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homme politique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Mathieu Jean Félicité, duc de Montmorency-Laval, né le à Paris où il est mort le , est un militaire et homme politique français révolutionnaire, admirateur des Philosophes, ensuite rallié à la Restauration des Bourbons.
Fauteuil 37 de l'Académie française | |
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Ministre des Affaires étrangères | |
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Député de la noblesse | |
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Pair de France | |
Ministre d'État |
Duc |
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Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nationalité | |
Activités |
Homme politique, officier, diplomate, militaire |
Rédacteur à | |
Père |
Matthieu Paul Louis de Montmorency, Comte de Laval (d) |
Mère |
Catherine Jeanne Tavernier de Boullongne (d) |
Conjoint |
Pauline Hortense d'Albert de Luynes (d) (à partir de ) |
Enfant |
Elisabeth Hélène Pierre de Montmorency-Laval (d) |
Membre de | |
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Grade militaire | |
Conflit | |
Distinction | |
Archives conservées par |
Service historique de la Défense (GR 8 YD 1853)[1] |
Député aux états généraux de 1789, Mathieu de Montmorency-Laval émigra en Suisse. Sous la Restauration, il devint maréchal de camp, pair de France, ministre des Affaires étrangères, et fit partie de l'Académie française.
Montmorency a fait ses premières armes en Amérique, dans le régiment d'Auvergne, l'un des meilleurs de l'ancienne armée et surtout un des plus remarquables par la sévérité de la discipline, dont le vicomte de Laval, son père, était colonel.
Lors de la convocation des états généraux de 1789, il fut nommé député par l'assemblée bailliagère de Montfort-l'Amaury, où il siégeait comme grand bailli d'épée. Il est le plus jeune élu de l'Assemblée constituante[a]. Élève de l'abbé Sieyès et bien qu'apparenté au grand aumônier de la cour, il était imbu de principes révolutionnaires. Lorsqu'on décréta la vente des biens du clergé, il fut des plus ardents à appuyer cette mesure, tandis que Sieyès s'écriait :
« Ils veulent être libres et ne savent pas être justes. »
Mathieu de Montmorency avait, lui cinquième, prêté le serment du Jeu de paume ; il avait été des quarante-sept gentilshommes qui se réunirent à la chambre du tiers. Il aurait été pris à part par des députés de la noblesse et fessé pour sa traitrise à son ordre, d'où son sobriquet de « fesse-matthieu[2] ».
Lorsque, dans la séance du , l'assemblée nationale eut décrété que la constitution serait précédée de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, il s'écria :
« En produisant cette déclaration, donnons un grand exemple à l'univers ; présentons-lui un modèle digne d'être admiré »
Cette proposition fit écarter celle de l'abbé Grégoire, qui voulait au moins qu'on joignît la déclaration des devoirs à celle des droits. Dans la fameuse séance de nuit du même jour, Mathieu monta à la tribune et excita un grand enthousiasme en proposant d'abolir, avec les droits féodaux et les justices seigneuriales, tous privilèges, franchises et immunités de pays, d'États, de villes, de communautés, d'individus. Le il appuya le décret qui portait que le corps législatif ne serait composé que d'une chambre.
« Si l'on adopte, dit-il, le projet d'un sénat, il établira l'aristocratie et conduira à l'asservissement du peuple, surtout si les sénateurs sont inamovibles ou qu'ils soient au choix du roi comme on l'a proposé. »
On l'entendit encore, le , s'exprimer ainsi :
« Que toutes les armes et armoiries soient donc abolies, que tous les Français portent désormais les mêmes enseignes, celles de la liberté[3]. »
Il résulta du décret auquel donna lieu cette proposition que, toute noblesse étant abolie, les gentilshommes durent quitter leurs noms féodaux pour prendre le nom plus ou moins vulgaire du premier auteur de leur race ; ce qui exposa ceux-ci à de grands inconvénients d'amour-propre. De là vint que le roi fut nommé Louis Capet.
Néanmoins, cela ne l'empêchait pas de se prévaloir dans ce contexte de sa noblesse de façon inattendue. Rivarol, deux mois après cette abolition de la noblesse, entra au café de Valois où se trouvaient Antoine Barnave, Gouverneur Morris, plénipotentiaire des États-Unis, Mathieu de Montmorency et quelques autres députés. « J'ai l'honneur de saluer monsieur Mathieu Bouchard » lui dit le caustique bel esprit. Mathieu, prenant son nom en mauvaise part, finit par dire : « Vous avez beau faire et insister sur l'égalité, vous n'empêcherez pas que je ne vaille infiniment mieux, par ma naissance, qu'un bourgeois de la rue Saint-Denis ; que mon nom, connu du monde entier, ne soit distingué entre tous les autres ; que les roturiers ne lui portent considération et respect et que ma naissance ne soit un titre positif, car enfin je descends d'Anne de Montmorency, qui fut connétable ; je descends d'Anne de Montmorency, qui fut maréchal de France ; je descends d’Anne de Montmorency, qui épousa la veuve de Louis le Gros ; et je descends - Eh ! mon cher Mathieu, interrompit Rivarol, pourquoi êtes-vous donc tant descendu ? Et quand il refit de même devant Talleyrand, en vantant les exploits des Montmorency sur les champs de bataille du royaume, celui-ci ricana : « C'est vrai que vous êtes le premier de votre famille qui avez mis bas les armes[4],[b] ! »
Le , Mathieu de Montmorency, qui devait plus tard être un des chefs d'une véritable croisade contre les Philosophes du siècle des Lumières, fit partie de la députation chargée d'assister à la translation des restes de Voltaire ; puis, le , il appuya la proposition de décerner les honneurs du Panthéon à Jean-Jacques Rousseau.
Après la session, il fut pendant quelques mois aide de camp du maréchal Luckner mais bientôt, malgré les gages qu'il avait donnés à la Révolution, il se vit obligé d'émigrer et se retira en Suisse, à Coppet, auprès de Germaine de Staël. Telle fut l'origine d'une intimité que plus tard la différence la plus prononcée d'opinions ne put même altérer.
Là il apprit que son frère, l'abbé de Laval, avait péri sur l'échafaud. Rivarol connaissait bien Mathieu de Montmorency quand il disait de lui dans son Petit Almanach des grands hommes de la révolution :
« Le plus jeune talent de l'assemblée, il bégaye ce encore son patriotisme, mais il le sait déjà comprendre, et la république voit en lui tout ce qu'elle veut y voir. Il fallait qu'un Montmorency parût populaire pour que la Révolution ce fût complète et un enfant seul pouvait donner ce grand exemple. Le petit Montmorency s'est donc dévoué à l'estime du moment, et il a combattu l'aristocratie sous la férule de l'abbé Sieyès, etc[5]. »
Revenu à Paris en 1795, Mathieu de Montmorency vécut entièrement étranger aux affaires politiques ; il était membre de plusieurs associations bienfaisantes et consacrait tous ses moments à des pratiques de piété et à des actes de charité puis à la suite de son père, gouverneur du château de Compiègne, de 1804 à 1809, le devient à son tour, à la chute de l'Empire, en 1814[6]. Dans la ferveur de sa conversion religieuse et monarchique, ce fut pour lui un vif sujet de chagrin lorsque, en 1808, il vit son père, Mathieu Paul Louis de Montmorency-Laval, vicomte de Montmorency-Laval, nommé par Napoléon Ier gouverneur du château de Valençay, consentir à devenir le gardien de Ferdinand VII et de ses frères. II reprochait d'ailleurs amèrement à l'auteur de ses jours son divorce avec la vicomtesse de Laval, sa mère.
Il y avait quatre ans qu'il n'avait vu son père, quand ce dernier mourut. Dès qu'il fut instruit de cet événement, Mathieu de Montmorency sollicita instamment la permission de jeter de l'eau bénite sur le corps du défunt et resta pendant quatre heures à genoux en prière au pied du cercueil. Au reste, le vicomte de Laval était fort innocent de son divorce, qui avait été demandé par sa femme pendant qu'il était en émigration, dans le dessein de conserver une partie des propriétés de la famille. Au retour de son époux, madame de Laval ayant refusé de rentrer avec lui, ce dernier convola en secondes noces.
En 1800, lorsque le duc de la Rochefoucauld refonda la Société philanthropique, il était aux côtés du banquier Delessert, des hommes d'État Gérando et de Pastoret, au nombre des refondateurs[7].
Quelque étranger qu'il fût alors à toute intrigue politique, Mathieu de Montmorency n'en partagea pas moins en 1811 l'exil de madame de Staël. Les événements de 1814 le trouvèrent à Paris sous la surveillance de la police impériale. Il se rendit bientôt à Nancy, auprès de Monsieur, depuis Charles X, pour lui annoncer les vœux des royalistes et désormais il ne songea plus qu'à faire oublier aux Bourbons ses antécédents révolutionnaires par des actes de dévouement alors faciles et sans péril.
Les récompenses ne se firent pas attendre ; il devint successivement aide de camp de Monsieur, maréchal de camp en 1814 et chevalier d'honneur de madame la duchesse d'Angoulême en 1815. Pendant les Cent-Jours il était à Gand et fut, à la Seconde Restauration, nommé pair de France. Le , à l'occasion de la vente proposée des bois de l'État, il prononça un discours pour désapprouver cette mesure.
On peut rappeler encore :
En 1817, Mathieu de Montmorency achète à son ami Chateaubriand la Vallée-aux-Loups, demeure que celui-ci se voyait contraint de vendre. Sa descendance la conservera pendant une centaine d'années.
Le 13 novembre suivant, il présida le collège électoral de la Sarthe, où il avait pour mission d'écarter la candidature de Benjamin Constant. Nommé le au département des Affaires étrangères, il suivit dans l'administration une direction conforme à ses nouvelles doctrines, et, durant la session de 1822, crut devoir encore une fois rétracter ses anciennes opinions :
« Ma carrière politique, dit-il, était assez connue : l'indulgence de mes amis ne pouvait pas désarmer la sévérité des juges impartiaux ; d'anciennes et naturelles impressions pouvaient n'être pas effacées. Eh bien ! messieurs, je trouvai dans mon roi et dans toute son auguste famille une bonté inépuisable qui, je m'honore d'en être la preuve, est toujours offerte à tous et à laquelle ne saurait jamais assez répondre le dévouement de ma vie entière. »
Quelques mois après, Mathieu de Montmorency parut au congrès de Vérone, où, de concert avec Chateaubriand, il détermina la Sainte-Alliance à engager la France à porter les armes en Espagne pour rétablir Ferdinand VII. Cette mission accomplie, il revint à Paris et, le 30 novembre, fut créé duc ; mais, par suite d'un revirement ministériel, il fut remplacé dans le ministère des Affaires étrangères par son ami Chateaubriand, qui devait bientôt après succomber comme lui sous l'influence du comte de Villèle. Les dignités de ministre d'État, de membre du conseil privé, de gouverneur du duc de Bordeaux, enfin un fauteuil à l'Académie française, furent pour lui d'amples dédommagements mais quels titres pouvait-il avoir à l'honneur d'élever l'héritier du trône ? Pas plus assurément qu'à celui d'académicien. Aussi de combien d'épigrammes fut-il le sujet, dont celle-ci :
Il est vrai que Mathieu de Montmorency travaillait au Mémorial catholique, journal qui passait pour ultramontain, mais ce n'était pas là assurément un titre académique. La critique n'épargna pas à cette occasion Juliette Récamier, dont l'influence n'avait pas peu contribué à gagner des suffrages au pieux duc.
Son discours de réception sur l'alliance des lettres et de la philanthropie n'avait rien qui pût créer à son auteur même un premier titre littéraire. Il est péniblement élaboré et d'un style obscur.
Mathieu de Montmorency figurait parmi les fondateurs de la Société des bonnes lettres et de la Société des bonnes études. Il avait aussi été un des premiers propagateurs de l'enseignement mutuel en France ; mais, dans son discours de réception où il rappelait avec éloge plusieurs fondations et institutions de bienfaisance, depuis saint Vincent de Paul jusqu'à nos jours, il se garda bien de faire mention de cette méthode utile et populaire. Une rupture d’anévrisme l'enleva subitement, en plein dans ses prières du vendredi saint, à l'église Saint-Thomas-d’Aquin, sa paroisse.
Alors les inconséquences du grand seigneur converti furent oubliées : tous les organes de la presse, quelle que fût leur couleur, se réunirent pour rendre hommage aux vertus réelles, à la franchise, à la bonne foi du défunt et surtout à sa bienfaisance. Il fut inhumé au cimetière de Picpus. Aucun discours ne fut prononcé sur son cercueil, selon la coutume qui s'observe aux cimetières placés dans l'enceinte des couvents.
L'éloge du duc de Montmorency a été fait à l'Académie française par Alexandre Guiraud, son successeur, et par Joseph-Marie de Gérando devant l'assemblée générale de la Société pour l'instruction élémentaire, le [c].
Il est le fils de Mathieu Paul Louis de Montmorency-Laval et Catherine Jeanne Tavernier de Boullongne (1749-1838), apparentée à Joseph Bologne de Saint-George et qui sera la maîtresse de Talleyrand[9]. Il épouse, le , à Dampierre en Yvelines, sa cousine germaine, Pauline-Hortense d'Albert de Luynes, fille de Louis Joseph Charles Amable d'Albert de Luynes, 6e duc de Luynes, et d'Elisabeth Guyonne de Montmorency-Laval. Née le , elle meurt à Bonnétable le .
Elle lui apporte les domaines de Bonnétable et d'Esclimont.
De ce mariage est née Élisabeth de Montmorency, mariée avec Sosthène de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville, colonel. Contenu
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