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fabuliste grec de l'Antiquité De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Ésope (en grec ancien Αἴσωπος / Aísôpos, VIIe – VIe siècle av. J.-C.) est un écrivain grec d'origine phrygienne, à qui l’on a attribué la paternité de la fable.
Naissance | |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
Αἴσωπος |
Époque | |
Activités | |
Période d'activité |
VIe siècle av. J.-C. |
Statut |
Il n'existe rien de certain sur la vie d'Ésope. Le témoignage le plus ancien est celui d'Hérodote, selon lequel Ésope avait été esclave d’Iadmon, avec Rhodopis[1]. Cette information est reprise plus tard par Héraclide du Pont, qui le présente comme originaire de Thrace, près de la mer Noire, une thèse que semble confirmer un certain Eugeiton[2] qui affirme qu’Ésope était de Messembrie, ville des Cicones, sur la côte de Thrace.
Selon Émile Chambry, « si cet Eugeiton doit être identifié avec un certain Eugéion, qu’on a conjecturé être la source d’Hérodote, son témoignage aurait du poids, et le fabuliste pourrait être tenu pour un Thrace. Mais la tradition la plus répandue faisait d’Ésope un Phrygien : Phèdre, Dion Chrysostome, Lucien, Aulu-Gelle, Maxime de Tyr, Aelius Aristide, Himérios, Stobée, et Suidas rapportant le mot prêté à Crésus, « μᾶλλον ὁ Φρύξ » : « Le Phrygien a parlé mieux que tous les autres. », s’accordent à lui assigner la Phrygie pour patrie. Quelques-uns précisaient même la ville de Phrygie où il était né : c’était, d’après la Souda et Constantin Porphyrogénète, Cotyaion ; c’était Amorium, d’après la vie légendaire d’Ésope »[3].
Selon Chambry encore, « si l’on a cherché la patrie d’Ésope hors de la Grèce, en Phrygie, c’est que le nom Αἴσωπος ne semble pas être un nom grec ; on a cru y voir un nom phrygien, qu’on rapprochait du nom du fleuve phrygien Αἴσηπος, et peut-être du guerrier troyen Αἴσηπος dont il est question chez Homère[4] ; on l’a rapproché aussi du mot Ἢσοπος qu’on lit sur un vase de Sigée[5]. Une Vie d’Ésope le fait Lydien, sans doute parce que, d’après la tradition qui apparaît pour la première fois dans Héraclide, il fut esclave du Lydien Xanthos. En somme, toutes ces traditions ne reposant que sur des conjectures, il serait vain de s’arrêter à l’une d'entre elles : mieux vaut se résigner à ignorer ce qu’on ne peut savoir[6]. »
Quant à l'époque où il a vécu, il règne la même incertitude. Si l'on suit Hérodote, qui en fait un contemporain de Rhodopis, il aurait vécu entre 570 et 526 av. J.-C.. Phèdre le place entre 612 et 527 av. J.-C.[7].
Selon une thèse de M. L. West, c'est à Samos que se serait formée sa légende[8].
Maxime Planude, érudit byzantin du XIIIe siècle, a popularisé une Vie d’Ésope à partir d'un matériau datant probablement du Ier siècle. Ce texte rassemble des traditions diverses, certaines anciennes, d'autres de l'époque romaine. L’emprunt le plus important est celui fait à Babylone, transposant pour Ésope un récit de la vie d'Ahiqar, qui circulait en Syrie à cette époque[9]. Jean de La Fontaine a lui-même adapté ce récit et l'a placé en tête de son recueil de fables sous le titre La Vie d'Ésope le Phrygien.
Selon ce récit,
« Ésope était le plus laid de ses contemporains ; il avait la tête en pointe, le nez camard, le cou très court, les lèvres saillantes, le teint noir, d’où son nom qui signifie nègre ; ventru, cagneux, voûté, il surpassait en laideur le Thersite d’Homère ; mais, chose pire encore, il était lent à s’exprimer et sa parole était confuse et inarticulée[10]. »
Selon la légende, Ésope, ayant rêvé une nuit que la Fortune lui déliait la langue, s'éveille guéri de son bégaiement. Acheté par un marchand d'esclaves, il arrive dans la demeure d'un philosophe de Samos, Xanthos (dont le nom signifie « Blond »), auprès duquel il rivalise d'astuces et de bons mots, et contre lequel il livre un combat incessant.
Finalement affranchi, il se rend alors auprès du roi Crésus pour tenter de sauvegarder l'indépendance de Samos. Il réussit dans son ambassade en contant au roi une fable. Il se met ensuite au service du « roi de Babylone », qui prend grand plaisir aux énigmes du fabuliste. Il résout aussi avec brio les énigmes qu'aurait posées à son maître le roi d'Égypte.
Voyageant en Grèce, il s'arrête à Delphes, où, toujours selon la légende, il se serait moqué des habitants du lieu parce que ceux-ci, au lieu de cultiver la terre, vivaient des offrandes faites au dieu. Pour se venger, les Delphiens l'auraient accusé d'avoir volé des objets sacrés et condamné à mort. Pour se défendre, Ésope leur raconte deux fables, La Grenouille et le Rat et L'Aigle et l'Escarbot, mais rien n'y fait et il meurt précipité du haut des roches des Phédriades[11].
On a souvent mis en doute la réalité historique de la prodigieuse destinée de cet ancien esclave bègue et difforme qui réussit à se faire affranchir et en vient à conseiller les rois grâce à son habileté à résoudre des énigmes.
« Tout le récit de la vie d'Ésope est parcouru par la thématique du rire, de la bonne blague au moyen de laquelle le faible, l'exploité, prend le dessus sur les maîtres, les puissants. En ce sens, Ésope est un précurseur de l'antihéros, laid, méprisé, sans pouvoir initial, mais qui parvient à se tirer d'affaire par son habileté à déchiffrer les énigmes[12] ».
Ésope était déjà très populaire à l’époque classique, comme le montre le fait que Socrate lui-même aurait consacré ses derniers moments de prison avant sa mort à mettre en vers des fables de cet auteur. Le philosophe s’en serait expliqué au philosophe Cébès de la façon suivante : « Un poète doit prendre pour matière des mythes [...] Aussi ai-je choisi des mythes à portée de main, ces fables d’Ésope que je savais par cœur, au hasard de la rencontre[13]. »
Le poète Diogène Laërce attribue même une fable à Socrate, laquelle commençait ainsi : « Un jour, Ésope dit aux habitants de Corinthe qu'on ne doit pas soumettre la vertu au jugement du populaire. » Or, il s'agit là d'un précepte aujourd'hui typiquement associé au philosophe plutôt qu'au fabuliste. Socrate se servait sans doute du nom d'Ésope pour faire passer ses préceptes au moyen d'apologues[14].
Les fables dites d'Ésope sont de brefs récits en prose sans prétention littéraire. Il est presque certain qu'il ne les écrivait pas[15]. La fable existait avant Ésope, mais celui-ci est devenu tellement populaire par ses bons mots qu'on en a fait le « père de la fable » : « le grec ne possédant pas de terme spécifique pour désigner la fable, le nom d'Ésope a servi de catalyseur, et ce d'autant plus facilement que toute science, toute technique, tout genre littéraire devait chez eux être rattaché à un « inventeur ». Ainsi s'explique, en partie, qu'Ésope soit si vite devenu la figure emblématique de la fable[16]. »
Le premier recueil de fables attribuées à Ésope a été compilé par le philosophe Démétrios de Phalère vers 325 av. J.-C., un ouvrage qui a été perdu. Celui-ci a toutefois donné naissance à d’innombrables versions dont l'une a été conservée sous la forme d’un ensemble de manuscrits datant probablement du Ier siècle, collection appelée Augustana. C’est à celle-ci que l’on se réfère lorsqu’on parle aujourd’hui des « fables d'Ésope ». Elle compte plus de 500 fables, toutes en prose, parmi lesquelles figurent les plus populaires, telles Le Corbeau et le Renard, Le Lièvre et la Tortue, Le Bûcheron et la Mort, Le Vent et le Soleil, etc. Il est probable que le nom d'Ésope a servi à regrouper toutes sortes de récits qui circulaient jusque-là de façon orale et qui présentaient des caractéristiques communes[17]. Dans son édition critique, Chambry a retenu 358 fables.
Une des premières traductions françaises est celle faite par le Suisse Isaac Nicolas Nevelet en 1610, qui compte 199 fables[18]. C'est le recueil qu'a utilisé La Fontaine.
Ésope aurait inspiré notamment[réf. souhaitée] :
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