochtones nommés « Indiens » (Indios) par Colomb qui vont être particulièrement touchés dans les îles Caraïbes (dont ils ont totalement disparu en quelques décennies) et en Amérique du Nord. Aux États-Unis, à la fin du XIXe siècle, on ne compte plus que 260 000 Amérindiens sur les 2 à 20 millions estimés au XVe siècle sur le territoire des États-Unis[8].
Certains estiment à 100 millions, le nombre d'autochtones qui vivaient sur l'ensemble du continent lors de la découverte de l'Amérique par les espagnols au XVe siècle[9].
Si moins d'un siècle après l'expédition de Colomb, l'essentiel des terres d'Amérique sont de jure sous domination Européenne, leur exploration se poursuit jusqu'au XIXe siècle[10].
L'objectif premier de Colomb, comme nombre d'explorateurs avant et après lui (Vasco de Gama, Magellan), était de découvrir une route commerciale vers l'Extrême-Orient pour contourner le monopole de fait des intermédiaires arabes et ottomans sur le commerce Européens[11].
La découverte d'un nouveau continent sur lequel les Européens n'affrontent rapidement aucune concurrence, permet aux Européens de se défaire de la dépendance à deux autres puissances : chinois et mongols[11]. En effet, si nombre de routes commerciales d'Europe vers l'Asie se déplacent au profit d'un commerce vers les Amériques, annulant la position stratégiques des intermédiaires au profit d'un développement des pays de la façade atlantique, la mise en culture massive et l'exploitation des terres américaines permet rapidement la production des denrées autrefois produites en Extrême-Orient. Ce développement commercial fulgurant impose la présence de main d'œuvre, fournie dans l'Empire Espagnol par les autochtones via les Encomiendas, et dans les autres Empires, au moyen du commerce triangulaire.
Christophe Colomb est le premier navigateur dont les voyages transatlantiques sont attestés et documentés de façon détaillée.
Installé au Portugal à partir de 1476, à une époque où les navigateurs portugais explorent les côtes de l'Afrique et espèrent trouver un passage vers l'océan Indien afin d'atteindre les Indes, c'est-à-dire l'Asie orientale (Inde, Chine, Japon), Christophe Colomb élabore un projet alternatif : atteindre les Indes en naviguant vers l'ouest, à travers l'océan Atlantique, la « mer Océane ».
Son projet est rejeté en 1484 par le roi de Portugal Jean II. Colomb se tourne alors vers les Rois catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, et émigre en 1485 en Castille. Après une première entrevue en janvier 1486, il doit encore attendre six ans pour que les Rois catholiques signent les capitulations de Santa Fe en avril 1492, quatre mois et demi mois après la prise de Grenade () et la fin de la Reconquista. Plusieurs conseillers royaux ont joué un rôle important, notamment Luis de Santangel.
Le contrat lui alloue trois navires (les deux caravelles La Pinta et La Niña, et la caraque la Santa María) et leurs équipages (90 hommes) pour six mois. La caravelle, type de navire inventé par les Portugais, est plus légère, rapide et maniable que la caraque ; la caravelle a également un coût d'armement relativement faible[12].
L'expédition est financée, grâce notamment aux énormes amendes et taxes prélevées auprès des Juifs et musulmans du royaume, qui alimentaient les caisses du Trésor royal[13],[14] et à l'aide pécuniaire de Santangel[15],[16] - lequel recevra la première lettre de l'explorateur, datée du [17].
Partie le 3 août de Palos de la Frontera, l'escadre fait une escale aux Canaries jusqu'au 6 septembre, puis part vers l'ouest et atteint le 12 octobre l'île de Guanahani où Colomb entre en contact avec les indigènes, qu'il nomme « Indiens » (Indios), croyant être aux Indes. Il s'agit probablement de l'île San Salvador des Bahamas mais ce point est sujet à débat. Le 28 octobre, il découvre Cuba et le 4 décembre, atteint l'île d'Hispaniola (Saint-Domingue[18]), où il s'installe et entre de nouveau en contact avec les indigènes.
Le 25 décembre, la Santa Maria s'échoue de façon irrémédiable. Colomb décide de rentrer avec les deux caravelles, laissant sur place 39 hommes dans un fortin (fort Navidad) construit avec le bois de la caraque. Il repart au début de janvier et atteint Palos de la Frontera le , ramenant entre autres six indigènes pour attester de sa rencontre avec les « Indiens ». La cour se trouvant alors à Barcelone, son voyage à travers l'Espagne suscite une immense curiosité et il est accueilli comme un grand d'Espagne par les Rois catholiques : il est désormais « amiral de la mer Océane, vice-roi et gouverneur des Indes » et ses deux fils, Diego et Fernand, deviennent pages à la cour.
Très rapidement, un second voyage est mis sur pied, avec dix-sept navires et des centaines de participants : il s'agit maintenant de coloniser l'île d'Hispaniola.
Au cours de ce voyage commencé en septembre 1493, Colomb découvre La Désirade, Marie-Galante, la Dominique, la Basse-Terre de la Guadeloupe, Montserrat, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Arrivé à Hispaniola, il découvre que les 39 hommes du fort de la Navidad sont tous morts, tués par les indigènes excédés par les exactions des colons européens.
Après avoir organisé, en tant que gouverneur de l'île, les débuts de la colonisation de l'île (fondation de La Isabela, première ville espagnole fondée en Amérique), il repart en exploration et atteint Porto Rico, puis la Jamaïque. Mais à Hispaniola, qu'il a confiée à son frère Giacomo, les choses ne vont pas bien du tout, plusieurs officiers décident de repartir en Espagne, où ils critiquent Colomb à la cour. Il décide de rentrer en mars 1496 et parvient à regagner la confiance des souverains. Mais il a un peu plus de mal à organiser son troisième voyage, qui ne repart qu'en 1498.
Au début de ce voyage, il débarque sur le continent sud-américain au niveau de l'actuel Venezuela et passe également à Saint-Vincent, Grenade, Trinité, Margarita. Rentré à Hispaniola, il est confronté à une situation très difficile : les colons espagnols sont mécontents, les Indiens se révoltent, etc. De nouveau, les critiques pleuvent à la cour et un inspecteur est envoyé en 1500, Francisco de Bobadilla.
Celui-ci estime que la situation à Hispaniola est catastrophique par la faute de Colomb et il le met en état d'arrestation. Il est immédiatement renvoyé en Espagne, où les Rois catholiques le libèrent, mais en ne lui laissant que le titre d'amiral, le jugeant incompétent, voire dangereux, en matière d'administration. Ils lui interdisent même de faire escale à Hispaniola durant le quatrième voyage.
Durant ce quatrième et dernier voyage (1502-1504), qui est donc seulement d'exploration, Colomb navigue le long des côtes du Veraguas et du Panama. Mais sa flotte se détériore gravement et est contrainte de faire escale à la Jamaïque, où les navigateurs vont rester une année, attendant que le gouverneur d'Hispaniola (qui déteste Colomb) veuille bien envoyer des navires de secours. Colomb rentre en Espagne en 1504, très affaibli par cette épreuve, et meurt en 1506. Son fils Diego est nommé peu après gouverneur d'Hispaniola.
Persuadé d'avoir atteint l'Extrême-Orient, il est mort sans savoir qu'il avait découvert un continent inconnu des Européens. On attribue à son compagnon florentin Amerigo Vespucci d'avoir identifié ce monde comme un nouveau continent, et non comme l’extrémité orientale de l’Asie.
Colomb est le premier Européen à avoir découvert et revendiqué au nom de l'Espagne, les terres qui furent peu après identifiées comme faisant partie d'un nouveau continent : l'Amérique.
La découverte de l'Amérique est commémorée en Espagne et dans les pays hispanophones le 12 octobre sous le nom de Jour de l'hispanité ou de Jour de la Race. Le Jour de Christophe Colomb est célébré le deuxième lundi du mois d'octobre dans plusieurs pays d'Amérique.
Exploration et conquête du Mexique par Hernan Cortés (1519-1521)
La conquête du Pérou par Francisco Pizarro
Dès le début du XVIe siècle, les Français interviennent en Amérique, surtout dans la région du Saint-Laurent et sans tenir compte du traité de Tordesillas, dont les rois de France considèrent qu'il ne les concerne pas.
L'Espagne et le Portugal se contentent de gérer et de défendre leur empire, mais de nouveaux acteurs apparaissent : les Anglais et les Néerlandais des Provinces-Unies (souvent désignés comme « Hollandais »). Deux dénominations apparaissent : « Indes orientales » (l'Asie orientale, auparavant appelée « les Indes ») ; « Indes occidentales » (l'Amérique), notamment pour nommer les compagnies commerciales mises sur pied par les Français, les Anglais et les Néerlandais.
Les Provinces-Unies (république des Sept Provinces-Unies des Pays-Bas) sont créées dans les années 1580, dans le cadre de l'insurrection des Pays-Bas contre Philippe II, par la sécession de sept des dix-sept provinces détenues (à titre personnel) par le roi d'Espagne.
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