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aviateur allemand, as de la Première Guerre mondiale De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Manfred Albrecht, Freiherr[1] von Richthofen, né le à Breslau et mort le à Vaux-sur-Somme, est un aviateur allemand devenu une légende de l'aviation de la Première Guerre mondiale. À l'époque, il était connu en France sous les surnoms de « Baron rouge » ou de « Diable rouge », mais depuis, le surnom donné par les aviateurs britanniques (« the Red Baron » soit « le Baron rouge ») a fini par s'imposer au point de remplacer en popularité son nom authentique.
Manfred von Richthofen | ||
Surnom | « Le Baron rouge » | |
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Naissance | Kleinburg (province de Silésie), Empire allemand |
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Décès | (à 25 ans) Vaux-sur-Somme, France Mort au combat |
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Origine | Allemand | |
Allégeance | Empire allemand | |
Arme | Luftwaffe, Luftstreitkräfte | |
Grade | Rittmeister | |
Années de service | 1911 – 1918 | |
Commandement | Jasta 11 | |
Conflits | Première Guerre mondiale | |
Faits d'armes | 80 victoires homologuées
(système de comptage allemand) |
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Distinctions | Pour le Mérite | |
Famille | Famille Richthofen | |
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Avec quatre-vingts victoires confirmées, selon le système de comptage allemand, il est l'as des as de l'aviation allemande de la Première Guerre mondiale. Hauptmann dans la célèbre Jasta 11, sa célébrité est liée à celle de son Fokker Dr.I Triplan peint en rouge vif au lieu des traditionnelles couleurs de camouflage, d'où son surnom. Il a pour frère cadet Lothar von Richthofen, autre pilote chevronné de l'armée de l'air allemande.
Manfred von Richthofen naît à Kleinburg, près de Breslau, en province de Silésie[2], dans une famille aristocratique prussienne. Il est le deuxième des quatre enfants de l'officier de cavalerie Albrecht baron von Richthofen (1859 – 1920) et de la baronne Kunigunde von Schickfus (1868 – 1962), descendante d'une grande famille de la branche des Falkenhausen[3]. Il a deux frères Lothar (1894 – 1922) également pilote de chasse, Karl-Bolko (1903 – 1971) et une sœur Élisabeth (1890 – 1963). À l’âge de neuf ans, Manfred s'installe avec sa famille à proximité de Schweidnitz (Świdnica)[4]. Une fois ses études terminées à l’école de Schweidnitz, Manfred commence une formation militaire alors qu'il n’est âgé que de 11 ans[4]. Après avoir achevé sa formation de cadet en 1911, il rejoint une unité d'uhlans de cavalerie, le 1er régiment d'uhlans[5].
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Richthofen, qui a 22 ans, sert comme officier de cavalerie, participant à des reconnaissances sur le front de l'Est et sur le front de l'Ouest. Les missions traditionnelles de la cavalerie (reconnaissance, percée et exploitation, freinage…) étant devenues difficiles en raison des tranchées et des barbelés, les uhlans sont utilisés dans l'infanterie.
Déçu de ne pas participer plus souvent à des opérations de combat, Richthofen demande sa mutation dans la Luftstreitkräfte, la nouvelle force aérienne de combat, un corps précurseur de la Luftwaffe. Sa demande est acceptée et il rejoint cette unité à la fin de . Le , alors âgé de 23 ans, le lieutenant Manfred von Richthofen, se rendant par train spécial à Metz, rencontre l'as de l'époque Oswald Boelcke dans le wagon-restaurant. Les récits de combats aériens impressionnent tant Richthofen qu'il décide de devenir lui aussi pilote d'avion de chasse[6].
Formé par Oswald Boelcke, Manfred von Richthofen apprend rapidement à piloter et s’entraîne à la chasse aérienne. À la mort de Boelcke, il lui succède à la tête de l'escadre de chasse Jagdgeschwader I surnommée le Fliegender Zirkus — cirque aérien ou cirque volant. Bien que la propagande allemande en ait fait un maître qui excelle dans la tactique et le combat aérien dès le début de sa carrière, Manfred von Richthofen a détruit un certain nombre d'avions et passe pour un maladroit avant d'entamer une carrière fulgurante[7]. Jusqu'à la fin de 1916, il pilote un Albatros D.II à bord duquel, par exemple, le , il tue l'as britannique Lanoe Hawker. Dès qu'un avion est abattu, il se pose rapidement et saute dans une voiture pour aller voir l'appareil. Tel un chasseur, il découpe avec son couteau un morceau de l'empennage en toile, de préférence avec le numéro d'immatriculation de l'appareil, et l'envoie à sa mère qui accroche ces trophées sur les murs de sa chambre. Pour chacune de ses victoires, il commande chez l'un des meilleurs orfèvres de Berlin un petit gobelet en argent sur lequel il fait graver la date et le type de l'appareil abattu[8].
En , il abandonne l'Albatros D.II pour le D.III, le modèle suivant dans la série des biplans de chasse Albatros. Son premier vol avec cet avion, auquel il a donné la couleur rouge, a lieu dans le ciel de Flandre, le . En faisant peindre son avion en rouge vif, il ne cherche pas à se distinguer, mais agit par stratégie : le principe étant de laisser un avion très visible voler en solo à basse altitude pendant que le reste de l'escadrille restait caché dans la couverture nuageuse, avant de fondre sur l'ennemi qui aurait accroché l'avion paraissant solitaire. À la fin de ce même mois, pour son 16e succès, il reçoit la médaille de l'ordre Pour le Mérite, la plus haute distinction dans l'armée allemande à l'époque. Au printemps 1917, le général en chef Erich Ludendorff lui accorde une permission pour qu'il écrive son autobiographie. Ouvrage de propagande destiné à en faire un héros présenté comme le « chevalier du ciel », il est en fait écrit en grande partie avec l'aide du journaliste Erich von Salzmann[9]. Durant le seul mois d', il abat vingt avions britanniques, portant le total de ses victoires à 52 appareils ennemis. À la fin du mois de juin, il change à nouveau d'avion pour piloter un Albatros D.V. Le 6 juillet de la même année, il est sévèrement touché à la tête. Cette blessure lui laisse des séquelles, son comportement est affecté par des nausées et des maux de tête.
Ce n'est qu'en , après sa période de convalescence, qu'il change d'appareil pour passer sur le triplan qui le fait entrer dans la légende, le Fokker Dr.I, avec le surnom de « Baron Rouge ».
Les dirigeants allemands craignent que sa mort, en quelque sorte inévitable s'il continue à piloter, ne produise un effet néfaste sur le moral des troupes et de la population allemande. Malgré les pressions, il refuse de se retirer du front alors que d'autres tombent sur le champ de bataille.
Le , après avoir décollé du terrain de Cappy avec neuf autres pilotes parmi lesquels son cousin Wolfram von Richthofen dont c'était l'une des premières missions, son escadrille rencontra les Sopwith Camel de l'escadrille 209 de la Royal Air Force. Le jeune lieutenant canadien Wilfrid May vit que Wolfram von Richthofen restait, comme lui, à l'écart de la bataille, et le prit en chasse. Voyant son cousin menacé, Manfred von Richthofen poursuivit à son tour Wilfrid May, dont la mitrailleuse s'était enrayée et qui cherchait à son tour à s'éloigner. C'était généralement la technique habituelle de Richthofen de rechercher les avions en difficulté puis de les prendre en chasse. Cependant il prenait aussi soin, depuis des années, de ne pas aller au-dessus des lignes ennemies, ce qu'il fit pourtant ce jour-là. On suppose qu'il était peut-être plus fatigué que d'habitude, ou bien que la bataille aérienne s'était insensiblement déplacée vers l'ouest, au-dessus des lignes alliées. Voyant le triplan de Manfred von Richthofen en train d'attaquer May, le capitaine Arthur Roy Brown, autre pilote canadien, décida de le poursuivre à son tour, et bientôt les trois avions se trouvèrent à très basse altitude juste à l'ouest de la zone morte entre les deux fronts. Richthofen cessa alors sa poursuite, mais il semble qu'il ait alors mal évalué sa position exacte, car quand il fit demi-tour pour revenir vers la zone allemande, il survola l'une des portions les mieux défendues de la Somme.
Le triplan se posa intact. Richthofen succomba à ses blessures quelques secondes plus tard, non sans avoir soupiré « Kaputt » (« foutu ») en désignant son avion. Tous ces faits sont remis en question et les véritables circonstances demeurent floues. Bien que le tir qui lui fut fatal n'ait jamais été attribué officiellement, Arthur Roy Brown et les tirailleurs australiens situés au sol revendiquèrent cette victoire. D'après les analyses balistiques menées récemment, recoupées avec des courriers et documents de l'époque, le Baron rouge aurait été abattu par une mitrailleuse de batterie antiaérienne située à 550 mètres sur sa droite, vingt secondes avant son atterrissage, car la balle est entrée sur le côté droit pour ressortir sous le mamelon gauche, et était suffisamment ralentie pour ne pas le tuer sur le coup et ne pas ressortir de sa combinaison de vol. L'avion de Brown étant trop proche, et surtout de dos, sa position est incompatible avec le tir fatal. Par élimination d'autres batteries ayant tiré de face, il ne reste vraisemblablement que la vieille mitrailleuse Vickers de Cedric Popkin ou celle de « Snowy » Evans, jeunes soldats australiens qui firent chacun feu sur le triplan de l'Allemand. Dans le cas de Popkin, la dernière tentative, de loin et sur la droite, quand l'avion a ressurgi de derrière une colline, pourrait bien avoir été la bonne.
Le documentaire de 2002, The Death of the Red Baron[10], de la série Unsolved history, indique que le Baron rouge n'avait qu'un seul impact dans la poitrine, qu'une seule balle l'avait tué. C'était un tir venant de la droite qui est ressorti par le côté gauche. Il n'a pu provenir d'une mitrailleuse d'avion ou antiaérienne, car leurs balles de type « 303 », très puissantes avec une vitesse supersonique et un centre de gravité qui les rendait instables à l'impact et tournoyantes dans le corps afin de déchirer les organes internes auraient instantanément créé une onde de choc qui l'aurait tué en vol ou l'aurait rendu immédiatement inconscient, l'empêchant de poser son appareil. La balle provenait d'un fusil. En 1935, le sergent Popkin écrivit une lettre avec une carte indiquant les derniers lacets de l'avion à un officier de guerre australien. Il indiqua avoir tiré de face et que l'avion a soudainement chuté. Il a alors cru l'avoir touché, mais son témoignage l'élimine. En procédant par élimination, avec des images de synthèse puis du matériel laser utilisé de nuit sur un avion cible, le documentaire démontre que le tireur ne fut pas un aviateur, le capitaine Brown, ni les autres tireurs au sol qui étaient Popkin et Buie, dont on a aussi les photos. Ce fut un quatrième posté près de Buie, un soldat ordinaire dénommé « Snowy » Evans, un Australien qui était bien à la droite du Baron lorsqu'il est passé, dont on n'a aucune photographie et qui est mort en 1925.
L'officier responsable, le major David Blake, suggéra que le baron avait été tué par une batterie antiaérienne vu les blessures constatées lors de l'autopsie. Avec l'accord des hautes instances militaires, Blake prépara alors des funérailles complètes par respect pour l'as. Manfred von Richthofen fut enterré au cimetière du village de Bertangles près d'Amiens, avec les mêmes honneurs militaires que les pilotes alliés, le . Mais en 1919 le cercueil de von Richthofen est transféré au cimetière militaire allemand de Fricourt, toujours dans la Somme. En 1925, la famille Richthofen confie à son jeune frère, Bolko, la mission de rapatrier le cercueil en Allemagne. Après l'autorisation de la France, son cercueil passe le Rhin le et est accueilli par une foule recueillie à Kehl. Le cercueil est alors conduit à l'Invalidenfriedhof, cimetière militaire de Berlin. À partir de 1945, il se retrouve dans le secteur Est de l'ancienne capitale du Reich et, craignant que la tombe ne soit plus entretenue, le fils de Bolko, Hartman, effectue des démarches auprès des autorités de l'Allemagne de l'Est. Au printemps 1975, l'autorisation est enfin donnée pour le transfert de la sépulture et von Richthofen est enterré à Wiesbaden dans le caveau familial auprès de sa mère et de sa grand-mère, au cimetière du Sud (Südfriedhof).
À sa mort, le commandement de l'escadre de chasse Jagdgeschwader I surnommée le Fliegender Zirkus — cirque aérien ou cirque volant — est repris par Wilhelm Reinhard (en) puis en par Hermann Göring qui poursuit le culte de Richthofen commencé dès son vivant (notamment à travers les films du constructeur aéronautique Anthony Fokker) et tire profit de la notoriété du Baron rouge pour sa propre carrière qui culminera sous le régime nazi[11].
Sa mère, la baronne Kunigunde von Richthofen, a fondé dans sa maison natale de Świdnica un muséum Richthofen financé par les nazis : parmi les cinq pièces, il y avait sa chambre qui exposait sur ses murs les numéros d'immatriculation qu'il avait découpés sur les appareils de ses ennemis[12].
Manfred von Richthofen est devenu l'incarnation du « chevalier du ciel » qui, comme ses lointains ancêtres, « est loyal, animé d'un souci de respecter l'ennemi peu commun en ces temps de violence et de haine exacerbées »[13]. L'historien Joachim Castan qui a eu accès aux archives inédites de la famille von Richthofen, notamment au journal intime de sa mère la baronne Kunigunde von Richthofen, démonte la façon dont le mythe s'est construit autour de ce militaire, toujours glorifié par la Bundeswehr et l'escadre Taktische Luftwaffengruppe « Richthofen » auprès de l'OTAN[14]. Il révèle un homme sans scrupules dont le désir de victoires s'est transformé en chasse à l'homme qui l'a amené à être impitoyable avec ses adversaires[15]. La propagande le présente comme un homme qui épargne ses ennemis après les avoir aimablement invités à atterrir alors qu'en réalité il n'hésite pas à les achever d'une balle dans la tête[16].
Ce mythe est tel que plusieurs escadres de chasse allemandes portent son nom :
Il est également repris dans la culture populaire (en).
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