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écrivaine britannique (1818–1848) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Emily Jane Brontë /ˈɛməli d͡ʒeɪn ˈbɹɒnteɪ/[1] (née le à Thornton et morte le à Haworth) est une romancière et poétesse anglaise, la sœur cadette de Charlotte Brontë et d'Anne Brontë. Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights), son unique roman, est considéré comme un classique de la littérature anglaise et mondiale.
Naissance |
Thornton, Yorkshire de l'Ouest, Royaume-Uni |
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Décès |
(à 30 ans) Haworth, Yorkshire de l'Ouest, Royaume-Uni |
Activité principale |
Langue d’écriture | anglais |
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Genres |
Œuvres principales
Très proche de sa sœur Anne, au point qu'on les a comparées à des jumelles, elle participe avec elle au cycle du Gondal. Une grande partie de ses poèmes ont été écrits dans le cadre du Gondal.
Cinquième enfant d'une famille de six, Emily Brontë passe une grande partie de sa courte vie dans un presbytère à Haworth, dans le Yorkshire, où son père, Patrick Brontë, était pasteur.
Pendant son enfance, après la mort de sa mère et de ses deux sœurs les plus âgées dans un pensionnat, son père, Patrick Brontë, et sa tante maternelle, Elizabeth Branwell, décident de laisser aux enfants une grande liberté. Un cadeau offert par leur père à leur frère Branwell (douze soldats de bois), en juin 1826, met en branle leur imagination.
À partir de décembre 1827, Charlotte, Emily, Anne et Branwell commencent à créer des mondes imaginaires, avec la « confédération de Glass Town », qu'ils mettent en scène dans des récits, des poèmes, des articles de journaux, des pièces de théâtre. Puis, en 1831, lorsque Charlotte les quitte pour poursuivre ses études, Emily et Anne font sécession et créent le pays de Gondal, plus rude et plus austère qu'Angria, et dirigé par une femme, Augusta Geraldine Almeda. C'est dans le cadre du cycle de Gondal qu'une grande partie des poèmes d'Emily est écrite.
Une autre création est le royaume de Gaaldine, qui dépend d'ailleurs de Gondal : le poème d'Emily Brontë intitulé Come hither child (en) est écrit en juillet 1839 ; situé dans le royaume imaginaire de Gaaldine, il fait référence à Ula, l'une des provinces de ce royaume.
Emily, talentueuse et solitaire, aura toujours du mal à composer avec le monde extérieur. Une seconde tentative de scolarisation, puis un premier poste d'institutrice se solderont par des échecs. En 1842, elle se rend à Bruxelles avec sa sœur Charlotte, dans le pensionnat de Constantin Héger, où elle étudie le français et l'allemand et devient une excellente pianiste, avec une prédilection notamment pour Beethoven. Mais la mentalité catholique, jugée hypocrite et sans principes, heurte ces filles de pasteur, et Emily se languit loin de sa lande[2].
Après ce voyage en terre étrangère, et à la suite de la mort de « tante Branwell », elle retourne à Haworth, où elle remplit le rôle de femme de charge du presbytère. Emily acquiert, chez ceux qui viennent à la connaître, une réputation de sauvagerie, de courage physique et d'amour des animaux. Elle partagera désormais le reste de ses jours entre les tâches ménagères, les longues promenades sur la lande et l'écriture.
Elle écrit de nombreux poèmes mettant en scène des personnages du pays imaginaire de Gondal qu'elle a créé vers 1834 avec sa sœur Anne, ou relatifs à son expérience personnelle de la nature ou encore à ses prises de position philosophiques. Certains d'entre eux relatent des expériences de type mystique.
Dès l'enfance, Emily, comme d'ailleurs Charlotte et Branwell, est influencée par certaines sources d'inspiration : le Blackwood's Magazine, que leur lit régulièrement leur père, revêt une importance toute particulière, en alimentant non seulement leur connaissance des événements du monde, mais aussi leur imagination : ainsi, la carte de l'Afrique qui y est publiée en juillet 1831 ne les laisse pas indifférents, car elle matérialise, en quelque sorte, leur monde de Glass Town, qu'ils ont situé en Afrique de l'ouest[3].
Ce même Blackwood's Magazine leur fait goûter cet aliment précieux que sont les contes gothiques, devenus si populaires mais déjà sur le déclin. Toujours est-il que ces contes inspirent à Emily ses premiers poèmes de Gondal.
C'est toujours dans le Blackwood's Magazine qu'Emily, son frère et ses sœurs découvrent la personne de Byron, en août 1825, avec une revue des « Derniers Jours de Lord Byron » (Last Days of Lord Byron), mort l'année précédente. Dès ce moment, le nom de Byron « devint synonyme de toutes les interdictions et de toutes les audaces », comme s'il suscitait par essence la levée des inhibitions[4].
Chez Emily, cette influence est apparente en particulier dans les personnages des Hauts de Hurlevent[5] où les habitants de « Wuthering Heights », la grande maison secouée par les vents, font montre d'une perversité, d'une pauvreté d'esprit, d'une violence inouïes. Heathcliff lui-même va jusqu'à défaire le cercueil de Catherine pour mieux l'enlacer, ce qui témoigne de la puissance de son amour mais relève aussi du macabre et de la morbidité.
Dans le domaine artistique, le peintre John Martin exerce également une impression forte sur l'imagination des enfants Brontë. En effet, trois gravures d'œuvres de John Martin, datant des années 1820, ornent les murs du presbytère de Haworth : une manière noire, Le Festin de Balthazar (Belshazzar's Feast), Le Déluge, et Josué commandant au soleil de s'arrêter[6].
C'est la découverte des talents de poète d'Emily[N 1] par Charlotte[N 2] qui les conduit, elle et ses sœurs, à publier à compte d'auteur un recueil de leurs poésies en 1846. À cause des préjugés de cette époque à l'encontre des auteurs femmes, toutes les trois utilisent des pseudonymes masculins, Emily devenant « Ellis Bell ».
Les poèmes d'Emily n'ont vraisemblablement été écrits que pour être insérés dans la saga de Gondal[7], qu'elle vit intensément au point de s'identifier avec certains de ses personnages, et cela jusqu'à l'âge adulte[8]. À 28 ans, elle joue encore avec Anne les scènes racontées dans les petits livres, par exemple dans le train lors d'un voyage à York[9].
Remembrance fait partie des vingt-et-un poèmes d'Emily à avoir été choisis pour l'édition conjointe de 1846. Emily en avait supprimé avant la publication toutes les références explicites à Gondal. Aussi ce poème présente-t-il un narrateur anonyme, dont il est difficile de savoir à quel personnage il appartient. Des critiques s'y sont essayés avec des vues divergentes, recensées sans conclusion par Janet Gezari dans l'édition Penguin des poèmes[10].
Elle date Remembrance du 3 mars 1845 et le décrit comme le poème exprimant la culmination du sens de la perte et du deuil dans l'œuvre d'Emily. Le style en est décanté et concentré, ce qui rend la traduction difficile ; la métrique du pentamètre iambique ([u —] x 5) est musclée par un accent sur la première syllabe de chaque vers, en cela substitution trochaïque conférant comme une poussée ; la césure du deuxième pied et l'utilisation de rimes féminines, constituées de deux mots ou plus formés chacun de deux syllabes, la première accentuée et la seconde non accentuée [— u], aux vers un et trois de chaque strophe, excepté la première et la quatrième, tout cela produit un effet, selon Cecil Day Lewis, comparable à l'andante maestoso d'une marche funèbre, et constitue le rythme le plus lent de toute l'histoire de la poésie anglaise[10]. Il s'agit-là d'une opinion hasardeuse : il existe des poèmes au rythme mesuré dont le tempo qu'on leur prête ne correspond pas à ce que l'auteur désirait. Ainsi The Charge of The Light Brigade (La Charge de la Brigade Légère) d'Alfred Tennyson, volontiers récitée au galop, mais que le poète, enregistré sur rouleau, disait d'une voix lugubre et sur une cadence de cortège funéraire[11].
(Retenu pour sa célébrité).
Cold in the earth - and deep snow piled upon thee |
Froid dans la terre - et un lourd amas de neige posé sur toi |
Toujours à compte d'auteur et toujours sous son pseudonyme, elle publie ensuite en 1847 son unique roman Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights) qui remporte un certain succès, même s'il n'est pas comparable à celui de Jane Eyre publié la même année par sa sœur Charlotte (1816-1855).
Remarquable pour la densité de son écriture et pour un romantisme très personnel influencé par le romantisme allemand, il a souvent été comparé à une tragédie grecque ou shakespearienne pour son intensité. Mais la construction innovatrice du roman rend perplexes les critiques et la véritable reconnaissance sera tardive. Le génie d'Emily Brontë ne sera clairement reconnu qu'à partir de la fin du XIXe siècle.
(Wuthering Heights, chapitre IX, extrait d'une déclaration de Catherine Earnshaw à Nelly Dean)
« Mes grandes souffrances dans ce monde ont été les souffrances d'Heathcliff, je les ai toutes guettées et ressenties dès leur origine. Ma grande raison de vivre, c'est lui. Si tout le reste périssait et que lui demeurât, je continuerais d'exister ; mais si tout le reste demeurait et que lui fût anéanti, l'univers me deviendrait complètement étranger, je n'aurais plus l'air d'en faire partie. Mon amour pour Linton est comme le feuillage dans les bois : le temps le transformera, je le sais bien, comme l'hiver transforme les arbres. Mon amour pour Heathcliff ressemble aux rochers immuables qui sont en dessous : source de peu de joie apparente, mais nécessaire. Nelly, je suis Heathcliff ! Il est toujours, toujours dans mon esprit ; non comme un plaisir, pas plus que je ne suis toujours un plaisir pour moi-même, mais comme mon propre être. Ainsi, ne parlez plus de notre séparation ; elle est impossible. »
Si Emily partage le caractère assez peu sociable de ses sœurs, elle fait montre surtout d'une nature sauvage, relativement dure avec elle-même[N 3], et dure surtout avec les autres ; elle peut à l'occasion faire preuve d'un moralisme et d'une autosatisfaction déplaisants[12] et probablement liés à l'existence très protégée qu'elle a su se créer. Solitaire, elle aime les longues promenades sur la lande de bruyère, de rocs et de fougères du Yorkshire[13].
Les animaux souvent trouvent plus facilement le chemin de son cœur que ses contemporains ; elle aime les chiens et il y en a toujours au presbytère. Un jour, elle est mordue à la main jusqu'au sang par un chien errant auquel elle a tenté de donner à boire : elle cautérise elle-même la plaie au fer rouge sans se plaindre ni même en parler à quiconque[14]. Elle aura pour animaux de compagnie deux chiens, Grasper et Keeper, ainsi qu'un faucon, Nero[N 4],[15]. La page de journal qu'elle écrivit à seize ans mentionne également un faisan et des oies. Charlotte évoquera dans une de ses lettres le chagrin d'Emily à la mort de leur chat.
En une autre occasion, son second chien Keeper, un bull mastiff au caractère difficile dont elle s'occupera jusqu'au dernier jour de sa vie, transgresse ses ordres en s'en allant dormir sur un lit. Blême de colère, elle attrape le chien et le bat à poings nus, de façon telle que plus jamais Keeper ne contreviendra à ses ordres[16].
Branwell, le frère d'Emily, éprouve alors une déception amoureuse qui le marque profondément : la femme de son employeur, Mr Robinson, lasse de son mari alité, lui fait des avances auxquelles il répond bientôt avec passion, mais il est chassé par le mari. Il envisage d'épouser celle qu'il aime lorsqu'elle devient veuve, mais pour Mrs. Robinson cette relation n'aura jamais été qu'un amour ancillaire[17]. Branwell, déjà adonné à l'alcool et au laudanum, sombre rapidement dans une déchéance qui l'entraîne dans la mort par la tuberculose, le 24 septembre 1848.
C'est sur Emily, la plus solide de la famille, en apparence, que repose une grande partie du fardeau. Il n'est pas rare qu'elle aille chercher son frère au Black Bull, le pub du village, et le ramène ivre à la maison. Après l'enterrement de son frère, Emily, sans doute déjà contaminée par la tuberculose qui a emporté Branwell, tombe malade mais refuse de se soigner. Elle meurt à son tour de la tuberculose le . Elle est enterrée dans le caveau familial de l'église Saint-Michel-et-Tous-les-Anges, à Haworth, Yorkshire de l'Ouest.
Les références à Emily Brontë dans la culture populaire sont nombreuses :
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