Il existe aussi, depuis 1926 et dans le même arrondissement de Paris, une avenue Anatole-France, mais cette voie publique fait figure de simple «allée» du Champ-de-Mars.
Le quai Anatole-France n'est que la partie orientale du quai d'Orsay, délimitée par le pont Royal et le pont de la Concorde. Il a pris son nom actuel en 1947[2]. Anatole France était un familier des quais de la Rive gauche: il avait habité 15, quai Malaquais et son père avait tenu une librairie 9, quai Voltaire.
D'abord appelé «quai de la Grenouillière» par l'arrêt du Conseil du ; il avait été rebaptisé «quai d'Orsay» par l'arrêt du Conseil du . Dénommé «quai Bonaparte» par l'arrêté des Consuls du 13 messidor an X, il reprit la dénomination «quai d'Orsay» en 1815.
Nos1-3-5: Caisse des dépôts et consignations: l'ensemble d'immeubles qui forme le siège de la Caisse des dépôts et consignations a été construit à l'emplacement de plusieurs hôtels édifiés par Robert de Cotte au début du XVIIIesiècle, dont l'un probablement pour lui-même et un hôtel de Mailly-Nesle, qui occupait l'angle avec la rue du Bac. Ébranlés lors des travaux souterrains de construction du chemin de fer d'Orléans, ces hôtels furent démolis et remplacés, à la fin du XIXesiècle, par les bâtiments actuels de style Louis XV, sur lesquels a été remonté (à l'angle du quai et de la rue du Bac) un fronton sculpté représentant «Minerve protégeant l'architecture et la sculpture», provenant de l'un d'entre eux, peut-être celui de Robert de Cotte. La construction actuelle est tantôt datée 1890-1896 et attribuée à Eudes, tantôt datée 1902-1903 et donnée à Pierre-Félix Julien. Le plus probable est que ces deux architectes y ont participé en deux campagnes de travaux. Dans la cour du no3, la Caisse des dépôts a installé une sculpture de Jean Dubuffet, Réséda (conçue en 1972, réalisée en 1988).
Nos5-7 et 60, rue de Lille: emplacement de l'ancien chantier de bois flotté, dit chantier de la Tour d'Argent, qui fut acheté en 1720 par le marquis de La Vrillière. Devenu une entreprise de coches pour la Cour, le lieu fut occupé par une caserne de la légion de police puis des guides de la Garde impériale sous le nom de «quartier Eugène», «quartier Bonaparte», «quartier Napoléon» et «quartier d'Orsay».
No25: hôtel Collot, dessiné par Louis Visconti en style néoclassique et construit en 1840-1841 par Antoine Vivenel, pour Jean-Pierre Collot (1764-1852), fournisseur aux armées et directeur de la Monnaie de Paris de 1821 à 1842. La façade, ornée de colonnes superposées, est édifiée en léger retrait sur un soubassement à bossages, ménageant une terrasse où se dressent deux statues imitées de l'Antique: Minerve et Apollon. L'hôtel s'élève à l'emplacement des jardins de l'ancien hôtel du Maine, construit pour le duc du Maine par Antoine Mazin, Robert de Cotte et Armand-Claude Mollet entre 1716 et 1726. L'hôtel Collot est vendu en 1852, à la mort de son commanditaire, au général Mahmoud Ben Ayed, issu d'une importante famille de Djerba remontant au XVIIesiècle. Nommé directeur des magasins de l'État par le bey de TunisAhmed Ier, progressivement titulaire de tous les fermages de Tunisie, il crée une banque en 1847 et obtient le monopole de l'émission de billets au porteur remboursables, garantis sur des fonds d'État. Selon le rapport d'un inspecteur des finances envoyé en mission à Tunis, il détourne de 50 à 60 millions de francs. Dès 1850, le général obtient la nationalité française et, en 1852, il quitte la Tunisie avec son trésor tout en y conservant certaines affaires. Outre l'hôtel Collot, il achète des immeubles de rapport à Paris, ainsi que le château de Bouges en 1853. Mais il fait l'objet de poursuites qui le contraignent à fuir à Constantinople et à revendre ses biens[8]. L'hôtel abrite ensuite l'ambassade d’Espagne de 1864 à 1880. Il est acquis en 1923 par l'antiquaire Isaac Founes, spécialiste de mobilier français, puis en 1932 par la Société générale commerciale de l'Est, qui y installe ses bureaux et dont les propriétaires en font leur résidence jusqu’en 2004, date à laquelle il devient la propriété des antiquaires Nicolas et Alexis Kugel qui l'ont fait restaurer soigneusement par l'architecte Laurent Bourgois et le décorateur François-Joseph Graf et y ont installé leur galerie[9],[10].
No25: Minerve.
No25: Apollon.
No27: immeuble construit en 1905 par Richard Bouwens van der Boijen[11]; en 2013, cet immeuble est désigné par le quotidien financier Les Échos comme celui de Paris où le prix du m2 est le plus élevé[12].
Dans le film Rive droite, rive gauche de Philippe Labro, sorti en 1984, les personnages principaux, Paul (Gérard Depardieu) et Alexandra (Nathalie Baye), dite Sasha, contemplent longuement l’immeuble du 29, quai Anatole-France, plongé dans l’obscurité. Seule la fenêtre en demi-lune au 6e étage est illuminée. Enhardis par ce spectacle, les jeunes gens échangent leurs premiers mots d’amour. Cette fenêtre laissée allumée toute la nuit est aussi évoquée dans un roman de Geneviève Dormann[16].