forme de gouvernement dans laquelle un même chef d'État est à la tête de deux ou plusieurs États souverains De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une union personnelle est une relation entre deux ou plusieurs entités politiques considérées comme des Étatssouverains distincts, mais qui, en vertu d'une loi ou d'un contrat, ont la même personne pour chef d'État. En droit, il ne s'agit pas d'une union réelle des territoires[1]. Les clauses du contrat ou de la convention entre les deux parties prévoient la fin de l'union personnelle, généralement à la mort des contractants. Chacun des États retrouve alors son propre souverain ou chef d'État légitime. Cela ne doit pas être confondu avec une fédération, qui est considérée comme constituant un seul et même État.
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Les unions personnelles peuvent survenir pour des raisons diverses, d'un simple mariage (deux monarques—un roi et une reine, par exemple— se marient et leur enfant hérite des deux couronnes) à une annexion virtuelle (quand une union personnelle est instaurée afin de tenir sous contrôle un autre État sans formellement l'annexer)[2]. Elles peuvent être codifiées (les constitutions des États disposent clairement qu'ils doivent être liés) ou non (dans ce cas, elles peuvent facilement être rompues, comme en raison de règles de succession différentes).
Les présidents de républiques sont habituellement choisis par les citoyens d'un État. Les unions personnelles concernent donc presque exclusivement les régimes monarchiques (parfois, le terme de «double monarchie» est employé pour indiquer une union personnelle entre deux régimes de ce type). Avec le déclin de leur nombre durant le XXesiècle, les unions personnelles sont devenues plutôt rares.
Il existe quelquefois un flou entre les unions personnelles et les fédérations, l'une pouvant prendre la place de l'autre. Voici quelques exemples d'unions personnelles historiques ou contemporaines:
Union personnelle avec les Pays-Bas de 1689 à 1702, avec le stathouder hollandais également roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande. La situation est plus complexe avec les provinces néerlandaises de Hollande, Zélande, Utrecht, Gueldre et Overijssel qui sont entrées en union personnelle en 1689 et Drenthe en 1696. Seules deux provinces n'ont jamais intégré l'union personnelle: la Frise et Groningue.
Union personnelle avec les Provinces-Unies entre 1689 et 1702, durant laquelle le roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande était aussi Stathouder de la majorité des provinces néerlandaises. La situation était plus complexe avec les provinces de Hollande, de Zélande, d'Utrecht, de Gelderland et d'Overijssel qui ne joignirent l'union personnelle qu'en 1689, et la province de Drenthe qui ne la joignit qu'en 1696. Deux provinces seulement ne firent jamais partie de l'union personnelle: la Frise et Groningue.
Le statut du grand-duché de Finlande, dirigé de 1809 à 1917 par le tsar de Russie en tant que grand-duc de Finlande, était très proche d'une union personnelle et souvent décrit comme tel par les Finlandais. Cependant, par le traité de Fredrikshamn, la Finlande était légalement une partie de l'Empire russe dont l'autonomie administrative était octroyée par tolérance du tsar, et cette autonomie fut temporairement abrogée plus tard.
France
Union personnelle avec le royaume de Navarre de 1284 à 1305 et de 1314 à 1328.
Union personnelle (1) du royaume de France avec le duché de Bretagne, de 1491, quand la duchesse Anne de Bretagne épousa le roi de France Charles VIII, l'union personnelle cesse à la mort du roi (clause du traité de mariage). Anne de Bretagne retrouve la pleine souveraineté sur le duché le .
Union personnelle (2) du royaume de France avec le duché de Bretagne, du , quand la duchesse Anne de Bretagne épousa Louis XII, jusqu'à la mort d'Anne de Bretagne en 1514, le roi n'est qu'usufruitier du duché, il n'en est pas propriétaire, jusqu'à sa mort en qui met fin à l'union personnelle entre les deux couronnes. Ce n'est pas une union réelle (au point de vue juridique). Puis le duché est «réuni» à la personne du roi, à sa couronne, par l'édit de 1532 (loi unilatérale française au point de vue du droit) à Vannes, assemblée réunie sans vote, sous la contrainte du lieutenant du roi, Montejean, et des armées du roi aux frontières de Bretagne. Cet «accord» n'a pas été respecté en 1789 à la Révolution, malgré les demandes de Jean-Baptiste Le Vicomte de la Houssaye et René-Jean de Botherel du Plessis, représentants légitimes de la nation de Bretagne. Il a donc été dénoncé unilatéralement par la France en , mais sa non réciprocité fait que cela n'a pas de conséquence sur l'applicabilité du traité de Nantes de 1499 (en vigueur d'un point de vue juridique).
Union personnelle du Comté de Provence, quand le roi de France se trouve héritier du comte de Provence en 1482, et accepte de signer la "Constitution provençale" qui dit qu'il ne règne que comme comte de Provence et non comme roi de France et que la Provence lui est ainsi rattachée "comme un principal à un autre principal et aucunement subalternée". Ce régime dure jusqu'à l'annexion de la Provence par la France en 1789-90.
Union personnelle du royaume de Karthli et du royaume de Kakhétie (1513-1520, 1625-1633, 1648-1658, 1660-1664, 1723), pour finalement s'unir définitivement en un royaume commun en 1762 sous le règne d'Héraclius II.
Union personnelle avec le Royaume-Uni entre 1801 et 1837, date de la montée sur le trône britannique de la reine Victoria (selon la loi salique, les femmes ne pouvant être monarques de Hanovre).
Holstein-Gottorp
Union personnelle avec la Russie sous le règne de Paul Ier de 1762 à 1773.
Union personnelle avec la Pologne de 1370 à 1382 sous le règne de Louis Ier de Hongrie. Cette période est parfois connue en Pologne sous le nom de période angevine. Louis hérita du trône de Pologne par son oncle Casimir III. Après sa mort, la noblesse polonaise (la szlachta) décida de mettre un terme à l'union personnelle, ne voulant en effet pas être gouvernés par la Hongrie. Ils choisirent pour reine la plus jeune fille de Louis, Hedwige, tandis que la Hongrie serait gouvernée par son aînée.
Union personnelle avec la Bohême de 1419 à 1439 et de 1490 à 1526 (dynastie des Jagellon) puis à 1918 (sous les Habsbourg).
Union personnelle avec l'Autriche entre 1867 et 1918 (la double monarchieaustro-hongroise) sous les règnes de François-Joseph et Charles Ier (il s'agissait là plus d'une union dynastique que d'une union personnelle à proprement parler).
Union personnelle avec la Suède de 1814 (lorsque la Norvège déclara son indépendance du Danemark et fut contraint à entrer en union avec la Suède) jusqu'en 1905.
Union personnelle formelle du royaume de Pologne avec la Russie de 1815 à 1831 (bien que la Pologne fût de plus en plus assimilée à une province russe).
Union personnelle entre la Valachie, la Transylvanie et la Moldavie entre 1599 et 1600 sous Michel Ier le Brave.
Union personnelle entre la Valachie et la Moldavie entre 1859 et 1862 sous Alexandre John Cuza.
Royaume de Chypre et royaume de Jérusalem
Union personnelle sous les Lusignan de 1197 à 1205 et de 1267 à 1291.
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Union personnelle avec Hanovre de 1801 à 1837, date de l’ascension au trône britannique de la reine Victoria (selon la loi salique, une femme ne pouvait pas devenir souveraine de Hanovre).
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord
Union personnelle avec les royaumes du Commonwealth, actuellement au nombre de quatorze (Antigua-et-Barbuda, Australie, Bahamas, Belize, Canada, Grenade, Jamaïque, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Îles Salomon, Tuvalu).
Union personnelle des duchés de Saxe-Cobourg et Saxe-Gotha sous le règne d'Ernest Ier de 1826 à 1852. Ensuite les deux duchés furent partiellement réuni, mais les tentatives d'unification complète n'aboutirent jamais.
Schleswig et Holstein
Le roi du Danemark était entre 1460 et 1864 simultanément duc de Schleswig et d'Holstein (le duché de Holstein étant en même temps membre du Saint-Empire).
Schwarzbourg-Rudolstadt et Schwarzbourg-Sondershausen
Les deux duchés se trouvèrent en état d'union personnelle en 1909, lorsque le prince Gonthier-Victor de Schwarzbourg-Rudolstadt hérita du trône de Schwarzbourg-Sondershausen. L'union prit fin en 1918 lorsque le prince abdiqua.
Norbert Rouland, Introduction historique au droit, J.-M. Tremblay, (ISBN978-1-4123-7396-8, DOI10.1522/030174457), «Chapitre 3 - La diversité des systèmes étatiques»:
«L’union personnelle est fondée sur une identité de chef, chaque État conservant sa propre organisation, le sujet d’un État ne pouvant l’être d’un autre. Une certaine conception patrimoniale la gouverne: le souverain utilise la technique des mariages princiers ainsi que le droit successoral pour accroître sa puissance»
«Une certaine conception patrimoniale la gouverne: le souverain utilise la technique des mariages princiers ainsi que le droit successoral pour accroître sa puissance.»