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homme politique belge (1863-1936) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jules Destrée, né à Marcinelle le et mort à Bruxelles dans la nuit du 2 au [1], est un avocat, homme politique belge et écrivain. Il a contribué à forger une identité wallonne et a milité pour une plus grande autonomie culturelle de la Wallonie au sein de l'État belge. Bourgeois humaniste, les procès consécutifs aux grèves de 1886 ont déterminé son engagement au Parti ouvrier belge.
Député de la Chambre des représentants de Belgique | |
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- | |
Ministre de la Culture Sciences (d) Arts |
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture |
Cimetière de Marcinelle (d) |
Nom de naissance |
Jules Olivier Charles Auguste Jean Joseph Destrée |
Nationalité | |
Formation |
Université libre de Bruxelles Université libre de Bruxelles (en) |
Activités | |
Fratrie | |
Conjoint |
Parti politique | |
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Membre de | |
Distinction |
Jules Destrée, né le 21 août 1863, est le fils d'Olivier Destrée et de Clémentine Defontaine[2]. Son père est d'abord ingénieur-chimiste à Marcinelle et à Couillet, puis professeur au Collège communal de Charleroi où Jules Destrée fait ses études secondaires. Son frère cadet, Olivier-Georges, est bénédictin à l'abbaye de Maredsous, puis à l'abbaye du Mont-César, à Louvain. Le 10 août 1889, Jules Destrée épouse à Mons Marie Danse, artiste aquafortiste et nièce de Constantin Meunier[3]. Il est le beau-fils d'Auguste Danse, dessinateur et aquafortiste.
Jules Destrée est doué pour les études et décroche un doctorat en droit de l'Université libre de Bruxelles alors qu'il n'a que 20 ans. Il s'intéresse très tôt aux lettres et à l'art. Avec son frère Olivier-Georges, également étudiant à Bruxelles, il fait partie du groupe la « Jeune Belgique » centré sur l'art et la littérature[4].
Il fait son stage d'avocat chez Edmond Picard puis chez Alfred Hyppolite Defontaine, échevin de Charleroi. Il s'inscrit au barreau de Charleroi en 1883[5] et y exercera jusqu'en 1921.
Il se fait connaître par son talent oratoire au Procès du grand complot en 1889 où il plaide au côté d'Edmond Picard, Paul Janson et Fulgence Masson.
De 1905 à 1906, il est bâtonnier du barreau de Charleroi. Il transfère ses activités d'avocat à Bruxelles à la fin de 1921[4].
En il plaide le Procès de la balustrade de la Bibliothèque de l'Université de Louvain. Il est alors aux côtés de ses confrères Wauvermans et Edouard Huysmans contre Alexandre Braun, Veldekens et Albert Nyssens
En dehors de son travail de juriste, Jules Destrée fréquente les cercles artistiques et littéraires de son époque. C'est là qu'il rencontre le graveur Auguste Danse, dont il épouse la fille Marie Charlotte en 1889.
Disposant d'une très vaste érudition, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur des sujets variés : de la prose, des essais politiques et sociaux ou des études sur des artistes belges tels qu'Odilon Redon ou Rogier de le Pasture ou de la Renaissance italienne.
Dans Balises pour l'histoire de nos lettres, Marc Quaghebeur estime que la Lettre au Roi de Destrée vaut plus que pour la phrase célèbre : « À l'identité wallonne, Jules Destrée consacra ses meilleurs essais, s'efforçant de résoudre l'énigme du Maître de Flémalle, restituant à Rogier de le Pasture ses origines tournaisiennes et son nom[6]. »
En 1886, il est amené à défendre aux assises du Hainaut un des syndicalistes de l'Union ouvrière à la suite des émeutes de la misère à Jumet. Le jury et la Cour sont impitoyables pour les accusés. Ayant le sentiment d'une injustice sociale et, suivant en cela l'exemple d'Edmond Picard, son mentor au barreau, Destrée décide de se lancer dans la politique[7].
Il quitte l'Association libérale de Charleroi pour fonder, en 1892, en compagnie de Paul Pastur la Fédération démocratique. Il rejoint ensuite le Parti Ouvrier Belge (POB) et, en 1894, est élu député de Charleroi à la Chambre des représentants, où il siègera jusqu'à sa mort.
Parallèlement à ses fonctions nationales, il accepte d'assumer des mandats locaux comme conseiller communal (1903-1911) et échevin de l'Instruction publique de Marcinelle (1903)[8]. Dans ses fonctions communales, il crée l'Université populaire de Marcinelle destinée à donner aux ouvriers un accès à la culture par le biais de conférences ou autres activités culturelles.
En 1911, il participe à l'organisation de l'Exposition internationale de Charleroi qui est destinée à mettre en valeur les richesses artistiques wallonnes, la prospérité économique et les nouvelles techniques industrielles de la région carolorégienne. Voulant rendre l'art accessible à tous, il met sur pied deux salons concernant l'art : « Les arts anciens du Hainaut » et le « Salon d'art moderne »[9].
Après l'invasion de la Belgique par l'Allemagne en 1914, Jules Destrée s'exile en France à la demande du gouvernement belge pour plaider la cause de la Belgique à Londres, Paris et Rome. Il participe aussi à des missions diplomatiques à Saint-Pétersbourg où il est témoin des débuts de la révolution marxiste et en Chine en 1918.
De 1919 à 1921, il officie comme ministre des Arts et des Sciences. Il crée le Fonds des mieux doués, qui vise à donner une bonne éducation aux enfants doués issus de familles pauvres. En 1920, il crée l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Jusqu'à sa mort, il tente d'améliorer la situation politique de la Wallonie. En 1923, il quitte l'Assemblée wallonne qu'il avait cofondée en 1912, parce que cette dernière n'accordait pas assez d'attention à la classe ouvrière wallonne. En 1929, il signe avec Camille Huysmans le Compromis des Belges. Ce document condamne le séparatisme, admet l'autonomie culturelle de la Flandre et de la Wallonie et propose plus d'autonomie pour les communes et les provinces. Il anticipe aussi une Flandre bilingue et une Wallonie monolingue, et ce, avant que la province du Brabant ne soit séparée en deux et la région de Bruxelles-Capitale créée comme entité à part entière.
Il s'agit d'une lettre ouverte écrite par Jules Destrée en 1912 et adressée au roi des Belges Albert Ier[10].
C'est en 1911, à l'occasion de l'Exposition de Charleroi de 1911, l'exposition des arts anciens du Hainaut, que Jules Destrée prend conscience de la spécificité wallonne. Dès lors, il va exprimer ses revendications pour l'autonomie de la Wallonie. En novembre, devant le Jeune Barreau de Bruxelles, il fait une conférence sur le sujet, évoquant déjà la minorisation politique de la Wallonie : « Nous sommes des vaincus, et des vaincus gouvernés contre notre mentalité ». Cette fameuse lettre sera publiée dans la Revue de Belgique du et dans le Journal de Charleroi du , puis reprise par La Gazette de Charleroi et, à Liège, par L'Express (qui avait lancé en juin une grande campagne nationaliste wallonne), puis, en feuilleton, par La Meuse.
De ce long texte, on retient deux phrases :
Bien qu'il n'ait jamais répondu, le destinataire de cette lettre fit savoir à son secrétaire, Jules Ingenbleek, qu'il en approuvait l'analyse :
« J'ai lu la lettre de Destrée qui, sans conteste, est un littérateur de grand talent. Tout ce qu'il dit est absolument vrai, mais il est non moins vrai que la séparation administrative serait un mal entraînant plus d'inconvénients et de dangers de tout genre que la situation actuelle[11]. »
Discutant l'analyse de Luc Mullier dans son mémoire de licence 1976-1977 qui considère que la lettre de Destrée n'a pas eu un retentissement considérable sur la base des articles qui lui sont consacrés dans la presse par comparaison avec d'autres événements contemporains, Philippe Destatte écrit : « On peut [...] s'interroger pour voir quel autre manifeste aurait, dans l'histoire de Belgique, couvert les deux premières pages de journaux de sensibilités et de villes différentes comme L'Express et le Journal de Charleroi qui ont publié la lettre de Destrée dans sa totalité[12]. »
Jules Destrée reste un symbole important au niveau social, des arts et de l'identité culturelle wallonne bien qu'il n'ait pas occupé de mandat de première importance au sein du gouvernement belge. C'est la raison pour laquelle de très nombreuses rues, avenues et places portent son nom en Belgique et surtout en Wallonie : à Gand, Anvers, Bruxelles, Schaerbeek, Marcinelle, Gilly, Jumet, Charleroi, Courcelles, Châtelet, Châtelineau, Fleurus, Marchienne-au-Pont, Ransart, Farciennes, Roselies, Velaine-sur-Sambre, Chapelle-lez-Herlaimont, Fontaine-L'Évêque, Anderlues, Carnières, La Louvière, Quaregnon, Beyne-Heusay, Liège, Namur, Braine-l'Alleud, Ottignies-Louvain-la-Neuve, etc.
De même, l'on trouve à Gilly une École communale Jules Destrée et un Athénée royal Jules Destrée à Marcinelle.
En 1936, un monument est érigé à la Grand-Place de Marcinelle, composé d'un massif en pierre et d'une colonne portant son buste en bronze exécuté par Armand Bonnetain se trouve à Marcinelle. Ce buste, en pierre, se trouve également au palais des Académies à Bruxelles ainsi qu'un autre, en bronze dans le palais de Justice de Bruxelles[14].
À Charleroi, se dresse au boulevard Audent une imposante statue en pied de Jules Destrée réalisée par Alphonse Darville depuis 1956.
En 1938, l'Institut Jules Destrée est créé afin de promouvoir le développement régional de la Wallonie. En plus de cet héritage, le Musée Jules Destrée est inauguré en 1988 dans les étages supérieurs de l'hôtel de ville de Charleroi.
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