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réalisateur et scénariste mexicain, d'origine espagnole De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Luis Buñuel Portolés (/ˈlwiz βuˈɲwel/[1]), né le à Calanda (Aragon, Espagne) et mort le à Mexico, est un réalisateur, scénariste et acteur espagnol naturalisé mexicain.
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture |
Tolocha (d) |
Nom de naissance |
Luis Buñuel Portolés |
Nationalités | |
Formation | |
Activités | |
Période d'activité |
- |
Père |
Leonardo Buñuel González (d) |
Conjoint |
Jeanne Rucar (en) (à partir de ) |
Enfant |
Membre de | |
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Mouvement | |
Genre artistique | |
Distinctions | Liste détaillée Prix de la mise en scène du Festival de Cannes () Grand prix du jury de la Mostra de Venise () British Academy Film Award du meilleur scénario () Prix national des sciences et des arts () Docteur honoris causa de l'université complutense de Madrid () Docteur honoris causa de l'université de Saragosse () Ariel d'Or Palme d'or Lion d'or Grand-croix de l'ordre d'Isabelle la Catholique |
Films notables |
Filmographie de Luis Buñuel (en) |
Buñuel se fait connaître, dans les dernières années du cinéma muet, comme metteur en scène surréaliste d’avant-garde[2], travaillant aux côtés de Salvador Dalí et du groupe surréaliste parisien autour d’André Breton ; sa création la plus marquante de cette époque est le court métrage Un chien andalou de 1929, qui fait scandale. Il tourne ensuite, après une interruption de quinze ans, des films dans quasiment tous les genres cinématographiques — film expérimental, documentaire, mélodrame, satire, comédie musicale, comédie, film romantique et historique, fantastique, policier, film d’aventures, et même western — composant une œuvre insaisissable, inégale, réfractaire à toute récupération idéologique, d’un caractère souvent iconoclaste et subversif, mais où la dénonciation d’une bourgeoisie figée et hypocrite constitue l’un de ses thèmes de prédilection, ce qu’illustrent en particulier L'Ange exterminateur (1962), Belle de jour (1967) et Le Charme discret de la bourgeoisie (1972).
Ainsi que le note l'écrivain Jean Collet :
« Buñuel est le peintre des contrastes violents, de l’ombre et de la lumière, de la nuit et du jour, du rêve et de la lucidité. Entre ces extrêmes, il cherche la plus grande tension. Il filme les fantasmes avec la caméra la plus terre-à-terre. Il est matérialiste quand il parle de Dieu, exalté, révolté quand il parle de la société des hommes[3]. »
En raison de ses convictions politiques et des obstacles imposés à sa création par la censure franquiste, il a préféré s’exiler et a tourné la majeure partie de son œuvre en France et au Mexique — dont il a pris la nationalité en 1951.
Buñuel est considéré comme l’un des réalisateurs les plus importants et les plus originaux de l'histoire du cinéma.
Luis Buñuel Portolés [ˈlwiz βuˈɲwel poɾtoˈles][1] naît à Calanda, ville d'Aragon dans laquelle il séjourne peu de temps puisque sa famille déménage à Saragosse peu après sa naissance. Il reste cependant très attaché à son village natal, et y retourne par la suite régulièrement. Le relief rocailleux, les environs désertiques et le caractère rugueux des habitants de la région marquent durablement le futur artiste. Le court métrage Un chien andalou dénote ostensiblement cette influence.
Buñuel étudie chez les jésuites jusqu'à l'âge de 15 ans et reçoit une formation répressive qui le marque. Mais il note également : « Les deux sentiments essentiels de mon enfance, qui perdurèrent avec force pendant l’adolescence, furent ceux d’un profond érotisme, tout d’abord sublimé dans une forte religiosité, et une constante conscience de la mort. » (Autobiografía, 1939).
Il regrette toute sa vie de n'avoir pu jouer de la musique (il jouait du violon) en raison de sa surdité. Établissant un lien entre son passé et le présent, il résume :
« J’ai eu la chance de passer mon enfance au Moyen Âge, cette époque “douloureuse et exquise”, comme l’écrivait Huysmans[4]. Douloureuse dans sa vie matérielle. Exquise dans sa vie spirituelle. Juste le contraire d’aujourd’hui. »
— Mon dernier soupir, 1982
À 19 ans, il part vivre à Madrid et y commence des études supérieures. Il rencontre Salvador Dalí et Federico García Lorca puis apporte son soutien au mouvement dadaïste. En 1919, il rencontre à Saint-Sébastien l'écrivaine Concha Méndez, avec qui il se fiance et établit une relation de sept ans[5]. En 1923, il fonde avec Francisco et Federico García Lorca, entre autres, l'ordre de Tolède.
En 1925, il vient à Paris. Il se fait embaucher comme assistant réalisateur de Jean Epstein, sur le tournage de Mauprat en 1926 puis, deux ans plus tard, de La Chute de la maison Usher.
Du Chien andalou à Cet obscur objet du désir, Luis Buñuel construit une œuvre profondément marquée par le surréalisme. Ses films en portent pratiquement tous, à des degrés divers, la marque que ce soit dans la forme ou le discours. Buñuel remet en effet en cause, dans la quasi-totalité de ses réalisations, la continuité du récit et la lisibilité de la mise en espace. La temporalité et le rythme sont fragmentés. Se développe également un jeu stylistique sur le retournement, l'inversion et le mélange des contraires (notamment le trivial et le sublime). La réalité, le rêve, le quotidien, le fantasme, l'univers familier et l'hallucinatoire sont mis sur le même plan. Le cinéaste surréaliste est donc celui qui « aura détruit la représentation conventionnelle de la nature […], ébranlé l'optimisme bourgeois et obligé le spectateur à douter de la pérennité de l'ordre existant[6]. »
Émile Malespine fait connaître son œuvre à Lyon, en France, au Théâtre du Donjon[7].
En 1928, avec l'aide matérielle de sa mère, Luis Buñuel tourne son premier film Un chien andalou, un court métrage muet d'une vingtaine de minutes dont il écrit le scénario avec Salvador Dalí. Le film, qui n'obéit pas à une logique narrative traditionnelle, contient des scènes restées célèbres, comme celle montrant une lame de rasoir tranchant un œil ou la finale dans laquelle des amants meurent dans le sable fin. Dans un premier temps, ce film est projeté en privé pour Man Ray et Louis Aragon. Très enthousiastes, ces derniers demandent à Buñuel d'organiser une séance pour les surréalistes.
Buñuel réalise ensuite L'Âge d'or, une fois encore scénarisé avec Dali et produit cette fois par le mécène Charles de Noailles. L'Âge d'or est décrit par José Pierre comme « peut-être l'unique film intentionnellement surréaliste ». Par son contenu délibérément provoquant, il ne tarde pas à provoquer de vives réactions.
Le , après la première projection du film, la censure exige des coupes. Quelques jours après, la Ligue des patriotes et la Ligue anti-juive saccagent la salle de cinéma Studio 28 à Montmartre, dans le 18e arrondissement de Paris, qui projette le film et propose dans son hall une exposition d'œuvres surréalistes. Ce saccage est le point de départ d'une virulente campagne de presse contre les surréalistes, et le préfet de police Chiappe[8] fait saisir le film. En réalité, seule la copie de projection est confisquée puis détruite car le négatif reste en possession de Charles et de Marie-Laure de Noailles, les mécènes du film. L'interdiction de projection n'est finalement levée qu'en 1980.
Buñuel s'éloigne du surréalisme et change de registre pour son film suivant, Terre sans pain, un moyen-métrage documentaire décrivant les conditions de vie misérables prévalant dans une région de l'Espagne, Les Hurdes. Le film est interdit par le gouvernement espagnol de 1933-1935.
Entre 1933 et 1935, Buñuel travaille en Espagne pour des compagnies américaines. La guerre civile qui éclate en Espagne le bouleverse. Il participe à un documentaire pro-républicain Madrid 36 puis se rend aux États-Unis. Il se consacre à la démonstration de l'efficacité et du danger des films de propagande nazis (il utilise en particulier un film de Leni Riefenstahl).
Il ne cache pas son anticatholicisme et son marxisme et subit des pressions, notamment après la parution, en 1942, du livre de Salvador Dalí La Vie secrète de Salvador Dali où il est décrit comme seul responsable des aspects les plus controversés de L'Âge d'or. Il doit abandonner son poste au Museum of Modern Art de New York et s'exiler au Mexique.
Il y reprend sa carrière de réalisateur, grâce au producteur Oscar Dancigers. Son premier film mexicain, la comédie musicale Gran Casino (1947), est un échec. Le second, une petite comédie avec Fernando Soler, Le Grand Noceur (1949), remporte un réel succès. Elle lui vaut aussi la réputation d'un cinéaste fiable, capable de respecter ses budgets. Dancigers lui suggère ensuite de s'intéresser à la vie des enfants pauvres de Mexico. Il en résulte Los Olvidados, littéralement Les Oubliés, un drame social assez dur dans lequel l'influence du néo-réalisme italien côtoie certaines touches surréalistes. Le film est présenté au Festival de Cannes 1951 et y remporte le prix de la mise en scène, remettant Buñuel au premier plan.
Toujours pour Dancigers, Buñuel signe également des adaptations de romans classiques comme Les Aventures de Robinson Crusoé d'après le livre de Daniel Defoe ou Les Hauts de Hurlevent d'après l'œuvre d'Emily Brontë, tourné sous le titre Abismos de Pasión. Parmi les autres films notables de cette période, on peut citer Tourments, étude d'un cas de jalousie maladive, et La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz, comédie macabre sur un tueur en série ; deux films qui multiplient les références au marquis de Sade, à la religion et à la bourgeoisie. Nazarín (1958) marque l'apogée de sa période mexicaine.
Buñuel se voit proposer un tournage en Europe : il s'agit de Viridiana, qui obtient la Palme d'or au festival de Cannes 1961, mais provoque d'importants remous politiques, diplomatiques et religieux, notamment pour la représentation finale, parodiant la Cène, d'indigents qui s'emparent de la demeure de propriétaires terriens et se livrent à une orgie. Le régime de Franco, qui avait permis le tournage du film et accepté qu'il représente officiellement l'Espagne à Cannes, finit par l'interdire complètement. Les copies espagnoles sont saisies et détruites mais le film est distribué normalement en France. Le film n'est ensuite distribué en Espagne qu'en 1977, deux ans après la mort du caudillo.
Suivent L'Ange exterminateur, tourné au Mexique, et Le Journal d'une femme de chambre, adaptation du célèbre roman d'Octave Mirbeau et premier film tourné en France par Buñuel depuis L'Âge d'or. En choisissant de repousser de trente ans l'action du roman de Mirbeau, Luis Buñuel s'offre une belle vengeance sur ceux qui bâillonnèrent ses débuts dans les années 1930 : dans la dernière séquence du film, des manifestants d'extrême droite scandent effectivement « Vive Chiappe ! » et « Mort aux Juifs ! ».
Après cette adaptation, Buñuel signe son dernier film mexicain, le surprenant Simon du désert. Il vient alors régulièrement tourner en France, en particulier des projets développés en compagnie du scénariste Jean-Claude Carrière. Leur collaboration dure dix-neuf ans et ne s'interrompt qu'à la mort du cinéaste. Ses films sont toujours aussi puissants et en lutte contre la classe bourgeoise dominante : La Voie lactée, Belle de jour (un des plus gros succès commerciaux de la carrière de Buñuel) et Le Charme discret de la bourgeoisie, récompensé par l'Oscar du meilleur film étranger en 1973. Il tourne Tristana en Espagne, à Tolède, malgré l'incident provoqué par Viridiana.
Buñuel choisit d'arrêter sa carrière de réalisateur, en 1976, avec Cet obscur objet du désir.
Le , Luis Buñuel épouse Jeanne Rucar[9] à la mairie du 20e arrondissement de Paris[10]. Ils vivent ensemble près de cinquante ans, jusqu'à la mort du cinéaste.
Il est le père de Juan Luis Buñuel, réalisateur, et de Rafael Buñuel ; il est ainsi le grand-père du journaliste et réalisateur Diego Buñuel et l'ex-beau-père de la réalisatrice Joyce Buñuel.
Luis Buñuel meurt le à Mexico, à l'âge de 83 ans.
Incinéré, ses cendres sont dispersées quatorze ans après sa mort sur le mont Tolocha (es)[11], en Espagne[12].
Outre l'écriture ou la participation à l'écriture de tous les films qu'il a réalisés, Luis Buñuel a participé à l'écriture des films suivants :
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