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médecin, physiologiste et homme politique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Paul Bert, né le à Auxerre et mort le à Hanoï, est un médecin, physiologiste et homme politique français.
Paul Bert | |
Paul Bert dans les années 1880. | |
Fonctions | |
---|---|
Résident général d'Annam-Tonkin | |
– (9 mois et 11 jours) |
|
Ministre de l'Instruction publique et des Cultes | |
– (2 mois et 8 jours) |
|
Gouvernement | Gambetta |
Prédécesseur | Jules Ferry |
Successeur | Jules Ferry |
Député français | |
– (14 ans, 5 mois et 2 jours) |
|
Élection | |
Réélection | 20 février 1876 14 octobre 1877 21 août 1881 4 octobre 1885 |
Circonscription | Yonne |
Législature | Ire, IIe, IIIe et IVe (Troisième République) |
Groupe politique | Union républicaine |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Auxerre (Yonne) |
Date de décès | (à 53 ans) |
Lieu de décès | Hanoï (Tonkin) |
Nature du décès | choléra |
Nationalité | Français |
Profession | physiologiste |
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Élève de Claude Bernard, suppléant de Pierre Flourens au Muséum national d'histoire naturelle, il étudie la physiologie de la respiration (en altitude et en plongée) et s'intéresse à la greffe et à l'anesthésie.
Élu député radical à partir de 1872, il est l'un des 363 lors de la crise de 1877.
Anticlérical, il est l'un des fondateurs de l’« école gratuite, laïque et obligatoire » qu'instaurent les lois de Jules Ferry, auquel il succède comme ministre de l'Instruction publique et des Cultes, de 1881 à 1882.
Soutien de la politique de colonisation, il publie plusieurs manuels scolaires qui se réfèrent à des idées et à des théories explicitement racistes. En , il est nommé résident supérieur de l'Annam-Tonkin, en Indochine, où il meurt quelques mois plus tard des suites du choléra.
Issu d'un milieu janséniste[1], il étudie le droit, obtenant un doctorat en droit en 1857 ; et finalement sous l'influence du zoologiste, Louis Pierre Gratiolet (1815-1865), il s'intéresse à la physiologie, devenant l'un des plus brillants élèves de Claude Bernard. Docteur en médecine en 1863 (thèse sur la greffe animale soutenue le samedi 8 aout 1863), docteur ès sciences en 1866, professeur de physiologie à Bordeaux en 1866 (ce fut le plus jeune professeur de France) puis à la Sorbonne en 1869, il devient membre de l'Académie des sciences en 1882. Il a rédigé de nombreux manuels scolaires aux thèses ethnocentrées, qui pourraient sembler racistes de nos jours, comme de nombreux écrits du XIXe siècle. Cet ethnocentrisme fut toutefois corrigé lors de son expérience de terrain lorsqu'il fut en poste au Tonkin. Il contribua à établir le paradigme racial républicain qui colora la colonisation française de ses conceptions sur l'inégalité des races, mais, à l'instar de l'antisémitisme, il serait anachronique de juger des écrits de la fin du XIXe siècle à l'aune des valeurs du XXIe siècle[2].
Il meurt du choléra à Hanoï, sept mois après sa nomination comme résident général du protectorat du Tonkin. Il est inhumé à Auxerre[3] au cimetière Dunand[4].
Paul Bert a été l'époux de Joséphine Clayton, protestante d'origine écossaise[5]. Ils ont trois filles dont deux, Henriette (1866-1933) et Léonie (1876-1923), ont chacune épousé un frère Chailley, Joseph pour la première, et André pour la seconde. Pauline (1869-1961) épousa Antony Klobukowski. Il eut un fils illégitime, Paul Berthelot, qui fut un militant anarchiste et un pionnier de l'espéranto.
Le nom de Paul Bert est associé à la physiologie de la plongée sous-marine. Il est le premier à avoir décrit de façon systématique l'état de convulsion lié à la toxicité de l'oxygène sous forte pression partielle pour le système nerveux central dit « effet Paul Bert ». Il publie un ouvrage récapitulatif en 1878, La Pression barométrique, où il décrit différentes expériences sur les manifestations causées par les variations de la pression atmosphérique et de la pression d'oxygène sur l'être humain, et ce, à l'aide d'un caisson étanche de grande taille, pouvant contenir un homme. Il détaille ainsi les effets du manque (hypoxie) ou du trop plein d'oxygène (hyperoxie).
Il va appliquer ses connaissances à la réalisation d'un scaphandre muni d'un régulateur de pression. Il travaille également, durant les années 1870, sur les gaz anesthésiants, notamment le protoxyde d'azote.
En 1874, il prépare les aéronautes Joseph Crocé-Spinelli et Théodore Sivel à une ascension en ballon à 7 300 mètres d'altitude. L'année suivante, alors que les deux aéronautes se lancent dans une nouvelle ascension en compagnie de Gaston Tissandier, ils ne reçoivent pas à temps une lettre de Paul Bert les informant que leur réserve en oxygène ne sera pas suffisante pour trois hommes. Seul Tissandier survit à l'expédition.
De nombreuses voies publiques et établissements scolaires portent le nom de Paul Bert. Il a laissé sa marque dans trois domaines : l'Instruction publique, les cultes, et les colonies. Il a été député de l'Yonne de 1872 à 1886, ministre de l'Instruction publique et des Cultes du gouvernement Gambetta du au , et le premier Résident supérieur au Tonkin et en Annam en 1886.
Paul Bert a été, avec Jules Ferry, Marcellin Berthelot et Jean Macé, le promoteur[6] de l'école gratuite, laïque et obligatoire (par exemple, loi du imposant la création d'au moins une École normale de garçons mais aussi de filles par département, pour la formation des « hussards noirs »). Il s'attacha spécialement à la scolarisation des enfants et des jeunes filles, et rédigea plusieurs ouvrages d'enseignement scientifique d'une grande valeur pédagogique, mais dans lesquels il exprimait – et par lesquels furent diffusées – ses idées concernant la supériorité de la race blanche. Ministre des Cultes, il se consacra à la lutte contre le cléricalisme. Il a été membre de plusieurs sociétés de libres penseurs dont la plupart se sont créées au début des années 1880. Il publia en 1880 l'ouvrage "La morale des Jésuites" puis en 1881 un manuel d'instruction civique de coloration nettement anticléricale, qui fut mis à l'Index par l'Église catholique. Paul Bert fut membre fondateur et vice-président jusqu'à sa mort de l'Union de propagande démocratique anticléricale.
Les funérailles nationales civiles de Paul Bert, centrées à Auxerre où il est inhumé, ont provoqué un scandale chez les catholiques.
Libre-penseur et positiviste, fidèle à la devise « Ni Dieu, ni maître, à bas la calotte et vive la Sociale »[7], Paul Bert opposait la science à la religion. Il considérait en effet que ces deux systèmes de valeurs et de croyances étaient antagonistes. Il écrivait : « Avec la science, plus de superstitions possibles, plus d'espérances insensées, plus de ces crédulités niaises, de ces croyances aux miracles, à l'anarchie dans la nature. » Adepte de la science expérimentale, il refusait de s'intéresser aux questions de l'existence de Dieu et encore moins de la croyance en Dieu. Il fit inscrire sur sa stèle funéraire « Science » et « Patrie » pour affirmer son ultime conviction de la science contre la religion. Etienne Récamier[8] et le physicien et historien des sciences Pierre Duhem font allusion à son laïcisme intransigeant dans un album satirique intitulé Au pays des gorilles (1883)[9],[10].
Comme beaucoup de républicains de cette époque, Paul Bert a entretenu des relations étroites avec la franc-maçonnerie, mais il n'a jamais été franc-maçon. Il avait collaboré avec Jean Macé, qui fut un franc-maçon authentique, dans la direction de la Ligue de l'enseignement[11],[12].
Membre actif de la Société d'anthropologie de Paris à partir de 1861, Paul Bert participe activement à la diffusion des thèses racialistes[13] de cette société, notamment quand il devient ministre de l'Instruction publique[14]. Il est ainsi le rédacteur de plusieurs manuels scolaires qui se réfèrent à des idées et à des théories explicitement racistes[15],[16]. Selon plusieurs historiens[17],[13], il a aussi participé clairement à donner une orientation nationaliste aux manuels scolaires de la IIIe République, notamment les manuels d'histoire, de géographie et de français. Ces manuels, utilisés des écoles primaires à l'enseignement secondaire, ont été pour certains réédités de 1880 jusqu'aux années 1930. Son plus grand succès, la Première année d'enseignement scientifique (1883), devenu dès 1884 la Deuxième année, a été traduit en anglais en 1899 et diffusé en Angleterre mais sans grand succès, semble-t-il.
On peut retrouver dans ses ouvrages les extraits suivants:
En 1883, Paul Bert est élu président d'honneur de la « Société pour la protection des colons et l'avenir de l'Algérie ». À l'instar d'une majorité des Français, il n'est pas question pour lui d'accorder des droits politiques aux indigènes. L'ancien ministre de l'instruction publique réduit singulièrement ses visées éducatives pour les colonies. Son objectif est d'adapter l'enseignement au niveau culturel des populations, afin de former des auxiliaires de la colonisation. « Il faut placer l'indigène en position de s'assimiler ou de disparaître. »[16].
Il faut noter que cette présentation d'un « Paul Bert raciste » est relativisée par l'auteur Patrice Decormeille ("Paul Bert, Race et Culture publié dans Peut-on encore chanter la douce France ? dirigé par Michel Wieviorka , Entretiens d'Auxerre, éd. de l'Aube, Paris 2007. Cf. dans le livre de Wieviorka p.192 à 207)[Qui ?] qui affirment se baser sur le « contexte historique ». Il affirme que les reproches adressés à Paul Bert seraient moins imputables au racisme qu'à de l'ethnocentrisme [20] ; il convient de noter ici que l'ethnocentrisme étant considéré comme une conséquence du racisme, cela revient peu ou prou au même.
En janvier 1886, il est nommé Résident supérieur du protectorat de l'Annam-Tonkin. Il arrive à Hanoï le . Il y meurt du choléra sept mois plus tard. Il est inhumé au cimetière Saint-Amâtre d'Auxerre ; un grand gisant de bronze de Bartholdi orne sa tombe.
En 1876, Franceline Ribard lui rend hommage, lors de la publication de sa thèse de médecine, pour son engagement et son soutien à l'instruction des filles et des femmes. Le peintre Henri Patrice Dillon exécute une grande toile intitulée Les Funérailles de Paul Bert (1887)[23]. En 2015, Paul Bert est le 18e personnage le plus célébré au fronton des établissements français d'enseignement public des premier et second degrés : pas moins de 180 écoles, collèges et lycées lui ont emprunté leur nom, derrière notamment Jules Ferry (642), Jacques Prévert (472) et Jean Moulin (434)[24]. Toutefois, après sa rénovation, le groupe scolaire Paul-Bert de Malakoff (Hauts-de-Seine) prend le nom de Paulette Nardal[25],[26]. De même, de nombreuses villes ont choisi son nom pour baptiser une de leurs voies, places, etc., notamment : Aix-en-Provence, Angers, Auxerre sa ville natale (un pont), Bayonne, Brest, Clermont-l’Hérault, Dammarie-les-Lys (la place de l’église), Lens[alpha 1], Lyon, Paris, Saint-Mandé, Toulouse, Tours (un quartier), Vénissieux, ou encore Romilly-sur-Seine (Aube).
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