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président des États-Unis de 1961 à 1963 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
John Fitzgerald Kennedy /d͡ʒɑn fɪtsˈd͡ʒɛɹəld ˈkɛnədi/[1], dit Jack Kennedy, communément appelé John F. Kennedy et par ses initiales JFK, né le à Brookline (Massachusetts) et mort assassiné le à Dallas (Texas), est un homme d'État américain, 35e président des États-Unis du à sa mort en 1963.
Après avoir combattu dans la guerre du Pacifique, il entre dans la politique en 1946 et y exerce comme représentant puis sénateur du Massachusetts. À 43 ans, il remporte l'élection présidentielle américaine de 1960 face à Richard Nixon et devient le plus jeune président élu des États-Unis[2], et également le plus jeune président à mourir, moins de trois ans après son entrée à la Maison-Blanche, à l'âge de 46 ans. En outre, il est le premier président américain de religion catholique.
Il laisse son empreinte dans l'histoire des États-Unis par sa gestion de la crise des missiles de Cuba, son autorisation du débarquement de la baie des Cochons, son engagement pour le traité d'interdiction partielle des essais nucléaires, le programme Apollo dans le cadre de la course à l'espace, son opposition à la construction du mur de Berlin, sa politique d'égalité des sexes et son assassinat. Ses prises de position en faveur de l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce lui valent d'être respecté jusque chez les républicains, et le mouvement afro-américain des droits civiques — qu'il soutient, voulant mieux intégrer les minorités dans la société — qui prend place durant sa présidence annonce la déségrégation.
En campagne pour sa réélection, il circule dans Dallas le à bord d'un véhicule découvert devant un public nombreux : alors qu'il traverse Dealey Plaza, des coups de feu retentissent et des tirs l'atteignent mortellement. Malgré la désignation par la Commission Warren de Lee Harvey Oswald comme le seul coupable, les circonstances de son assassinat ont fait l'objet de nombreuses enquêtes, ouvrages écrits et filmés, interprétations et théories du complot.
John Fitzgerald Kennedy, surnommé « Jack », naît le à Brookline (Massachusetts), une banlieue huppée de Boston. Il est le second d'une famille qui compte neuf enfants : Joseph Jr., John, Rosemary, Kathleen, Eunice, Patricia, Robert, Jean Ann et Edward.
Ses parents sont Rose Fitzgerald, — fille de John Francis Fitzgerald (1863-1950), dit « Honey Fitz », maire de Boston et de Mary Josephine Hannon (1865-1964)[3]—, et de Joseph Patrick Kennedy, qui a fait fortune dans les années 1930. Tous deux sont les descendants de familles catholiques originaires de la côte sud de l'Irlande, plus précisément des comtés de Wexford et Waterford ayant migré durant la grande famine irlandaise. Son père soutient Franklin Delano Roosevelt lors de l'élection de 1933, envisage de se présenter à sa succession et devient ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni en 1938 après avoir été un des piliers des grandes réformes de Roosevelt dans la banque et la finance.
Le jeune John reçoit son éducation dans la Choate Rosemary Hall, une des meilleures écoles privées à Wallingford, Connecticut où son frère aîné Joseph Patrick Kennedy, Jr. l'a précédé. En , il intègre la London School of Economics sous la supervision du professeur Laski, mais doit interrompre ses études, car il est atteint de jaunisse. Il intègre ensuite l'université de Princeton, mais doit de nouveau interrompre ses études après seulement six semaines, et se fait hospitaliser à l'hôpital Brigham de Boston (en) où les médecins diagnostiquent une possible agranulocytose ou leucémie[4]. L'année suivante, en , il intègre l'université Harvard. Ses principales matières sont l'économie, l'histoire et la politique américaine.
Quand son père s'installe à Londres, il visite l'Europe, en particulier l'Allemagne nationale-socialiste, et s'assure les services d'un « nègre[5] » pour rédiger son mémoire de fin d'études sur Neville Chamberlain et la participation britannique aux accords de Munich. Son mémoire est reçu avec mention et grâce au soutien financier de son père, est publié avec une introduction de Henry Luce, sous le titre Pourquoi l'Angleterre dormait. À 23 ans, John est ainsi l'auteur d'un relatif succès de librairie qui semble le destiner au journalisme. Son père est alors déconsidéré par sa position favorable à la négociation avec Adolf Hitler.
Il doit, en 1941, sous la pression de son père et du Federal Bureau of Investigation (FBI), mettre fin à sa liaison avec Inga Arvad, une journaliste danoise mariée à Paul Fejos, ancienne miss Danemark qui a couvert les Jeux olympiques d'été de 1936. JFK est rappelé en Caroline du Sud, mais Inga le suit et ils continuent à se voir[6].
John Kennedy est réputé pour ses multiples maîtresses et conquêtes féminines, dont Gene Tierney en 1946, Marilyn Monroe en 1962, ainsi que Mary Pinchot Meyer (épouse de Cord Meyer (en), haut fonctionnaire à la CIA) et Judith Campbell, maîtresse simultanément de Kennedy et du parrain de la mafia de Chicago Sam Giancana ou encore Gunilla von Post, Marlene Dietrich[7]. Proche de la mafia, le chanteur Frank Sinatra lui fournit des starlettes comme maîtresses. En 1961, lors d'une rencontre officielle avec le Premier ministre du Royaume-Uni Harold Macmillan, il lui confie : « Trois jours sans faire l'amour et c'est le mal de tête garanti. Je ne sais pas si c'est aussi votre cas, Harold »[8]. Le père du président, Joseph Patrick Kennedy, serait intervenu financièrement auprès de son épouse Jackie afin de la retenir[9].
Le 13 mai 1948, vers 18 heures, un avion s'écrase vers Saint-Bauzile, dans le Triangle de la Burle, et fait 4 victimes, dont sa sœur Kathleen Harlington[10].
Le [11], il épouse Jacqueline Bouvier en l'église St Mary's de Newport (Rhode Island). Le mariage est considéré comme l'événement mondain de la saison avec quelque 700 invités à la cérémonie et plus de 1 000 personnes à la somptueuse réception qui suit à « Hammersmith Farm », domaine de son beau-père Hugh D. Auchincloss.
Jacqueline Kennedy fait une fausse couche en 1955[12],[13], puis donne naissance à une petite fille mort-née le , que ses parents auraient voulu prénommer Arabella[14]. Cet événement conduit à une brève séparation du couple qui se réconcilie peu après. Le couple donne en 1957 naissance à une fille, Caroline, puis à un fils John en 1960, qui mourra en 1999 dans un accident d'avion. Un second fils Patrick naît prématurément le et meurt deux jours plus tard.
Peu de temps après l'assassinat de John F. Kennedy, les restes d'Arabella et de son frère Patrick sont transférés le , au cimetière national d'Arlington. Sa dalle mortuaire n'indique pas de prénom, mais simplement la mention « daughter » (fille, en anglais) et la date du .
Kennedy souffre pratiquement toute sa vie de problèmes de dos : né avec une colonne vertébrale instable selon un de ses chirurgiens en 1947 (ce qui est remis en cause par une étude de 2017 se basant sur ses radiographies et penchant pour une origine multifactorielle[15]), ce qui l'oblige à utiliser des béquilles cachées au public, à se reposer fréquemment dans son fauteuil à bascule devenu célèbre[16] et à porter un corset dorsal de 20 centimètres[17]. Dès sa jeunesse, il fut régulièrement hospitalisé du fait de sa santé fragile et par intermittence eut de douloureux problèmes gastriques (probablement l'intestin irritable)[15]. Les problèmes de coliques ainsi qu'à la tête furent constants, malgré plusieurs séjours à la clinique Mayo. Il souffre notamment d'une infection urinaire et d'une agranulocytose[18]. Il est de plus atteint de la maladie d'Addison, sorte de déficience (encore mortelle à son époque) des glandes surrénales, lesquelles produisent des hormones anti-inflammatoires (cortisol)[19].
Pour soulager ses douleurs, il reçoit régulièrement des injections de cortisone, de novocaïne et de stéroïdes, il prend des amphétamines[17], ce cocktail médicamenteux lui permettant de déployer une énergie hors du commun et d'assouvir une libido hyperactive[8]. Les corticoïdes qu'il consomma pour traiter ses douleurs gastriques pourraient d'ailleurs avoir été une cause secondaire de sa maladie d'Addison, c'étaient des médicaments prometteurs durant les années 1930 mais les effets à long terme (l'ostéoporose et l'affaiblissement du système immunitaire) n'étaient pas connus et ont très probablement aggravé son état[15],[18]. Il est contraint de se faire opérer à plusieurs reprises en raison de problèmes de dos, des opérations risquées dont les résultats sont inférieurs aux attentes. Il reçoit même l'extrême onction à quatre reprises[20]. Excepté pour l'opération de 1954, son état de santé fut gardé secret de son vivant, avec des communiqués mensongers, conscient qu'une fuite mettrait fin à ses ambitions politiques, même si ses prédécesseurs présidentiels Wilson, Coolidge, Roosevelt et Eisenhower avaient aussi imposé la confidentialité sur leurs ennuis de santé[18].
Un pathologiste présent lors de l'autopsie de Kennedy a affirmé que ses glandes surrénales, en 1963, semblaient avoir pratiquement disparues[21]. Les animaux à qui on a retiré les glandes surrénales meurent invariablement après une courte période. A supposer que les observations du pathologiste soient confirmées, il est donc probable que Kennedy n'ait pas vécu plus que quelques années et soit mort avant la fin de son second mandat, s'il n'avait pas été assassiné et avait été réélu[22].
Au printemps 1941, durant la Seconde Guerre mondiale, Kennedy veut s'enrôler dans l'armée, mais est déclaré inapte en raison de ses problèmes de santé. Il est finalement accepté grâce à l'intervention de son père[18]. D'abord mobilisé à l'arrière, il obtient de servir sur plusieurs navires de la flotte américaine du Pacifique et devient commandant d'un patrouilleur avec le grade de Lieutenant.
Durant la guerre du Pacifique, le à deux heures du matin, son patrouilleur (une vedette lance-torpilles), le PT-109, est coupé en deux par le destroyer japonais Amagiri au large des îles Salomon. Kennedy est projeté sur le pont et se blesse au dos, ce qui aggrave ses douleurs[18] ; en mer, il réussit malgré tout à haler un membre de son équipage blessé sur près de cinq kilomètres et à mettre pied sur une île, d'où il nage pour donner l'alerte : son équipage est récupéré. Ce fait d'armes lui vaut la Navy and Marine Corps Medal avec la citation suivante :
« Pour sa conduite extrêmement héroïque comme officier commandant de la vedette lance-torpilles PT 109, après la collision et le naufrage de ce vaisseau, sur le théâtre de la guerre du Pacifique, les 1er et 2 août 1943. Peu soucieux du danger personnel, le lieutenant Kennedy a bravé sans hésitation les difficultés et les risques de l'obscurité pour diriger les opérations de sauvetage, nageant plusieurs heures pour trouver de l'aide et de la nourriture après avoir réussi à ramener son équipage à terre. Son remarquable courage, sa ténacité et ses qualités de chef ont permis de sauver plusieurs vies, conformément aux plus hautes traditions de la Marine des États-Unis. »
Il participe également à l'évacuation de Marines encerclés par les Japonais lors du raid sur Choiseul le [23]. Kennedy reçoit d'autres décorations pendant la guerre, dont la Purple Heart. Il est démobilisé au début de 1945 quelques mois avant la capitulation du Japon. Un film de propagande raconte son aventure. Le décès de son frère aîné et les erreurs politiques de son père (qui était favorable au maintien de la paix avec Adolf Hitler) font de lui l'espoir politique de la famille.
Navy and Marine Corps Medal | Purple Heart | American Defense Service Medal |
American Campaign Medal | Asiatic-Pacific Campaign Medal avec trois étoiles de service |
World War II Victory Medal |
Après la Seconde Guerre mondiale, Kennedy commence donc une carrière politique en se faisant élire en 1946 à la Chambre des représentants dans une circonscription à majorité démocrate. Il est réélu deux fois en 1948 et 1950, largement malgré ses positions qui ne sont pas toujours en accord avec celles du président Harry S. Truman ou du Parti démocrate.
En 1952, il est candidat au siège de sénateur avec le slogan : « Kennedy en fera plus pour le Massachusetts ». Avec l'appui de son père et de tout le clan familial, il réussit à battre son concurrent républicain, le sénateur sortant Henry Cabot Lodge Jr. en obtenant 51,5 % des voix. Cependant, il ne s'oppose pas au sénateur Joseph McCarthy, un ami de la famille, qui mène une campagne agressive dans le but d'extirper les prétendus espions communistes au sein du gouvernement. Il profite d'un séjour à l'hôpital pour ne pas voter la motion de censure contre McCarthy en 1954, ce qui lui sera longtemps reproché par l'aile gauche du Parti démocrate, Adlai Stevenson et Eleanor Roosevelt en tête. En 1956, il échoue à obtenir l'investiture démocrate pour la vice-présidence pour l'élection de la même année, après que Stevenson a laissé le congrès sélectionner le candidat, Kennedy terminant deuxième au scrutin et s'inclinant face au sénateur Estes Kefauver du Tennessee, mais bénéficiant en conséquence d'une visibilité nationale. En 1958, il est réélu sénateur avec 73,2 % des suffrages face au républicain Vincent J. Celeste.
En 1955, alors en pleine convalescence, il écrit un livre Profiles in Courage (Portraits d'hommes courageux) où il fait la biographie de huit sénateurs qui ont risqué leur carrière pour défendre leurs points de vue. Ce livre, dont la paternité est aujourd'hui accordée à Ted Sorensen, conseiller juridique et bras droit de Kennedy et auteur de ses plus grands discours, recevra le prix Pulitzer en 1957[17].
Kennedy se déclare candidat pour succéder à Eisenhower le . Dans sa déclaration de candidature, Kennedy insiste sur la nécessité d'un désarmement mondial, qualifiant la course aux armements de « fardeau »[réf. nécessaire].
Le Parti démocrate doit choisir entre lui et les sénateurs Hubert Humphrey, Lyndon B. Johnson et Adlai Stevenson. Kennedy remporte les élections primaires dans certains États-clés, comme le Wisconsin et la Virginie-Occidentale et obtient la nomination de son parti à la convention nationale. Son colistier est Lyndon B. Johnson, soutenu par les États du Sud. Pendant la campagne électorale, les débats tournent autour du rôle des États-Unis dans le monde, du problème de la pauvreté, de l'économie et de l'équilibre de la terreur face aux missiles porteurs d'armes nucléaires de l'Union soviétique, mais aussi sur la religion catholique pratiquée par le candidat.
À partir des années 1950, le jeune sénateur démocrate du Massachusetts J.F. Kennedy fait des apparitions dans plusieurs talk-shows, notamment Meet the Press très populaire à cette époque. C'est ainsi que Kennedy va prendre conscience et créer par lui-même son image du nouveau politicien. Ce qui l'amènera à être choisi pour prononcer le discours de candidature de Adlai Stevenson à la Convention nationale démocrate de 1956. Lors de cette épreuve, il gagnera le rôle d'orateur le plus recherché du parti, ce qui sera perçu comme le lancement de sa course à la présidence[24].
Kennedy apparaît, alors qu'il est candidat, dans le Tonight Show de Jack Paar. C'est le premier homme politique important à participer à une émission de fin de soirée. Étant donné l'innovation, aucune règle d'égalité des heures s'appliquant aux émissions de divertissement n'existe. Une aubaine qui lui rapportera en capital sympathie. C'est ainsi que commence la campagne aux élections présidentielles américaines pour John Fitzgerald Kennedy. Le , Kennedy fait une déclaration importante sur la question de la religion et de son catholicisme, devant une assemblée de pasteurs protestants à Houston, au Texas. Il affirme, ce jour-là, qu'il ne serait en aucune manière influencé par la hiérarchie catholique. Il emprunte l'article VI de la Constitution des États-Unis comme contre argument aux spéculations faites à son égard. Son équipe de campagne électorale trouve le discours convaincant et permettant de faire taire les malentendus. Ils s'en serviront comme moyen de communication en distribuant le film du discours aux stations de télévision de tout le pays. Il fut largement retransmis et la plupart des observateurs eurent l'impression que Kennedy avait remporté une victoire décisive et que la question religieuse était maintenant pour lui beaucoup plus un avantage qu'un handicap[25].
La campagne à l'élection présidentielle américaine de 1960 est une toute nouvelle forme de la communication politique, qui joue la carte de la modernité, combinant l'utilisation de la radio, de la publicité, des sondages et de la télévision. Elle sera à l'origine d'une mythologie qui dépassera très vite les frontières du pays[26]. La campagne est caractérisée par le premier débat télévisé de l'histoire à une élection présidentielle. Elle opposera en quatre duels les deux candidats : John Fitzgerald Kennedy et Richard Nixon. Deux candidats proches sur leurs programmes politiques et leurs âges, mais différents par leurs apparences. R. Nixon est vu comme un personnage politique expérimenté, mais avec une image très déplaisante à la suite des caricatures de Herblock dans le Washington Post. Le premier débat est considéré comme le plus important et se déroule le à Chicago. L'équipe de Kennedy a parfaitement préparé le rendez-vous comme le confirme le producteur de CBS, Don Hewitt[27]. Le clan Kennedy s’était auparavant bien entouré, avec L. Reinch conseiller en audio-visuel, les réalisateurs F. Schaffner et A. Penn, et le producteur F. Coe afin d’améliorer ses performances. A. Penn demande en coulisse des plans serrés sur son candidat, persuadé que l'équipe de Nixon le suivra. Lors de la prise de parole de Nixon, l'effet attendu est au rendez-vous : les gouttes de sueur qui perlent sur le visage de Nixon, la nervosité apparente, la barbe peu soignée donnent une image désastreuse du candidat à la présidence. De plus, son costume gris se fondant dans les décors créera un contraste face au jeune sénateur, plein d'aisance et d'assurance dans les gestes et la parole, en costume noir parfaitement préparé au duel[28].
Les critiques récurrentes des caricaturistes visant R. Nixon sont désormais vues en gros plan par les Américains devant leur télévision. Ils seraient en effet entre 65 millions et 74 millions de téléspectateurs[29] à avoir assisté aux débats selon les rapports de cette époque. Avec une estimation de téléviseurs installés dans environ 90 %[24] des foyers, Kennedy avait donc prévu et bien fait de miser sur les techniques modernes, car avant le grand débat du , les sondages donnaient Nixon de peu gagnant avec 47 % face à 46 %. À la suite du débat, Kennedy était estimé à 49 % face à 46 % pour Nixon[30].
Les « grands débats » offrent un phénomène attirant, selon le chercheur J. Austin Ranney (en) : « De nombreuses études antérieures à 1960 ont montré que le discours électoral de type traditionnel, quand le candidat A et ses partisans disposent de la salle de réunion ou du studio pour eux seuls, sont suivis et écoutés presque uniquement par les électeurs qui se sont déjà décidés pour ce candidat B évitent les réunions du candidat A et arrêtent la radio ou la télévision quand se fait entendre la voix de A »[31]. Ce que l'on nomme une chambre d'écho. Avec les grands débats, au contraire, non seulement les partisans de Nixon sont obligés d'écouter Kennedy, mais ils peuvent difficilement éviter de le comparer immédiatement avec Nixon. Theodore White, dans The Making of the President, 1960, montre à quel point Kennedy était confiant et bien préparé. « Selon certains sondages, ceux qui ont écouté le débat à la radio estiment que les deux candidats étaient à peu près ex æquo [à l'issue du débat]. En revanche, tous les sondages réalisés auprès des téléspectateurs indiquent que Nixon était considéré comme le perdant (…) Tout cela est dû à l'effet de la télé »[32]. La stratégie de Kennedy, consistait aussi à critiquer l'immobilisme des années de gouvernance de Dwight Eisenhower, dont Nixon est le coresponsable. La métaphore du retard (gap) occupe une part importante dans les discours du candidat. Le clan Kennedy en profite donc pour populariser alors l'idée de grands desseins nationaux pour promouvoir la nécessité de réformes rapides face à l'avance prise par l'URSS. Entouré d'idéologues de la modernisation, dont Walt Rostow est le plus actif, Kennedy renvoie son adversaire dans les cordes de la tradition et du conservatisme[33]. Cette rhétorique du risque rompt avec celle de la sécurité utilisée jusqu'alors par les candidats démocrates.
Sa rhétorique du risque va donc dans le sens de son slogan : la Nouvelle Frontière séduisant ainsi un électorat avide de changement après huit années de présidence républicaine. La victoire de J.F Kennedy, le , est certes celle de la jeunesse, mais aussi celle des transformations de la vie politique américaine, en particulier le renforcement de la médiatisation avec le rôle nouveau joué par la télévision. Mais également celle des mutations de la sociologie de l'électorat, plus jeune et féminisé[34] ; « mais elle est surtout celle des nouvelles techniques de communication, faisant bon usage des sondages, de l'instrument télévisuel et du média training »[35].
La politique de Kennedy, appelée « Nouvelle Frontière », prévoit la détente envers l'URSS, l'envoi d'un homme sur la Lune, l'égalité des Noirs et des Blancs, la relance de l'économie, la lutte contre la Mafia américaine et l'arrêt de l'expansion communiste dans le monde.
L'élection a lieu le ; Kennedy bat Nixon de seulement 120 000 voix[36]. Des rumeurs circulent par la suite sur le fait que son père, Joe, aurait utilisé ses liens avec Sam Giancana (patron de la mafia de Chicago) pour que certains comtés décisifs « votent bien ». À 43 ans, Kennedy est le plus jeune président élu : Theodore Roosevelt était plus jeune lors de son accession à la présidence, mais il succédait à William McKinley, décédé en cours de mandat. Il est aussi le premier président des États-Unis de religion catholique[37]. Il faudra attendre 60 ans avant d'avoir un autre président de cette confession avec Joe Biden en 2020[38].
Le , soit un mois après son élection, Kennedy échappe à une tentative d'assassinat de Richard Pavlick (en) qui prévoyait de faire exploser sa voiture piégée à proximité du président élu lorsqu'il sortirait de la messe. Pavlick renonce à son projet d'attentat-suicide au dernier moment par peur de « faire du mal » à la femme et aux enfants de Kennedy qui l'accompagnaient à ce moment-là[39].
John Fitzgerald Kennedy prête serment sur la bible, sur les marches du Capitole le , à Washington D.C, et devient officiellement le 35e président des États-Unis à l'âge de 43 ans.
Le mandat de Kennedy est marqué par la guerre froide entre l'Union soviétique et les États-Unis et les crises majeures destinées à contrer l'expansion communiste. Au début de sa présidence, il pense que le monde peut s'améliorer par des moyens pacifiques et il crée les Corps de la paix. Ce programme, qui existe toujours, permet à des volontaires américains d'aider les pays en développement dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture, de la santé et du bâtiment.
Kennedy développa des liens d'amitié étroits avec le Royaume-Uni et la RFA. Cependant, les relations avec le Canada seront faibles, John Diefenbaker ne supportant pas Kennedy et réciproquement. Le Premier ministre du Canada suivant, Pearson, s'entendra en revanche très bien avec lui et acceptera l'installation de bases nucléaires américaines au Canada.
Les relations avec la France de Charles de Gaulle sont constantes mais tendues, les deux dirigeants ayant cependant un grand respect l'un pour l'autre. La volonté de de Gaulle d'accroître la puissance militaire et économique de la France produit de vives tensions entre les deux hommes : d'après Ted Sorensen, dans un moment de colère, Kennedy aurait traité de Gaulle de « salopard »[réf. nécessaire].
La crise des missiles de Cuba montre que le risque d'une guerre nucléaire n’est pas négligeable et que les États-Unis et l'URSS sont « au bord du gouffre », d’où une attitude plus mesurée en Europe. Cette attitude est d'ailleurs déjà effective avant cette crise, comme le prouve le fait que les Américains restent passifs lorsque l'Allemagne de l'Est lance la construction du mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 et que les pays du bloc de l'Est rendent leurs frontières quasiment étanches. Après une tentative de retrait, Kennedy essaie malgré tout de contenir l'expansion soviétique en envoyant des conseillers militaires, puis des troupes, au Viêt Nam. En octobre 1963, il signe un mémorandum ordonnant le retrait de 1 000 soldats du Viêt Nam avant la fin de 1963 car il pensait la guerre bientôt gagnée[55]. Ce mémorandum sera annulé par Lyndon B. Johnson.
Cependant, une facette moins connue du personnage présente l'ex-président démocrate comme un artisan majeur de l'escalade de la guerre du Viêt Nam, en ayant directement été à l'origine d'un coup d'État militaire fomenté contre le président sud-vietnamien Ngô Đình Diệm[56],[57],[58],[59], voire le commanditaire direct de l'assassinat de celui-ci[60], parce que Diệm était opposé à un accroissement de l'engagement militaire américain au Vietnam[61] et envisageait de rompre l'alliance de son pays avec les États-Unis[62]. Cependant Kennedy ayant signé un mémorandum pour le retrait de 1 000 soldats, on croit plus souvent qu'il avait pris conscience à l'été 1963 de s'être engagé dans un bourbier et jugeait nécessaire par l'intermédiaire de Dương Văn Minh d'éliminer un chef d'État catholique impopulaire qui réprimait une opposition bouddhiste croissante depuis [63],[64]. Aussi en l'administration Kennedy se montra favorable à Dương Văn Minh qui mit à exécution le coup d'État. Toutefois une enquête des Nations unies en 1963 conclut à la liberté du culte bouddhiste ; tandis que selon l'historien Mark Moyar, Diệm avait mené des politiques publiques favorables aux communautés bouddhistes du Sud-Vietnam, en leur donnant la permission de mener des activités religieuses qui étaient interdites par l'ex-puissance coloniale française, et en finançant la construction d'écoles bouddhistes, l'organisation de cérémonies et la construction de nouvelles pagodes. Parmi les dix-huit membres du cabinet Diệm, il y avait cinq catholiques, cinq confucéens et huit bouddhistes, dont un vice-président et un ministre des affaires étrangères. Seuls trois des dix-neuf meilleurs responsables militaires étaient des catholiques[65]. Une partie non négligeable des immolations et révoltes bouddhistes furent le fruit d'une infiltration des guérilleros communistes déguisés en bonzes[66].
En , Kennedy signe le traité de Moscou qui interdit les essais nucléaires dans l'atmosphère. Il s'agit de lutter contre la prolifération des armements et contre les effets à long terme des retombées radioactives. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS en sont les premiers signataires et Kennedy considère qu'il s'agit là d'une des actions majeures de son gouvernement. Au Salvador, son administration appuie la création de l'Orden (Organisation démocratique nationaliste) afin d'organiser et de surveiller la population rurale (l’Amérique centrale est alors agitée par des guérillas en lutte contre des gouvernements dictatoriaux) mais celle-ci se comporte rapidement en escadron de la mort[67]. Après le coup d’État militaire du contre le gouvernement réformiste de Juan Bosch en République dominicaine, « Kennedy rompt les relations diplomatiques avec le pays tout en abandonnant Bosch à son triste sort qui s'exilera à San Juan de Porto Rico »[68]. « La démocratie n'y aura tenu que sept mois »[68]. Les relations diplomatiques entre les deux pays seront rétablies le par le président Johnson et les pustchistes ainsi reconnus[69]. De même, début , Kennedy suspend les relations diplomatiques avec le Honduras après le renversement du libéral Modesto Rodas Alvarado (en) par Oswaldo López Arellano, coupe l'aide militaire à la junte et rappelle le personnel américain engagé dans la coopération ; ce n'était peut-être que provisoire du fait que l'année précédente au Pérou à l'été 1962, il avait suspendu seulement un mois ses relations diplomatiques en réaction à un coup d'État[70]. Mais au Honduras comme en République dominicaine ce fut Johnson qui, peu après l'attentat de Dallas, -en 1964-, reconnut cette deuxième junte militaire, issue à l'automne 1963 d'un coup d'état [71].
Kennedy milite contre la ségrégation raciale, en prenant pour modèle Abraham Lincoln. Il soutient Martin Luther King, et le rencontre lors de sa marche sur Washington en 1963.
L'un des problèmes les plus importants auquel Kennedy doit faire face est celui de mettre fin aux mesures discriminatoires contre les minorités ethniques qui restent légales dans certains États. Un arrêt de 1954 de la Cour suprême des États-Unis interdit la ségrégation dans les écoles publiques, mais est resté lettre morte dans de nombreux États du Sud. Par ailleurs, des mesures discriminatoires restent toujours en vigueur dans d'autres lieux publics, tels que les transports urbains, les cinémas et les restaurants.
Il fait beaucoup pour la conquête de l'espace, en lançant le programme Apollo (We choose to go to the Moon).
Sur le plan social, son programme Nouvelle Frontière vise à améliorer le sort des classes modestes et des droits civiques de ses concitoyens noirs. Sur ces objectifs, Kennedy se heurte souvent, ce qui est courant aux États-Unis, à un Congrès dont la majorité n'est pas celle de son courant politique. Ici, cependant, le Congrès est en majorité démocrate, mais cette dernière est dominée par les démocrates du Sud, conservateurs sudistes hostiles à la disparition de la ségrégation.
Sur le plan économique, le président Kennedy est conseillé par des économistes de la synthèse néoclassique qui lui conseillent de mettre en place un plan de relance qui permette de sortir le pays de la sous-production dans laquelle il était bloqué du fait des politiques austéritaires d'Eisenhower[72]. La relance Kennedy-Johnson est ainsi lancée[73].
Les presque trois ans de présidence de Kennedy ont été marqués par quelques mesures notables (début de la conquête de l'espace, de la déségrégation, Corps de la paix, signature du traité de Moscou), mais les historiens restent partagés sur l'importance de cette présidence dans l'histoire américaine. Élu de justesse, Kennedy a accru l'engagement des États-Unis au Vietnam, il a mis à exécution le débarquement de la baie des Cochons préparé par l'administration précédente, il n'a pas empêché la construction du mur de Berlin, il a approuvé la mise sur écoute par le FBI de Martin Luther King, soutenu le renversement de dirigeants en République dominicaine, en Irak et au Vietnam, tout en condamnant des coups d'État (toujours en République dominicaine le coup d'État militaire en contre Juan Bosch) ; il avait des liens avec la mafia et n'a pas mené à bien la baisse d'impôts qu'il avait promise.
De ce fait, s'il est souvent cité comme étant le plus populaire des présidents qu'a compté le pays, selon certains, cela reflète davantage son charisme, sa jeunesse, sa bonne connaissance des médias, et les conditions tragiques de son décès. Après 1963, son historiographie a vu des ouvrages hagiographiques écrits par ses anciens conseillers, Ted Sorensen et Pierre Salinger. Un regard plus critique survient dans les années 1980 avec The Kennedy Imprisonment de Garry Willis, où Kennedy est décrit comme un « improvisateur » se reposant sur son charisme et prenant de mauvaises décisions, et un obsédé sexuel se mettant lui-même en danger du fait des risques de chantage que cela implique[74]. Les historiens sont partagés mais les critiques reviennent quant au manque d'autorité face à Khrouchtchev et à la question raciale qui stagne[75]. Patrick Buisson dans La Cause du peuple reprend ces critiques, dénonce une imposture créée de toutes pièces par les médias, Kennedy étant dans la « télé-gouvernance » et la publicité, masquant les liens avec la mafia, une libido incontrôlée et un échec aux affaires étrangères.
Le président fascine toujours autant l'Amérique. Depuis 1963, 40 000 ouvrages ont été écrits à son sujet, surtout sur son assassinat[76], ainsi que de nombreux récits uchroniques, imaginant le déroulement du monde si son assassinat fût raté[77],[78]. Le cinquantième anniversaire de sa mort relance de nouvelles études et publications[79]. Son projet (finalement réussi par Nixon) de dépasser l'URSS dans la conquête spatiale avant l'année 1970, souligné par Philippe Labro, ne l'empêche pas de subir sous sa présidence un second revers deux ans après l'exploit de Youri Gagarine : l'envoi en d'une femme soviétique dans l'espace, Valentina Terechkova.
Le , lors d'une visite pré-électorale de John F. Kennedy à Dallas, le cortège présidentiel traverse la ville à petite vitesse, salué par la foule amassée. Alors que la limousine décapotée du président passe sur Dealey Plaza vers 12 h 30, des coups de feu éclatent. Le président est d'abord blessé au cou, puis le gouverneur Connally, assis devant lui, est blessé à la poitrine, enfin une balle atteint le président à la tête, endommageant gravement la partie arrière supérieure de son crâne[80], et ressort probablement par la tempe droite[81]. Aussitôt transporté au Parkland Hospital, le président est déclaré mort à 13 h après de vains efforts de réanimation. Le monde est consterné en apprenant la nouvelle[82].
Lors de la mort de Kennedy, les trois grands réseaux de télévision américains ont suspendu leurs émissions pour rapporter toutes les nouvelles concernant le président du 22 au , ce qui fait de la couverture télévisée de cet événement la plus longue de l'histoire télévisée américaine (70 heures) jusqu'à celle des attentats du 11 septembre 2001 (72 heures)[83]. En France, les reportages filmés sur ses obsèques nationales consacreront la domination de la télévision sur les autres médias et la fin des actualités filmées au cinéma[84].
Selon les enquêtes officielles, Lee Harvey Oswald a assassiné seul le président, mais la seconde enquête mandatée par la Chambre des représentants — l'enquête du HSCA — estime en 1979 qu'il y a eu au moins deux tireurs, donc conspiration.
Sa femme Jacqueline, lors du transport du cercueil à bord de l'avion Air Force One, lui organise des obsèques nationales impressionnantes sur le modèle de celles d'Abraham Lincoln[85]. John Fitzgerald Kennedy repose au cimetière national d'Arlington, près de Washington.
Le président américain Donald Trump a autorisé le la déclassification de 2 891 documents sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, dont le maintien sous scellés pendant plus de 50 ans a alimenté de nombreuses théories du complot. Y figurent notamment les noms de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et plus étonnamment de l'actrice Catherine Deneuve qui auraient tous les trois versé de l'argent à Larry Cox, activiste qui a refusé à trois reprises d'intégrer l'armée américaine et de partir au Viêt Nam[86].
Le 15 décembre 2022, le président Joe Biden autorise la déclassification de milliers d’autres documents. Toutefois, pour des raisons de sécurité nationale, certains documents resteront privés[87].
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