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décoration française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La médaille militaire est une décoration militaire française, instituée le par Louis-Napoléon Bonaparte[1] destinée aux militaires du rang, aux sous-officiers, et à titre exceptionnel, aux officiers généraux et maréchaux de France.
Médaille militaire | ||||||||||
Avers |
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Médaille militaire dite de la IVe République toujours en vigueur. | ||||||||||
Conditions | ||||||||||
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Décerné par | France | |||||||||
Type | Médaille | |||||||||
Décerné pour | Services militaires exceptionnels : citation à l'ordre de l'armée, une ou plusieurs blessures de guerre, acte de courage ou de dévouement méritant récompense ou à l'ancienneté après un certain nombre d'années de service pour les plus valeureux et méritants. | |||||||||
Éligibilité | Militaires non-officiers et, à titre exceptionnel, aux officiers généraux, amiraux et maréchaux de France. | |||||||||
Détails | ||||||||||
Statut | Toujours décernée | |||||||||
Statistiques | ||||||||||
Création | , Louis-Napoléon Bonaparte | |||||||||
Ordre de préséance | ||||||||||
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Barrette de la médaille militaire |
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Elle est parfois appelée Légion d’honneur du sous-officier et du militaire du rang, Médaille des braves ou bijou de la nation[2].
Elle est décernée par le président de la République sur proposition du ministre des Armées, dans les conditions prévues par le Code de la Légion d'honneur, de la médaille militaire et de l'ordre national du Mérite.
Il s'agit de la troisième décoration dans l'ordre de préséance après la Légion d'honneur et l'ordre de la libération mais la deuxième pouvant être encore décernée, l'ordre de la libération étant forclos[3].
De toutes les décorations militaires françaises, celle-ci représente la plus haute distinction, récompensant en temps de guerre les maréchaux de France et les généraux, déjà grands-croix de la Légion d'honneur. Dans ce cas, la médaille militaire se porte en avant de la grand-croix de la Légion d'honneur. Cependant, selon la grande chancellerie, aucun texte n'officialise cette disposition.
Elle récompense à la fois les hommes du rang, sous-officiers, officiers mariniers et aspirants[4] et, à titre exceptionnel, les officiers généraux, amiraux et maréchaux de France, grand-croix de la Légion d'honneur, ayant commandé en chef devant l'ennemi ou qui ont rendu des services exceptionnels à la défense nationale[5].
La médaille militaire est, depuis sa création, la récompense des campagnes du Second Empire à nos jours. Elle réunit sous sa devise « Valeur et Discipline » les soldats les plus anonymes et les héros les plus populaires tels Georges Guynemer ou Jean Moulin. Elle compte parmi ses récipiendaires les plus grands chefs militaires contemporains tels que les maréchaux Joffre, Foch, Gallieni, Lyautey, Leclerc, de Lattre, Juin, etc. et alliés tels que les généraux Pershing et Montgomery ; à titre exceptionnel quelques civils comme le président américain Roosevelt (à titre posthume) et Sir Winston Churchill. Le maréchal Philippe Pétain en a également été récipiendaire.
Par un coup d'État, dans la nuit du 1er au , Louis-Napoléon, président de la Deuxième République, ouvre la voie à une restauration de l'Empire : l'Assemblée nationale et le Conseil d'État sont dissous, le suffrage universel est rétabli et un plébiscite est annoncé. Les 21 et , le pays apporte son soutien au prince-président.
Le , il promulgue une nouvelle constitution lui donnant l'ensemble des pouvoirs pour une durée de dix ans. Huit jours après, par décret daté du , il institue la médaille militaire : elle est destinée aux soldats qui ne sont pas officiers et qui désormais ne recevront plus la Légion d'honneur, sauf cas exceptionnels. Par cette mesure, Louis-Napoléon veut satisfaire les officiers, dont nombre n'acceptent pas de devoir partager cette distinction avec la troupe, et obtenir leur soutien à son coup d'État. C'est sa propre effigie avec son prénom « LOUIS-NAPOLEON » (sans accent) qu'il utilise sur l'avers de la médaille qu'il crée et qui est décrite dans un décret du [6], lequel en fixe également les attributions. Elle est de plus surmontée de l'aigle impérial, tenant deux éclairs de foudre dans ses serres.
Cette décoration est inspirée de l'ordre de la Couronne de fer d'Italie, instituée par son oncle Napoléon Ier, en reprenant le ruban ainsi que la dominante argent de la décoration proprement dite. À noter d'ailleurs que le ruban originel de la médaille militaire était à dominante jaune-orangé avec des liserés vert foncé. Il a ensuite évolué à partir de 1870 en devenant jaune avec des liserés vert clair. En créant la médaille militaire, le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte entend récompenser les mérites des meilleurs soldats et sous-officiers.
Le , face au carrousel du Louvre, il s'adresse ainsi aux 48 premiers récipiendaires qui se sont distingués au cours des campagnes d'Algérie :
« […] Soldats, combien de fois ai-je regretté de voir des soldats et des sous-officiers rentrer dans leurs foyers sans récompense, quoique par la durée de leurs services, par des blessures, par des actions dignes d’éloges, ils eussent mérité un témoignage de satisfaction de la patrie ! […] C'est pour le leur accorder que j'ai institué cette médaille […]. Elle assurera 100 francs de rente viagère ; c'est peu, certainement ; mais ce qui est beaucoup, c'est le ruban que vous porterez sur la poitrine et qui dira à vos camarades, à vos familles, à vos concitoyens que celui qui la porte est un brave. »
Tout change lors de la deuxième cérémonie de remise de décoration, le 10 mai 1852. Ce jour-là, Louis Napoléon décore 1 705 soldats et sous-officiers devant 80 000 soldats et une foule immense de Parisiens massés sur le Champ de Mars.
Mais surtout, il fait avec habileté, le même jour, le choix d’épingler la décoration sur l’uniforme de deux nouveaux maréchaux de France (Honoré Charles Reille et Jean-Baptiste Vaillant[7]), en « récompense suprême ». Cette initiative, étendue le aux généraux et aux amiraux ayant rendu des services exceptionnels (comme la fonction de ministre ou le commandement en chef[7]), assure pour toujours le prestige de la Médaille militaire. Une décision présidentielle du 5 mai 1950, reprise, lors de la réforme de 1962 par l'article R. 140 du code de la légion d'honneur et de la médaille militaire stipule : « La médaille militaire peut être exceptionnellement concédée par décret pris en conseil des ministres aux maréchaux de France et aux officiers généraux, grand'croix de la Légion d'honneur, qui, en temps de guerre, ont exercé un commandement en chef devant l'ennemi ou qui ont rendu des services exceptionnels à la défense nationale. »[8]
Comme le montre le tableau ci-dessus, la Médaille Militaire n'a été modifiée officiellement que deux fois :
Il est également à noter que le gouvernement de Vichy n'a pas modifié la Médaille Militaire, comme d'ailleurs la plupart des autres médailles officielles françaises, qui a donc continué à être décernée avec la légende "République Française" et la date 1870 de juin 1940 à 1944.
Toutefois, des modifications plus légères au cours du temps, essentiellement sur initiatives de fabricants privés, ont conduit à recenser au moins sept types différents de la médaille[9].
Depuis le premier mandat d'Emmanuel Macron, les conditions pour recevoir la médaille militaire, surnommée la « médaille du chien fidèle » ont été durcies. Auparavant il était de coutume de remettre la médaille militaire à un soldat ou un sous-officier ayant 29 ans de service et détenant l'échelon argent de la médaille de la Défense nationale. Désormais, il faut avoir reçu une citation ou avoir été blessé[10].
La médaille actuelle est une couronne de laurier d'argent qui entoure un médaillon d'or où figure l'effigie de la République, entourée d'un cercle d'émail bleu où sont inscrits les mots « REPUBLIQUE FRANÇAISE », le tout surmonté d'un trophée interarmes comportant une ancre, deux canons croisés, une cuirasse, une hache, une épée. Au revers, la médaille porte au centre du médaillon d'or, entouré d'un cercle bleu, la devise « VALEUR ET DISCIPLINE ». Les feuilles et boutons de laurier sont liés de deux rubans entrecroisés en haut et en bas.
Son port et sa disposition réglementaire la placent immédiatement après la croix de la Libération (en troisième position par rapport à la Légion d'honneur) et avant l'ordre national du Mérite. L'insigne est suspendu à un ruban jaune bordé de vert des deux côtés.
Elle est administrée par la chancellerie de l'ordre national de la Légion d'honneur. Elle ne peut être concédée que pour des services militaires exceptionnels et un minimum de huit ans de campagne. L'attribution de la médaille militaire comportait à sa création une rente annuelle insaisissable de cent francs-or, qui assurait au récipiendaire le pain et le tabac à vie. Cette rente est en 2006 d'un montant annuel de 4,57 €.
Son attribution doit préalablement faire l'objet d'un mémoire de proposition qui retrace la carrière ou les faits exceptionnels justifiant l'obtention de cette décoration. Deuxième décoration dans l'ordre de préséance après la Légion d'honneur (l'ordre de la Libération étant forclos) et, à la différence des deux ordres nationaux (Légion d'honneur et ordre national du Mérite), la médaille militaire ne fait pas l'objet d'un paiement de droits de chancellerie préalable à la remise officielle de la décoration (la médaille étant « concédée »). Elle peut donc être portée immédiatement après la parution du décret au Journal officiel. Le récipiendaire (ou l'organisme à l'origine de la demande d'attribution) a le loisir d'organiser ou non une cérémonie officielle de remise de l'insigne, il peut même solliciter l'autorité militaire de son choix pour lui remettre la décoration.
En tenue militaire, la médaille militaire peut être portée soit pendante, soit sous forme d'une barrette. En tenue civile, elle est portée sous forme d'un ruban.
Le maréchal Canrobert décorant un caporal-chef l'illustre sobrement, quand il lui dit : « Et maintenant tu es autant que moi, nous sommes égaux ». Dépourvue de grades, elle est la seule manifestation honorifique, avec l'ordre de la Libération, qui mette sur un pied d'égalité ceux auxquels elle est attribuée, du plus humble au plus prestigieux.
L'hôtel de Salm à Paris abrite la grande chancellerie de la Légion d’honneur, qui administre depuis 1852 la médaille militaire. Le Palais ayant été incendié sous la Commune en 1871, beaucoup d'archives ont été détruites. Il fut reconstruit grâce à une souscription lancée parmi les légionnaires et les médaillés militaires.
Depuis 2005 (Décret no 2005-301 du art. 1, Journal officiel du ), les maisons d'éducation de la Légion d'honneur peuvent également accueillir en leur sein les filles, petites-filles et arrière-petites-filles de médaillés militaires.
Il s'agit d'un cordon tressé aux couleurs (jaune et verte) de la médaille militaire. Le port de cette fourragère n'est pas le privilège des régiments et unités décorées de la médaille militaire. Il est réservé aux régiments et unités formant corps qui ont été cités quatre ou cinq fois à l'ordre de l'armée. Le port de deux fourragères de la Légion d'honneur et de la médaille militaire est réservée aux régiments et unités qui ont été cités douze à quatorze fois à l'ordre de l'armée, ce qui n'est jamais arrivé au cours du même conflit ; cette fourragère n'a jamais été décernée.
Les unités dont le drapeau a été décoré de la médaille militaire sont beaucoup plus rares que les unités portant la fourragère aux couleurs du ruban de la médaille militaire. À titre d'exemple l'une des unités des commandos marine, le commando Jaubert, porte la fourragère aux couleurs de la médaille militaire, mais pas la médaille proprement dite.
Pour la période du au , le contingent annuel de médailles militaires est fixé à 3 000[11], soit :
1863 : Bataille de Camerone (Mexique)
Un détachement de Légion étrangère de soixante-trois hommes sous les ordres du capitaine Danjou résiste près d'une journée à trois mille Mexicains, en met près de cinq cents hors de combat, permettant à un convoi d'or et de munitions d'atteindre sans encombre la ville de Puebla, sa destination. Les trois combattants encore debout à l'issue du combat furent les premiers médaillés militaires de la campagne du Mexique. Chaque année, l'anniversaire de ce fait d'armes est célébré avec un faste particulier dans toutes les unités de la Légion étrangère.
La Première Guerre mondiale marque une étape importante dans l’histoire de la médaille militaire.
Au total, l'hécatombe de la Première Guerre mondiale a entraîné l’attribution de 1 400 000 médailles militaires, la plupart à titre posthume. Environ 185 000 médailles militaires ont été conférées durant les hostilités (1er tableau spécial); 58 000 par arrêtés ministériels postérieurs à la cessation des hostilités (2e tableau spécial). Au , environ un million de médailles militaires avaient déjà été décernées à titre posthume à des militaires et marins morts pour la France. L'effectif légal (nombre de titulaires en vie) était de 320 255 au [12],[13].
Selon la grande chancellerie de l'ordre national de la Légion d'honneur, qui a revu ces chiffres, 950 000 médailles militaires ont été attribuées, la plupart à titre posthume[14].
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, 300 000 médailles militaires ont été attribuées[14].
Au cours de la guerre d'Indochine, 12 000 médailles militaires ont été attribuées[14].
Au cours de la guerre d'Algérie, 38 000 médailles militaires ont été attribuées[14].
Les deux premières femmes à avoir obtenu la médaille militaire, le , furent :
Par le décret du :
Par le décret du :
« Héroïque régiment qui a surpassé, au cours de la campagne, les plus glorieuses traditions d'une histoire qui lui avait déjà valu la croix de la Légion d'honneur. Engagé à fond, dès le , sur la Sambre, il fait énergiquement tête à l'ennemi, le 23 à Oret, le 24 à Florennes et le 29 à Guise, où il enlève à la baïonnette la ferme de Bertaignemont. Les 15, 16 et , après l'héroïque résistance de Cuts (Oise), il marque, à Tracy-le-Mont et à Quennevières, le terme définitif de l'offensive des armées allemandes sur la route de Noyon à Paris. Le , il prend, à la bataille de Champagne, une part des plus glorieuse, attache ensuite son nom à la défense de Verdun, où il déploie pendant deux années consécutives, ses plus belles qualités militaires : inébranlable dans le sacrifice, irrésistible dans l'attaque. Héroïquement, il arrête la ruée allemande à Louvemont les 23, 24 et , et à Avocourt, d'avril à juillet. Le , il engage, devant Fleury, la contre-offensive qui se poursuivra ensuite sans arrêt jusqu'au , date à laquelle dans un élan splendide, il rejette définitivement l'ennemi en Woëvre, au-delà du Bois la Chaume. Après avoir cueilli une nouvelle palme, le , devant Brimont, il termine la brillante série de ses combats devant Verdun par l'enlèvement de la côte 344, le . Porté devant Amiens en , il contient l'ennemi, reprenant le terrain perdu pied à pied pendant trois mois. Enfin, les 8, 9 et , il brise le front allemand en enlevant le bois de Moreuil, le Plessier, Guerbigny, dans une course de 22 kilomètres qui ouvre la route de Roye. Transporté sur la Divette, il s'empare de vive force de Noyon, Chauny, Tergnier, bouscule l'ennemi dans une poursuite ardent jusqu'aux portes de La Fère. À peine retiré des combats, il est reporté de nouveau sur la Serre et continue la poursuite en direction d'Hirson et de la Belgique où il s'arrête le , à Baileux, capturant, au cours de cette magnifique épopée, 73 canons dont 19 lourds, plus de 1000 prisonniers et un énorme matériel de guerre. »
— Décret du 5 juillet 1919 portant attribution de la médaille militaire au drapeau du 2e régiment de tirailleurs algériens (2e R.M.T)[15].
Par décret du :
Par le décret du , à titre exceptionnel :
À l'occasion du 150e anniversaire de la médaille militaire, par décret du , à quatre écoles de sous-officiers, en reconnaissance des sacrifices qu'ils (les sous-officiers) ont consentis :
Elle a aussi été concédée aux maréchaux de France et aux généraux, la plupart déjà grands-croix de la Légion d'honneur, pour services exceptionnels ou qui ont exercé en temps de guerre un commandement en chef devant l'ennemi (tels les généraux Nivelle, Debeney, Dufieux, ou Monclar, les maréchaux Joffre, Foch, Lyautey, ou encore Pétain qui ne porta que cette seule décoration pendant sa fonction de chef de l'État français)[7].
Il est à noter que certains officiers généraux ayant reçu la médaille militaire en tant qu'officier général ayant commandé en chef portaient la médaille militaire avant la Légion d'honneur, tels les maréchaux Foch, Leclerc, de Lattre de Tassigny,...
Entre le (premier décret) et le (date du décret conférant la médaille militaire au général Paul Ély, dernier officier général médaillé au XXe siècle), 165 officiers généraux ont été décorés de la médaille militaire, dont 79 au XIXe siècle et 86 au XXe siècle[8],[16]. Sont listés ci-dessous les officiers généraux médaillés depuis 1950 :
Le général Callies, décoré de la médaille militaire en 1957, a écrit[18] :
« La médaille militaire est sans conteste possible la plus belle décoration française. Elle est faite pour récompenser les services rendus à la Patrie tout entière et non à certaines catégories, les services les plus désintéressés, les plus dangereux, une vie entière consacrée à l'Armée, des campagnes de guerre, des faits d'armes, des blessures, souvent la mort pour la défense ou le service de la France. Elle ne comporte ni degrés, ni grades. Elle est unique et totale, en effet, ce qui est le plus beau et le plus admirable, c'est qu'elle est la décoration du soldat et du sous-officier, qu'aucun officier ne peut recevoir, quels que soient ses mérites, mais qu'elle est en même temps, la récompense suprême des généraux en chef. Elle unit ainsi le plus humble et le plus élevé de la hiérarchie militaire, mais surtout le plus élevé au plus humble, que le premier reconnaît ainsi comme souvent le plus méritant. Ceci est unique et lui confère une valeur absolument exceptionnelle. »
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