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église située dans la Manche, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'église Saint-Germain de Saint-Germain-sur-Ay est un édifice catholique, du XIIe siècle, qui se dresse sur le territoire de la commune française de Saint-Germain-sur-Ay, dans le département de la Manche, en région Normandie.
Type | |
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Fondation |
XIIe siècle- |
Diocèse | |
Paroisse |
Paroisse Saint-Benoit (d) |
Style | |
Religion | |
Patrimonialité |
Inscrit MH () |
Localisation |
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Coordonnées |
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L'église et le cimetière qui l'entoure sont inscrits aux monuments historiques.
L'église est située dans le bourg de Saint-Germain-sur-Ay, dans le département français de la Manche.
L'origine de l'église, placée sous le patronage de Germain le Scot[1], est le résultat de trois évènements mis en avant par l’historien Lucien Musset[2] :
On retrouve dans l’église romane de Saint-Germain-sur-Ay, qui appartient à l'école de Lessay[5], la rigueur normande des lignes architecturales et l’absence de porte monumentale. Elle respecte ainsi la rigueur bénédictine sur les distractions de l’esprit, et l’efficacité des barons cotentinois dans la construction des édifices.
Charles de Gerville lors de sa visite de la commune en 1818, écrivait : « Cette petite église est beaucoup plus curieuse que son extérieur ne semble l'annoncer »[6].
Il n’y a pas à proprement parler de façade. La nef, les collatéraux ainsi que le chœur sont couvert par un seul grand rampant de toiture[7]. Deux portes permettent d'accéder à l'église, la porte du côté ouest à l’extrémité de la nef et l’entrée principale sur le côté sud de la tour fortifiée.
C’est sur le clocher-tour fortifié dans la seconde moitié du XIVe siècle, et dont le couronnement date du XIXe siècle[5], que l’on peut voir un effort notable de sculpture. La tour est dotée de huit fenêtres. Deux d’entre elles sont en arc brisé. Elles sont chacune surmontées d’un corbeau en forme de têtes grimaçantes. Une dernière fenêtre, située sur la face est, a été condamnée lors de la construction des bas-côtés au XVIIIe ou au début du XIXe siècle. Son encadrement est encore visible à l’intérieur de la tour. Elle est aujourd'hui intégrée dans un arc en plein cintre.
À l'extrémité est de l'église, trois sculptures font face au soleil couchant sur la sacristie. Deux feuilles de marronnier sculptées ornent deux colonnes d'une fenêtre. Elles datent du XIXe siècle. Une sculpture plus fine se trouve sur l'arête du bâtiment. Il s'agit d'une fausse porte de type antique à laquelle s'adosse une coquille Saint-Jacques. La porte dans l'architecture chrétienne selon Robert-Jacques Thibaud[8] peut avoir deux significations. La première est la figuration du Christ selon le verset 20, Apocalypse 3, « Voici je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerais… ». Ici, la sculpture figure la porte comme le choix de refuser ou d'accepter la foi. La seconde figuration serait plus antique et la porte serait destinée uniquement au passage des âmes.
La coquille soutenant la porte est une coquille Saint-Jacques. Elle est la marque des pèlerins se dirigeant vers Saint-Jacques de Compostelle. Elle orne les points de passage, les lieux où priaient et où séjournaient parfois les jacquots[9]. Saint-Germain-sur-Ay fut pendant les grandes heures du pèlerinage médiéval, un lieu de repos pour les catholiques de Jersey et d'Angleterre, mais aussi un lieu de départ pour les Normands en route pour Saint-Jacques de Compostelle[10].
Le chœur rectangulaire roman du XIIe siècle de deux travées carrées est séparé de la nef par un arc en plein cintre. Le jeu architectural est doté de deux voûtes en croisée d'ogives dont la jonction est faite par une simple clé d’ogive non ouvragée. Elle correspond au schéma roman ou proto-gothique d'un petit groupe régional bien caractérisé de petite église du Cotentin, dite « école de Lessay », avec notamment celles de Martinvast et Octeville, où dès le premier quart du XIIe siècle, la croisée d'ogives est appliquée aux voûtements du chœur[11],[note 1]. Les bas-côtés ont été ajoutés au XVIIIe siècle[13].
Charles de Gerville en 1818 désigne l’église de Saint-Germain-sur-Ay comme étant « l’église aux visages »[14]. En effet, pas moins de vingt personnages de l’âge roman apparaissent dans l’église. D’autres créatures s’illustrent sur les chapiteaux : lions, diables et serpents au milieu de motifs végétaux et géométriques.
Directement face à la nef, deux chapiteaux (plan du chœur repères A et B) s’offrent à la vue des visiteurs avec un message fort. Deux pêcheurs côte à côte se repentissent de leurs pêchés et portent les mains à leur bouche terrorisés. Face à eux le second chapiteau expose « deux Lions affrontés ». Cette représentation se retrouve notamment sur l'église de Murbach en Alsace[15]. Les lions ainsi représentés sont des justiciers distinguant le pêcheur du fidèle. Dans le détail, on peut observer que les yeux des lions sont grands ouverts. Le sculpteur a voulu mettre en avant un thème cher au monde médiéval synthétisé par la phrase de Physiologus « quand il dort, ses yeux veillent ». Ces deux lions étaient gardiens du sanctuaire[16].
Deux chapiteaux excentrés (plan du chœur repères E), à l’écart des regards, portent sur la représentation du diable. L’un représente un démon qui sourit d’une manière disproportionné presque grimaçante. On distingue ses deux cornes qui se muent en crochets. Il apparaît ici comme « un tentateur rusé »[17].
À gauche de cette représentation, le diable est mis en scène dans une représentation inspirant la crainte au visiteur. Le diable se trouve tête renversée. Ses deux cornes sont minutieusement travaillées. Le diable libère deux serpents de sa bouche. Ils rampent, adoptent une posture menaçante et crachent du feu. Le sculpteur a également voulu mettre en avant le caractère incontrôlé de ces trois personnages. Ils sortent du cadre de leur chapiteau et détruisent par des gerbes les crochets de la face Sud du chapiteau. La corne gauche du diable déborde sur le côté Sud à la vue de celui qui donne la prière, symbolisant que le mal est omniprésent et tente de retrouver la place qu’il a perdue en étant déchu.
Cinq personnages encapuchonnés apparaissent sur les chapiteaux (plan du chœur repères C, D et E). La capuche est réservée à ceux qui « possèdent la Connaissance et ont atteint la maîtrise spirituelle »[18]. Ces représentations rappellent également que l’ordre religieux qui s’installa lors de la fondation de l’église n’était entre autres que les moines de l’ordre de saint Benoît. Les bénédictins du mont portaient le scapulaire noir à capuchon, et une ceinture noire autour de la taille.
À l’extrémité nord-est du chœur (plan du chœur repères E) deux personnages dissymétriques sont séparés par une balance. On peut y voir selon Robert-Jacques Thibaud une représentation du Jugement Dernier[19].
D’autres motifs ornent les chapiteaux, et se retrouvent dans l'ouvrage de Viollet-le-Duc[20] :
En se référant à la datation de Michel Pinel[21], les modillons nord et sud se trouvaient à l'extérieur de l'église jusqu'à l'édification au XVIIIe ou XIXe siècle des bas-côtés qui les engloba à l'intérieur de l'édifice.
Sur le versant nord, le modillon C porte une croix en sautoir, le modillon E représente une croix latine au creux d'un médaillon, et le modillon "G" un calice. Au XIIIe siècle, la statuaire chrétienne tentaient de désigner les apôtres par « les instruments de leur martyrs »[22]. Si tel est le cas pour l'église de Saint-Germain-sur-Ay, alors les sculpteurs ont notamment représenté le supplice de saint André (modillon C), de saint Philippe (modillon E) et de saint Jean (modillon G). Parmi les autres modillons, moins symboliques, le visiteur peut distinguer un bouclier (modillon A), un parchemin (modillon B) et un visage (modillon K).
Les églises édifiées durant l'âge roman, respectaient une logique d'agencement. Celle-ci attribuait volontiers le côté sud aux personnages du Nouveau Testament[23]. Sur le versant sud, douze personnages apparaissaient jusqu'au XIXe siècle à la vue des fidèles. S'il s'agit des douze apôtres, on peut tenter de les identifier selon l'ordre dans lequel ils apparaissent dans le canon de la messe. Selon Viollet-le-Duc[22]: « Dans le canon de la messe, les douze apôtres sont désignés dans l’ordre suivant : Pierre, Paul, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Simon et Taddée ». Il arrive qu'un évangéliste prenne la place d'un apôtre[22]. L'évangéliste Marc[22] prend parfois la place de Simon, le onzième apôtre dans l'ordre du canon. Le modillon "11" porte un personnage stylisé avec une crinière. La forme allégorique, proche du tétramorphe à travers laquelle Marc est le plus souvent représentée dans la statuaire chrétienne : celle du lion.
Cette partie de l’édifice apparaît comme étant la plus pauvre en décoration, éclairé latéralement par les fenêtres des bas-côtés.
La nef aveugle à collatéral de la fin du XIIe siècle est composée de trois vaisseaux[note 2]. Une allée centrale, longue de dix-huit mètres, à laquelle s’adossent deux bas-côtés voûtés en berceau. Elle est parcourue par cinq travées retombant sur des grosses piles carrées surmontées de larges arcs en plein cintre fourrés qui font penser à ceux de la nef de la Lucerne et sont sans doute contemporains[25]. Les piliers ont pour seul élément de décoration architecturale une simple imposte intérieure[26]. Sur la façade occidentale, un large oculus et deux étroites fenêtres primitives romanes laissent pénétrer la lumière. Sur les côtés nord et sud quatre fenêtres légèrement rehaussées et pourvues d’une armature en fer forgé complètent l’apport en luminosité.
Le mur nord comporte une porte condamnée qui donnait accès à l’ancien prieuré. Dans la largeur du mur, on trouve également un autel à l’encadrement sculpté permettant d’accueillir une icône et deux cierges. Le visage actuel de l’église est le fruit de la confrontation des points de vue de l’abbé Lefort et de l’architecte des beaux-arts M. Froidevaux au cours des années 1950[27]. De leurs travaux, plusieurs remarques permettent de mettre en évidence l’évolution structurelle de la nef.
À l’origine, celle-ci était pourvue de trois toits en « pierres d’Ardoueze »[28]. M. Froidevaux note dans son rapport du que ce type de couverture était encore présent au niveau de l’abside[29]. La région ne dispose pas de gisement d’ardoise, l’utilisation de la « pierre d’Ardoueze » permettait de pallier ce manque. Il s’agit d’une pierre schisteuse qui permet de couvrir de manière durable et massive les édifices.
La voûte en bois actuelle fut construite en 1954[30]. Elle retombe jusqu’aux grandes arcades. Cet élément architectural masque aujourd’hui les fenêtres romanes dont est pourvue la haute nef (cf. l’illustration la nef dans son intégralité). Elles sont situées au-dessus de chaque arche, selon les croquis de l'abbé Auguste Lefort[31]. Il est encore possible de les étudier en montant dans les combles par deux accès aménagés à cet effet.
La nef apparaît pauvre et dépouillée face à la richesse du chœur. Mais un autre type d’expression artistique s'y illustrait : la peinture murale. C’est au cours de la restauration du milieu du XXe siècle, que l’on mit en évidence cette décoration. La nef était alors recouverte d’un enduit lui donnant uniformément une couleur blanche. La décision fut prise de laisser les pierres apparentes et de décaper cette couverture[14]. Lors de cette opération les ouvriers ont découvert plusieurs blasons armoriés. Ils ne furent pas identifiés, seules leurs positions ont été relevées par les soins de l'abbé Auguste Lefort. Ils étaient à mi hauteur entre les arches et les fenêtres romanes comme le montre le schéma[32]. Ainsi, les bienfaiteurs de l’église avaient le droit de faire figurer leur blason familial contre une participation financière à l’entretien et à la protection de l’église.
La dernière peinture murale encore identifiable se trouve sur le pilier nord le plus à l’est de la nef (Illustration : la nef dans son intégralité, numéro 3). Il s’agit d’une croix de consécration cerclée, et tréflée en son centre. Chaque feuille du trèfle est surmontée d’une fleur de lys. La croix de consécration est un motif figeant la bénédiction de l’église par l’évêque. Celui-ci procédait au signe de croix face à chacun des piliers. Le peintre matérialisait cette action religieuse par une croix peinte.
Le clocher-tour construit hors œuvre, latéralement à l'église, a été couronnée d'un parapet à faux mâchicoulis dans la seconde moitié du XIVe siècle[33].
La tour est pourvue au nord et au sud de faux mâchicoulis. Ils sont « simplement décoratifs et dépourvus d'ouvertures pour le tir »[34]. Néanmoins, ces faux mâchicoulis[35] avaient pour but de renforcer le caractère défensif de la tour et de décourager les assaillants. En effet, au XIVe siècle les incursions anglaises étaient fréquentes et meurtrières.
La tour faisait partie d’un réseau d’églises fortifiées cotentinoises[36] qui à l’instigation des instances dirigeantes devaient permettre de contrôler et d’alarmer les populations contre d’éventuelles invasions. De sa position, à treize mètres au-dessus du niveau de la mer, il était possible de surveiller les allées et venues dans le havre, mais également les flottilles circulant sur le canal de la déroute, entre les côtes cotentinoises et Jersey.
Il se situe sur une pierre à plus d’1,70 mètre du sol sur la façade ouest. Le graffiti représente un bateau à deux mâts : mât de misaine et mât d’artimon. Le mât de misaine porte une voile de type houari et un foc. Le mât d’artimon porte quant à lui une voile à livarde. Il est prolongé d’un mât de flèche à laquelle est accrochée une voile de flèche. Le bateau est également doté d’un solide beaupré. Des traits verticaux sur la coque semblent schématiser la cale. Ce graffiti appartient à la famille des ex-voto scéniques racontant en image les circonstances d’un naufrage[37].
Les ex-voto étaient encouragés par l’église et respectaient un certain rite. Le marin était mis à l’épreuve par les éléments. Il s’adressait au ciel en demandant sa protection. S’il réchappait, il promettait de faire un acte de reconnaissance. Le graffiti sur un édifice religieux est l’accomplissement de cette promesse[38].
L' église et cimetière qui l'entoure sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du [39].
L'église abrite deux œuvres classées au titre objet : une Vierge à l'Enfant du XVe siècle[40], d'inspiration picardes et flamandes, et qui appartient à une même communauté stylistique que les Vierges à l'Enfant du Vrétot, d'Orglandes ou Gatteville[41], et des fonts baptismaux romans[42]. Elle abrite également un retable baroque, un maître-autel du XIXe siècle, les statues de saint Germain, saint Lô et saint Nicolas (XIXe siècle) ainsi qu'un tableau du Sacré-Cœur (XIXe siècle) et une verrière (XXe siècle) de Mauméjean[43].
Dans le cimetière, trois objets ont été ajoutés à l'inventaire supplémentaire du mobilier classé :
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