Remove ads
militant négationniste De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Vincent Reynouard, né le à Boulogne-Billancourt, est un militant négationniste et néonazi français.
Secrétaire général Parti nationaliste français et européen | |
---|---|
Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Formation |
Institut des sciences de la matière et du rayonnement (d) (années 1990) |
Activités |
Parti politique | |
---|---|
Condamné pour |
Étudiant au début des années 1990 à l'ISMRA à Caen, il y crée une association négationniste, l'« Association normande pour l'éveil du citoyen » (ANEC) qui diffuse un bulletin, Nouvelle Vision, qu'il rédige avec Rémi Pontier[1],[2]. Il fonde aussi, avec Pontier et Philippe Costa, l'« Amnistie nationale pour les internés et victimes de la loi Gayssot »[1]. Il a résidé à Saint-Lô[3].
Il se réclame du courant négationniste « post-révisionniste » des héritiers de Robert Faurisson, Alain Guionnet et Olivier Mathieu, courant qui affirme dénoncer, au-delà du prétendu « mythe de la Shoah », l'« emprise juive » sur le monde moderne[4]. Il est un temps exclu du campus pour y avoir distribué des tracts et des autocollants et, dès 1991, fait l'objet de poursuites en justice[5]. Il milite alors également au sein du Parti nationaliste français et européen (PNFE), groupe néo-nazi dont il est brièvement secrétaire général en 1991[6].
Le , la cour d'appel de Caen le condamne à un mois d'emprisonnement avec sursis et à 5 000 francs d'amende pour contestation de l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité (arrêt no 679), Reynouard ayant, selon la Cour de cassation, « adressé aux vingt-quatre élèves d'un lycée, lauréats du concours Résistance et Déportation, des lettres anonymes auxquelles était annexée la photocopie d'écrits contestant l'existence des chambres à gaz en Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale »[7].
Après ses études d'ingénieur chimiste, il opte pour l'enseignement et réussit, en 1994, le CAPLP de Mathématiques - Sciences physiques-Chimie ; il est titularisé en 1995, bien qu'entre-temps, la Cour de cassation ait rendu définitive sa condamnation pour négation de la réalité du génocide et que de nouvelles poursuites contre lui soient en cours, pour distribution de tracts dans les rues de Caen[5]. Il est suspendu le puis révoqué de l'Éducation nationale en avril de l'année suivante pour avoir conservé, dans un ordinateur de son lycée, des documents niant la Shoah et avoir distribué à des élèves un exercice sur les statistiques de mortalité à Dachau inspiré d'un article de Robert Faurisson[8],[9].
Il contribue, en 1997, à un livre intitulé Le Massacre d'Oradour. Un demi-siècle de mise en scène qui prétend innocenter les Waffen-SS du massacre d'Oradour-sur-Glane[10] ; il réitère avec une cassette vidéo, interdite en 2001[8].
En juin 2004, la cour d'appel de Limoges le condamne à vingt-quatre mois de prison, dont six ferme, pour apologie de crimes de guerre. La Cour de cassation casse cependant cet arrêt sans renvoi en , jugeant que les faits reprochés ne constituent pas une apologie de crimes de guerre mais une simple contestation de crimes de guerre, laquelle n'est pas réprimée par la loi[11].
Réfugié en Belgique, il crée la branche française, « Vision historique objective » (VHO), de la maison d'édition néonazie (de même sigle) de Siegfried Verbeke « Vrij Historisch Onderzoek »[12]. Ses propres écrits sont notamment diffusés par le mensuel L'aSSaut du groupuscule néonazi L'Assaut[13]. Il y anime également la revue néonazie Sans concession[14]. Il fonde, en 2005, avec Jérôme Decossas dit « Jean-Jacques Stormay »[15], sa propre structure « catholique national-socialiste et révisionniste », le « Mouvement de combat Saint-Michel »[16],[17].
Arrêté lors d'un déplacement en France, le , Reynouard reçoit le soutien de l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol[18].
Il est condamné, le , à un an de prison et 10 000 € d'amende par le tribunal correctionnel de Saverne (Bas-Rhin) pour contestation de crimes contre l'humanité, pour avoir écrit et fait distribuer la brochure « Holocauste, ce que l'on vous cache » auprès de musées, de syndicats d'initiative et de mairies d'Alsace ; la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), partie civile, obtient 3 000 € de dommages-intérêts, et une manufacture d'impression et son président où avait été distribué le document, 150 €[19]. En , il est à nouveau condamné, en compagnie de Siegfried Verbeke, par le tribunal correctionnel de Bruxelles pour négationnisme[20]. Il vit dans la clandestinité pendant un an. En , les journalistes d'investigation belges Frédéric Loore et Manuel Abramowicz retrouvent sa trace et publient leur information exclusive sur le site de RésistanceS et dans l'hebdomadaire Paris Match[21]. Vincent Reynouard est, pour finir, arrêté le puis extradé vers la France où il est finalement incarcéré, à Valenciennes, pour purger sa peine[22],[20].
Un comité de soutien est alors créé avec la participation du groupuscule lyonnais d'extrême droite Jeune Nation, émanation de L'Œuvre française ; on y trouve notamment Robert Faurisson et sa sœur Yvonne Schleiter qui relaie les messages de Reynouard sur sa liste de diffusion « Bocage »[23]. Jacques Leclerq note qu'« en réalité, cette structure sert avant tout à faire passer les idées de l'intéressé, plus que le défendre ; cela lui permet à nouveau de développer ses thèses ouvertement favorables à Hitler »[24].
Le , l'écrivain Paul-Éric Blanrue lance une « pétition pour l'abrogation de la loi Gayssot et la libération de Vincent Reynouard »[25]. Le texte précise qu'il « ne s'agit pas, pour les signataires de cette pétition, de soutenir les idées de Vincent Reynouard mais de défendre son droit à les exprimer »[26]. Cette pétition marque cependant le début de l'engagement négationniste de Paul-Éric Blanrue, selon l'historienne Valérie Igounet[27]. Elle est signée par des personnalités aux opinions politiques diverses, parmi lesquelles le physicien et essayiste Jean Bricmont, le professeur Noam Chomsky[28], mais également le délégué du Front national Bruno Gollnisch[29], des personnalités passées par le FN et l'ayant quitté comme Jean-Yves Le Gallou et Alain Soral, le polémiste Dieudonné[30]. On y trouve également les signatures des négationnistes Robert Faurisson, Pierre Guillaume, Jean Plantin et Bernard Notin. Selon les journalistes Abel Mestre et Caroline Monnot, certains signataires sont des « idiots utiles », parmi lesquels, outre Bricmont et Chomsky déjà cités, l'écrivain et réalisateur Yann Moix, le journaliste et fondateur de Reporters sans frontières Robert Ménard, le journaliste et écrivain Dominique Jamet, et plus à gauche, l'évêque catholique Jacques Gaillot (qui a retiré sa signature) et le journaliste québécois Jean-Guy Allard[30].
Libéré après neuf mois de détention en [25], Vincent Reynouard reste sous contrôle judiciaire et sous le coup d'une procédure pour la diffusion de cédéroms négationnistes en 2009 à cent vingt lycées[31]. Il écrit notamment dans Rivarol[32].
Le , après s'être défendu sans avocat, il est condamné à deux ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Coutances pour avoir diffusé sur son site des vidéos dans lesquelles il déclarait que les commémorations du 70e anniversaire du débarquement en Normandie relevaient de la propagande et niait à nouveau l'existence des crimes nazis. Cependant, le procureur Renaud Gaudeul, constatant que la peine infligée excède les plafonds prévus par la loi, affirme que « cette peine est illégale » et fait appel de la condamnation[33]. L'arrêt de la cour d'appel de Caen intervient le et condamne Vincent Reynouard à un an de prison ferme[34],[35], mais sans peine d'amende.
Il s'exile alors à Londres, où il s'établit comme professeur pour des cours particuliers de mathématiques, afin d'échapper à cette condamnation et d'éventuelles autres condamnations à l'avenir[36],[37].
Le , il est condamné à deux mois de prison ferme pour complicité de contestation de crime contre l'humanité pour un article paru quatre ans plus tôt dans Rivarol, et qui remettait en cause l'existence de la Shoah[38]. La cour d'appel de Paris confirme cette condamnation en [39].
En , il obtient de la Cour de cassation la transmission au Conseil constitutionnel d'une question prioritaire de constitutionnalité relativement à la loi Gayssot[40]. Le Conseil se prononce le et déclare la loi Gayssot conforme à la Constitution[41]. Puis, le , la Cour de cassation rejette son pourvoi[42].
Le , il est condamné par le tribunal correctionnel de Paris à une nouvelle peine de cinq mois de prison ferme pour avoir mis en ligne deux vidéos négationnistes dans lesquelles il renouvelle son défi : « 5 000 € à qui me convaincra que la Shoah n'est pas un bobard de guerre ». Il est en outre condamné à verser 2 000 euros de dommages et intérêts à la LICRA, qui était partie civile, ainsi qu'une somme identique au titre des frais de justice[43].
Dans la nuit du 20 au 21 août 2020, le Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane est profané avec des graffitis à teneurs négationnistes et injurieux sur le mur d'entrée : le mot « martyr » est rayé pour être remplacé par le mot « menteur », avec la mention « Reynouard a raison », ce qui suscite une vague d'indignation nationale[44].
Le , Vincent Reynouard est condamné à quatre mois de prison pour contestation de crime contre l'humanité[45]. Les faits reprochés sont issus d'une vidéo publiée en et dans laquelle il nie l'existence de l'Holocauste[46].
Son nom apparaît parmi les bénéficiaires d'un don d'une valeur de plus de 500 000 dollars en bitcoins effectué par un informaticien français juste avant son suicide le 8 décembre 2020. Selon une information du cabinet Chainalysis, confirmée par l'intéressé lui-même, il a ainsi reçu l'équivalent de 23 000 euros[47], aux côtés de personnalités de l'alt-right, en particulier Nick Fuentes impliqué dans l'assaut du Capitole.
En octobre 2021, cible d'une opération de la police britannique, Reynouard entre en cavale[37].
En janvier 2022 à la suite d'un signalement du délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), les deux sites animés par Vincent Reynouard sont bloqués et rendus inaccessibles par décision de la justice française et à la suite de la décision du Tribunal de Paris en ce sens[48],[49].
Le 10 novembre 2022, selon le nouvel accord Trade and Cooperation Agreement (TCA) entre l'Union européenne et le Royaume-Uni, Vincent Reynouard, est arrêté à la suite d'un mandat d'arrêt par la police écossaise dans une chambre d'hôte d'Anstruther, caché sous une fausse identité. L'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine de la Gendarmerie nationale (OCLCH) a coordonné cette opération d'arrestation avec la Division antiterroriste de la police métropolitaine de Londres, le Service de la sûreté britannique et les réseaux diplomatiques britanniques et français. Vincent Reynouard refuse d'être extradé en France en décembre 2022[50],[51]. Il est présenté à un juge et placé en détention provisoire à Édimbourg, dans l'attente d'une audience[52].
Outre l'exécution d'une peine d'un an de prison ferme pour contestation de crime contre l'humanité, confirmée le 22 juin 2016 après le rejet de son pourvoi en cassation, la justice française a présenté à la justice écossaise trois motifs d'infraction à l'encontre de Vincent Reynouard : contestation publique d'un crime contre l'humanité, négation, minoration ou banalisation publique d'un crime de guerre concernant ses négations et ses distorsions des faits du massacre d'Oradour-sur-Glane (643 civils assassinés par des Waffen-SS du 4e régiment Der Führer, le 10 juin 1944), et provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, de l'ethnie, de la nation ou de la religion. Son arrestation a pu être fondée, en partie, sur la condamnation de la militante antisémite et négationniste anglaise Alison Chabloz[53] en 2018 pour négation de l'Holocauste, en vertu de l'article 127 de la loi britannique sur les communications[51].
Le 12 octobre 2023, la justice écossaise autorise son extradition[54] qui, au terme d'une bataille judiciaire, est confirmée le 26 janvier 2024, Vincent Reynouard ayant épuisé tous les recours possibles[55],[22]. Il est livré aux autorités françaises le 2 février 2024, mis en examen par un magistrat instructeur parisien pour « négation de crimes de guerre », « contestation de crimes contre l’humanité » et « provocation à la haine ». Il est remis en liberté sous contrôle judiciaire[56].
Vincent Reynouard est en 2009 signataire de la pétition en faveur de Richard Williamson, évêque de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, aux côtés de Jean Plantin et de Robert Faurisson[57]. Pour Jean-Yves Camus, « l’affaire Reynouard établit des liens entre plusieurs courants de l’intégrisme catholique et le négationnisme » : la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et le courant sédévacantiste « dont la position sur le génocide nazi est assez clairement négationniste »[58]. C'est « un hybride d’un genre nouveau. Il a un rôle important. La nouveauté par rapport à Faurisson, c’est qu’il fait pénétrer le négationnisme au cœur du catholicisme intégriste »[59]. Son évolution ultérieure le rapproche cependant des courants New Age[60].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.