«Dépouillement dans les lignes onduleuses définissant un paysage, simplification raffinée des volumes: en Italie, en Provence ou en Espagne, à l'Île Maurice ou à Hong-Kong, Raymonde Heudebert a recueilli l'essence même de la nature qu'elle transpose avec la rigueur d'une artiste cubiste pleine d'humour et de force, de sensibilité très très fine dans une acuité visuelle exceptionnelle» observe Gérald Schurr[9], qui souligne cependant que Raymonde Heudebert a plus particulièrement «su renouveler le thème éternel de Venise grâce à la sensibilité d'un graphisme synthétique, à la fluidité d'une palette qui évoquent comme dans un rêve poétique, plus qu'ils ne les décrivent, les célèbres architectures de la Sérénissime»[10].
François Mauriac, Génitrix, 100 exemplaires numérotés sur papier vélin Lafuma, enrichis d'un portrait de l'auteur par Raymonde Heudebert, Bernard Grasset éd., Collection «Les cahiers verts», 1923.
Louis Gautier-Vignal, Les Maisons de la mer, poèmes, 150 exemplaires, dessins de Raymonde Heudebert, Nice, Éditions G. Mathieu, 1924.
François Mauriac, Le Désert de l'amour, 30 exemplaires numérotés sur papier de Chine, enrichis d'un portrait de l'auteur par Raymonde Heudeber, Bernard Grasset éd., Collection «Les cahiers verts», 1923.
Henri Bernstein, La Galerie des glaces, portrait de l'auteur par Raymonde Heudebert en frontispice, Arthème Fayard & Cie Éditeurs, Imprimerie Ramlot, 1926.
Edmond Jaloux, Le Message, portrait de l'auteur par Raymonde Heudebert en frontispice, Éditions Les cahiers libres, 1930.
Claude Robert, commissaire-priseur, Vente de l'atelier Raymonde Heudebert, Paris, hôtel Drouot, [22].
«D'un voyage en Guinée, Raymonde Heudebert a rapporté quarante peintures qu'elle expose à la Galerie Georges Bernheim. Dans ses études d'indigènes, réalistes sans vains détails anecdotiques, ses vues, ses pittoresques scènes locales, elle a su traduire avec perspicacité les caractères de la race et des sites. Mais ces mérites documentaires s'accompagnent de réelles qualités picturales. Ses coloris, d'une sobre vigueur dans les figures fermement reconstruites, s'éclairent et s'allègent dans les paysages où l'atmosphère et l'éclairage sont très subtilement exprimés, tandis que son dessin, par le rythme des lignes, atteint parfois à d'heureuses cadences décoratives.» - Revue Art et Décoration[13]
«Les études rapportées par Raymonde Heudebert de son séjour en Guinée n'ont pas qu'un intérêt documentaire. Le peintre a rendu avec un certain charme l'aspect de ce pays aux terres rouges, surtout dans de petits paysages rapidement traités sur carton.» - Germain Bazin[23]
«On doit toujours savoir gré à une artiste de ne présenter au public qu'un ensemble de dessins, sans chercher à plaire par les riants prestiges de la couleur. Une exposition de dessins est un plaisir grave, que goûtent peu la plupart des gens qui assistent aux vernissages. Il ne faut que féliciter davantage Raymonde Heudebert qui offre une suite d'agréables dessins au crayon et des silhouettes très dépouillées de nus féminins, à la plume: elle prouve ainsi une heureuse application aux joies sévères du trait, un louable amour de la forme. Ses contours à la plume ont tant de justesse qu'on croit voir le modelé de la chair sur la page pourtant restée blanche.» - Fabien Sollar[14]
«Raymonde Heudebert a travaillé avec André Lhote. Comme lui elle a été touchée par le cubisme, mais sans rien de systématique et de raide. Son œuvre, au contraire, est toute sensibilité. Les paysages, bien construits, équilibrés, dénotent un métier confirmé et les couleurs, presque toujours tendres, sont d'un grand raffinement.» - Françoise de Perthuis[22]
«J'ai suivi avec bonheur l'évolution de la carrière de Raymonde Heudebert, créatrice d'une exceptionnelle valeur, et je n'ai jamais cessé de m'émerveiller d'une conscience qui ne céda jamais aux fallacieuses tentations de la mode. La délicatesse de cette artiste moitié Anglaise a toujours contrasté avec la fermeté, l'assurance, l'intelligence de ses pinceaux. Elle doit beaucoup de sa culture picturale à de longues stations dans les musées de Londres ou de Florence, avant de fréquenter l'Académie Ranson, d'appartenir en quelque sorte à la suite des Nabis et d'avoir légèrement subi l'influence cubiste d'André Lhote… Paysages, portraits, natures mortes, tout ce que touche Raymonde Heudebert, à l'huile, à la gouache, au crayon, témoigne de sa maîtrise. Son art se situe à contre-courant des conceptions passagères et prend sa source dans les profondeurs d'une vie recueillie.» - André David[24]
«Un art volontaire né du cubisme allié à une fine sensibilité féminine, des paysages de Florence et de Naples aux lignes de forces construites dans la lumière, des dessins africains d'une stricte cadence. Cette élève de Maurice Denis laisse également une série de portraits (Paul Morand, François Mauriac, Félix Vallotton…) d'une stylisation rigoureuse et pleine d'humour.» - Gérald Schurr[25]
«Depuis le portrait de la princesse de Polignac, composé à la fin des années 20, jusqu'aux paysages stylisés de 1981 en passant par les recherches abstraites (Le bureau de l'écrivain, vers 1950), par des vues d'Italie et par des effigies sans indulgence de ses amis, un art de réflexion et de rigueur, un tempérament toujours guidé par la sensibilité et par le sens de la mise en scène.» - Gérald Schurr[17]
«Raymonde Heudebert a donné une vision totalement inattendue de l'Afrique où elle avait été invitée par des amis qui dirigeaient l'une des nombreuses et florissantes bananeraies de Guinée. Cette femme-artiste d'une beauté frappante avait fait de ses contemporains, tels Armande de Polignac, Félix Vallotton, François Mauriac et Paul Morand, des portraits aux plans aigus, marqués de l'influence cubiste. Ses dessins et aquarelles africains, représentant des danseurs masqués en Haute-Volta, un groupe de notables Peul ou une jeune Soussou, ont la même délicatesse raffinée que ceux qu'elle avait exécutés à Paris. En revanche, dans ses tableaux à l'huile, apparaît une puissance dramatique associée à d'inhabituels mélanges de couleurs.» - Lynne Thornton[5]