Pierre Beaumesnil, né à Paris vers 1718 et mort à Limoges le [1], est un «comédienantiquaire» selon Louis Guibert. Il est aussi un voyageur, imprésario, dessinateur, amateur d'antique et collectionneur français, connu pour ses dessins accompagnés de descriptions représentant librement des monuments et vestiges archéologiques du Limousin, de l'Aquitaine et d'autres régions de France[2], dans un esprit que l'on pourrait qualifier de «préromantique» à défaut d'être scientifique.
Ces vues d'artiste précieuses, pour certaines un témoignage visuel et textuel unique toujours commentés en historiographie et par des archéologues, mais aussi critiquées pour leur manque de fiabilité, sont aujourd'hui dispersées, pas ou peu inventoriés, ni publiées. Bien que partiellement assemblée dans des recueils à la fin du XVIIIesiècle et parfois copiée, une partie de la production et des notes de Beaumesnil est égarée ou semble avoir disparu des collections et des archives censées la préserver.
Pierre Beaumesnil, issu d'une famille modeste du centre de la France selon Michaud[3], serait né à Paris vers 1707 ou 1718, mais sans certitude (certains auteurs proposent 1715 et 1723), peut-être dans la paroisse de Saint-Jacques-la-Boucherie[4],[n 1]. Guibert note aussi qu'il aurait reçu d'excellents principes artistiques et en dessin, mais remarque son absence d'instruction littéraire, et ne croit pas qu'il ait été élevé dans une famille aisée. Pourtant, on ne peut que constater que sa production est le fruit d'une connaissance imparfaite mais réelle de l'épigraphie latine, du grec ancien, et d'un intérêt inhabituel à son époque pour les vestiges archéologiques et l'histoire, d'autant plus si on le considère comme un autodidacte.
Vers 1746, il s'engage dans une troupe de comédiens de province[n 2]. Il a déclaré à ses soutiens, Martial de Lépine (subdélégué de l’intendant de Limoges et secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture de la ville), l'abbé Joseph Nadaud et dom Col (1723-1795), avoir fait ce choix afin de satisfaire son goût pour les voyages et pour les études archéologiques, selon Allou. Non sans condescendance, Guibert (1900, p.51) envisage plutôt qu'il l'ait fait afin d'accompagner sa femme lors de ses tournées, et pour «embrasser l'existence insouciante et vagabonde des héros du Roman comique»...
Il parcourt ainsi le Limousin, le Berri, l'Angoumois, l'Agenois et de nombreuses provinces[5], dessinant à la plume les monuments qu'il rencontre et y ajoutant ses observations personnelles. Il aurait aussi voyagé en Italie dans sa jeunesse, voire en Égypte, selon Guibert.
Le théâtre itinérant fut sa principale activité de 1747 à 1775, date de son installation définitive à Limoges. Guibert suppose qu'il était l'imprésario de la compagnie. Sa femme, Aimée Gouslin (vers 1701-1788, ou Irenée Garlin d'après l'acte de décès) était elle aussi comédienne, et jouait les rôles principaux de leurs spectacles. Les deux bénéficiaient du prorata le plus élevé des revenus de la troupe de théâtre, les dernières années.
Sans doute parce que l'objet de ses planches de dessins et de textes était de répondre à des commandes de «vue d'artiste» pour amateurs d'antique (les antiquaires d'alors), et que celle-ci étaient manifestement appréciées (rétrospectivement, en 1993, François Michel constate que «sa vision idéale de la tour de Vésone semble moins absurde que les reconstitutions imaginées par l'abbé Audierne de l'oppidum de la Curade»), l'intendant du Limousin, Marius-Jean-Baptiste-Nicolas Daine (1730-1804), lui obtient le titre de correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1780, avec une pension de 1 500 livres (dont 500 pour frais de voyage). Pérouse de Montclos (1982-1983, p.80-81) note que Beaumesnil y envoie des rapports depuis 1779 jusqu'en 1784.
Beaumesnil est mort le à Limoges[4],[n 3], enterré au cimetière des pénitents noirs de Saint-Michel-de-Pistorie, à 64 ans selon l'abbé Legros[6] (qui le connaissait), à 69 ans pour Guibert (sur foi de l'acte de décès), à 72 ans pour Martin (qui le connaissait, aussi), et à 80 ans selon — mais sans certitude — les auteurs cités par Espérandieu, dont Tripon (repris sans sources supplémentaires par Arquié-Bruley et Pérouse de Montclos).
«Les sujets érotiques ont du reste pour Beaumesnil un invincible attrait, et les nombreuses feuilles de papier qu'il a couvertes de dessins licencieux attestent avec quelle facilité sa plume réussissait à donner un corps aux élucubrations désordonnées de son cerveau. Là surtout on retrouve le cachet indélébile du "cabotin".»
—Louis Guibert 1884, p.417.
État et localisation des archives et des dessins
Les manuscrits, dessins et archives connus, de généalogies incertaines, ou les copies de Tersan, d'Allou et de Tripon, se trouvent essentiellement à la BnF, au Département des manuscrits ou au Cabinet des estampes, dans les sociétés savantes (généralement transférées aux archives départementales), bibliothèques et archives de Poitiers, de Limoges, de Périgueux, d'Agen, d'Aix[7], de Bordeaux[8] et de l'Institut. Louis Guibert a, en 1900, fait un inventaire des manuscrits et copies dont il connaissait l’existence, concernant Limoges. Mais la majorité de la production de Beaumesnil ou de sa documentation n'était alors déjà plus visible ou localisable[9].
Au vu des auteurs et des documents connus, les feuillets et recueils de Beaumesnil ont principalement plusieurs origines:
Un don, un échange ou une vente, éventuellement à la suite d'une commande, auprès d'un antiquaire, savant ou un de ses soutiens, parfois d'une institution civile ou religieuse, d'un original ou d'un double par Beaumesnil lui-même.
Les recueils (ou doubles de recueils, d'extraits) envoyés à l'Académie de 1779 à 1784 et ceux envoyés préalablement à son statut de correspondant.
La succession Beaumesnil (les divers papiers, notes, dessins, croquis et versions préparatoires, peut-être sa bibliothèque et ses collections d'objets et de gravures).
Les copies réalisées par les savants et graveurs ayant consulté ses travaux au fil des siècles.
La collection de l'abbé de Tersan, 1737-1819 (de provenance inconnue — probablement mixte), partiellement acquise par Alexandre Lenoir.
La collection de Taillefer, 1761-1833 (de provenance inconnue[10], aussi), partiellement acquise par l'abbé Audierne.
Il est notable que les cahiers de Beaumesnil ont parfois changé ou disparu de lieu de conservation sans explications, et qu'aucun inventaire même partiel de l’œuvre et des archives de Beaumesnil n'a été entrepris depuis 1900. De plus, ceux toujours conservés ne sont généralement pas considérés comme complets, des billets ajoutés ou des parties ont pu être arrachés. Par conséquent, il est probable que des feuillets ou recueils dispersés depuis la fin du XVIIIesiècle soient dans des collections privées ou dans des fonds d'archives non inventoriés ou identifiés.
La perte des recueils envoyés à l'Académie
Quelles que soient les déceptions formulées à propos des travaux de Beaumesnil, ses images et ses textes récoltés, mis au propre, puis en forme, et expédiés, via l'Intendant de la généralité de Limoges à l'Institut de France, ont dû former un ensemble exceptionnel, un témoignage original et unique de la perception du patrimoine au XVIIIesiècle, dont la disparition, sauf un reliquat, est irremplaçable.
Aucun inventaire des envois faits entre 1779 et 1784 par le correspondant de l'Académie ne semble connu. On sait, en revanche, que d'autres cahiers ont été fournis, les années précédentes, peut-être à la suite de commandes ponctuelles.
Une grande partie de l'immense collection de Beaumesnil
Après 1787, l'abbé Legros, historien du diocèse de Limoges, précise que les recueils envoyés à l'Académie constituaient «une grande partie» de son «immense collection» de copies d'antiques[11]. Vu qu'il avait consulté le fonds chez son auteur, on peut penser que l'abbé était bien informé.
L'abbé Lespine signale en 1789, dans une note[12], qu'au moins un de ces recueils, probablement tous (il ne signale pas de disparitions), était alors «conservés dans le dépôt de l'Académie au Louvre» par le secrétaire perpétuel de l'Académie, Dacier. Le ministre Henri Bertin[13] en avait connaissance[n 4] et a d’ailleurs passé une commande importante à Beaumesnil[14]. Lespine ajoute qu'il s'est déplacé à Limoges, avant le décès du dessinateur, pour y consulter ses croquis.
Une autre connaissance de Beaumesnil, Paul Esprit Marie Joseph Martin, futur secrétaire de la Société d'agriculture, des sciences et des arts du département de la Haute-Vienne, relève en 1812[15] qu'il avait «voyag[é] et dessin[é] successivement les divers monumens de la France», et aussi copié «les dessins [conservés par la communauté des Feuillants] des anciens monumens dont il ne restait que quelques faibles traces». Martin en fait aussi le principal contributeur, avec de Lépine et Legros, au «recueil des matériaux destinés à l'histoire du Limousin[16]». Il est, enfin, un «dessinateur de l'Académie des inscriptions et belles-lettres» rémunéré, sur recommandation de l'intendant Marius-Jean-Baptiste-Nicolas Daine, après avoir fourni «dessins» et «manuscrits» au ministre Bertin.
Pour Millin et Chaudruc[17], en 1818 tous les volumes «qui avoit été remis à la bibliothèque de l'académie des belles-lettres, par Beaumesnil» [...] «existent maintenant dans les cartons de la bibliothèque Mazarine». Aucun des manuscrits ne sont alors considérés comme égarés par ces savants, Millin étant membre de l’AIBL depuis 1804 et Chaudruc de la Société des antiquaires de France (en 1837 il est correspondant de l’AIBL).
Guibert (1900, p.61[18]) rappelle qu'en plus des mentions d'Aubin Louis Millin[19], «plusieurs de ces communications [de dessins et de rapports ou de notes envoyés à l’AIBL] sont signalées par Legros, par Duroux, par Allou, par Juge de Saint-Martin». Chevallier[20] aurait noté chez des auteurs (qu'il ne nomme pas) que l'Institut posséderait, rien que pour Limoges et le Limousin, «sept cahiers», en plus de ceux concernant les autres régions et cités...
Le cas symptomatique des vestiges de l’Évêché de Limoges
Vers 1759, Beaumesnil se rend à Limoges et dessine les vestiges trouvés, après 1757, lors des travaux de démolition de l'ancien palais de l’Évêché. Il s'agit, selon de Lépine[n 5] (Lépine est cité par Nadaud[21], lui-même cité par Espérandieu[22]), «des inscriptions de l'antiquité la plus reculée pour notre province, entassées dans l'endroit où elles étoient enterrées, pêle-mêle avec des chapiteaux et des bases de colonnes d'ordre dorique, des morceaux de corniche, sur l'un desquels on voyoit un dauphin en bas-relief», en particulier les très fameux et douteux «monuments à emblèmes priapiques[23]» ajoute Guibert[24]. Duroux, en 1811[25], affirmait que Beaumesnil avait envoyé une copie de ses dessins à l'AIBL[n 6] «dans le temps». Par ailleurs, tous ces vestiges éventuels[n 7] seront détruits dans la foulée, à la demande de l'évêque de Limoges Louis Charles du Plessis d'Argentré, ou enfouis dans les fondations du nouveau palais[n 8].
À ce sujet, pour Allou (1821, p.73), qui considère Beaumesnil comme «un des plus zélés correspondant» de l'Académie, «il paraît certain, toutefois, que ce travail, qui n'a jamais été publié, n'arriva pas à destination, et on ne sait précisément ce qu'il est devenu, quoique, suivant quelques personnes, les manuscrits de Beaumesnil aient été déposés à la bibliothèque Mazarine».
Les dessins des vestiges de l’Évêché par Beaumesnil ont concentré rapidement des soupçons de falsifications volontaires[n 9] et la condamnation de son érotisme, entre autres, par son soutien l'abbé Legros[26] (qui ne s'était probablement pas déplacé sur le chantier). Cela aura des conséquences durables. Les inscriptions et sculptures ayant disparu, l'hypothèse de faux et le rejet d'«obscénité révoltante» ont peut-être alimenté chez Millin (tout de même conservateur-professeur d'archéologie dès 1794, puis président du Conservatoire de la Bibliothèque nationale, puis membre de l'Institut national en 1804[27]), un désintérêt stupéfiant pour l’œuvre de l'antiquaire[n 10], qu'il avait pourtant consultée longuement. Pourtant, ni l'abbé Martial de Lépine, témoin des vestiges et futur légataire de Beaumesnil, ni le ministre Bertin, possible destinataire de ce premier envoi après 1759, un connaisseur des antiquités qui lui fera attribuer le titre de correspondant de l’AIBL vers 1779, n'avaient envisagé de contrefaçons.
Les cahiers retrouvés sur les antiquités de Périgueux
En 1932, Adrien Blanchet a retrouvé à l’Institut, avec l'aide du secrétaire de l'AIBL, François Renié[n 11], le cahier réalisé lors du troisième voyage de Beaumesnil à Périgueux, en 1784, et expédié immédiatement. On lui a signalé, à cette occasion, le cahier de 1763 et 1772, lui aussi aux Archives de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et reçu en 1780.
Ce sont les deux seuls recueils censés être à l’Institut et connus à ce jour.
Sont localisés, par ailleurs, une copie de l'abbé Lespine (au Département des manuscrits de la BnF), et un probable double de Beaumesnil (dans le recueil de Taillefer, à Périgueux), du même cahier de 1763 et 1772 sur les antiquités de Périgueux.
Les diverses pertes de la succession Beaumesnil
Guibert (1900, p.59) note que les archives de la succession Beaumesnil (les divers papiers, notes, croquis, dessins et gravures alors non distribués par Beaumesnil) se retrouvent successivement hérités par Mme Beaumesnil née Aimée Gouslin, puis par M. de Lépine en 1788, puis son fils après 1805, et sont dispersés vers 1808-1809, à la mort de ce dernier[28].
Après 1808, et le décès du fils de l'abbé de Lépine
C'est à ce moment-là que, alerté par voie préfectorale, l'académie d'Agen se porte acquéresse du cahier sur les antiquités d'Agen[29], auprès de la succession de Lépine[30]. Probablement, d'autres institutions ont été prévenues de la disponibilité de ce fonds exceptionnel, à cette date, particulièrement Millin (ancien directeur de la Bibliothèque nationale et alors membre de l'Institut) et Alexandre Lenoir (alors administrateur du Musée des monuments français), mais n'ont pas donné suite à cette opportunité, étonnamment. De même, on ne sait si l'abbé de Tersan ou Alexandre Lenoir ont enrichi leurs collections personnelles à cette occasion (Lenoir ayant, au plus tard vers 1821, acquis des cahiers de Beaumesnil en vue d'en publier les illustrations).
Selon Leroux (1890)[31], après 1809, une partie de la succession de Lépine se retrouve à l'Hôtel de Ville de Limoges, peut-être comme dépôt en attente d’acquéreurs (et aurait été consultée vers 1838 par Prosper Mérimée — voire qu'il s'agisse des mêmes «quatre cahiers» sur Limoges consultés par Charles-Nicolas Allou avant 1821), puis semble perdue. Une autre partie de cette succession est achetée par M. Ruffin (héritée selon Tripon, qui en fait un parent de Lépine), un juge de paix membre de la Société d'agriculture, des sciences et des arts du département de la Haute-Vienne, qui les possédait encore en 1837 (Tripon en publiera alors plusieurs extraits), et est héritée par sa femme qui décédera vers 1855.
La dispersion de la succession Ruffin en 1855
Guibert (1900, p.61) précise, mais peu clairement, qu'une partie des documents issus de la succession Ruffin sont hérités ou acquis par Paul Mariaux (un avocat, petit fils de Maurice Ardant [1793-1867], conservateur des monuments et archiviste de la Haute-Vienne), Léonce Pichonnier (un manufacturier de Limoges), et aussi, semble-t-il, d'une certaine dame Rupin. Le collectionneur Ch. Nivet-Fontaubert[n 12], vice-président de la Société archéologique et historique du Limousin, aurait acheté des documents à ces deux derniers, selon Leroux, et les rendra accessible, parmi d'autres, à Émile Espérandieu, dans les dernières décennies du XIXesiècle.
Certains cahiers de Paul Mariaux décrits par Louis Guibert (p.61, et 63-69) étaient peut-être la propriété de Mme du Boucheron (Beynac), en 1957[32].
La disparition de la collection Nivet-Fontaubert
La collection Nivet-Fontaubert est apparemment perdue ou dispersée, depuis le début du XXesiècle, bien qu'en 1963, Geneviève François-Souchal ne perdait pas espoir d'en retrouver certains éléments à Limoges[33]. Par exemple, le volume sur les Environs de Limoges vu par Louis Guibert (p.69) en 1900 (et dont certains extraits auraient été fournis précédemment à Émile Espérandieu), est peut-être celui de la collection Edmond Panet dont les Archives départementales de la Haute-Vienne ont une copie microfilmée[34] depuis 1969.
Le cas du cahier des antiquités d'Agen
L'académie d'Agen a publié en 2017 une reproduction des 47 pages du manuscrit sur les Antiquités de la ville d'Agen commenté en 1812 par Jean-Florimond de Saint-Amans. Ce dernier n'avait jamais rendu le cahier, acquis à la succession du fils de Lépine par l'académie en 1808 grâce à son président, le préfetChristophe de Villeneuve[30], mais réapparaît pourtant dans leurs archives avant 1977[35].
La collection de l'abbé de Tersan et le fonds Lenoir
Certains documents réunis par Alexandre Lenoir proviendraient de la collection de l'abbé de Tersan (Charles-Philippe Campion de Tersan, 1737-1819) mise en vente par Grivaud de la Vincelle[36]. Nulle part un, ou plusieurs, propriétaire précédent n'est mentionné[37], ni à quelle occasion l'abbé de Tersan en a fait l’acquisition. Guibert doutait toutefois qu'une partie de cette collection puisse provenir sous une forme ou une autre de la succession Beaumesnil, pour la partie limousine. En tout cas, l'ensemble concernant les cahiers originaux de Beaumesnil aurait été acquis par Lenoir en 1821 auprès du libraire Nepveu, et est depuis 1938 à la BnF[38].
Les calques et notes de l'abbé de Tersan, faits d'après des dessins de Beaumesnil peut-être en vue d'une publication, avaient été acquis par le Département des manuscrits de la BnF[39] immédiatement après son décès, dès 1819.
La qualité de ses dessins et descriptions de monuments[40] sont critiqués par nombre de spécialistes assez tôt, notamment[41] par Millin (1811)[42] et dans Chaudruc 1818, p.324-325, Saint-Amans (1812, p.251), Allou (1821, p.58[n 13] ou 74 n. 1 p.suiv.) et Mérimée (1838, p.100-102), qui lui reprochent de mêler plus d'imagination que de réalité et de copier des ouvrages sans les mentionner. Camille Jullian (1890, p.254) lui consacre un chapitre accablant, résumant: «il a copié quelques inscriptions sur les originaux avec assez d'inexactitude; il a dédoublé ces inscriptions en donnant des variantes qu'il imaginait lui-même et dont il faisait de nouveaux textes [...]; il a dessiné des monuments qui n'existaient pas, en y appliquant des inscriptions qu'il copiait dans les livres [...]; il a enfin fait des inscriptions à l'aide des titres, sous-titres ou membres de phrases de livres imprimés». Quant à Émile Espérandieu, il le présente comme «le plus effronté faussaire que le XVIIIesiècle ait produit» et consacre un chapitre de 48 pages aux 67 «inscriptions fausses ou suspectes», reprenant en sous-titre le chapeau de Jullian, «l’œuvre de Beaumesnil», dans son ouvrage sur les Inscriptions de la cité des Lemovices[43].
Plus récemment les condamnations sont plus nuancées, comme pour Gaston Dez[44] en 1969 considérant que les «dessins et commentaires [de Beauménil], à condition d'être critiqués, rendent parfois service», et en 1998, Pierre Pinon[45] constatant que «son dessin se veut précis même s'il n'est pas très habile», il ajoute «Beaumesnil a tendance, quelquefois, malgré l'apparente objectivité de son trait, à restituer des parties manquantes, à modifier le contexte, à inventer tout court».
L’impossibilité de distinguer dans ses travaux l'aspect descriptif d'une appropriation très personnelle du culte de l'antique ou de l'invention, avec un lyrisme «préromantique» parfois érotique[n 14] dont la logique créatrice et compilatoire nous échappe, a profondément dérangé les auteurs du XIXesiècle, déçus dans leurs espoirs face à la richesse documentaire. Ceux-ci ne feront pas l'effort de se rappeler qu'en Haute-Vienne, «au XVIIIesiècle, rares sont les laïcs qui comme de Lépine, le subdélégué de l’intendance, s’intéressent aux témoignages du passé» (Pascal Texier 2016 [2014], p.2[46]), pas plus que de reconnaître son rôle non négligeable de collecte et de promoteur des connaissances patrimoniales, alors en gestations (d'où sa fortune critique).
Certains qualificatifs utilisés par ces savants à son égard sont ainsi marqués par la condescendance, la pudibonderie, l’ignorance, voire la mauvaise foi[n 15]. Sa profession de comédien, de plus itinérant, étant le terme le plus méprisant, sous leur plume. On peut imaginer que leurs propos décevants, et anachroniques, n'ont probablement pas encouragé les dépositaires de l'œuvre de Beaumesnil, particulièrement l'Institut, à les conserver justement.
«Pierre Beaumesnil, qui réalisait des aquarelles représentant des monuments antiques, s'est trouvé voué aux gémonies par ceux qui ont eu à utiliser ses travaux car, à Limoges ou à Bordeaux, ses dessins ont servi à attiser sa réputation d'escroc. En revanche, à Périgueux, ils permettent d'affirmer que, en dépit de quelques traits discutables, sa plume est demeurée sûre et que son œuvre, si modeste soit-elle, constitue une base de travail qui n'est pas à négliger.»
—François Michel 1993, p.23.
Un artiste nomade en province au temps des cabinets de curiosités
La documentation étant particulièrement réduite et ancienne, peu renouvelée depuis 1900, on ne peut que spéculer sur les raisons et les choix qui ont fait produire par Pierre Beaumesnil cette œuvre volumineuse et originale, au regard de la logique propre des images et du texte. De même, on a du mal à cerner le contexte culturel et personnel de cet artiste voyageur, polyvalent et possiblement autodidacte, au milieu du XVIIIesiècle. On retient toutefois les propos qu'il aurait tenu à Martial de Lépine, sur le besoin qui l’animait de fréquenter l'antique et le domaine savant, avec la réserve que cela était probablement ce que celui-ci voulait entendre. On peut ajouter qu'il est envisageable que Beaumesnil soit issu de la foisonnante communauté dramatique parisienne de l'époque.
Ses conditions de vie misérables font qu'une partie de sa production est certainement fabriquée ou transformée en vue de lui assurer des revenus auprès de cet environnement plus aisé que lui, constitué de notables et de religieux composant leur propre cabinet de curiosités ou contribuant à des documentations institutionnelles. Par ailleurs, certains travaux, comme des copies de gravures, ou de cartes et de plans, semblent être exclusivement alimentaires et mettent en lumière la variété de ses compétences techniques et de son réseau professionnel.
La distinction de parties ayant eu volontairement une destination différente au sein de cet ensemble de figures et de réflexions savantes que l'histoire a préservée, ne fait qu’affleurer. Sans connaître le cadre des commanditaires éventuels, on peut prudemment constater que ses productions sont parfois la trace d'observations et de collectes d'informations assez rigoureuses pour l'époque, et dans d'autres cas une reconstitution enrichie librement de ce qu'il aurait rencontré, lu ou entendu, voire doivent être considérées comme un projet artistique ou une œuvre délibérément personnelle.
Dans les fonds Lenoir[47] du Cabinet des estampes de la BnF (originaux de Beaumesnil provenant de la collection de l'abbé de Tersan)
Antiquités & monumens du Bourbonnais et de partie de la Bourgogne, 42 p., in-4° (BnF Estampes, 4-VE-884).
Antiquités de la France inédites [et notamment d'Arles], 64 et 77 p., in-fol. (BnF Estampes, FOL-VE-880).
Antiquités des villes de Saintes, Périgueux, Bénac, Guéret, etc. suivant l'ordre de mes voyages, 109 p., in-4° (BnF Estampes, 4-VE-883).
Dessins de divers monumens antiques mobiles; Antiquités et monumens anciens de l'Auvergne [VIe cahier?], 46 et 32 p., in-4° (BnF Estampes, 4-GB-110).
Antiquités d'Agen, Albi, Euze, Auch, Moissac, La Réole, Rodez, Uzès, Carcassonne, Perpignan, Lectoure, Tarbes, Bayonne, Béarn, Narbonne, 270 p., in-8° (BnF Estampes, VE-881-8 mais in-4° selon Louis Guibert et Arquié-Bruley 2002; manquent les documents concernant Agen et Albi, c'est-à-dire jusqu'à la page 37 — peut-être l'exemplaire à propos d'Agen, aux Archives départementales de Lot-et-Garonne, cote 35 J 30? — Espérandieu [1888, p. 141-142 n. 1] suppose qu'un recueil sur «Alby» était à la Bibliothèque Mazarine).
Sculptures et Tombeaux du XIe au XVIe siècle. Voyages archéologiques exécutés vers 1780-1786, spécialement dans le Maine, le Poitou, la Touraine, Arles, Besançon et Moissac, in-fol. (BnF Estampes, GB-108-FOL).
Au Département des manuscrits de la BnF (manuscrits et calques de l'abbé de Tersan[48]; collection Périgord)
«Calques [réalisés et annotés par l'abbé de Tersan] de monuments dessinés par Beaumesnil en 1744, 1747, 1771, 1772, 1774 et 1777, classés par ordre alphabétique des villes d'origine», 340 feuillets, 375 × 280 mm (BnF Manuscrits, Fr. 6954); succession Tersan, partie du lot acquis en 1819 par la BnF[49].
Recueil [de calques par l'abbé de Tersan] dit «pas interfolié», 360 feuillets, 375 × 280 mm (BnF Manuscrits, Fr. 6955).
Antiquités de Périgueux, recueillies en l’année 1763, augmentées de quelques autres, à un séjour que j’y fis en 1772, dans la Collection Périgord: Recherches sur la province de Périgord, 5[50] (cote Périgord 75 V, f° 102 à 132; très probable copie réalisée vers 1789 par l'abbé Lespine[51] (1757-1831), de l'exemplaire conservé aux Archives de l’Académie des inscriptions et belles-lettres ou du double/copie[52] conservé aux Archives départementales de la Dordogne).
Les recueils envoyés à l'Académie entre 1779 et 1784, voire en 1759[n 16] (essentiellement considérés comme perdus[n 17])
Antiquités de Périgueux recueillies en l’année 1763, augmentées de quelques autres à un second séjour que j’y fis en 1772, 20 p., in-fol. (Archives de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, cote C 80 [cahier 1]; exposé au musée Vesunna de Périgueux en 2017).
Supplément aux monuments de Périgueux, découverts vers la fin de 1783, etc., 8 p., 28 fig., in-fol. envoyé par Meulan d’Ablois[53] en 1784 (Archives de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, cote C 80 [cahier 2]; description dans Adrien Blanchet 1932, p.171-172).
Les cahiers Antiquités d'Alby et Antiquités de Limoges, à la Bibliothèque Mazarine selon Émile Espérandieu (1888, p.141-142 n. 1) mais pas vu par l'auteur — ensemble de cahiers actuellement introuvables.
«Dessins des objets exhumés lors des travaux de déblai effectués en 1757, 1758 et 1759 à l'Évêché de Limoges [dits monuments à emblèmes priapiques]», fait en 1759 et envoyés à l’Académie, selon Guibert (1900, p.60-61) indiquant Duroux et Tripon comme référence — cahier actuellement introuvable; voir les copies de la dite série spéciale ou des livraisons facultatives de Jean-Baptisle Tripon en 1837 d'après les notes de Beaumesnil (Collections de la bibliothèque numérique du Limousin, MAG. P LIM 33272/2).
Recherches générales sur les antiquités et monuments de la France, avec les diverses traditions, nombreux cahiers (...) dans les fonds de l’Institut de France selon Raymond Chevallier[n 18] (sans description ni cote et probablement pas vu) — ensemble de cahiers en tout cas introuvables.
À la Bibliothèque municipale de Poitiers (Médiathèque François-Mitterrand)
Notes, croquis, essais, inscriptions... [pour la plupart de la main de Beaumesnil, mis au net dans le Ms 547], 122 pl. (Bibliothèque de Poitiers, Ms 546; ancienne collection Fonteneau[54]).
Monuments du Poitou: plans, vues, détails, inscriptions [d'après les croquis de Beaumesnil], 3 vol., 378 pl. (Bibliothèque de Poitiers, Ms 547 + 2 plans de la cathédrale de Poitiers ont été extraits, ils sont cotés 809 A et 809 B; ancienne collection Fonteneau).
Antiquités de la ville de Poitiers, province de Poictou et Aquitaine, origine de ses peuples, probable et fabuleuse avec un extrait chronologique des souverains qui ont occupé le Poitou jusqu'à présent, séparé en 2 vol. de 148 f. (Bibliothèque de Poitiers, Ms 384[55]).
Copies dispersées, sous diverses cotes à la Bibliothèque de Poitiers: Raymond Bourdier, Vestiges du château de Poitiers, 1921, (7846 POI F1), Restes du château de Poitiers (7847 POI F1), Bélisaire Ledain (1832-1897), Epitaphes de Civaux (1424 VIE F3), Bélisaire Ledain, Modillons de l'octogone de Montmorillon (1737 VIE F3), Camille-Léopold Lahaire, Ruines des Trois-Piliers, c. 1896 (126 POI F3), Ruines des Arènes de Poitiers, copie du XIXesiècle (20 POI F3), Alexandre Garnier (ou Gustave Alexandre Garnier, 1834-1892?), Dragon de Poitiers dit la "Grand' Goule", c. 1890 (3916 POI F2), Bélisaire Ledain, Les Trois Piliers, 3 dessins (125 (A,B,C) POI F3), Bélisaire Ledain, Tombeaux et épitaphes de Civaux, 10 pl. avec 34 motifs (1423 VIE F3), Bélisaire Ledain, Chapiteaux de Saint-Hilaire le Grand (4155 POI F2), Alain Maulny (Service de l'Inventaire), Statue de Constantin avec épitaphe et armoiries, photographies, c. 1970 (636, 637, 638 et 639 POI F3).
[Recueil de Taillefer] Recueil de documents et d'extraits fait [en 1789] par l'abbé Lespine, comprenant notamment les notes de Beaumesnil sur les "Antiquités de Périgueux [recueillies en l’année 1763, augmentées de quelques autres à un séjour que j’y fis en 1772]" (Fol. 6-25), avec des dessins et des planches au lavis de Bardon, et des dessins en couleur de Wlgrin de Taillefer sur les principaux monuments de Vésone au Iersiècle (Fol. 58 [p.89]) et sur la "Restauration de la cathédrale de Périgueux et des quartiers qui l'avoisinent" (Fol. 59 [p.90]), 59 feuillets en 90 p., 387x255 mm (Archives départementales de la Dordogne/Bibliothèque numérique du Périgord, don de l'abbé Audierne (donné par M. de Bastard, selon Espérandieu), cote 24. Ms 29 (accès BNP); description sommaire du recueil de Taillefer dans Espérandieu 1893, p.110-112, commentaires du cahier de Beaumesnil dans Lacombe 1985, p.255-257 et 263[56] et dans François Michel 1993, p.20-23; le cahier a été trouvé à la fin du XVIIIesiècle par Lespine dans les anciennes archives du ministre Bertin, puis acquis avec d'autres documents de l'abbé[57] et intégré au recueil relié dans les années 1820 par de Taillefer[n 21]; ce cahier est un possible double par Beaumesnil[n 22], ou une copie (par un auteur inconnu, et réalisée à la demande du ministre Bertin[58]), du cahier 1 de la cote C 80 aux Archives de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
Aux Archives départementales de la Haute-Vienne
Album dit Atlas des antiquités de la Haute-Vienne contenant les copies de dessins de Beaumesnil, réalisés entre 1821 et 1837 par Charles-Nicolas Allou, recomposé par Maurice Ardant après le don par la veuve d'Allou de l'album à la Société archéologique et historique du Limousin en 1857, 21 pl. in-folio sur 26 sont conservées (Archives départementales de la Haute-Vienne, cote 66 Fi 7[59]; description dans Leroux 1888, p.216-217, revu en 2016 par Muriel Souchet, des Archives départementales).
Antiquités limousines. Cahier de notes et croquis archéologiques attribués à Beaumesnil, prêt de M. Edmond Panet, 1969[60],[n 23] (Archives départementales de la Haute-Vienne, microfilms cote 1 Mi 225, 1 rouleau, 2,50 m, négatif).
Ensembles perdus, dispersés ou égarés (en plus de celui de l'Institut)
Les quatre cahiers sur Limoges consultés en 1821 par Allou et partiellement reconstitués par Espérandieu.
Les «mémoires très volumineux» signalés par Prosper Mérimée en 1838, et alors conservés à l'Hôtel-de-Ville de Limoges. Probablement le même ensemble que celui vu par Allou.
La collection Nivet-Fontaubert, consultée parmi d'autres par Espérandieu et sommairement décrite par Guibert (1900)[61], dispersée au début du XXesiècle et probablement dans des collections privées.
«Feuille de papier mesurant 340 mm sur 198, […] des croquis que l'auteur de l'Historique monumental a eus sous les yeux, il ne nous reste que ceux qui constituent les planches noI et II, plus partie de la planche III de la série spéciale de Tripon.», chez Nivel-Fontaubert en 1900[63].
«M. Mariaux possède d'assez volumineux mémoires de notre artiste sur l'archéologie grecque et romaine, les arts, les mœurs, les institutions; des tables chronologiques, des recherches sur le supplice de la croix chez les divers peuples, des notes sur l'Asie Mineure, une copie du Discours de la religion des anciens Romains, par noble seigneur Guillaume du Choul, plus un certain nombre de feuillets détachés — tout cela orné de dessins quelques-uns fort curieux», chez Paul Mariaux en 1900[64].
«Lot de notes et de dessins provenant des papiers de Beaumesnil. [...] Donne quelques indications personnelles sur notre archéologue, et où se trouve notamment mentionné le voyage en Egypte dont nous avons déjà parlé», chez Léonce Pichonnier en 1900[61].
Copies réalisés avant 1837 par Jean-Baptisle Tripon d'après la collection Ruffin (peut-être aux Archives départementales de la Haute-Vienne ou dans le fonds Lenoir du cabinet des Estampes de la BnF).
Émile Espérandieu, Épigraphie romaine du Poitou et de la Saintonge, 1, Melle, 1888, part. p.328-329 (en ligne).
Jean-Hippolyte Michon, Statistique monumentale de la Charente, Paris et Angoulême, 1844, part. p.19 et sq. (en ligne).
[Millin 1811] Aubin Louis Millin, Voyage dans les départemens du midi de la France, t.4, 2e partie, Paris, , sur archive.org (lire en ligne), p.748. (à propos de dessins des tombeaux de Civaux par Duménil)
Saône-et-Loire
Edmond Le Blant(en), Inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au VIIIe siècle, 1 [Provinces gallicanes], Paris, 1856, part. p.25 n. 1 (à propos de l'inscription chrétienne disparue CIL13, 02799 du «polyandre», le cimetière, de l'Église Saint-Pierre-l'Estrier d'Autun par Beauméni) et sq. (en ligne).
A consulté BnF Estampes, 4-VE-884, f° 30 de la collection Albert Lenoir. Voir aussi à propos des inscriptions d'Autun (dont celle dite de Pectorius), Charles Cahier et Arthur Martin (1801-1856), Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature, 4, Paris, 1856, p.115 n. 1 (en ligne).
Haute-Vienne
Éliane Vergnolle, «L'abbatiale romane: bilan documentaire», dans Saint-Martial de Limoges: ambition politique et production culturelle: Xe – XIIIesiècles: actes du colloque tenu à Poitiers et Limoges du 26 au , sous la dir. de Claude Andrault-Schmitt, Limoges, 2006, part. les p.201-203 (ISBN9782842874001) (partiellement en ligne).
Martial Legros (1744-1811), Continuation de l'abrégé des annales du Limousin: années 1770 à 1790 [transcription laissée à l'état brut sans référence bibliographique], Limoges, 1995, p.327 du manuscrit (origine du manuscrit, sur le site des Archives départementales de la Haute-Vienne et p.13 de leur instrument de recherche).
[Guibert 1900] Louis Guibert, «Anciens dessins des monuments de Limoges», Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, Limoges, t.49, , p.4-87 et plusieurs ill. (lire en ligne[sur gallica]).
[Leroux 1890] Alfred Leroux, «Notice sur les archives de M. Nivet-Fontaubert» («dossier 16»), Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, Limoges, vol.39, , p.564-566 (lire en ligne[sur gallica]).
Paul Ducourtieux, «Limoges d'après ses anciens plans», dans Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, 31, Limoges, 1883, part. p.139-140 (avec les commentaires de l'abbé Martial Legros sur Beauménil) et sq. (en ligne); rééd. Limoges, 1884 (tiré à part).
[Guibert 1881] Louis Guibert, «Anciens registres des paroisses de Limoges», Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, Limoges, t.29 (première livraison; t. 7 de la deuxième série), , p.73-124 (lire en ligne[sur gallica]), p.96-97 (dont retranscription de l'acte de décès de P. Beaumesnil)
Jean-Baptisle Tripon, Historique monumental de l'ancienne province du Limousin, Limoges, 1837, 2 vol. (BFM, cote MAG.P LIM 33272/2: extrait de 10 planches); repr. Marseille, 1977 et Péronnas, 1999 (ISBN2878023609).
Charles-Nicolas Allou, Description des monumens des différens ages, observés dans le département de la Haute-Vienne: avec un précis des annales de ce pays, Limoges, 1821, p.xii et sq. (en ligne); Maurice Ardant (1793-1867), «Explication des planches formant l'Atlas des antiquités de la Hte-Vienne [= notices des 24 planches]», dans Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, 7, Limoges, 1857, p.80-88 (en ligne); Alfred Leroux, «La bibliothèque de la Société archéologique et historique du Limousin», dans Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, 36, Limoges, 1888, part. p.216-217 avec un état de l'Album et les notices des 21 planches en projet (en ligne); les planches n'ont pas été publiées.
[Martin 1812] Paul Esprit Marie Joseph Martin, «Rapport» (Séance publique du 24 mai 1812), Société d'agriculture, des sciences et des arts du département de la Haute-Vienne, Limoges, , p.64-66 (lire en ligne[sur gallica]); partiellement repris dans Journal de la Haute-Vienne du et par Tripon 1837, p.17.
Jacques Duroux, Essai historique sur la Sénatorerie de Limoges, Limoges, 1811, part. p.124 (en ligne).
Gironde
Camille Jullian, Inscriptions romaines de Bordeaux, 2, Bordeaux, 1890, p.254-258 (en ligne).
Dordogne
François Michel, «Le cahier de dessins de Pierre Beaumesnil», dans Mémoire de la Dordogne: revue semestrielle éditée par les Archives départementales de la Dordogne, 2, Périgueux, , p.20-23 (en ligne) (ISSN1241-2228).
[Espérandieu 1893] Émile Espérandieu, Musée de Périgueux. Inscriptions antiques, Périgueux, , sur gallica (lire en ligne), p.113-114.
Contient une note de l'abbé de Lespine à propos d'un manuscrit, non vu par Espérandieu, sur les antiquités de Périgueux: «Dessins et plans, en plusieurs feuilles, des anciens monumens et inscriptions qu'on trouve à Périgueux, accompagnés d'observations et d'explications, par M. de Beaumesnil, correspondant de l'Acad. des Inscr. et B. Lettres [Archives de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, cote C 80, cahier 1 et 2?] . Ils sont conservés dans le dépôt de l'acad. au Louvre, où M. Dacier, secrétaire perpétuel de l'académie, m'en a donné communication en 1789. M. de Bertin, ministre et secrétaire d'état, en avait fait faire une copie [Archives départementales de la Dordogne, cote 24. Ms 29?]. J'en avais déjà vu le croquis chez l'auteur, à Limoges, en 178... (sic)» (Coll. Périgord, t. LXXI, p.319-320).
Henry Wlgrin de Taillefer, Antiquités de Vésone, cité gauloise, remplacée par la ville actuelle de Périgueux, ou Description des monumens religieux, civils et militaires de cette antique cité et de son territoire. Précédée d'un essai sur les Gaulois, 1, Périgueux, 1821, p.280 (en ligne).
Corrèze
Jean-Loup Lemaître, «Une nouvelle inscription latine d'Ussel», dans Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1994, Paris, 1996, p.209-218 (en ligne).
Collectif, Antiquités de la ville d'Agen: le manuscrit de Pierre de Beaumesnil, reproduction et commentaires, comm. par Jean-Luc Moreno, Stéphane Capot, Christine Pellehigue, Jean-Louis Trézéguet et Francis Stephanus, Agen, 2017, 115 p. (Recueil des travaux de l'Académie d'Agen, 3e série, 11) (ISSN2550-9004) (présentation).
Philippe Lauzun, La Société académique d'Agen (1776-1900), Paris, 1900, p.88-90 à propos de l'achat du manuscrit en 1808 aux «héritiers» [succession du fils de Lépine] et l'emprunt de Saint-Amans (Recueil des travaux de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Agen, 2-14) (en ligne).
Camille Couderc (1860-1933), «Note sur des calques de dessins de Beauméni représentant des sarcophages trouvés à Rodez», dans Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, 14, Rodez, 1891, p.105-112 (voir aussi l'article précédent, extrait du livre de Le Blant) (en ligne).
Françoise Arquié-Bruley, «L'omniscient abbé de Tersan (Charles-Philippe Campion de Tersan, 1737-1819)», dans Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1998, Paris, 2002, part. p.129-130 (à propos de Pierre de Beauménil, 1707-1787!, avec un état sommaire des cotes du département des Manuscrits et du cabinet des Estampes) (en ligne).
[Chevallier 1999] Raymond Chevallier, «Les antiquités d'Aquitaine vues par les anciens voyageurs (guides et récits)», Bulletin de l'Association Guillaume-Budé, vol.1, , p.143 (lire en ligne[sur persee]) (à propos de Beaumesnil).
Pierre Pinon, «Beaumesnil et Grignon, le dessin et la fouille», dans La fascination de l'Antique, 1700-1770. Rome découverte, Rome inventée, [Musée de la civilisation gallo-romaine, Lyon], Paris, 1998.
Pierre Pinon, «Archéologues des Lumières: Pierre Beaumesnil et Pierre-Clément Grignon», dans Caesarodunum: Bulletin de l'Institut d'études latines et du Centre de recherche A. Piganiol [Les archéologues et l’archéologie, Colloque de Bourg-en-Bresse, 1992], 27, Tours, 1993, p.109-135 (ISSN0248-8388); voir aussi sa communication sur «Les pratiques de l'archéologie et les circonstances des découvertes (XVIIe siècle-milieu du XIXe siècle) [vidéo]», dans La fabrique de l'archéologie en France [colloque à l'Auditorium de la galerie Colbert de l'INHA (Institut National d'Histoire de l'Art) à Paris, les jeudi 14 et vendredi ], Paris, 2008 (en ligne).
Jean-Marie Pérouse de Montclos, «De nova stella anni 1784», dans Revue de l'art, 58-59, 1982-1983, p.80-81.
Georges Huard, Etat sommaire de l'acquisition André Lenoir (livres, gravures, dessins, manuscrits, etc., ayant appartenu à Alexandre, Albert, Alfred Lenoir et à Beaumesnil [manuscrit], Paris, 1938, 31 p. (BnF Estampes, Acq. 9453, 30 mars 1938).
Selon Guibert, Martin (voir Martin 1812, p.64-66) qui a connu Beaumesnil, serait la source de nombreuses biographies du XIXesiècle:
«M. de Beaumesnil, issu d'une famille noble, était un antiquaire d'un mérite rare. Il joignait à des connaissances profondes dans l'histoire, les talens d'un habile dessinateur. On trouvait chez lui, pureté, correction, exactitude minutieuse, lorsque copiait les ruines et les médailles. Avec des talens aussi précieux, Beaumesnil fut obligé de se faire comédien pour subsister, et de changer tous les ans de troupe pour voyager et dessiner successivement les divers monumens de la France. À l'âge de 60 ans, il arrive à Limoges avec une troupe dans laquelle il remplissait les rôles de Père-Noble. Il avait une tête d'un beau caractère qui convenait parfaitement à cet emploi. Bientôt il fait connaissance avec quelques hommes instruits, et découvre, dans la communauté des Feuillans, les dessins des anciens monumens dont il ne restait que quelques faibles traces. Il les copie avec cette perfection, cette exactitude qui lui étaient propres. Il est accueilli par M. de Lépine et présenté à M. Daine, alors Intendant de la Province; ce Magistrat le fait connaître au Ministre, appuie sa recommandation de dessins, de manuscrits, et Beaumesnil est nommé dessinateur de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, avec un traitement fixe de 1,500 fr., non compris ses frais de voyage. À 73 ans, revenant de l'Anjou, du Berri et d'autres Provinces limitrophes où il était allé, par ordre de l'Académie, pour dessiner quelques monumens du moyen âge, il fut attaqué d'une hydropisie de poitrine qui l'enleva, dans peu de temps, aux sciences et à ses amis, ne laissant, pour toute fortune à sa veuve, âgée de plus de 80 ans, que quelques livres et les minutes de ses ouvrages. Six mois après, Madame de Beaumesnil décéda sans héritiers, et fit M. de Lépine son légataire universel.»
Étonnamment, Lekain nomme en 1768 une chanteuse «Beaumesnil», et particulièrement un couple «La Ruette [membre de la comédie italienne, et son conseil; un monsieur et une demoiselle]» à propos du troisième chapitre des entrées gratuites accordées par la Comédie-Française, dans ses Mémoires, Paris, 1825, p.168 (dans la section «Mémoire à MM. du Conseil, qui prouve que la multiplicité des entrées gratuites est un grand obstacle à la clareté nécessaire dans la perception de la recette, Le ») (en ligne). Il ne semble pas qu'il s'agisse de notre couple itinérant, ni de familiers (Cf. Annales dramatiques, ou Dictionnaire général des théâtres, 5, Paris, 1810, p.303). Guibert (1900, p.49 n. 1) n'a pas trouvé trace de leurs activités parisiennes, ni aucun rapport avec des homonymes (p.51).
L'acte de décès publié dans Guibert 1881, p.96-97 ne fait pas mention de l'excommunication des acteurs (mais s'abstient de lui donner la profession de comédien):
«Le vingt-huit mars mil sept cent quatre-vingt-sept a été inhumé dans le cimitière M. Pierre de la Ruette de Beaumenil corespondant de l'Académie, natif de Paris, paroisse St Jacque-la-Boucherie, époux de son vivant, de Melle Irenee (?) Garlin, native de Paris, paroisse de St Sulpice, décédé hier à cinq heures du soir dans la maison du sr Castelnaud (?) présente paroisse, âgé de soixante-neuf ans, muni du sacrement de penitance par Mr Vitrac, curé de Montjovis, qui a signé avec les soussignés de ce requis. — Coste, curé de St Michel-de-Pistorie. — Vitrac, curé de Montjovy. — Nouhalier. — Un 4e nom illisible [libraire G.-N. Isecq, d'après Guibert 1900, p.56.»
Bertin avait, en tout cas, conservé un double ou une copie du cahier sur Périgueux, aujourd'hui aux Archives de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (cote C 80 [cahier 1]). Celui-ci a été retrouvé dans les archives de Bertin et est actuellement dans le recueil de Taillefer aux Archives départementales de la Dordogne (cote 24. Ms 29).
«[Cité dans Espérandieu] "En 1757, dit M. de Lépine, cité par Nadaud, en fouillant les murs de clôture du futur palais épiscopal, on trouva des inscriptions de l'antiquité la plus reculée pour notre province, entassées dans l'endroit où elles étoient enterrées, pêle-mêle avec des chapiteaux et des bases de colonnes d'ordre dorique, des morceaux de corniche, sur l'un desquels on voyoit un dauphin en bas-relief. On prétend que vers l'endroit où elles ont été trouvées il y avoit une porte appelée St-Esprit (peut-être étoit-ce celle qui fut nommée depuis du Jeu-d'amour)". [Espérandieu poursuit] Cippes et chapiteaux entrèrent dans les fondations de l'évêché. Beaumesnil profita de l'occasion pour donner comme découvertes dans ces fouilles, d'abord quelques inscriptions de son crû, ensuite quelques obscénités révoltantes qui ont pu faire, croire "qu'il y avait eu en ce lieu un temple de Priape ou de la Bonne-Déesse" (Allou)».
Espérandieu ajoute, en note: «L'ancien évêché fut démoli en 1757, lorsque Monseigneur du Coëtlosquet, appelé 18 ans avant au siège épiscopal de Limoges, se décida à faire bâtir un nouveau palais. Chargé par Louis XV de l'éducation des princes, ses petits-fils, Monseigneur du Coëtlosquet laissa à son successeur et parent, Monseigneur d'Argentré, le soin de poser la première pierre de cet édifice. La cérémonie eut lieu en 1766; le palais ne fut terminé que 21 ans plus tard.»
D'après Tripon 1837 (p.35), pour qui «ces dessins ont été perdus», seul «quelques croquis [préparatoires seront] sauvés de l'oubli par M. Martin». C'est cet ensemble de croquis préparatoires, semble-t-il alors dans la collection de M. Ruffin, qui ont servi de base à Tripon, en 1837, pour réaliser les planches de sa série spéciale.
Ces croquis font peut-être partie du recueil conservé par M. Edmond Panet, en 1969, et microfilmé par les Archives départementales de la Haute-Vienne (cote 1 Mi 225, 1 rouleau, 2,50 m, négatif).
À propos des inscriptions vues seulement par Beaumesnil, Espérandieu parle (Espérandieu 1891, p.181) de «monuments apocryphes» (voir p. 240 n° 117, p. 252-254 n° 129-130, p. 259-261 n° 137-138, et peut-être p. 263 n° 142).
Aucun de ces vestiges ne semble avoir été trouvé lors des fouilles préventive réalisée dans le cadre de l’agrandissement du Musée municipal de l’Évêché, en 2004 et 2007. Cf. Cyrille Pironnet, «Limoges: Musée municipal de l’Évêché (phase 2)», dans ADLFI. Archéologie de la France: Informations [suite de Gallia Informations]. Limousin, Paris, 2007 (en ligne).
Même si, depuis, François Michel 1993 (p.21 et 22), sans s'engager sur les travaux fait à Limoges ou Bordeaux, constate qu'une «fausse sculpture» déclarée par Camille Jullian était plutôt une composition depuis deux éléments toujours exposés sous le cloître du musée du Périgord, dont Beaumesnil à «largement exagéré le développement des appendices mammaires». Et, plus loin, à propos des inscriptions de Périgueux, qu'une «attitude trop systématique face aux dessins du comédien [par Otto Hirschfeld, dans le CIL XII, p.82, en 1888 - et CIL XIII, 1899] entretient un doute, et nous porte à reconsidérer les jugements concluant à une falsification».
Par ailleurs maurrassien et royaliste, il est aussi l'auteur d'«Un inventaire des antiques de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1749», Journal des savants, Paris, , p.23-33 (lire en ligne[sur persee]).
Négociant, il aurait été marié à la peintre Amelie Nivet-Fontaubert (née Imbert, à Limoges en 1820), d'après la Gazette des beaux-arts, Paris, juillet 1870, p.225. Leur nom se composerait des noms de naissance de son mari, et de la mère de celui-ci, cf. Véronique Miltgen, Peintures du XIXesiècle, 1800-1914: catalogue raisonné [Musée des beaux-arts de Tours], 2, Tours, 2002, p.553 (part. en ligne) (ISBN2-903331-13-8).
À propos des suppositions de Beaumesnil sur l'origine des matériaux nécessaires à la construction des Arènes de Limoges:
«Nous aurons, au reste, plus d'une occasion de signaler des inexactitudes de ce genre dans les observations de Beaumesnil, et il paraît qu'on en a fait de même dans la plupart des contrées dont il a décrit les monumens. Ce n'est donc qu'avec une grande réserve qu'il faut admettre ses opinions, en rendant toutefois justice à son zèle, et en profitant de ce que ses travaux ont de véritablement utile.» (Allou 1821, p.58).
Voir quelques exemples de dessins érotiques de Beaumesnil issus de ses «élucubrations», copiés par Jean-Baptisle Tripon en 1837, reproduits par la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges. Selon Tripon, «lors de la démolition de l’Évêché [de Limoges] en 1759, on découvrit plusieurs objets très curieux mais dont quelques uns étaient d'une obscénité révoltante, ce qui engagea Monseigneur d'Argentré, évêque, de les faire briser. Beaumesnil obtint la permission d'en dessiner mais ces dessins ont été perdus [...] Quelques uns de ces monuments avaient pu faire partie d'un ancien temple à Priape, force créatrice de la Nature. Les emblèmes qui dans l'état actuel de nos mœurs nous semble le délire de la dépravation n'étaient peut-être que l'expression d'un sentiment pieux et de l'espérance en l'immortalité.» Tripon précise enfin «tout en publiant ces dessins qui nous semblent d'un intérêt hautement puissant, par une réserve facile à comprendre, nous avons cru devoir interrompre l'ordre de pagination, afin qu'il fût facultatif à nos souscripteurs d'élaguer de l'ouvrage ces deux livraisons.» (Collections de la bibliothèque numérique du Limousin, MAG. P LIM 33272/2).
Comme dans Guibert 1900, p.54: «Nous ne savons trop ce que valait le comédien: il tenait (au moins sur la fin de sa carrière) l'emploi des pères nobles, et avait "une tête d'un beau caractère qui convenait parfaitement à cet emploi" (d'après M. Martin [1811]). L'archéologue, on va le voir, a été assez sévèrement jugé. Quant à l'homme, nous ne le connaissons pas beaucoup; mais le peu que nous en savons n'est pas de nature à nous inspirer pour lui une sympathie bien vive ni une entière estime. Les écarts de son crayon attestent la polissonnerie du cabotin le plus vulgaire et un goût prononcé pour l'obscénité. Peut-être les mœurs de l'artiste furent elles, au demeurant, tout au moins dans la seconde partie de sa carrière, moins dévergondées que son imagination. — Le personnage avait beaucoup d'aplomb et savait donner une haute idée de sa science aux modestes érudits de province qu'éblouissaient sa faconde et la richesse de ses portefeuilles. L'abbé Legros, par exemple, manifeste en plusieurs endroits une véritable déférence pour l'autorité de Beaumesnil. — Nous savons par ailleurs que l'archéologue était peu scrupuleux et qu'il oubliait volontiers de mentionner le nom des auteurs des travaux originaux dans lesquels il avait largement puisé, qu'il avait même parfois copiés sans façon. Il semble du reste avoir mis lui-même, avec une certaine obligeance, ses dessins et ses notes à la disposition des antiquaires avec lesquels il se trouvait en rapport.»
Voir les auteurs ayant consulté ces documents dans Guibert 1900, p.60-61:
«Presque tous les auteurs qui se sont occupés de Beaumesnil ont répété, sur la foi de Millin (Millin 1811, p.748) ou dans Chaudruc 1818, p.324-325, croyons-nous, que la Bibliothèque Mazarine et la Bibliothèque de l'Institut conservaient une importante portion des manuscrits du comédien. Que les Archives de l’Académie des Inscriptions aient possédé beaucoup de dessins et de rapports ou de notes envoyés par lui, ce n'est pas douteux. Plusieurs de ces communications sont signalées par Legros [dans ses manuscrits aux Archives départementales de la Haute-Vienne, par Duroux Essai historique sur la Sénatorerie de Limoges, Limoges, 1811, p.124, par Allou, par Juge de Saint-Martin. En ce qui concerne notamment les monuments à emblèmes priapiques trouvés dans les fouilles de l’Évêché, Duroux et Tripon rapportent que le comédien, ayant obtenu en 1759 la permission de dessiner ces objets, en adressa des figures à l'Académie, et qu'"il n'est resté de son travail que quelques croquis sauvés de l'oubli par M. Martin, secrétaire de la Société royale d'agriculture". Quoi qu'il en soit, il nous a été affirmé deux fois, à douze ou quinze années d'intervalle, de la façon la plus catégorique, que ni la Bibliothèque de l'Institut, ni la Mazarine ne possèdent rien des papiers de Beaumesnil. M. Le Blant avait reçu la même réponse.»
Seul «la cote C 80 comprend 2 cahiers, l’un intitulé Antiquités de Périgueux recueillies en l’année 1763, augmentées de quelques autres à un second séjour que j’y fis en 1772, reçu à l’Académie en 1780, de 20 pages; c’est celui qui a figuré à l’exposition. Le second, Supplément aux monuments de Périgueux, découverts vers la fin de 1783, etc., de 8 pages, avec note de l’Académie: "Ce cahier qui m’a été envoyé par M. de Meulan d’Ablois, intendant de Limoges, m’est arrivé le 14 octobre 1784"», et aucune trace d'autres mémoires, selon la Conservation des archives de l'Institut (courriel du 18 juin 2018).
Chevallier semble répéter ce qu'il doit avoir lu quelque part, sans indiquer dans quel ouvrage, car il ne donne aucune précision sur la généalogie ou la localisation des cahiers en question: «Ses cahiers de dessins ont été envoyés à l'Académie de 1779 à 1784: 7 concernent des monuments antiques de Limoges. D'autres dessins illustrent Agen, Bourbon l'Archambault (les bains), Bourbon-Lancy, Clermont-Ferrand (le temple de Vasso), Eauze (un sarcophage), Laréole, Lectoure, Lezoux (les céramiques), Néris-les-Bains, Périgueux (la Tour de Vésone, les portes, l'amphithéâtre — état contemporain et restitution), Poitiers (l'amphithéâtre), Uzès...» (Chevallier 1999, p.143).
La cote 35 J 31 des Archives départementales de Lot-et-Garonne, contient une «correspondance concernant l’appartenance de ce manuscrit (1807-1861)». Louis Guibert semble ignorer cette vente puisqu'il s'étonne de la présence à Agen du manuscrit.
[Lacombe 1998] Claude Lacombe, «Wlgrin de Taillefer [1761-1833], architecte utopiste et pionnier de l’archéologie périgourdine», Mémoire de la Dordogne, no11, , p.11 (lire en ligne[sur archives.dordogne.fr]):
«C'est probablement lors de ces échanges de correspondances [avec tous les antiquaires de son époque] que Taillefer récupère ou achète les copies des dessins originaux de Beaumesnil réalisées à la demande du ministre Bertin et la copie, réalisée en 1789 à Paris, par l'abbé Lespine, de ce qui concerne le Périgord dans les Mémoires du comédien archéologue. Il les fera relier dans les années 1820 et intituler Antiquités de Périgueux. Ce manuscrit avait été découvert par l'abbé Lespine dans une caisse de papiers venant du cabinet de feu M. de Bertin, ministre et secrétaire d’État.»
Le Cahier de notes et croquis archéologiques attribués à Beaumesnil, des Antiquités limousines, correspond peut-être aux Environs de Limoges (format 305 × 201 mm), cahier où, selon Guibert (1900), «on trouve les croquis des nombreux monuments, restes d'édifices, fragments de sculptures, vestiges divers qui se voyaient au dernier siècle à Condat, Àmbazac, Saint-Léonord, Glanges, Pierrebuffière, Saint-Hilaire-Bonneval, Boisseuil, Solignac, Bellac et ses alentours, Tulle, Naves, Tinlighac, Ussel, Felletin, Aubusson, Les Ternes, Chénérailles, Ahun, etc. Tripon a largement puisé dans ce recueil», chez Nivel-Fontaubert en 1900[61].
Ce dernier cahier contient peut-être les planches consultées par Espérandieu, «28 planches de la collection Nivet-Fontaubert», en 1891 (sinon à la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges?). Espérandieu précise qu'il ne s'agit pas d'une partie des cahiers vu par Allou.
Chaudruc 1818, p.324, à propos du manuscrit de Beaumesnil sur les antiquités d'Agen, recueilli et dessiné vers l'année 1772: «Ses notes, qu'il adressoit à l'intendant de la généralité de Limoges, étoient transmises par ce magistrat au ministère à Paris. Elles existent maintenant dans les cartons de la bibliothèque Mazarine, au palais des beaux-arts.» Aubin Louis Millin (membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres depuis 1804) ajoute dans la note de bas de page, qu'«il n'existe à la bibliothèque Mazarine, que ce qui avoit été remis à la bibliothèque de l'académie des belles-lettres, par Beaumesnil, lorsqu'elle lui fit accorder une pension de 400 fr. Mais il y en a encore un grand nombre d'autres, dont j'aurois fait l'acquisition s'il s'y trouvoit une page ou une figure dont on pût profiter. C'est un amas énorme d'inepties dans le texte, de figures travesties et accommodées à la ridicule fantaisie de ce pauvre comédien, qui ne voyoit partout que des phallus et des signes hermétiques.»
Acte de décès à Limoges (Saint-Michel de Pistorie), vue 97/124. Son nom de théâtre, Pierre de la Ruette de Beaumesnil ou La Ruelle est probablement un pseudonyme, de même que la particule de; orthographié parfois Beauménil, Beaumeny ou Beauméni, voire Duménil et Dumesnil en 1811-1812
Martial Legros, Continuation de l'abrégé des annales du Limousin, p.327 du manuscrit, cité dans Guibert 1900, p.56-57:
«Le 20 (sic) mars 1787 étoit mort à Limoges le sieur Pierre Beaumesnil, ci-devant comédien de profession. Ce savant artiste excelloit dans l'art de dessiner l'antique; mais les observations qu'il joignoit à ses dessins n'étoient ni pures, ni correctes, ni souvent judicieuses. Le Priapisme étoit son goût favori: il y rapportoit toutes ses recherches. Sa collection de copies d'antiques étoit immense. Il en avoit fait passer une grande partie à l'Académie, dont il étoit membre.»
Voir aussi Émile Espérandieu, en 1888 (Épigraphie romaine du Poitou et de la Saintonge, p.141-142 n. 1) et Arquié-Bruley 2002 (p.130)État et localisation des archives et des dessins.
Martial Legros, Continuation de l'abrégé des annales du Limousin, p.327 du manuscrit, cité dans Guibert 1900, p.56-57:
«Sa collection de copies d'antiques étoit immense. Il en avoit fait passer une grande partie à l'Académie, dont il étoit membre.»
Millin 1811, p.748 ou dans Chaudruc 1818, p.324-325 et note 2: «il n'existe à la bibliothèque Mazarine, que ce qui avoit été remis à la bibliothèque de l'académie des belles-lettres, par Beaumesnil».
Décrits par Tripon (1837, p.35) comme «plusieurs objets très curieux mais dont quelques uns étaient d'une obscénité révoltante, ce qui engagea Monseigneur d'Argentré, évêque, de les faire briser» après 1759. À la fin du XIXesiècle, certains de ces dessins étaient dans la collection Nivet-Fontaubert, selon Espérandieu 1891, p.263.
Jacques Duroux (1740-1824; expert-géomètre, correspondant de la Société d'agriculture, des sciences et arts du département de la Haute-Vienne), Essai historique sur la sénatorerie de Limoges, Limoges, 1811, p.124 (en ligne):
«M. Beaumesnil prit des dessins de ces monumens [enfouis dans les fondations du nouveau Palais, découverts en 1757, lors de la démolition de l'ancien palais] dont il envoya, dans le temps, une copie à l'académie des inscriptions et belles lettres de Paris».
Voir Antiquités limousines. Cahier de notes et croquis archéologiques attribués à Beaumesnil, prêt de M. Edmond Panet, 1969, Archives départementales de la Haute-Vienne, microfilms cote 1 Mi 225 - 1 rouleau, 2,50 m, négatif).
Cf. Grivaud de la Vincelle, Catalogue des objets d'antiquité et de curiosité, qui composaient le cabinet de feu M. l'abbé Campion de Tersan... dont la vente publique aura lieu le lundi 8 novembre 1819, et jours suivans... à l'Abbaye-aux-bois..., Paris, 1819 (partiellement en ligne).
Voir par exemple dans l'article de Christian Corvisier, «Le donjon de Châtillon-sur-Indre», dans Bulletin Monumental, t. 168/1 [Châtillon-sur-Indre. Un château, un palais, sous la direction de Fabienne Audebrand], 2010, p.17-32 (en ligne), avec une Vues du donjon par Pierre Beaumesnil (Fig. 2).
Idem., cf. Pierre Pinon, «Beaumesnil et Grignon, le dessin et la fouille», dans La fascination de l'Antique, 1700-1770. Rome découverte, Rome inventée [Musée de la civilisation gallo-romaine, Lyon], Paris, 1998, p.162-167.
Pascal Texier (président de la SAHL), «La Société archéologique et historique du Limousin», dans Haute-Vienne romane et gothique: l'âge d'or de son architecture [Congrès archéologique de France, 172e session, 2014], sous la dir. d'Éliane Vergnolle, Paris, 2016, p.11-18 (en ligne).
Voir: * Arquié-Bruley 2002 (p.130): «[Alexandre Lenoir] les aurait achetés, en 1821, au libraire Nepveu, comme ayant appartenu à l'abbé de Tersan. Cela est sans doute vrai, au moins pour ceux que l'abbé a calqués.» * Georges Huard 1938.
Voir Arquié-Bruley 2002 (p.130-132): Recueil d'antiquités gauloises, romaines et chrétiennes de l'abbé de Tersan [Charles-Philippe Campion de Tersan, 1737-1819].
Voir par exemple Lenoir 1885, p.358: «Une collection de calques exécutés sur les dessins de Beauménil se voit sous le nom De Tersan à Bibliothèque nationale, à la section des manuscrits français, sous les numéros 6984 et 6955. Trois dessins originaux de l'auteur y sont classés parmi les reproductions calquées, au-dessous desquelles on a écrit ces mots: d'après Beauménil.»
À propos de l'abbé Pierre Lespine, chanoine de Saint-Front de Périgueux, voir aussi Louis Grillon, «Notes sur le chanoine Lespine», dans Mémoire de la Dordogne, 9, Périgueux, déc. 1996, p.7-16 (en ligne).
Voir à propos de Dom Léonard Fonteneau (1705-1778),
Michel Cassan, «Le panthéon des plumes illustres du Poitou selon le lieutenant général au siège royal du Dorat, Pierre Robert (1589-1656)», dans Les grands jours de Rabelais en Poitou [Colloque international de Poitiers, 2001], sous la dir. de Marie-Luce Demonet, Genève, 2006, p.273-275 (part. en ligne).
[Lacombe 1985] Claude Lacombe, «Wlgrin de Taillefer: utopie et urbanisme à Périgueux au début du XIXesiècle», Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, Périgueux, vol.112, no3, , p.255-265 (lire en ligne[sur shap.fr]).
Cf. Claude Lacombe 1985 supra, p.263: «manuscrit constitué "de doubles de quelques-uns des dessins originaux (de Beaumesnil) et d'une copie de ce qui nous regarde (prise en 1789 à Paris par Lespine)" que W. de Taillefer Antiquités de Vésone, 1, 1821, p.280 avait sous les yeux lorsqu'il rédigeait les Antiquités de Vésone».
Annie Desvalois, Répertoire numérique de la sous-série 1 Mi: Microfilms de complément (VIIe – XXesiècle), Limoges, Archives départementales de la Haute-Vienne, 2018, 74 p. dact. (en ligne).
Cf. Desvalois 2018, supra.
Correspond peut-être aux Antiquités de la ville de Limoges et païs Limousin [collection Maurice Ardant] (12 p. fragment de cahier in-folio contenant env. 50 reproductions) chez Paul Mariaux en 1900, selon Louis Guibert (p.61, et description des dessins p.63-69). Guibert précise qu'il ne s'agit pas d'un cahier vu par Allou.