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édifice religieux pourvu de défenses De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une église fortifiée est un « édifice cultuel pourvu d'organes de défense active caractéristiques, généralement parfaitement identifiables par référence à la typologie des appareils militaires »[1]. Ces églises doivent avoir des fortifications indépendantes de celles d'une ville ou d'un château fort.
Pendant la période du Moyen Âge, les églises ont vu leur architecture adaptée aux désordres sociaux et politiques de l'époque. Certaines églises (notamment celles des territoires limitrophes) ont été fortifiées de sorte que la population locale puisse s'y protéger. Cette fortification se traduit principalement par l'adjonction de parapet crénelé mais le crénelage sur les édifices religieux a plus une fonction symbolique (manifestation de puissance ostentatoire du seigneur à travers une architecture religieuse qui procède du modèle de son château fort[2]) que militaire[3], la population bénéficiant en fait de la protection par le droit d'asile dans les églises même non fortifiées[4]. Cette fortification a en effet un rôle mineur en cas d'invasion et de guerre (l'armée qui ne respecte pas ce droit d'asile étant suffisamment équipée pour s'emparer rapidement de l'édifice)[4], elle n'a une fonction dissuasive que contre les problèmes courants d'insécurité (bandes pillant et vivant de rapines, peu équipées pour un siège)[5].
Les premières églises fortifiées datent du IXe siècle quand en 869 Charles le Chauve ordonne la construction d'un castellum à Saint-Denis et qu'en 883 l'abbaye Saint-Vaast d'Arras commence ses travaux de fortification[6].
Du Xe siècle nous est parvenue la mention en 919 de la construction de l'enceinte de Châteauneuf-les-Tours, en 920 du castellum de Saint-Martial-de-Limoges avec ses deux tours, en 923 des fortifications de Saint-Gery à Cambrai, Saint-Arnould à Reims, et en 933 de la fortification de l'église Saint-Hilaire le Grand de Poitiers. En 988 l'évêque Fortier fait enclore le monastère de Saint-Front, il en est de même pour l'abbaye de Saint-Victor dans le Midi et pour l'abbaye Saint-Père de Chartres. Elle est munie d'un clocher porche défensif comme Saint-Germain-des-Prés et beaucoup d'autres églises[6].
Des églises fortifiées ont été bâties (certaines non fortifiées furent alors aménagées) en France, et dans les pays germanophones. On trouve généralement deux types de fortifications : complète ou uniquement sur une partie transformée en donjon, le chœur ou le portail (surmonté d'une « salle refuge »).
À chaque passage de troupes, la population se réfugiait dans un fort, une ville fortifiée, une église. En fait, les paroisses éloignées des quelques routes carrossables se trouvaient pratiquement hors d'atteinte des armées en campagne car les chemins de campagne étaient impraticables pour l'artillerie lourde. Par contre, elles étaient continuellement en butte aux entreprises de pillages .
Si de nombreux exemples existent dans le Sud-Ouest (régions Midi-Pyrénées et Poitou-Charentes), c'est sans doute en Picardie, et plus précisément en Thiérache, que le terme « église fortifiée » prend toute sa spécificité. On notera qu'à la même époque, dans la même région-frontière, mais plus à l'ouest, dans l'Amiénois, les villageois se réfugiaient non en hauteur comme en Thiérache, mais sous terre, dans des souterrains-refuges (appelés localement « muches »), creusés à partir de l'église - comme à Domqueur - ou du moulin - comme à Naours.
En Thiérache, on dénombre environ 65 églises fortifiées[7] dans une zone presque circulaire, pratiquement délimitée au nord par l'Oise et au sud par la Serre, ayant en schématisant Vervins pour centre. Ces édifices sont principalement implantés dans l'Aisne, mais aussi dans les Ardennes.
Terres partagées entre comté de Luxembourg, duché de Lorraine (et duché de Bar) ainsi que les Trois-Évêchés, le territoire de la région Lorraine conserve de nombreuses églises fortifiées ou ayant été fortifiées.
La plupart des églises fortifiées de ce département se situent dans les environs de Toul, siège d'un ancien évêché indépendant et puissant, la vallée du Rupt de Mad avec les aîtres fortifiés aux frontières du duché de Lorraine et de l'évêché de Metz, et quelques-unes dans le Saintois (environs de Vézelise), ou encore dans le Pays-Haut, aux confins du duché de Lorraine et du comté de Luxembourg.
Secteur du Toulois :
Secteur du Saintois :
Aîtres fortifiés de la vallée du Mad : La tour-clocher de l'église sert de guet et de protection et les édifices attenants participent de la formation d'un petit centre fortifié pour protéger les villages :
Le morcellement complexe des terres ancestrales entre duché de Bar, duché de Lorraine, évêché de Verdun..., fait que l'actuel territoire de la Meuse comporte de nombreuses églises fortifiées, c'est certainement le département lorrain le plus riche (65 églises fortifiées sont recensées par le service départemental de l'architecture et du patrimoine de la Meuse[8]) :
La Moselle comporte de nombreuses églises fortifiées ou ayant été autrefois fortifiées. Elles servaient de refuge aux habitants mais aussi aux seigneurs temporels et religieux de la région comme fortifications le long de leurs frontières. Le Pays messin à lui seul comporte 31 églises de ce type[9] :
La plupart des églises fortifiées du département se situent entre la vallée de la Meuse (Pays de Neufchâteau), et Châtenois. Elles se distinguent par une salle fortifiée au-dessus du chœur.
Dans le Xaintois :
En Saintonge, c’est durant la guerre de Cent Ans qu’ont été construites ou fortifiées de nombreuses églises romanes, à l'époque où le fleuve Charente servait de frontière[10].
En Dordogne, on dénombre 53 églises fortifiées dont plus de la moitié dans le quart nord-ouest du département[11].
Au Luxembourg, il reste seulement une tour du monastère fortifié d'Altmünster, qui se trouvait à côté du château des comtes de Luxembourg, sur le rocher du Bock, à Luxembourg-ville[18].
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