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matériau blanc utilisé en taille de pierre et en sculpture De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L’albâtre est un matériau naturel blanc utilisé en taille de pierre et en sculpture.
Il existe deux formes d’albâtre bien distinctes, correspondant à deux espèces minérales différentes : l’albâtre calcaire et l’albâtre gypseux sont respectivement composés de calcite et de gypse. Leur faculté de prendre un beau poli les a inclus dans les marbres antiques jusqu’à la chute de l'Empire romain. Ils réapparurent vers le XIIe siècle et surtout à la Renaissance (voir Histoire du marbre), où ils perdirent de leur importance en faveur des marbres modernes.
Son nom vient du latin alabaster, venant du grec ancien ἀλάϐαστρος / alábastros, qui désignait un vase sans anse, l'albâtre étant utilisé pour façonner des vases à parfum sans anse.
L’albâtre calcaire est appelé également marbre onyx des anciens, albâtre égyptien, albâtre de la Bible ou encore albâtre oriental, probablement parce que cette variété d'albâtre est utilisée de longue date[1].
C’est une calcite, cristal de carbonate de calcium, qui fait effervescence à l’acide. Il est assez dur pour entamer le marbre blanc. Souvent veiné, il présente à sa surface des espèces d’ondulations d’un jaune miel plus ou moins foncé, tirant parfois sur le rouge sombre. Il est extrêmement rare de trouver de l’albâtre calcaire d’un blanc parfait. Il forme un calcaire concrétionné et est décrit géologiquement comme un travertin à bandes compactes ou un calcaire stalagmitique marqué avec des motifs de bandes tourbillonnantes de crème et de brun[2].
Sa cassure est cristalline et striée, ce qui lui donne une semi-transparence, car la lumière a un accès beaucoup plus facile dans l’épaisseur de cette pierre tellement composée, que dans celle d’un marbre, par exemple, dont l’intérieur présente une infinité de petites lamelles qui brisent les rayons lumineux sans leur permettre d’entrer. Bien poli, il ressemble à du marbre.
L’albâtre gypseux ou alabastrites des anciens, est une variété de gypse, c’est-à-dire du sulfate de calcium dihydraté. Il ne fait aucune effervescence et peut se laisser rayer à l’ongle (dureté Mohs 1,5 à 2). Il est ordinairement d’un blanc laiteux et sa cassure est grenue et souvent terne. Son système cristallin est de type monoclinique. Cette variété de gypse à grain fin est extraite en particulier dans des carrières anglaises ou de Toscane. L'albâtre est employé comme pierre ornementale. Sa tendreté permet de la sculpter en formes élaborées. De plus, vu sa solubilité dans l’eau, il doit être utilisé à l’intérieur. Il perd sa transparence, son brillant et sa solidité quand on l’expose au feu, c’est-à-dire qu’il se change en plâtre.
À la différence du marbre, roche métamorphique se formant à des kilomètres ou dizaines de kilomètres de profondeur et dont l'affleurement à la surface requiert l'exhumation et l'érosion d'une épaisse pile de roches, l’albâtre se forme en surface ou très proche de la surface sur des échelles de temps se comptant en dizaines d'années ou quelques siècles.
L’albâtre calcaire tend à remplir les grottes ou les excavations, transporté par les eaux qui s’infiltrent dans la terre en traversant des couches calcaires et ferrugineuses, en se chargeant de tout ce qu’elles peuvent dissoudre depuis leur départ de la surface du sol jusqu’au plafond des cavernes[3]. Le gaz carbonique acidifie l'eau qui dissout la calcite, produisant du bicarbonate de calcium. Celui-ci peut se décomposer dans le sens inverse, en donnant du gaz carbonique et du carbonate de calcium insoluble qui cristallise en calcite et, au bout d’un certain temps, forme une concrétion. C'est ainsi que les gouttes d'eau venant du plafond donnent une stalactite qui croît, donc, de haut en bas. Le reste tombe au sol en formant de bas en haut une stalagmite. Ces deux concrétions peuvent finir par se rejoindre et former une colonne. La calcite couvre aussi les parois et le sol de ces grottes, que l'on trouve dans presque tous les pays riches en calcaire. Elles sont actuellement des lieux de visite, de par leur diversité de couleurs et de formes, alors qu’elles furent des lieux d’exploitation dans la plus lointaine Antiquité, sans compter les abris préhistoriques.
L'albâtre gypseux provient de la recristallisation du gypse, qui se forme au cours de processus d'évaporation de lagunes ou de mers peu profondes. Cette évaporation augmente la teneur en sels dissous. Quand elle atteint le point de saturation, ils précipitent dans l'ordre : carbonates (dolomie), sulfates (gypse), chlorures (sel de cuisine ou halite). De ce fait, le gypse est catalogué dans les roches sédimentaires (la précipitation est un dépôt) de type évaporite. Il est formé de petits cristaux de sulfate de calcium hydraté (CaSO4・2 H2O) nommés sélénite à cause de leur couleur blanche translucide rappelant celle de la lune. Le gypse est très soluble et, sous l'effet de circulations d'eau, de mouvements tectoniques et d'enfouissements, pourra se dissoudre et recristalliser plusieurs fois pour donner l'albâtre qui en est une forme dérivée. Gypse et albâtre ont la même composition chimique ; seuls ces processus de recristallisation les différencient rendant le second plus résistant et translucide, donc plus facile a sculpter d'où son utilisation ornementale.
Découpé en minces feuillets, l'albâtre est suffisamment transparent pour être utilisé comme vitre pour de petites fenêtres. Il était si transparent que Néron en fit construire un petit temple sans fenêtre, où le jour passait à travers le marbre même qui formait les murs (connu comme Marbre blanc cappadocien). Il a été employé pour sa transparence dans certaines églises médiévales, particulièrement en Italie, comme pour les fenêtres du mausolée de Galla Placidia à Ravenne.
À leur suite les Assyriens, les Étrusques et les Grecs développèrent un important artisanat. Puis les Romains le reprirent sous la forme Alabastrum. Le nom évolua en français sous la forme albâtre, attestée dès le XIIe siècle. On exploita des gisements en Espagne, en Italie (Volterra), en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et principalement en Angleterre où prospéra un artisanat très actif.
À la Renaissance et à l'époque moderne, il est utilisé pour la fabrication de vitraux comme dans la Gloire de la basilique Saint-Pierre de Rome, ou pour les vitraux de la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs de Rome.
Depuis l'installation de la vice-royauté du Pérou, les artisans de la ville d'Ayacucho utilisent l'albâtre gypseux pour produire des figures délicates et des groupes religieux polychromes peints à l'huile. Les représentations les plus fréquentes étaient les vierges, les saints, les nativités et les scènes de l'art chrétien.
Plus récemment, il y a été abondamment utilisé pour la cathédrale Notre-Dame-des-Anges de Los Angeles, consacrée en 2002. Un dispositif spécifique de refroidissement permet d'empêcher les panneaux de devenir opaques sous l'effet de la chaleur.
C’est le marbre onyx des anciens ;
« L'albâtre translucide de nos souvenirs »
— Marcel Proust, À la recherche du temps perdu : La Prisonnière, , p. 284-285.
Dans la littérature française, l'albâtre apparaît au XIXe siècle comme métonymie pour désigner une veilleuse ou un luminaire ; le « blanc d'albâtre » est une espèce de superlatif et un cliché quand il s'agit de décrire une peau de femme. Un nom moins commun que blanc, une référence à la translucidité, laissant voir le réseau des veines en dessous, une allusion à l'antiquité, et la mode des bibelots et lampes en albâtre à l'époque font tout le charme de cette comparaison[4].
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