L'Alpine A110 est introduite en 1962 au Salon de Paris[1] comme une évolution de l'A108. Si l'A108 était conçue à partir de la Renault Dauphine, l'A110 utilise des pièces de Renault 8.
L'A110 bénéficie des pièces modifiées de la Renault 8 Gordini et de son moteur préparé et toujours d'un châssis-poutre en acier avec une carrosserie en fibre de verre-polyester et d'un moteur en porte à faux arrière. La principale différence avec l'A108 est l'arrière agrandi pour pouvoir accueillir le nouveau moteur quatre cylindres Renault à cinq paliers dont le radiateur est désormais en porte à faux, ceci lui donnant un style plus effilé.
La voiture construit sa renommée internationale grâce à la compétition. Elle écume tous les rallyes nationaux et remporte de nombreuses victoires, sacrant plusieurs champions de France à son volant. Sa carrière internationale commence à la fin des années 1960 et se poursuit au début des années 1970 dans le nouveau championnat international de constructeurs en rallye.
Gagnant la majorité des épreuves en Europe, elle est la voiture de rallye la plus performante en 1971, début d'un historique unique dans le sport automobile face aux Porsche 911, Ford Escort Twin cam et Lancia Fulvia HF. Parmi ses victoires notables, l'A110 gagne le rallye de Monte Carlo avec le pilote suédois Ove Andersson. Les A110 de course, d'usine ou privées auront le meilleur préparateur du moment, Marc Mignotet dont les moteurs étaient les plus performants, ceux-ci sont maintenant très recherchés dans les déclinaisons suivantes: en 1 296 cm3 (125ch), 1 596 cm3 (155ch), et 1 796 cm3 (175ch) puis 1 860 cm3 (190ch).
En 1973, après le rachat complet d'Alpine par Renault, le championnat international est remplacé par un nouveau championnat du monde des rallyes pour constructeurs. Renault décide d'y participer avec l'A110 et avec une équipe comprenant les pilotes Jean-Luc Thérier (trois succès), Jean-Claude Andruet (1), Bernard Darniche (1) et Jean-Pierre Nicolas (1). L'A110 1800 Groupe 4[1] gagne six des treize courses inscrites au programme mondial, faisant d'Alpine le premier champion du monde des rallyes. Ses quatre pilotes vainqueurs d'épreuves sont alors surnommés par les Anglo-saxons «Les mousquetaires d'Alpine-Renault»[4],[5].
Le Groupe 4 permettait de nombreuses modifications, comme les boîtes de vitesses 364, 353 spéciales avec couple conique à la demande, avec ou sans autobloquants, le châssis renforcé avec poutre de treize centimètres, les triangles renforcés, la direction directe, le réservoir central, la lunette arrière en Plexiglas, les pare-chocs en polyester.
En 1974, face à la Lancia Stratos, première voiture conçue dès le début spécifiquement pour le rallye, avec moteur V6Ferrari de 260ch, il est évident que l'A110, qui a atteint la fin de son développement, est désormais dépassée. Les développements moteur de Marc Mignotet, avec l'injection à guillotine, font cependant encore quelques beaux succès. Sur quelques voitures d'usine, une culasseà quatre soupapes par cylindre est adaptée en ultime développement (A110 bis de 220ch). En compétition, elles sont engagées par l'usine et des équipages privés en Groupe 3, Groupe 4, et quelques-unes en Groupe 5.
La modification du châssis, avec l'utilisation de la suspension arrière à double triangulation de l'A310 sur la version SC, n'augmente pas les performances et est boudée par les pilotes, car modifiant trop le caractère de la voiture. L'A110 1600S reste la plus glorieuse en palmarès.
La cote des autos de compétition Groupe 4 fabriquées à l'époque (non réalisées actuellement…) est plus élevée que celle des autos de série, cela étant vérifiable facilement par le fait d'avoir un palmarès, officiel ou non.
La berlinette A110 est devenue l'auto mythique des succès français en rallye dans les années 1960 et 1970.
L'A110 évolue en étant équipée des moteurs améliorés de la R8 Major et de la R8 Gordini. Elle commence alors à acquérir un certain palmarès sportif.
Après avoir gagné des rallyes en France et à l'étranger avec le «moteur Cléon-Fonte» conçu par l'ingénieur René Vuaillat de la R8 Gordini 1 108 cm3 et 1 265 cm3, elle sera équipée à partir des modèles 1969 du «moteur Cléon-Alu» de la Renault 16 TS. Avec deux carburateurs double corps Weber 45, il délivre jusqu'à 125 ch DIN, permettant à l'A110 1600S d'atteindre une vitesse de 205km/h.
Pour 1969, les A110 reçoivent aussi une carrosserie modifiée plus étanche avec en série les projecteurs supplémentaires montés en option depuis deux ans.
Au-dessus du pare-chocs avant de l'A110, sont installés des clignotants rectangulaires remplacés un an plus tard sur les modèles 1972 par ceux de la Citroën Dyane.
En 1973[1], la suspension arrière de la version civile 1600SC reçoit les triangles superposés de l'A310 à la place du train arrière à demi-arbres oscillants. Le nombre d'écrous par roue passe de trois à quatre. Les poignées de portes sont remplacées par des boutons-poussoir et le panneau arrière démontable fourni un accès plus facile au compartiment moteur/boîte de vitesses.
Pour 1977, la dernière année de production, l'A110 1600SX adopte un tableau de bord modifié et des roues, dites "bobines", inspirées de celles de la nouvelle A310V6, mais à quatre écrous de fixation (au lieu de trois sur l'A310). A noter que les derniers exemplaires produits sont équipés de feux arrières d'origine Alfa-Roméo en remplacement des "historiques" feux de R8.
Différents modèles de l'A110
A110 en course.
A 110 au Monte-Carlo (1971).
A110 à la Targa New-Zealand Classic (2009).
A110 1600 S VC de 1973.
Vue arrière de l'A110.
En France
L'A110 a été équipée de divers moteurs. Voici la liste des voitures produites:
La source la plus prolifique de berlinettes hors de France fut l'Espagne où des A110 1 108 cm3, 1 289 cm3 et 1 397 cm3 ont été construites sous licence par Fasa-Renault. Les moteurs de faible puissance sont adaptés à la demande locale.
Les voitures 1 108 cm3 espagnoles sont plus lourdes que les 1 108 cm3 «70» françaises. Cette différence de poids est en général attribuée aux pare-chocs plus épais pour faire face aux conditions de routes plus difficiles. Cependant, l'A110-1300 espagnole est officiellement plus légère de 5 kg que la «85» française.
La production de la berlinette A110 ayant cessé en France en [1], c'est une A110-1400 construite en Espagne qui a l'honneur d'être la dernière des A110.
Entre 1962[8] et 1966, Willys-Overland construit au Brésil environ mille cinq cents A108 (845 cm3, 904 cm3 et 998 cm3) sous le nom d'«Interlagos» (Coupé Sport, cabriolet et berlinette).
Des composants badgés «Interlagos» pour environ deux cents A110 S 1 108 cm3 ont été fournis par Dieppe pour l'assemblage en Bulgarie entre 1968[7] et 1970 sous le nom de «Bulgaralpine». Une coopérative formée entre SPC Metalhim et ETO Bulet, dont la collaboration a également eu comme conséquence la création de Bulgarrenault.
L'A110 a également été produite sous licence au Mexique de 1964[1] à 1972[1] par Nacional diesel (DINA) —qui a également produit des véhicules Renault— sous le nom de «Dinalpin». Environ trois cents berlinettes A110 de 956 cm3 ont été produites entre 1964 et 1967 puis environ deux cents variantes de 1 108 cm3 jusqu'en 1972.
1963: Alpine berlinette A108 (précurseur de 750 cm3 à 1L) vainqueur du Rallye des Lions (un avec Michèle Dubosc, toute première victoire)[9], puis du Rallye d'Automne (avec Jacques Cheinisse); plusieurs victoires de classe se succèdent alors, la plus probante étant celle de 1964 au Rallye Monte-Carlo en 1 000 cm3.
1969: Alpine berlinette A110 1400 championne de France des rallyes sur asphalte avec Jean Vinatier
1970: Alpine berlinette A110 1300 championne de France de course de côte en groupes 3 et 4 avec Jean Ortelli
1970 et 1971: Alpine berlinette A110 1300 championne de Bulgarie avec Ilia Tchubrikov
1970: Alpine berlinette A110 1300 championne de Roumanie avec Aurel Puiu
1971: Alpine berlinette A110 1600S championne de France des rallyes sur asphalte avec Jean-Pierre Nicolas
1972: Alpine berlinette A110 1800 championne de France des rallyes sur asphalte avec Bernard Darniche
1972, 1973, 1974, 1975 et 1976: Alpine berlinette A110 championne de Tchécoslovaquie avec Vladimír Hubacek
1973: Alpine berlinette A110 1800 championne de France des rallyes sur asphalte avec Jean-Luc Thérier
1970 (et Opel Kadett), 1972, 1973, 1976 et 1977 (et Nissan Violet 160J): Alpine berlinette A110 1600 (3) puis 1800 (2) championne de Grèce avec Anastásios Livieratos (Siroco)
1973: Alpine berlinette A110 et Renault 12 championnes de Turquie des rallyes avec Aytaç Kot (copilote Ercan Ayan)
Championnat de France Autocross et Sprintcar, division 2 2 000 cm3 et Challenge AFAC: Alpine berlinette A110 de 1991 à 1996 puis 1998 (Régis Lagarde), 1999 (Noam Lagarde) et 2003 (Romuald Delaunay)
1995: Alpine berlinette A110 1800 championne de France Historic avec Jean-Charles Rédélé
Rallyes internationaux:
1968, 1969, 1972 et 1973: Alpine berlinette A110 vainqueur du Rallye des Asturies, en championnat d'Espagne et d'Europe (par Bernard Tramont en 1968 et 1969)
1970: Alpine berlinette A110 1600S championne d'Europe (avec Jean-Claude Andruet); vainqueur de cinq rallyes: Rallye Lyon-Charbonnières-Stuttgart–Solitude, Rallye de Lorraine, Rallye international de Genève, Rallye de Pologne, Rallye Munich-Vienne-Budapest; Alpine finit aussi vice-championne internationale des marques (laissant le titre à Porsche pour deux points de retard[19], et vainqueur en Italie et à l'Acropole avec Jean-Luc Thérier)
1971: Alpine berlinette A110 1600S vainqueur du Rallye du Portugal, en championnat d'Europe avec Jean-Pierre Nicolas
1971: Alpine berlinette A110 1600 vainqueur du Rally Zlatni Piassatzi (2e Rallye de Bulgarie), en championnat d'Europe avec Ilia Tchoubrikov
1972, 1973 et 1975: Alpine berlinette A110 1600 vainqueur du Barum Rally Zlin (Rallye de Tchécoslovaquie), en championnat d'Europe avec Vladimír Hubáček
1972: Alpine berlinette A110 1800 vainqueur du Rallye Lyon-Charbonnières-Stuttgart-Solitude, en championnat d'Europe avec Jean-Claude Andruet
1972: Alpine berlinette A110 1600S vainqueur de la Coupe des Dames du Rallye Monte-Carlo avec Pat Moss (récidive en 1976 avec Michèle Mouton sur A110 1600SC)
1972: Alpine berlinette A110 1800 vice-championne d'Europe de courses de côte, avec Jean Ortelli
1973: Alpine-Renault berlinette A110 1800 championne du monde des constructeurs avec les victoires de Jean-Claude Andruet (Monte-Carlo), Bernard Darniche (Maroc, Autrichien des Alpes), Jean-Pierre Nicolas (Tour de Corse) et Jean-Luc Thérier (Portugal, Acropole, Sanremo)
1973: Alpine berlinette A110 1600S vainqueur du Rallye Paris - Saint-Raphaël Féminin, en championnat d'Europe avec Marianne Hoepfner
1975: Alpine-Renault encore 3e du championnat du monde des rallyes; Alpine-Renault berlinette A110 1800 vainqueur à cinq reprises dans le championnat d'Europe: Critérium Alpin (J.-P. Nicolas et Vincent Laverne), Rallye d'Antibes (J.-P. Nicolas et V. Laverne), Ronde de la Giraglia (Jacques Henry et Maurice Gélin), Rallye de Touraine (J. Henry et M. Gélin) et Hessen (Achim Warmbold et John Davenport)
1977: Alpine-Renault berlinette A110 1800 groupe 4 championne d'Europe FIA de Rallycross (1re en Belgique, en Allemagne, et en Hollande).
(Au total: après le Tour de Corse 1968 gagné par Jean-Claude Andruet (en version 1440), l'A110 remporte douze victoires de niveau mondial en quatre saisons (1970-73, six en IMC et six en WRC), pour 31 podiums en sept saisons (1970-76, onze en IMC et vingt en WRC); Jean-Pierre Nicolas est le dernier vainqueur en WRC (Tour de Corse 1973), et Anastásios Livieratos comptabilise le dernier podium (Acropole 1976, en version 1800))
Endurance automobile
En 1968, deux Alpine A110 sont engagées aux 24 Heures du Mans par des équipes indépendantes. Elles parviennent toutes les deux à terminer la course, mais ne sont pas classées, pour distance parcourue insuffisante[20].
Cinéma
On peut apercevoir des A110 dans quelques films, où elle joue parfois des rôles importants[21].