Loading AI tools
entrepreneur, résistant français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Lazare Rachline (Lucien Rachet ou « Socrate » dans la Résistance), né le à Gorki Leninskie (Russie) et décédé le à Paris, est un industriel résistant, français, d'origine russe.
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture | |
Autres noms |
Lucien Rachet - Socrate |
Nationalité | |
Formation | |
Activité | |
Enfant |
Michel, Daniel, Jean-Claude, Olivier, François, Elisabeth |
Membre de | |
---|---|
Conflit | |
Distinctions |
Lazare Rachline naît le à Gorki Leninskie (Russie). En 1906, âgé de quelques mois, il arrive en France dans les bras de sa mère, qui vient rejoindre le père, parti plus tôt en « éclaireur » pour échapper aux pogroms qui déciment les Juifs. Très jeune, il travaille dans la fabrique de literie de son père et poursuit des études au Conservatoire national des arts et métiers, dont il sort ingénieur.
En 1927, il publie son premier article, qu’il signe Lazrach[1] où il pourfend l'antisémitisme.
En 1927, il est aux côtés de Bernard Lecache, et préside, avec lui, la première réunion de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA), qui deviendra en 1932 la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme[2], puis la LICRA depuis 1979.
Le , Lazare Rachline et son frère Vila rachètent à leur père l'atelier de Fabrication de lits et sommiers métalliques, et le transfèrent 259, boulevard Ornano, sous le nom Établissements L. & V. Rachline.
Le , Lazare épouse Suzanne Abraham. Ils auront six enfants : Michel (1933-2012), Daniel (1936-2016[3]), Jean-Claude (né en 1939), Olivier (1946-1946), François (né en 1948), Élisabeth (1954-1969).
Vice-président de la LICA dès les années 1930, il fonde avec Lecache et quelques autres, notamment Zérapha, Tedesco, Goldenberg, le journal de la Ligue, Le Droit de Vivre, comme l'attestent les statuts[4]. Responsable de la propagande, il rédige le premier texte sur la « doctrine de la LICA » où il affirme : « Notre doctrine, c’est la conscience ; notre programme, c’est la justice »[5]. Il contribue, en 1934, à financer la traduction de Mein Kampf de l’éditeur Sorlot et le distribue aux autorités politiques françaises.
En 1938, il demande et obtient la naturalisation française[6].
Père de trois enfants en bas âge (6 ans, 3 ans, quelques jours), il est mobilisé avec affectation spéciale, le , c’est-à-dire bénéficiant de la possibilité de rester auprès de sa famille. Cependant, il obtient, non sans mal, d’être envoyé sur le front[7]. Sa dernière permission date du . Il est fait prisonnier par les Allemands le à Bruyères, dans les Vosges, puis transféré au Stalag IV-B situé près de Mühlberg, à 600 kilomètres de la frontière française[8]. Le avec un codétenu Albert Jacquelin, il s’évade du camp. Il retrouve sa famille à Brive-la-Gaillarde, 22, rue Léon-Branchet le [9], après quatorze mois d’absence.
Au terme d’un parcours semé d’embûches, il agit au sein de Libération-Sud avec Daniel Mayer et Emmanuel d’Astier de la Vigerie[10]. Recruté par le major Victor Gerson (Vic), du SOE, par l'intermédiaire de maître Armand Goeäu-Brissonnière, il conçoit et organise l'évasion de onze prisonniers du camp de Mauzac (six agents secrets venus d’Angleterre et parachutés, un agent venu d’Angleterre et déposé par bateau, et quatre Français recrutés sur place, dont son ami le député Jean Pierre-Bloch), évasion qui réussira complètement le 16 juillet 1942 et se poursuivra par le retour des onze à Londres et la reprise de leur activité résistante[11]. Après cette opération, dont Michael Foot dira que ce fut « l’une des plus rentables de toute la guerre »[12], il devient le second de Vic Gerson, puis lui succède à la tête du réseau Alexandre-VIC. À la même époque, il apprend sa déchéance de nationalité par le régime de Vichy[13].
Entre et , Lazare Rachline fait acheminer par le réseau d'évasion VIC, des dizaines d'aviateurs et agents, notamment britanniques. Il est connu des services secrets sous le nom de Lucien (Rachet)[14]. Il s'efforce de faire évader Léon Blum, mais les services britanniques refusent l'opération[10]. Il organise simultanément des sabotages et communique des renseignements à Londres[15]. En , les services britanniques décident de faire revenir Lazare Rachline, déjà condamné à mort par contumace par un tribunal allemand, dont la vie est menacée par la Gestapo, qui le recherche activement. Avec Marcel Bleustein, qui le rejoint par hasard, à qui il donne le pseudonyme de Blanchet, que ce dernier ajoutera à son nom après la guerre, il gagne Londres par l’Espagne, grâce à la filière VIC. Les deux hommes traversent les Pyrénées à pied, mais se font arrêter par la Guardia Civil non loin de Figueras, où ils sont incarcérés[16]. Au bout de trois mois, les Britanniques font libérer Rachline et son compagnon en les faisant passer pour des aviateurs canadiens[10]. À Londres, après un passage par Patriotic School, Rachline refuse d'entrer dans un service britannique et rejoint de Gaulle. Il est alors chargé par Georges Boris de la section non militaire (NM) du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA).
En , à Alger, le général de Gaulle reçoit Lazare Rachline et lui confie personnellement la « Mission Clé »[10]. Sous le pseudonyme de Socrate, il est chargé de restructurer l’ensemble de la Résistance intérieure, et notamment de mettre en place les responsables civils (nomination officielle d'Alexandre Parodi)[17]. Il doit aussi faire entendre aux différentes composantes de la Résistance parisienne qu'aucun soulèvement ne devra avoir lieu sans un ordre exprès du général de Gaulle[18],[19]. Il s’agit de s’assurer que les communistes et les Alliés ne prendront pas le pouvoir dans la France libérée. Au cours de cette mission, Socrate désigne Jacques Chaban-Delmas, avec le grade de général, délégué militaire national chargé de la coordination militaire sur l’ensemble du territoire, décision qui sera entérinée par le général Koenig[10]. Il est l’un des derniers à avoir vu Jacques Bingen vivant. S’il le fait compagnon de la Libération, par délégation expresse du général de Gaulle[10], il ne parvient pas à le ramener avec lui à Londres, comme le lui avait prescrit le Général, l’homme s’y refusant. Lazare Rachline retourne à Londres via Gibraltar, après avoir traversé, de nouveau, les Pyrénées, en compagnie de Victor Gerson. À Londres, il apprend l'arrestation de son frère Vila (Renaudin, Victor), qui avait pris sa suite à la tête du réseau d'évasion VIC. La Gestapo, croyant le tenir, torture son cadet pendant quatre jours. Celui-ci ne dira pas un mot. Il sera assassiné près de Lyon à la mitrailleuse avec 17 camarades[20].
En , Rachline refuse de devenir directeur de la Sureté nationale comme d’être Préfet de police de Paris[10]. Il est alors chargé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie de la mission Urodonal[21]. Accueilli en août dans le maquis de l’Ain après un vol compliqué, il est reçu par le chef des maquisards, Henri Romans-Petit, et, en représentant de la République, passe en revue des troupes libres[22]. Délégué du gouvernement provisoire pour la Zone Nord, il part de Lyon et, sur son trajet de retour, manque d’être fusillé successivement par les Allemands et les FFI. Il arrive à Paris le et participe aux combats pour la libération de la capitale. Titulaire de la carte d'identité nationale no 2 établie le [23], nommé commissaire de la République, il démissionne de toutes ses fonctions quand il apprend la mort de son frère Vila et reprend la direction de son affaire industrielle, les Usines métallurgiques de literie.
En , convaincu de la trahison de René Hardy et de sa responsabilité dans les arrestations du général Delestraint et des visiteurs du docteur Dugoujon, Rachline témoigne à charge contre lui lors des deux procès qui lui sont intentés.
Lazare Rachline fonde, avec le général Édouard Corniglion-Molinier et Marcel Bleustein-Blanchet, le journal Point de vue, dont le premier éditorial est rédigé par Raymond Aron. Adhérant au RPF, il est le rapporteur de la motion consacrée à l’instauration obligatoire en France du système de l’association capital-travail aux assises du Conseil national, à Marseille, à l’été 1948[24].
Il est contributeur de l’Action privée, qui soutient l’action politique du général de Gaulle. Il épaule Jean-Jacques Servan-Schreiber et participe au lancement de L'Express dont il restera proche, jusqu'à sa mort. Son autre grand combat est celui du soutien à la création de l'État d'Israël, puis à la défense du jeune État, en toute circonstance : il prononce dans ce sens son dernier discours, le [25].
La famille de Lazare Rachline est composée des membres suivants [26] :
Lazare Rachline est titulaire de la croix de guerre 1939-1945 avec palmes, officier honoraire à titre civil de l'Empire britannique et officier de la Légion d'honneur, médaille des évadés, rosette de la Résistance.
Le , Londres, il rend compte de la "mission Clé" au général de Gaulle, qui lui attribue la croix de la Libération[10]. Il ne figure pourtant pas sur la liste des Compagnons de la Libération. Le document administratif portant son nom n'a pas été signé avant son départ du Gouvernement provisoire par le général de Gaulle.
C’est le général Kœnig qui prononce son éloge funèbre, lors de ses obsèques fin . Rachline est enterré au Cimetière parisien de Bagneux (Hauts-de-Seine), dans la 31e division[30].
André Dewavrin, alias Colonel Passy, chef des services secrets de la France Libre (BCRA) à Londres pendant la guerre, lui écrit le : « Vous êtes pour moi l’un des représentants les plus authentiques et les plus désintéressés de ce que fut la Résistance. »
Le , le conseil de Paris, à l’unanimité, vote l’attribution d’un emplacement de Paris portant le nom de Lazare Rachline (Lucien Rachet) : le jardin de l'hôtel de Donon, qui abrite le musée Cognaq Jay, situé au 9 de la rue Payenne, dans le 3e arrondissement, devient le Jardin Lazare Rachline. L’inauguration a lieu le ; trois discours d’hommage sont prononcés, par Pierre Aidenbaum, maire du 3e arrondissement, par Robert Badinter et par Anne Hidalgo, maire de Paris.
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.