Bataille de la Somme
bataille de la Première Guerre mondiale De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La bataille de la Somme en 1916, lors de la Première Guerre mondiale, a opposé les Alliés britanniques et français aux Allemands, à proximité de la Somme, essentiellement dans le département de même nom. Il s'agit de l'une des tragédies les plus sanglantes du conflit.
Date | du au |
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Lieu | Somme (Picardie, France) |
Issue | Indécise |
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le 30 juin 1916 : Armée française : - 14 divisions en ligne - 1 550 pièces d'artillerie - 115 avions Armée britannique : - 26 divisions en ligne - 1 335 pièces d'artilleries - 185 avions |
le 30 juin 1916 : Armée allemande : - 8 divisions en ligne - 844 pièces d'artillerie - 129 avions |
420 000 Britanniques (213 000 blessés et 206 000 morts ou disparus) 203 000 Français (136 000 blessés et 67 000 morts ou disparus)[1] |
437 000 Allemands (au minimum) (dont 170 000 tués)[2] |
Batailles
Coordonnées | 50° 00′ 56″ nord, 2° 41′ 51″ est |
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Conçue en , par Joffre, commandant en chef des armées françaises, l'offensive de la Somme dut être amendée du fait du déclenchement de la bataille de Verdun, le . Foch fut chargé par Joffre de sa mise en œuvre. Les Français, qui devaient fournir l'effort principal, épuisés par la bataille de Verdun, durent la confier aux Britanniques.
Ce fut la première offensive conjointe franco-britannique de la Grande Guerre. Les forces britanniques lancèrent là leur première opération d’envergure, et tentèrent avec les troupes françaises de percer les lignes allemandes fortifiées sur une ligne nord-sud de 45 km, proche de la Somme, dans un triangle entre les villes d'Albert du côté britannique, Péronne et Bapaume du côté allemand.
Il s'agit de l'une des batailles les plus meurtrières de l'histoire (hors victimes civiles) avec, parmi les belligérants, environ 1 060 000 victimes, dont environ 443 000 morts ou disparus. Pour la Première Guerre mondiale, dans ce sinistre classement, elle se place derrière l'offensive Broussilov, qui s'est déroulée sur le front de l'Est en Galicie, mais devant Verdun. La première journée de cette bataille, le , fut, pour l'armée britannique, une véritable catastrophe, avec 58 000 soldats mis hors de combat, dont 19 240 morts.
La bataille prit fin le [3]. Son bilan militaire fut peu convaincant. Les gains de territoires des Alliés furent très modestes, une douzaine de kilomètres vers l'est tout au plus, et le front ne fut pas percé. Les combats usèrent les adversaires, sans vainqueurs ni vaincus.
La bataille de la Somme se singularise, cependant, par deux innovations :
Ces événements furent également couverts par des photographes et peintres, comme François Flameng, peintre officiel des armées françaises, dont les nombreux croquis et dessins de ces événements parurent dans la revue L'Illustration.
La mémoire collective des Français n'a pas gardé un souvenir de la bataille de la Somme aussi important que celles des Britanniques, des Canadiens, des Sud-Africains, et surtout des Australiens et des Néo-Zélandais qui la considèrent comme un des événements fondateurs de leurs jeunes nations. Le 1er juillet est une journée de commémoration sur les principaux lieux de mémoire du Commonwealth dans le département de la Somme, de même que l'ANZAC Day, la journée du 25 avril, notamment. Le mémorial national australien à l'étranger le plus connu se trouve à Villers-Bretonneux ; de même, les Britanniques ont fait édifier un imposant mémorial à Thiepval.
Le front occidental est stabilisé depuis , à la suite de la course à la mer. Les combats de 1915 d'Artois et de Champagne n'ont pas fait bouger les lignes. Le front de la Somme est un secteur relativement calme au cours de l'année 1915, les Allemands lançant une grande offensive sur Ypres.
Joffre, inquiet des pertes humaines, du manque d'unité de vue et de la dispersion des efforts militaires chez les Alliés souhaite un renforcement de la coopération franco-britannique et préconise une grande offensive pour 1916, à la belle saison.
Côté britannique, le général en chef John French est remplacé en par Douglas Haig.
La conférence interalliée de l'Entente à Chantilly, les 6 et débouche sur la décision d'attaquer les Empires centraux sur tous les fronts en 1916, en Russie, en Italie et sur le Front de l'Ouest. Seulement aucune date n'est fixée, et il faudrait attendre juin ou juillet pour espérer une participation russe. Joffre, nommé commandant en chef de l'armée française début obtient lors de négociations bilatérales la mise en œuvre d'une offensive conjointe franco-britannique. Les lignes françaises rejoignent les lignes britanniques sur la Somme, c'est donc ce secteur qui est désigné.
En 1916, l’armée britannique en France manque d’expérience, sa partie professionnelle, six divisions, ayant été décimée en 1914-1915. La plus grande partie de ses effectifs est composée de volontaires des forces territoriales et de la nouvelle armée de Kitchener. Les officiers ont été promus rapidement et manquent à la fois de formation et d’expérience. Haig collabore volontiers avec Joffre, mais il souligne l'indépendance du corps expéditionnaire anglais, le commandement n'est donc pas unifié. Joffre monte donc cette offensive avec l'armée française comme acteur principal au sud de la Somme, qui doit être appuyée par le corps expéditionnaire britannique moins aguerri entre la Somme et Arras. Il nomme Foch, commandant du Groupe d'Armées Nord, responsable de l'opération. Une autre conférence à Chantilly le fixe le début de l'offensive au .
Lorsque l'armée allemande lance son offensive sur Verdun, le , le commandant en chef britannique propose de venir aider son allié. Joffre décide que l'armée française peut faire face sans cet appui tout en pressant Haig de mettre en place l'offensive sur la Somme le plus tôt possible. Le printemps voit les plans de la bataille changer, car l'engagement français à Verdun ponctionne les troupes prévues pour l'offensive de la Somme. Fin mai le dispositif français est réduit au point que l'armée britannique est désormais l'élément principal de l'opération. Le front d'attaque prévu sur 70 km est finalement réduit à 40. Il ne s'agit plus de réaliser une percée décisive mais d'user l'ennemi. Aux troupes britanniques est confiée l'offensive au nord du fleuve de Maricourt à Bapaume, les Français étant chargés de la partie sud entre Maricourt et Lassigny. L'armée française est donc positionnée sur les deux rives du fleuve. Finalement la date du est adoptée pour le début de la préparation d'artillerie, et le pour l'assaut.
Côté allemand, Falkenhayn ne prend pas de dispositions particulières, l'état-major attendant une offensive alliée sur l'Artois ou en Alsace, et estime que les préparatifs alliés ne sont qu'une diversion. Le terrain de la bataille est le plateau picard, terrain crayeux propice au creusement de tranchées. Le maillage des villages, distants de deux à quatre kilomètres, permet une défense en profondeur, ce qu'ont organisé les troupes de von Below depuis 1914.
La bataille eut lieu pour l'essentiel sur le territoire du département de la Somme à l'est d'Amiens entre les villes d'Albert et Roye et leurs environs. La partie nord du front de bataille se situait sur la ligne de partage des eaux entre le bassin versant de la Somme et celui de l'Escaut. Les combats se déroulèrent sur le plateau picard, de part et d'autre de la Somme, au sous-sol crayeux propice au creusement d'abris souterrains. Le climat très souvent humide rendait fréquemment le sol boueux et la progression des troupes difficile.
Les Allemands occupaient presque partout des hauteurs, la ligne de crêtes qui sépare les bassins versants de la Somme et de l'Escaut. Leur front se composait :
À l'arrière immédiat des premières lignes, se trouvaient des bois et des villages « fortifiés » reliés par des boyaux, de façon à former une troisième et même une quatrième ligne de défense, le tout largement bétonné et bénéficiant des qualités de la roche crayeuse qui se coupe facilement et durcit en séchant.
L'arrière avait été transformé, pour les armées alliées, en un gigantesque entrepôt d'approvisionnement dont la ville d'Amiens était le centre névralgique. Des routes, des chemins de fer à voie étroite[a] furent construits, des aérodromes furent aménagés de même que des usines de construction d'aéronefs. Les hôpitaux militaires à l'arrière du front furent installés dans les établissements scolaires[4]…
Des hôpitaux militaires étaient installés dans les localités de l'arrière : Corbie, Amiens qui hébergea en permanence plus de 9 000 blessés pendant la durée du conflit, Abbeville, etc.
Dans la commune de Noyelles-sur-Mer, les Britanniques créèrent un camp pour les travailleurs chinois chargés des tâches de manutention d'armes, de matériels et de ravitaillement pour leur armée. 3 000 travailleurs chinois vécurent ainsi dans le hameau de Nolette de 1916 à 1921[5]
Dans les territoires qu'ils occupaient, les Allemands faisaient régner la terreur : déportations de population, réquisitions en argent et en nature, pillage, destructions[6],[7],[8]…
Les Français :
Elles totalisent quatorze divisions en ligne, quatre de réserve et quatre de cavalerie sur un front de 15 kilomètres. L'artillerie aligne 696 pièces de campagne, 732 pièces lourdes, 122 pièces ALGP (artillerie lourde à grande puissance) et 1 100 mortiers de tranchée (avec un approvisionnement de six millions d'obus de 75 mm, deux millions de munitions pour l'artillerie lourde et 400 000 pour l'artillerie de tranchée).
Les Britanniques : Le groupe d'armées Haig qui comprend :
Soit un effectif de 26 divisions en ligne et trois de cavalerie sur un front de 25 kilomètres, avec l'appui de 868 pièces de campagne et 467 pièces lourdes (respectivement approvisionnées à 2 600 000 et 1 163 000 coups).
L'armée britannique, sur le front de la Somme, est composée de troupes anglaises, écossaises, galloises, irlandaises, canadiennes, australiennes, néo-zélandaises et sud-africaines, auxquelles il convient d'ajouter le corps de travailleurs chinois, chargés du chargement, déchargement et entrepôt des matériels et marchandises.
La IIe armée (Fritz von Below) avec trois groupements (von Stein, von Gossler et von Quast) soit huit divisions en ligne et treize de réserve. Ils disposent de 454 canons de campagne et 390 lourds, ce qui représente à peine le tiers de la puissance de feu des franco-britanniques. L'aviation allemande dispose quant à elle de 129 appareils face aux 300 appareils des Alliés.
L'artillerie, y compris des canons à longue portée sur voie ferrée de 380 et 400 mm, atteignit des sommets de puissance destructrice.
Ayant la maîtrise du ciel, les Alliés détruisent les Drachen allemands. Les Britanniques disposent de 185 appareils chargés de patrouiller et de bombarder, les Français en ont 115 et les Allemands seulement 129.
La préparation d'artillerie, initialement prévue pour cinq jours, débute le par des tirs de réglage et de destruction. Elle s'intensifie à partir du 26 par un bombardement général et continu des lignes allemandes. En une semaine, l'artillerie britannique tire 1 732 873 coups. Les tranchées allemandes des premières lignes sont presque totalement détruites, mais les abris souterrains sont intacts.
Le 28, l'offensive est reportée de 48 heures à cause du mauvais temps. Il tombe les premiers jours une moyenne de cinq obus pour chaque soldat allemand.
Au commencement de la bataille de la Somme en , la plupart des escadrons du Royal Flying Corps (RFC) étaient encore équipés de BE.2c qui s'étaient révélés des cibles faciles pour les Eindeckers allemands. Les nouveaux modèles comme le Sopwith 1½ Strutter étaient encore trop peu nombreux et les nouveaux pilotes furent envoyés au front avec seulement quelques heures de vol.
Néanmoins, l'esprit offensif des pilotes du RFC leur donnèrent la supériorité aérienne dans la bataille. La mission des pilotes, outre l'observation des lignes ennemies, consistait dans ce qui s'appelait alors le « mitraillage de tranchée », plus connu aujourd'hui sous le nom d'« appui aérien rapproché ». Les troupes allemandes au sol étaient constamment sous la menace des avions alliés sans réelle possibilité de se défendre, les tirs de riposte depuis le sol étaient peu efficaces faute de matériel adapté à la lutte antiaérienne.
Côté français, le groupe d'armées du Nord (G.A.N.), commandé par Foch, disposait d'un groupe de six escadrilles basé sur le terrain d'aviation de Cachy, près de Villers-Bretonneux, et placé sous les ordres du capitaine Brocard qui put choisir ses pilotes : Georges Guynemer — alors titulaire de dix victoires — Alfred Heurtaux, Albert Deullin, René Dorme, Jean d'Harcourt, Victor Ménard…
L'aviation dont disposa le G.A.N. comprenait huit escadrilles d'armée, vingt escadrilles de corps d'armée, un groupe réservé de chasse — celui de Cachy, avec cinq escadrilles de Nieuport — et deux groupes de bombardement ; plus des compagnies d'aérostiers et des sections photographiques. Une partie des appareils était à la pointe de la technique. Leurs performances s'étaient améliorées grâce à des moteurs plus puissants de 80 à 130 CV. Leur vitesse de croisière se situait autour de 130 km/h, et ils atteignaient une altitude de 2 000 m en une vingtaine de minutes. Les Spad 7, qui équipaient l'Escadrille des Cigognes ; les Farman MF.11 et Caudron G.4, dont furent dotées les escadrilles de corps d'armée ; les Voisin III et les Breguet 14, des groupes de bombardement permirent à l'aviation française de dominer l'aviation allemande. Elle usa, en outre, d'une nouvelle forme de combat, le bombardement de nuit, pour la première fois au-dessus de Péronne, à la mi-. Les Allemands ayant riposté sur Villers-Bretonneux et sur la gare de Longueau, Foch organisa la défense antiaérienne : barrages de ballons, concentration des batteries antiaériennes croisant leurs feux au-dessus des objectifs à défendre. Il ordonna également la chasse aérienne de nuit (10e escadrille de chasse)[9].
La supériorité aérienne alliée fut maintenue durant la bataille et inquiéta le haut-commandement allemand[10]. La réorganisation complète de la Luftstreitkräfte fut décidée par le haut commandement par la création d'unités de chasse spécialisées ou Jagdstaffeln. À la fin de l'année 1916, ces unités équipées du tout nouveau Albatros D.III rétablirent l'équilibre des forces dans les airs.
Le au matin, c'est par un temps beau et clair que commence le bombardement final des Alliés. À partir de 6 h 25, les tirs d'artillerie atteignent une cadence de 3 500 coups par minute, produisant un bruit si intense qu'il est perçu jusqu'en Angleterre[11]. L'armée anglaise a placé sur 35 kilomètres 1 canon tous les 18 mètres[12]. À Beaumont-Hamel deux mines de 18 tonnes explosent en même temps.
À 7 h 30, au coup de sifflet, l'infanterie britannique franchit les parapets baïonnette au canon et part à l'assaut des tranchées adverses. 66 000 soldats sortent des tranchées en même temps. Les hommes sont lourdement chargés avec plus de 30 kg d'équipement. Ordre avait été donné aux hommes de ne pas courir. En fait, le commandement anglais craignait que les troupes ne perdissent le contact en courant et en se dispersant. Persuadé que les défenses allemandes avaient été anéanties par les tirs d'artillerie, il exigea que les hommes avancent au pas[13].
Les Allemands les accueillent avec des tirs de mitrailleuses qui les fauchent en masse. Les officiers sont facilement repérables et particulièrement visés. On estime à 30 000 le nombre des victimes (tués et blessés) dans les six premières minutes de la bataille[14]. Les Allemands sont stupéfaits de voir les soldats britanniques venir au pas.
À midi, l’état-major britannique annule l'ordre de marcher au pas, et retient les vagues d’assaut suivantes. Lorsque les Britanniques parviennent aux tranchées allemandes, ils sont trop peu nombreux pour résister à une contre-attaque.
De leur côté, les Français atteignent tous leurs objectifs et ne peuvent progresser davantage du fait, entre autres, de l'échec britannique.
tués | disparus | blessés | prisonniers | total hors de combat | |
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Officiers | |||||
Soldats | |||||
Total |
Le fut le jour le plus meurtrier de toute l'histoire militaire britannique. À l'issue de la première journée de combat, le bilan pour l'armée britannique était très lourd : 57 400 hommes étaient hors de combat soit près de 18 % de l'effectif engagé (320 000 hommes). Certaines unités étaient quasiment anéanties comme le Régiment royal de Terre-Neuve qui eut 801 hommes mis hors de combat sur un effectif de 865, soit 92 % des effectifs.
Du côté allemand, les pertes sont estimées à 6 000 hommes[16].
Après l'échec du , le commandement britannique souhaite arrêter l'attaque, ce que Joffre refuse. Une nouvelle préparation d'artillerie a pour but la prise du saillant de Fricourt. Le , les Britanniques prennent La Boisselle. Le bois de Mametz est pris le , le Bois des Trônes le . Pozières tombe aux mains de la 1re division australienne le . Du 1er au , l'armée britannique compte environ 100 000 morts et 72 000 blessés.
À partir du , débutent les combats pour la conquête du bois Delville (Delville Wood) à Longueval. L'armée Gough, réserve britannique tente de reprendre Longueval et Guillemont aux Allemands. Une série d’attaques et de contre-attaques fait passer le bois d'un camp à l'autre. Les soldats de la 1re Brigade d'infanterie sud-africaine s'en emparent puis le perdent. Les Allemands en sont définitivement chassés, le . Les Britanniques échouent, par contre, au cours de combats féroces qui durent pendant plus d'une semaine, à prendre Guillemont.
En dix jours, la 6e armée française, sur un front de près de vingt kilomètres, a progressé sur une profondeur qui atteint en certains points dix kilomètres. Elle est entièrement maîtresse du plateau de Flaucourt qui lui avait été assigné comme objectif et qui constitue la principale défense de Péronne. Elle a fait 12 000 prisonniers, presque sans pertes, pris 85 canons, 26 minenwerfer, 100 mitrailleuses, un matériel considérable. C'est le plus important succès militaire obtenu depuis la bataille de la Marne.
Mais les Allemands se ressaisissent, leur artillerie domine toujours sur le terrain. Les conditions climatiques exécrables (brouillard et pluie) gênent considérablement la progression des Français au nord et au sud de la Somme. La 6e armée de Fayolle atteignit Vermandovillers et Misery au sud, Hem-Monacu au nord. Maigres progressions obtenues au prix de lourdes pertes.
L'état-major allemand devant le danger de percement du front de la Somme retire treize divisions du secteur de Verdun et deux du secteur d'Ypres pour renforcer leurs troupes bousculées, en juillet. De ce fait, la pression exercée sur l'armée française à Verdun se réduit.
Au total, trente-cinq divisions sont retirées du secteur de Verdun pour renforcer le front devant Bapaume. En août, des escadrilles allemandes aguerries sont transférées de Verdun sur la Somme.
L'horreur vécue lors de la bataille de la Somme est perceptible dans le courrier envoyé par les soldats à leurs proches. Dans une lettre à son ami Stefan Zweig, l'écrivain expressionniste allemand Paul Zech s'exprime ainsi :
« Mon cher ami,
Je n’aurais jamais cru qu’il pût encore y avoir quelque chose qui surpasse l’enfer de Verdun. Là-bas, j’ai souffert atrocement. Maintenant que cela est passé, je puis le dire. Mais ce n’était pas assez : maintenant nous avons été envoyés dans la Somme. Et ici tout est porté à son point extrême : la haine, la déshumanisation, l’horreur et le sang. (…) Je ne sais plus ce qu’il peut encore advenir de nous, je voulais vous saluer encore une fois. Peut-être est-ce la dernière. »
La mise en œuvre des opérations militaires est rendue difficile par une pluie incessante qui transforme le champ de bataille en bourbier.
Une série de coups de boutoir permet la prise de plusieurs positions allemandes. Le , les attaques britanniques échouent à Guillemont, Ginchy, Thiepval et au bois des Fourcaux. La Ferme du Mouquet est prise par la 1re division australienne mais reprise par les Allemands.
Le , au sud, la 10e armée française enlève toutes les premières positions allemandes entre Deniécourt et Vermandovillers. Soyécourt et Chilly sont pris, avec 2 700 prisonniers ; Chaulnes est directement menacée à partir de Lihons.
Le , les Britanniques prennent Ginchy. Une nouvelle offensive générale des Britanniques sur l'ensemble du front au nord de la Somme est prévue pour le .
Le , la 6e armée française attaque au nord de la Somme mais ne parvient pas à atteindre ses objectifs. En raison du mauvais temps, Foch suspend l'offensive, le jusqu'au 25. Le , au sud de la Somme, Vermandovillers, Deniécourt et Berny-en-Santerre tombent aux mains de la 10e armée française qui fait 1 400 prisonniers.
Le apparaissent les premiers chars d'assaut britanniques, « les tanks » Mark I, qui interviennent avec un succès limité. Le Mark I mesure 8 m de long, pèse 30 t, dispose d'une autonomie de 20 km et avance à la vitesse de 6 km/h; il est équipé de 5 mitrailleuses. Leur utilisation, à l'avant de l'infanterie, permet au 22e Régiment royal canadien de prendre Courcelette, à la 15e division écossaise de prendre Martinpuich, tandis que la 47e London Division s'empare du bois des Fourcaux, la Division néo-zélandaise prend et occupe une position appelée Switch line entre le Bois des Fourcaux et Flers après 30 minutes de combat et la 41e division britannique s'empare de Flers et fait 4 000 prisonniers.
L'offensive anglo-française conjointe débute le . Le 26, Français et Britanniques entrent dans Combles évacué par les Allemands. D'autre part, tout à fait au nord, les Britanniques enlèvent Thiepval après l'utilisation de mines. Le , l'offensive cesse pour consolider les positions acquises.
Le mois d'octobre voit se multiplier les petites offensives localisées sans grand succès, les Français piétinent au sud de Péronne autour de Chaulnes et de Villers-Carbonnel. Les forces alliées sur le front de la Somme s'essoufflent.
Le , les Français attaquent Sailly-Saillisel mais ne parviennent pas à enlever le bois de Saint-Pierre-Vaast, les Allemands reprennent en partie le contrôle de Sailly-Saillisel. Au sud de la Somme, la 10e Armée française conquiert Ablaincourt-Pressoir mais rencontre une forte résistance allemande ailleurs.
Après quelques succès le : prise de Beaumont-Hamel, Saint-Pierre-Divion et Beaucourt-sur-l'Ancre, les Britanniques contrôlent la vallée de l'Ancre mais ne progressent plus.
À partir du , les conditions climatiques se dégradent considérablement : pluie glaciale, neige et blizzard mettent en échec toutes les offensives. C'est la fin effective de la bataille de la Somme. Le , Haig décide l'arrêt des offensives britanniques. L'offensive de la 10e Armée française prévue en décembre est ajournée par Foch, le . Le , Joffre renonce définitivement à l'offensive, mettant ainsi fin officiellement à la bataille de la Somme[3].
En cinq mois, les Alliés ont progressé de 12 kilomètres au nord de la Somme entre Maricourt et Sailly-Saillisel et 8 kilomètres au sud. La percée tant attendue par laquelle Joffre espérait revenir à une guerre de mouvement s'est transformée une fois de plus en une bataille d'usure, comme à Verdun. Aucun des objectifs principaux — que sont Bapaume et Péronne — n'est atteint.
Les Britanniques ont capturé :
Les Français ont fait prisonniers et se sont emparés de :
Les Allemands ont capturé :
Les chiffres des pertes humaines varient selon les sources. On considère généralement que :
Ainsi, pour des résultats similaires, la tactique des Français s'est avérée moins coûteuse que celle des Britanniques dont les hommes de l'armée Kitchener manquaient d'expérience.
Pour limiter les pertes, Foch demandait aux commandants d'unités de faire courir les hommes d'obstacle en obstacle, « il est donc d'une importance primordiale de l'employer [le soldat] avec une stricte économie… »[17].
Les pertes journalières se répartiraient, en moyenne, comme suit :
La durée de la bataille de la Somme fut de 141 jours.
Armée allemande | Armée britannique | Armée française | Total belligérants | |
---|---|---|---|---|
morts et disparus | ||||
blessés | ||||
total |
Malgré les très faibles gains territoriaux, les Allemands ont été très impressionnés par le bombardement de préparation des Alliés. C’est à la suite de la bataille de la Somme que le haut-commandement allemand décide la guerre sous-marine à outrance qui est l'une des causes de l’entrée en guerre des États-Unis, provoquant un basculement du rapport de forces[13].
Le , l'armée allemande effectue une retraite stratégique, l'Opération Alberich, en détruisant tout derrière elle, afin de raccourcir sa ligne de défense sur la ligne Hindenburg.
La bataille de la Somme a été d'une ampleur considérable, par le nombre de nationalités impliquées, de morts, de disparus ou de blessés de part et d'autre, par l'ampleur des destructions et par les traces qu'elle a laissées dans le sol même. Le circuit du Souvenir permet de se recueillir et de découvrir les principaux sites des champs de bataille.
À ces mémoriaux du Commonwealth, il faut ajouter les très nombreux cimetières militaires britanniques disséminés sur les anciens champs de bataille de la Somme.
La célébration du centenaire de la bataille de la Somme se déroule tout au long de l'année 2016. C'est autour du 1er juillet, début de la bataille que se sont concentrées les différentes manifestations officielles qui ont débuté dans la soirée du à la nécropole nationale de Rancourt, près de Péronne, en présence de Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'État aux anciens combattants. Le temps fort de la commémoration a été les cérémonies du 1er juillet qui ont eu lieu au Trou de mine de La Boisselle, au monument écossais de Contalmaison, au Mémorial de Thiepval, à la Tour d'Ulster, au Mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel, au cimetière militaire allemand de Fricourt, entre autres. Les différentes manifestations se sont déroulées en présence de François Hollande, président de la République française, du prince de Galles et de son épouse Camilia, duchesse de Cornouailles, de son fils aîné, le prince William et de son épouse la princesse Kate, de son fils cadet le prince Harry, de David Cameron, premier ministre du Royaume-Uni, de Michael D. Higgins, président de la république d'Irlande, des autorités religieuses du Royaume-Uni et de Horst Kölher, ancien président de la république d'Allemagne. La veille, la reine Élisabeth II avait déposé une couronne de fleurs sur la tombe du soldat inconnu à l'abbaye de Westminster, au cours d'une veillée funèbre.
Dans la basilique Notre-Dame de Brebières d'Albert, la cantatrice américaine Barbara Hendricks a donné un Concert de la paix accompagné par l'Orchestre de Picardie, le vendredi à 22 h.
Le président sud-africain Jacob Zuma, s'est rendu à Longueval, le accompagné du secrétaire d'État aux anciens combattants français pour inaugurer, au mémorial national sud-africain du bois Delville, un « mur de la mémoire » sur lequel sont inscrits les noms de 14 000 soldats sud-africains — toutes ethnies confondues — morts au cours des différents conflits du XXe siècle auxquels l'Afrique du Sud participa.
Le , à Pozières, une cérémonie s'est déroulée, dès 8 h 30, sur le site du futur parc-mémorial du moulin à vent où 7 000 petites croix de bois étaient plantées dans le sol. Une ré-inhumation de trois soldats australiens s'est ensuite déroulée au Cimetière militaire britannique des Colonnes, en présence de Dan Tehan, ministre australien des anciens combattants, de l'ambassadeur d'Australie en France et d'Odile Bureau, sous-préfète de Péronne[18].
Le prince Charles, le ministre de la Défense néo-zélandais, Gerry Brownlee, et le secrétaire d'État français aux Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, ont participé le jeudi à 11 h, à une cérémonie commémorative au Caterpillar Vallet Cementery de Longueval (Somme), à la mémoire des 8 000 soldats néo-zélandais tués ou blessés au cours de la bataille de la Somme en 1916. La journée de commémoration avait débuté à 6 h 30 par une cérémonie sobre devant le mémorial national néo-zélandais de Longueval.
Pierre Loti envoyé à Doullens publia ses premiers articles de « reporter de guerre » pour l'Illustration; il écrivit, le , à propos de ce qu'il vit de la bataille :
« Nous découvrons tout à coup vers l'est un immense horizon de collines voilées de fumées blanches […] grand bruit d'orage […]. Et c'est cela, la grande bataille, la plus gigantesque bataille que le monde ait jamais connue, et qui sera la dernière aussi grande sans doute, et qui laissera dans l'histoire une trace horrible. C'est la bataille […] où se joue le sort de notre race et qui nous coûte, rien que sur ce point qu'embrasse notre vue deux cents hommes par jour. »
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