Raymond Radiguet

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Raymond Radiguet

Raymond Radiguet est un écrivain et poète français né le à Saint-Maur-des-Fossés (Seine) et mort le à Paris.

Faits en bref Naissance, Décès ...
Raymond Radiguet
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Raymond Radiguet par Man Ray en 1922.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Radiguet (d)
Nom de naissance
Raymond Maurice Radiguet
Nationalité
Formation
Activités
Père
Autres informations
Archives conservées par
Œuvres principales
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Talent très précoce, il a écrit deux romans ayant connu un grand succès critique et populaire, Le Diable au corps et Le Bal du comte d'Orgel, publiés alors qu'il abordait la vingtaine.

Biographie

Résumé
Contexte

Premières années

Né en juin 1903, Raymond Maurice Radiguet est l'aîné des sept enfants de Jeanne Marie Louise Tournier (1884-1958) et de Maurice Radiguet (1866-1941), illustrateur humoristique.

Après l'école communale, Raymond passe l’examen des bourses et entre au lycée Charlemagne, à Paris. Considéré d'abord comme un bon élève sauf dans les disciplines artistiques, il obtient ensuite des résultats scolaires médiocres qui le décident à quitter le lycée en 1914 pour faire l’école buissonnière. Il s’abandonne entièrement à la lecture dans la bibliothèque familiale, dévorant les écrivains des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, puis Stendhal, Marcel Proust, et enfin les poètes Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud, Lautréamont[1].

En , âgé de quatorze ans, Raymond Radiguet rencontre Alice Saunier (1893-1952), jeune institutrice de dix ans son aînée. C'est une voisine de ses parents qui la chargent de lui donner des leçons particulières[2]. Elle est fiancée avec Gaston Serrier[3], alors au front, dans les tranchées. Sa liaison avec l'adolescent ne dure qu'un an, mais Radiguet s'en inspirera, en 1921, pour écrire Le Diable au corps[4].

Vie à Montparnasse

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Amedeo Modigliani, Portrait de Raymond (1915)[5].

En 1918, à 15 ans, Radiguet abandonne définitivement ses études et se lance dans le journalisme. En portant les dessins de son père au journal L'Intransigeant, il rencontre son rédacteur en chef, le poète André Salmon, et lui soumet quelques poèmes[1]. Il se lie avec Max Jacob, Pierre Reverdy, François Bernouard (futur éditeur, en 1920, de ses poèmes Les Joues en feu). Il fait également la connaissance des peintres Juan Gris, Pablo Picasso, Amedeo Modigliani, Jean Hugo, et fréquente les jeunes compositeurs, dont Darius Milhaud (avec qui il crée plus tard la pantomime célèbre Le Bœuf sur le toit), Georges Auric, Francis Poulenc, Arthur Honegger.

Aux débuts du Canard enchaîné, il signe quelques contes sous le pseudonyme de Rajky[6] et publie, sous le même pseudonyme, quelques dessins humoristiques dans L'Intransigeant et Le Rire[7]. Tout en étant journaliste pour L'Éveil et L’Heure, il continue à composer des poèmes[8]. Il en publie quelques uns, sous son pseudonyme puis sous son nom, dans la revue SIC entre et [9].

Rencontre avec Jean Cocteau

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Amedeo Modigliani, Portrait de Jean Cocteau en 1916[10].

En juin 1919[11], Radiguet fait la rencontre de Jean Cocteau par l'intermédiaire du poète et romancier Max Jacob. C'est le début d'une relation intense et passionnée entre les deux hommes, qui deviennent amants et s'influencent mutuellement sur le plan littéraire jusqu'à la mort prématurée de Radiguet en 1923. La romancière Monique Lange évoque « le passage météorite de Raymond Radiguet dans la vie de Cocteau »[12].

Enthousiasmé par les poèmes que Radiguet lui lit, Cocteau le conseille, l’encourage et le fait travailler. Il l’aide ensuite à publier ses vers dans des revues d’avant-garde, notamment dans SIC et Littérature, et le présente au secrétaire général du Quai d'Orsay, son ami Philippe Berthelot.

Au cours de l'année 1920, Radiguet et Cocteau collaborent à plusieurs reprises, notamment autour de l'écriture de la pièce Le Gendarme incompris ou encore du livret d’opéra-comique Paul et Virginie, dont Érik Satie doit composer la musique[13]. En mai de la même année, ils co-fondent la revue fantaisiste et avant-gardiste anti-dadaïste Le Coq, à laquelle participent notamment Georges Auric, le peintre Roger de La Fresnaye, Paul Morand et Tristan Tzara. Radiguet fait paraître dans le premier numéro un article qui débute par ces mots imprimés en capitales : « DEPUIS 1789 ON ME FORCE À PENSER. J’EN AI MAL À LA TÊTE. » Cocteau y publie des vers et cette critique de la critique : « La critique compare toujours. L’incomparable lui échappe. »

Composition de ses deux romans

Vers 1921, Radiguet abandonne la vie tumultueuse qu’il menait depuis quelques années et s’impose une forte discipline intérieure. « Rien de moins ordonné que sa vie extérieure », écrit plus tard son ami Joseph Kessel, « mais rien de plus harmonieux, de plus équilibré, de mieux construit et de mieux protégé que sa vie intérieure. Il peut traîner de bar en bar, ne pas dormir des nuits entières, errer de chambre en chambre d’hôtel, son esprit travaillait avec une lucidité constante, une merveilleuse et sûre logique. »

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Jacques-Émile Blanche, Étude pour le portrait de Raymond Radiguet, vers 1922[14].

En , à Piquey, loin de Paris, où l’avait entraîné Jean Cocteau, Radiguet termine Le Diable au corps.

En 1922, au Lavandou cette fois, mais toujours avec Cocteau et ses amis, il écrit son deuxième et dernier roman, Le Bal du comte d'Orgel. Il y raconte l'histoire d'un amour chaste entre un étudiant et une femme de la noblesse, Mahaut d’Orgel. L'intrigue s'inspire de la déception de l'auteur avec la peintre Valentine Hugo[15]. Néanmoins, si la figure du comte est inspirée par son ami le comte Étienne de Beaumont qui donnait des ballets et des fêtes somptueuses connues du Tout-Paris, certains historiens voient dans la relation entre l’étudiant et le comte une attirance non-explicite qui s'inspirerait de celle de Cocteau et Radiguet, faisant alors de l'histoire un triangle amoureux.

En 1923, Bernard Grasset lance Le Diable au corps de façon spectaculaire, sur le thème : « le premier livre d’un romancier de 17 ans ». Devant une telle publicité, qu’elle juge de mauvais goût, la critique est surprise, voire moqueuse et hostile. Mais, après la publication, Radiguet reçoit de chaleureuses félicitations d’écrivains tels que Max Jacob, René Benjamin, Henri Massis et Paul Valéry.

Le jeune écrivain écrit dans Les Nouvelles littéraires le jour même de la publication de son roman, le , un article dans lequel il affirme que son roman qui puise pourtant dans sa vie est « une fausse biographie » :

« Ce petit roman d'amour n'est pas une confession […] On y voit la liberté, le désœuvrement, dus à la guerre, façonner un jeune homme et tuer une jeune femme […] le roman exigeant un relief qui se trouve rarement dans la vie, il est naturel que ce soit justement une fausse biographie qui semble la plus vraie[16]. »

Le livre, écrit dans un style très simple, dépouillé de tout effet[15], est un grand succès de librairie et plus de cent mille exemplaires sont vendus en trois mois[17].

Plusieurs femmes ont parrainé sa brève carrière dans le milieu littéraire et artistique : Eugénie Cocteau (la mère de Jean), Misia Sert et Coco Chanel[18].

Relations et bisexualité

Bien que sa mort ait été prématurée, Radiguet a eu plusieurs relations amoureuses. Entre avril 1917 et août 1918, il a une liaison avec l'institutrice Alice Saunier, qui a inspiré le personnage de Marthe du Diable au corps. En 1920, il entretient une relation avec la poétesse Beatrice Hastings, après que celle-ci lui déclare son amour dans de nombreuses lettres. De juin 1921 à mai 1922, l'écrivain relationne avec l'artiste Mary Beerbohm. En 1923, il rencontre Bronia Perlmutter, mannequin chez Poiret et future épouse de René Clair[19],[20], qu'il parle d'épouser.

Bisexuel, Radiguet a également eu une relation aujourd'hui reconnue[21] bien qu'encore contestée avec Jean Cocteau. Après leur rencontre en 1919, les deux hommes deviennent amants. En 1922, André Gide entre en rivalité avec Cocteau pour obtenir les faveurs du jeune écrivain. Quand Cocteau sort favori de cette brouille, il fait parvenir à Gide la dédicace suivante : « À mon ennemi Gide, son ami Jean Cocteau ».

Les années 1920 constituent un tournant dans la perception de l’homosexualité masculine en France avec la publication de Sodome et Gomorrhe de Marcel Proust en 1922, Le Corydon d'André Gide en 1924, ou encore Le Livre blanc de Jean Cocteau en 1928. Dans ce contexte, une scène homosexuelle se développe, notamment dans les milieux artistiques. Cependant, l'homophobie latente empêche Radiguet de vivre sereinement sa relation avec Cocteau. Il déclare à ce sujet « Je ne veux pas qu’on m’appelle Madame Cocteau » et a des liaisons avec des femmes en parallèle. En 1919, il nourrit une fascination à sens unique qu'il cache à Cocteau pour la peintre Irène Lagut[22]. Il entretient également une relation avec Valentine Hugo, que Cocteau lui présente lors du bal qui suit la première de Pulcinella le 15 mai 1920. Malgré ces complications, les deux hommes restent amants jusqu'à la mort précoce de Radiguet en 1923. Cocteau rédige d'ailleurs une préface pour le deuxième roman du jeune écrivain, Le Bal du comte D’Orgel, publié à titre posthume, dans laquelle il exprime toute son admiration.

Mort et publication à titre posthume

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Tombe de Raymond Radiguet au cimetière du Père-Lachaise (division 56).

À la suite d'une baignade (dans la Seine selon certaines sources[23] mais en fait dans le bassin d'Arcachon[24]), Raymond Radiguet meurt emporté par une fièvre typhoïde mal diagnostiquée par le médecin de Cocteau[8], le [25].

Il est enterré à Paris au cimetière du Père-Lachaise (56e division).

Le Bal du comte d'Orgel est publié en 1924 par Bernard Grasset. Dans sa préface, Jean Cocteau, qui a pris part à la correction des épreuves du roman, évoque les derniers jours du jeune écrivain :

« Voici ses dernières paroles :
« Écoutez, me dit-il le 9 décembre, écoutez une chose terrible. Dans trois jours, je vais être fusillé par les soldats de Dieu. » Comme j’étouffais de larmes, que j’inventais des renseignements contradictoires : « Vos renseignements, continua-t-il, sont moins bons que les miens. L’ordre est donné. J’ai entendu l’ordre. »
Plus tard, il dit encore : « Il y a une couleur qui se promène et des gens cachés dans cette couleur. »
Je lui demandai s’il fallait les chasser. Il répondit : « Vous ne pouvez pas les chasser, puisque vous ne voyez pas la couleur. »
Ensuite, il sombra.
Il remuait la bouche, il nous nommait, il posait ses regards avec surprise sur sa mère, sur son père, sur ses mains.
Raymond Radiguet commence. »

Œuvres

Romans

Poésie

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Poème de Raymond Radiguet publié sous le pseudonyme de Raimon Rajky dans le no 30 de SIC en juin 1918
  • Les Joues en feu, 1920
    • 1920 : avec quatre images dessinées et gravées au burin par Jean Hugo, Paris, F. Bernouard[33]
  • Devoirs de vacances, 1921
  • Vers libres, 1926 (publication posthume)
  • Jeux innocents (publication posthume)

Théâtre

Divers

  • Denise, illustré de lithographies de Jean Gris, Paris, éditions de la Galerie Simon, 1926[35]

Éditions posthumes

  • Œuvres complètes de Raymond Radiguet, éditions Grasset & Fasquelle, 1952, comprenant : Le Diable au corps, Le Bal du Comte d'Orgel, Les Joues en feu et divers textes, ainsi qu'un dessin de Jean Cocteau et une photographie de l'auteur.
  • Œuvres complètes, éd. Julien Cendres en collaboration avec Chloé Radiguet, éditions Stock, 1993 ; éditions Omnibus, 2012.
  • Œuvre poétique, éd. Julien Cendres en collaboration avec Chloé Radiguet, préface de Georges-Emmanuel Clancier, coll. « La Petite Vermillon », éditions de la Table ronde/Gallimard, 2001.
  • Lettres retrouvées[17] (correspondance de Radiguet), présentée par Chloé Radiguet et Julien Cendres, éd. Omnibus, 2012, 446 p.

Notes et références

Annexes

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