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général américain, président des États-Unis de 1953 à 1961 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Dwight David Eisenhower [dwaɪt ˈdeɪvɪd ˈaɪzənhaʊɚ][1], surnommé Ike [aɪk][1], né le à Denison (Texas) et mort le à Washington, D.C., est un militaire et homme d'État américain. Membre du Parti républicain, il est le 34e président des États-Unis, du au .
Dwight D. Eisenhower | ||
Portrait officiel du président Eisenhower (1959). | ||
Fonctions | ||
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34e président des États-Unis | ||
– (8 ans) |
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Élection | 4 novembre 1952 | |
Réélection | 6 novembre 1956 | |
Vice-président | Richard Nixon | |
Gouvernement | Administration Eisenhower | |
Prédécesseur | Harry S. Truman | |
Successeur | John Fitzgerald Kennedy | |
Commandant suprême des forces alliées en Europe | ||
– (1 an, 1 mois et 28 jours) |
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Prédécesseur | Création de la fonction | |
Successeur | Matthew Ridgway | |
Chef d'état-major de l'armée de terre des États-Unis | ||
– (2 ans, 2 mois et 18 jours) |
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Président | Harry S. Truman | |
Prédécesseur | George Marshall | |
Successeur | Omar Bradley | |
1er Gouverneur de la Zone d'occupation américaine en Allemagne | ||
– (6 mois et 2 jours) |
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Président | Harry S. Truman | |
Prédécesseur | Poste créé | |
Successeur | George Patton (intérim) | |
13e Président de l'université Columbia | ||
– (4 ans, 7 mois et 12 jours) |
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Prédécesseur | Frank D. Fackenthal | |
Successeur | Grayson L. Kirk | |
Biographie | ||
Nom de naissance | David Dwight Eisenhower | |
Surnom | Ike | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Denison (Texas, États-Unis) | |
Date de décès | (à 78 ans) | |
Lieu de décès | Walter Reed Army Medical Center, Washington (États-Unis) | |
Nature du décès | Insuffisance cardiaque | |
Sépulture | Eisenhower Presidential Center, Abilene (Kansas, États-Unis) | |
Nationalité | Américaine | |
Parti politique | Parti républicain (1952-1969) | |
Conjoint | ||
Diplômé de | Académie militaire de West Point (1915) | |
Profession | Militaire | |
Religion | Presbytérianisme | |
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Commandants suprêmes des forces alliées en Europe Présidents des États-Unis |
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Durant la Seconde Guerre mondiale, il commande le débarquement de en Afrique du Nord, puis, en tant que commandant en chef du Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force, il planifie le débarquement de Normandie de juin 1944. Il est nommé General of the Army en . Il est chef d'état-major de l'armée de terre des États-Unis de 1945 à 1948 et commandant suprême des forces alliées en Europe de 1951 à 1952.
Élu président des États-Unis lors de la présidentielle de novembre 1952 en battant Adlai Stevenson par 15,40 points d'écart, un des plus gros écarts depuis 1900 pour une présidentielle américaine, il supervise le cessez-le-feu en Corée, lance la course à l'espace, développe le réseau des autoroutes inter-États et fait du développement de l'armement nucléaire l'une de ses priorités dans le cadre de la guerre froide avec l'URSS. Il est largement réélu en 1956 face au démocrate Adlai Stevenson, qu'il avait déjà affronté quatre ans plus tôt.
Son vice-président pendant huit ans, Richard Nixon, est battu de justesse à l'élection présidentielle de 1960 par John Fitzgerald Kennedy. Par la suite, Dwight D. Eisenhower se tient en retrait de la vie politique active.
Troisième des sept enfants d'Ida Elizabeth Eisenhower (née Stover) et de David Jacob Eisenhower, Dwight David Eisenhower est né le à Denison[2] (Texas) au sein d'une famille modeste, de tradition mennonite d'origine allemande dont le nom est Eisenhauer[3],[4]. C'est en 1741 que Hans Nicolas Eisenhauer avait émigré de la Sarre pour s'installer en Amérique, à Lancaster dans la colonie britannique de Pennsylvanie[4].
Il est baptisé David Dwight mais appelé couramment Dwight. L'ordre des deux prénoms est définitivement inversé lors de son incorporation à l'académie militaire de West Point[5].
La famille Eisenhower s'installe à Abilene au Kansas en 1892. C’est lors de sa scolarité à Abilène que le jeune Dwight Eisenhower aurait reçu le surnom de « Ike » par son meilleur ami d'enfance[6]. Il est marqué par son éducation et sa foi protestante. Alors que son père était mennonite[7], sa mère fut une adepte des Témoins de Jéhovah à partir de 1895, et la résidence des Eisenhower servit de lieu de réunion pendant plusieurs années[8],[9].
À 19 ans, en 1909, il obtient son diplôme de fin d’études secondaires du lycée d'Abilène et commence à travailler dans une laiterie, car ses parents n’ont pas les ressources financières nécessaires pour l’envoyer à l’université.
Il tente l'examen d'entrée de l'académie navale, mais n'est pas admissible en raison de son âge.
Il entre finalement à l'université de Kansas City pour préparer une carrière militaire et réussit brillamment ses examens, qui lui permettent d'entrer d'office à l'Académie militaire de West Point.
En 1911, Dwight Eisenhower, est admis à l’Académie militaire de West Point.
Il en sort, quatre ans plus tard, 61e sur 164 avec le grade de lieutenant, dans la moyenne de sa promotion et est affecté, à sa sortie d'école, au Fort Sam Houston de San Antonio au Texas (sa promotion sera qualifiée plus tard par les historiens de « la promotion sur laquelle les étoiles tombèrent », en anglais The class the stars fell on » par les nombreux généraux qu'elle donna).
C'est là qu'il rencontre Mamie Geneva Doud (1896-1979), qu'il épouse le , et avec qui il a deux fils, Doud Dwight Eisenhower (1917-1921), décédé des suites de la scarlatine et John Sheldon David Doud Eisenhower (1922-2013).
En 1917, il est promu capitaine et sert comme instructeur dans plusieurs camps d'entraînement, alors que le pays est engagé dans la Première Guerre mondiale. Malgré ses demandes, il n'obtient pas d'affectation en Europe et, en 1918, prend le commandement du Tank Training Center à Camp Colt en Pennsylvanie.
Au Camp Meade (en), près de Washington, en 1920, promu au grade de major, il rejoint l’Infantry Tank School, où il retrouve un officier du corps blindé, le colonel Georges S. Patton, par ailleurs grand joueur de bridge.
Ensemble ils publient, comme de Gaulle, des articles préconisant l’utilisation des chars, afin d’éviter une nouvelle guerre de tranchées. Ses idées novatrices ne sont pas appréciées par ses supérieurs, et il est même menacé de passer en cour martiale.
Il est ensuite affecté dans la Zone du canal de Panama, sous les ordres du général Fox Conner, qui reconnaît sa valeur et en 1925 l’inscrit à l’école de formation aux fonctions de commandement et d’état-major de Fort Leavenworth, d’où il sort premier de sa promotion, ce qui lui vaut des affectations importantes, notamment auprès du général John Pershing et du général Douglas MacArthur.
En 1927, il est membre de la Commission américaine des monuments de guerre, et en 1928, sort diplômé de l'école de guerre américaine (War College).
En 1929, il est détaché à Paris, avant de rejoindre le département de la Guerre (équivalent du ministère de la Guerre).
En 1933, chef d'état-major du général Douglas MacArthur, il accompagne ce dernier à Manille, alors qu’il est conseiller militaire auprès du gouvernement philippin. Il est promu lieutenant-colonel en 1936.
Fin 1939, c'est sur sa demande, alors que la guerre a été déclenchée en Europe, que Dwight Eisenhower revient aux États-Unis et est affecté à Fort Lewis, dans l'État de Washington.
Promu au grade de colonel, il devient chef d'état-major de la 3e armée en , affecté à Fort Houston au Texas. Chargé de l’entraînement des troupes, il se distingue particulièrement par sa stratégie, pendant les manœuvres qui ont lieu en en Louisiane, et auxquelles participent plus de 400 000 hommes.
À l'issue de celles-ci, il est promu au grade de général de brigade. Il retourne à Washington quelques jours après l’attaque de Pearl Harbor pour être affecté au département de la Guerre, sous les ordres du général Marshall.
Il en devient l'assistant en , et prend la tête de la division « Opérations » de l’état-major sous les ordres du général Patton.
Promu général deux étoiles, il est nommé en commandant en chef des forces américaines en Europe. Il supervise alors l'ensemble des opérations militaires, tant en Europe qu'en Afrique du Nord. Il commande le débarquement de en Afrique du Nord, l’opération Torch, où, confronté aux divergences entre Britanniques et Américains, il fait preuve de tout son talent de conciliateur et de négociateur, pour rapprocher les vues plutôt que de les opposer. Cette opération est aussi, en dépit du manque de moyens matériels, un précieux enseignement pour les débarquements qui suivent. En , il est promu général 4 étoiles, alors qu'il prépare la campagne de Tunisie contre les forces de l'Afrikakorps.
En 1943, Dwight Eisenhower est chargé de l’invasion de la Sicile (opération Husky et opération Ladbroke) et de l’Italie. Il est contraint, en outre, d'intervenir dans le règlement de la querelle qui oppose les généraux Henri Giraud et Charles de Gaulle, à propos de l'exercice du commandement français en Afrique du Nord.
Sa préférence va à Giraud qui, le dans l'enceinte du palais d'été d'Alger, l'a publiquement décoré des insignes de grand-croix de la Légion d'honneur, au grand dam de De Gaulle, qui se plaignit de ne pas avoir été consulté[10]. La relation humaine tissée entre Eisenhower et de Gaulle permettra un rapprochement des deux généraux[11].
Lors de la conférence interalliée de Téhéran de , il a été décidé qu’un second front allié serait ouvert à l’Ouest. L'entente entre Staline et Roosevelt, laissant Churchill opposé à l'ouverture d'un front ouest européen, le choix d'un chef américain est fait. Le président Roosevelt ne pouvant se passer de son conseiller militaire, le général George Marshall, c’est Eisenhower qui est choisi pour l'opération Overlord.
Il quitte alors le théâtre des opérations méditerranéennes pour Londres.
À la tête du SHAEF (Supreme Headquarter Allied Expeditionary Force), Eisenhower planifie le débarquement de Normandie organisés à partir de juin 1944 et l'installation de la tête de pont en France, l’opération Overlord, et commande la plus importante force d’invasion de tous les temps.
Eisenhower est souvent remis en cause par les Britanniques, notamment par Alan Brooke et Montgomery qui doutent de ses talents stratégiques[12]. Mais il est soutenu par Marshall, et par son calme et sa finesse psychologique répond parfaitement aux caractères forts que sont Montgomery, Patton et le général de Gaulle.
Face à l’opiniâtreté du général français qui défend la souveraineté politique de la France, Eisenhower renonce à la mise en place de l’AMGOT et autorise même la 2e DB du général Leclerc à entrer en premier dans Paris en . Neuf mois plus tard, les troupes alliées avec De Lattre de Tassigny, le général Leclerc et Eisenhower atteignent le but fixé : obtenir la capitulation sans condition de l’Allemagne.
Le , il est promu général cinq étoiles (General of the Army, le second grade le plus élevé dans l'Armée de terre des États-Unis).
En , il est fait compagnon de la Libération par le général de Gaulle.
Concernant les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, sur le théâtre Asie-Pacifique, Eisenhower dira : « les Japonais avaient été prêts à se rendre et il n'aurait pas été nécessaire de les frapper avec ce truc horrible » (Newsweek, 11 novembre 1963)[13],[14].
Au lendemain de la guerre, Eisenhower succède à Marshall comme chef d’état-major de l’US Army, poste qu’il quitte en 1948 pour devenir président de l’université Columbia[15]. Il garde toutefois le contact avec l’état-major, où il intervient en tant que conseiller.
En 1950, le président Truman le nomme commandant suprême de l’OTAN. Le , il inaugure sur la colline d'Hennemont, à Saint-Germain-en-Laye, le village du SHAPE et l'école internationale de l'OTAN : « un village, une chapelle, une école »[16]. Cette école deviendra le lycée international de Saint-Germain-en-Laye.
En 1964, Dwight David Eisenhower laisse des documents concernant la Seconde Guerre mondiale dans une fosse au cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Elle ne sera ouverte, selon ses souhaits, qu'au matin du , date du 100e anniversaire du débarquement en Normandie[17].
En 1948, le président Harry S. Truman propose à Dwight David Eisenhower d’être son colistier au titre de candidat à la vice-présidence pour l'élection présidentielle à venir, mais celui-ci refuse.
Alors qu'il vient d'être nommé commandant en chef de l'OTAN (1950) et qu'il installe son quartier général à Paris, des émissaires du Parti républicain viennent le solliciter pour être leur candidat à l'élection présidentielle de 1952. Il se laisse convaincre et entame une campagne électorale qui le conduit à travers quarante-cinq États.
Ses discours cherchent à rassurer les Américains, et sa stratégie consiste à ne jamais mentionner le nom de son adversaire, Adlai Stevenson, mais à attaquer le bilan de son prédécesseur Harry Truman.
Sa plate-forme tourne autour de trois thèmes : mettre fin à la corruption qui règne à Washington, en terminer avec la guerre de Corée, et faire face à la subversion communiste, alors que le pays est en plein maccarthysme.
Sa campagne innovante est la première qui utilise les spots télévisés, dont on estime les coûts entre un et deux millions de dollars[18]. Le plus célèbre est le court-animé I Like Ike, créé par les Studios Disney et produit en 1952 par Roy Disney, dont ce fut la seule participation à une campagne politique[19],[20]. La chanson-jingle du clip a été écrite par Gil George et Paul J. Smith[21], inspirés par "They Like Ike", qui figurait dans la comédie musicale de 1950 écrite par Irving Berlin Call Me Madam[22].
La campagne électorale ne se passe toutefois pas sans heurts. Le candidat républicain à la vice-présidence est Richard Nixon. Celui-ci est accusé de détournement de fonds à son profit personnel, ce qu'il nie. De son côté, Eisenhower reçoit le soutien du sénateur Joseph McCarthy, qui affirme que de nombreux postes gouvernementaux sont infiltrés par les communistes.
En , Eisenhower est élu avec 55 % des suffrages, contre son rival démocrate Adlai Stevenson.
Le mandat du président Eisenhower débute le .
Réélu en 1956 contre le même Adlai Stevenson, ses deux mandats sont marqués par la fin de la guerre de Corée, le début de contacts directs avec les dirigeants de l'URSS, concrétisé notamment par la visite de Khrouchtchev aux États-Unis en 1959, mais aussi par la poursuite d'une politique d'endiguement du communisme, la condamnation de l'expédition anglo-franco-israélienne en Égypte, l'arrivée de Fidel Castro à Cuba, la création de la NASA, la lutte contre la ségrégation raciale dans l'armée et à l'école ou encore la réduction de l'inflation.
Il fut secondé durant ses mandats par des personnalités comme John Foster Dulles, son secrétaire d'État (équivalent de ministre des Affaires étrangères), et George Humphrey, son secrétaire au Trésor.
Sur le plan extérieur, Dwight David Eisenhower mène une politique de fermeté, afin de faire reculer la zone d’influence soviétique. Eisenhower lance un programme de « dissuasion nucléaire » visant à augmenter l'arsenal des États-Unis. Dans le même temps, il lance le 8 décembre 1953 le programme Atoms for Peace visant à développer, nationalement et internationalement, les usages pacifiques de l'énergie atomique. Atoms for Peace mène aussi à la création de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Cette priorité donnée au nucléaire accompagne une nouvelle stratégie militaire basée sur la supériorité aérienne et atomique au détriment du terrestre, Eisenhower lance un plan pour une armée « new-look » : les effectifs terrestres fondent de 500 000 et ceux de la marine de 100 000 éléments, l'air au contraire recrute 30 000 hommes. Le budget de la Défense passe de 35 à 31 milliards de dollars[23].
La mort de Staline le modifie les relations Est-Ouest et l’heure est à la détente.
Eisenhower et le gouvernement soviétique mettent fin à la guerre de Corée et le président américain, par manque de vision, refuse de s’engager militairement au côté de la France en Indochine.
La conséquence en est l’indépendance du Cambodge, du Laos et la séparation du Viêt Nam en deux parties qui entraîne, pour les États-Unis, une guerre longue et difficile. L’heure est plutôt aux actions clandestines orchestrées par la CIA, telles que le renversement du gouvernement du Premier ministre d’Iran Mohammad Mossadegh en (opération Ajax) et la prise du pouvoir par le Shah Mohammed Reza Pahlavi, celui du gouvernement de Jacobo Árbenz Guzmán au Guatemala en (opération PBSUCCESS) et la tentative échouée en Indonésie en .
En 1954, Eisenhower crée également un fonds d'urgence pour les affaires internationales afin de soutenir l'utilisation de la diplomatie culturelle par les États-Unis en Europe pendant la guerre froide[24]. En 1956, l’intervention soviétique à Budapest et la crise de Suez rappellent que la guerre froide est loin d’être terminée.
En 1957, le lancement par l’URSS du satellite Spoutnik surprend le monde occidental. Eisenhower accélère alors le développement des missiles intercontinentaux, définit la doctrine Eisenhower et engage le pays dans un programme spatial très ambitieux.
L'année 1960 marque la rupture du dialogue avec Nikita Khrouchtchev en raison de l’affaire d'un avion espion U-2 abattu sur le territoire soviétique ainsi que par la radicalisation de la révolution cubaine que le président essaye, sans succès, de juguler. Après avoir d'abord vu sans hostilité particulière la prise du pouvoir par Fidel Castro en , il donne le son accord écrit à l'ouverture de camps d'entraînements anticastristes dont l'aboutissement est, en , quelques mois après son départ de la Maison-Blanche, le débarquement de la baie des Cochons. Il impose les premières mesures de rétorsion économique contre Cuba à partir de juin 1960 qui sont rendues inefficaces par l'aide apportée par Khrouchtchev à Fidel Castro. La CIA organise et arme des groupes rebelles à l’intérieur de l'ile, tandis que de petits avions venus de Floride bombardent des villages, des industries et des champs[25].
Bien qu'anticolonialiste dans l'affaire du Katanga par crainte de l'expansion communiste en Afrique, il se range du côté de la Belgique. Il aurait demandé en termes ambigus en à Allen Dulles, directeur de la CIA, « la suppression » du chef d'État congolais Patrice Lumumba, soutenu par l'URSS[26]. Allen Dulles câble en ce sens. Cependant la disparition de John Foster Dulles en avril 1959 permet tout de même de maintenir une relation apaisée entre Moscou et Washington.
Par ailleurs, en 1957, par népotisme, il nomme son frère, le professeur Milton Stover Eisenhower (en) (1899-1985), conseiller et ambassadeur spécial sur les affaires latino-américaines.
Sur le plan intérieur les mandats du président Eisenhower se caractérisent par une relative prospérité et la relance de l’économie de consommation après les années de guerre. C’est à lui que l’on doit les quelque 65 000 km d’autoroutes reliant les États entre eux qui ont un impact certain sur le mode de vie des Américains. On lui doit aussi certaines avancées dans le domaine social avec l’extension de l’assurance-maladie, la retraite à 62 ans pour les femmes et l’accroissement des droits syndicaux.[réf. nécessaire]
Sur le plan économique, le mandat d'Eisenhower connaît 3 récessions, en 1953, en 1958, et en 1960-1961.
L’un des problèmes les plus irritants était causé par le Sénateur Joseph McCarthy et sa lutte contre les supposées infiltrations communistes au sein du gouvernement. Bien qu’il n’ait jamais pu obtenir la moindre inculpation, il était aux yeux de certains Américains un rempart auto-proclamé contre l’avancée communiste. Eisenhower ne chercha jamais à l'affronter directement, mais il réussit à obtenir une motion de censure à son encontre en 1954 en utilisant à son avantage un nouveau moyen d’expression : la télévision.
Julius et Ethel Rosenberg, accusés d’espionnage au profit de l’URSS et exécutés le , furent, indirectement, les victimes de la vigilance anticommuniste. Le nouveau président refusa de les gracier, malgré les doutes sérieux qui le tenaillaient sur leur culpabilité, et en dépit des pressions de l'ambassadeur à Paris[27].
Dans le domaine culturel, Dwight D. Eisenhower promulgue la loi créant le National Cultural Center à Washington.
Le , le président Franklin Delano Roosevelt promulgue l'Executive Order no 8802 qui interdit la discrimination ethnique ou raciale dans l'industrie de la défense américaine. Il vise également à mettre en place un comité pour l'accès égal à l'emploi. Il s'agit de la première action fédérale à promouvoir l'égalité des chances et à interdire la discrimination à l'embauche aux États-Unis[28]. Puis en 1948, le Président Harry S. Truman promulgue à son tour l'Executive order 9980 et l'Executive Order 9981 qui abolissent les discriminations fondées sur la race, la couleur, la religion ou l'origine nationale dans les Forces armées des États-Unis et dans les services publics fédéraux des États-Unis[29],[30].
La Cour suprême rend l'arrêt Brown v. Board of Education le . Cet arrêt voté à l’unanimité déclare la ségrégation raciale inconstitutionnelle dans les écoles publiques, la Cour suprême, sous la présidence du juge Earl Warren, a estimé que les installations « séparées mais égales » sont intrinsèquement inégales et violent les protections de la clause de protection égale du XIVe amendement. La Cour a estimé que la ségrégation de l'éducation publique fondée sur la race a instillé un sentiment d'infériorité qui avait un effet extrêmement préjudiciable sur l'éducation et la croissance personnelle des enfants afro-américains. Warren a basé une grande partie de son opinion sur des informations provenant d'études en sciences sociales plutôt que sur des précédents judiciaires. La décision a également utilisé un langage relativement accessible aux non-juristes, car Warren estimait qu'il était nécessaire que tous les Américains en comprennent la logique[31],[32],[33],[34],[35]. Reconnaissant les difficultés pratiques de l'abolition de la ségrégation, la Cour demande aux parties à l'affaire et aux autres parties concernées (le gouvernement fédéral et les 17 États qui pratiquent alors la ségrégation dans l'enseignement) de présenter pour la session de 1955 leurs conclusions sur les moyens d'y parvenir. Certes la jurisprudence Plessy v. Ferguson n'est pas explicitement rejetée : il n'est pas contesté que la ségrégation soit légale dès lors que les possibilités offertes aux deux races sont égales. Mais elle est vidée de sa substance, puisque, au moins dans le domaine de l'éducation pour ce premier arrêt, des systèmes séparés ne peuvent être égaux[36].
C'est dans ce contexte de déségrégation qu'il était nécessaire que le Congrès vote une loi pour clarifier la portée de la déségrégation au niveau fédéral, de réviser l'effectivité des garanties apportées par les Quatorzième et Quinzième amendements qui avaient été largement contournés par les Lois Jim Crow et les diverses dispositions législatives mises en place depuis l'arrêt Plessy v.Ferguson autorisant la ségrégation au nom du principe "séparé mais égal". Certes, des arrêts mettaient fin à la ségrégation scolaire et dans les transports publics et avaient vidé de toute portée l'arrêt Plessy v.Ferguson mais il demeuraient d'autres formes de ségrégation pour entraver les droits constitutionnels des Afro-Américains comme les réglementations d'inscription sur les listes électorales, de nombreux États exigeaient que les candidats passent un test de qualification des électeurs et les questions étaient conçues de telle manière à ce que les agents des services civils puissent éliminer la plupart des Afro-Américains qui tentaient de s'y inscrire.
Le le Procureur général Herbert Brownell de l'administration du président Dwight D. Eisenhower écrit une lettre au Vice-Président Richard Nixon et au président de la Chambre des représentants une lettre officielle dans laquelle il signale que le Président Eisenhower déplore le fait que des citoyens afro-américains soient privés de leur droit de vote et subissent des pressions économiques et qu'il est impensable que le droit de vote qui est un des droits les plus précieux puisse être dénié. Aussi Herbert Brownell demande qu'une commission bi-partisane étudie le problème, que cette commission composée de six membres puissent faire les investigations et auditions nécessaires pour évaluer les problèmes d'entrave des droits et fassent des propositions d'actions qui puissent mettre fin à ce problème[37].
Le , Herbert Brownell fait une déclaration auprès de la commission des droits constitutionnels du Sénat où il annonce qu'il va présenter un projet d'une nouvelle loi renforçant les droits civiques, qui instituera une commission d'enquête conformément à sa lettre du , une division des droits civiques au département de la Justice pour seconder le Procureur général et permettra au gouvernement fédéral d'intervenir dans des cas litigieux[38].
C'est dans cette dynamique que Herbert Brownell va élaborer un projet de loi qui comprend quatre parties et points principaux :
Ce projet de loi est adopté par la Chambre des représentants le par 286 voix contre 126.
Le principal obstacle demeurait le Sénat où le groupe des Démocrates dirigé par le sénateur Richard Brevard Russell de la Géorgie, bloquait toutes les lois en faveur de l'amélioration des droits civiques pour les Afro-Américains. Durant les débats, le sénateur de la Caroline du Sud Strom Thurmond va se faire connaitre par un discours d’obstruction systématique au projet qui va battre le record de durée d'un discours au Sénat, puisqu'il va durer plus de 24 heures[39]. Le sénateur de la Californie, William Knowland (en)[40] président du groupe des Républicains, et le sénateur de l’Illinois, Paul Douglas Démocrate libéral[41], vont défendre le projet de loi, ils vont obtenir un allié du parti Démocrate avec le sénateur du Texas Lyndon B. Johnson[42]. Ce dernier va utiliser ses capacités diplomatiques et son réseau d'influences pour faire adopter le projet de loi par le Sénat le par 60 voix contre 15.
Le président Dwight D. Eisenhower promulgue le Civil Rights Act le (Public Law 85-315). Cette loi établit une Commission des droits civiques, une division des droits civiques au département de la Justice et autorise le Procureur général des États-Unis à saisir un tribunal fédéral pour faire respecter et protéger le droit de vote des Afro-Américains, elle interdit les actions de toute personne ayant autorité, y compris des particuliers, visant à intimider, menacer, contraindre les Afro-Américains pour qu'ils ne s'inscrivent pas sur les listes électorales ou de les empêcher de voter comme ils l'entendent. Si les trois premiers points du projet d'Herbert Brownhell sont avalisés, en revanche le quatrième point est limité dans sa portée, la loi limite le pouvoir des tribunaux d'appliquer la partie IV de la loi par un outrage civil ou un outrage criminel imposant une amende de 1 000 $ au plus et / ou une peine d'emprisonnement de six mois au plus, faisant ainsi disparaître l'atteinte au droit à la protection garantie par le Quatorzième amendement.
Bien qu’incomplète soit-elle, cette loi est un premier pas pour la prohibition de la ségrégation, elle permet de faire un inventaire de l'ensemble des dispositifs réglementaires ou de contraintes physiques par des personnes ou des groupes visant à entraver les droits civiques des Afro-Américains et surtout autorise l'État fédéral à mener des actions par voie de justice et donc par la force si nécessaire pour faire observer la déségrégation. Elle sera complétée par le Civil Rights Act du et le Voting Rights Act du qui mettront fin à toutes les lois et réglementations ségrégatives sur l'ensemble des États-Unis[43],[44],[45],[46],[47].
La présidence d’Eisenhower marque un certain accroissement du pouvoir fédéral qui, par exemple, assoit son autorité sur les eaux territoriales. La création d’un ministère de l’Éducation, de la Santé et des Services sociaux permet de financer des projets fédéraux mais n’enlève que peu d’autorité aux États comme on peut le voir dans les difficultés du gouvernement à imposer la déségrégation dans les écoles.
Après l'arrêt Brown v. Board of Education, certains États du Sud vont se rebeller et faire des manœuvres dilatoires pour en empêcher l'effectivité, parmi ces États figure l'Arkansas[48]. Une crise commence le , avec le refus de la Little Rock Central High School d'accepter neuf étudiants afro-américains : Minnijean Brown-Trickey, Elizabeth Eckford, Gloria Ray Karlmark, Melba Pattillo Beals, Thelma Mothershed-Wair, Ernest Gideon Green (en), Jefferson Thomas, Terrence Roberts (en) et Carlotta Walls LaNier (en)[49]. Afin que ces étudiants ne puissent accéder à l'établissement d'enseignement secondaire, le gouverneur Orval Faubus, mobilise la Garde nationale de l'Arkansas. Cette crise, qui va durer trois semaines, entre dans l'histoire sous le nom des Little Rock Nine / les Neuf de Little Rock[50],[51]. Le , le juge fédéral ordonne l'ouverture de la Central High School aux Neuf, en vain, la Garde nationale et une foule hostile empêchent de nouveau l'entrée des adolescents[52]. Le , Martin Luther King alors président de la Montgomery Improvement Association (en), écrit au président Dwight D.Eisenhower pour qu'il puisse trouver une solution rapide au conflit[53], il est suivi par Woodrow Wilson Mann (en), le maire de Little Rock, favorable à la déségrégation qui lui aussi alerte la Maison-Blanche. Face à cette crise, le président Eisenhower négocie avec le gouverneur Orval Faubus et Woodrow Mann pour trouver une solution à l’amiable[54], mais les pourparlers aboutissent à une impasse. Le , Woodrow Mann envoie un télégramme au président Dwight Eisenhower pour qu'il fasse intervenir des troupes fédérales afin de faire appliquer la loi et d'user du recours à la force comme le prévoit le récent Civil Rights Act de [55],[56], télégramme dans laquelle il dénonce les agitateurs menés par un stipendié d'Orval Faubus, Jimmy Karam[57]
Le , le conflit connait un premier dénouement lorsque le président Dwight Eisenhower dessaisit le Gouverneur Faubus de toute autorité sur la Garde nationale. Il renvoie celle-ci à ses cantonnements et envoie la 101e division aéroportée pour escorter et protéger les Neuf dans l'enceinte de la Little Rock Central High School, dénouant ainsi le conflit. Cette décision majeure du président Eisenhower montre la volonté du pouvoir fédéral à en finir avec la ségrégation.
Discours de fin de mandat et dénonciation du complexe militaro-industriel
Dans son fameux discours de fin de mandat le 17 janvier 1961, quelques jours avant le terme de son deuxième et dernier mandat, le président sortant, âgé de soixante-dix ans, met notamment en garde son pays contre la montée en puissance d'un « complexe militaro-industriel », expression que le discours contribue à populariser[58].
Ne pouvant solliciter un troisième mandat, Dwight D. Eisenhower quitte la Maison-Blanche le . Il se retire dans sa ferme de Gettysburg, en Pennsylvanie (devenu depuis le Eisenhower National Historic Site), où il se consacre à la rédaction de ses Mémoires.
Il n'abandonne pas complètement la politique. Son successeur, le démocrate John Fitzgerald Kennedy, reste en contact avec lui pendant la crise des missiles. Par la voie téléphonique, il soutient l'acceptation de la concession réclamée par Khrouchtchev : le retrait des missiles nucléaires de Cuba en échange de la promesse de ne pas envahir l'île[59]. En , son ancien vice-président, Richard Nixon, est élu à la présidence après avoir échoué huit ans plus tôt à lui succéder, battu de justesse par Kennedy ; alors qu'il avait pris ses distances avec lui durant la campagne de 1960, Eisenhower en appelle à une nouvelle candidature de son ancien vice-président dès 1966 face à la fronde morale de la jeunesse envers les « valeurs » des États-Unis[60]. Il assiste deux mois plus tard au mariage entre son petit-fils David et Julie Nixon, fille du nouveau président élu.
Dwight D. Eisenhower passe la majeure partie de la dernière année de sa vie au Walter Reed Army Hospital de Washington, D.C. pour traiter ses problèmes cardiaques. Il y meurt le .
Il reçoit des funérailles militaires et des funérailles d'État à Washington, en présence de dignitaires de 78 pays et de milliers d’anonymes, puis est enterré au Centre Eisenhower aux côtés de son fils Doud Dwight.
Chronologie établie d'après celles du Eisenhower Presidential Center et celle de l'Eisenhower Encyclopedia[61],[62].
Les archives de Dwight David Eisenhower sont déposées et consultables d'une part auprès de la bibliothèque de l'Université Johns-Hopkins[64], la maison d'édition Johns Hopkins University Press les ont édité en six volumes et d'autre part aux National Archives and Records Administration des États-Unis au sein de la bibliothèque présidentielle Dwight D. Eisenhower connu également sous le nom de Eisenhower Presidential Center située à Abilene dans le Kansas[65],[66].
D'autres archives sont déposées et consultables à la Bibliothèque du Congrès[67].
Ses discours politiques et divers messages pendant qu'il était président des États-Unis sont consultables sur le site de la bibliothèque de l'université du Michigan consacré aux discours présidentiels[68].
Dwight D. Eisenhower épouse le Mamie Doud[69]. Le couple donne naissance à deux fils : Doud Dwight (1917-1921), surnommé « Icky »[70], qui décède des suites de la scarlatine à l'âge de 3 ans et John (en)[71],[72] (né en 1922 - mort le [73]), officier durant la Seconde Guerre mondiale (il a participé au débarquement de Normandie sous les ordres de son père), puis pendant la guerre de Corée. Devenu ensuite historien militaire et diplomate, il occupa des postes d’ambassadeur, notamment en Belgique[74],[75].
Dwight D. Eisenhower était joueur de golf[76]. Il est entré au Augusta National Golf Club en 1948. Pendant sa présidence, il a fait installer un coin de golf à Camp David. Le président du club d'Augusta, Clifford Roberts, est devenu son conseiller personnel en gestion de fortune et en fiscalité des revenus[77],[78],[79],[80].
La peinture l'a occupé à partir de son séjour à l'Université de Columbia. En 20 ans, il a réalisé 260 peintures à l'huile, principalement des paysages, mais aussi des portraits tels que ceux de Mamie Doud, de ses petits-enfants, de George Washington ou d'Abraham Lincoln[81],[82],[83].
Doté d'une excellente mémoire, il était très bon dans les jeux de cartes. À West Point, il battait systématiquement ses camarades au poker[84], mais il a cessé de jouer après son diplôme à cause des conflits avec les camarades qui avaient des dettes vis-à-vis de lui[85].
Il a appris le bridge à West Point, où il lui est arrivé de jouer presque toutes les nuits pendant 4 mois. Il a continué à jouer au bridge toute sa vie. Aux Philippines, il jouait souvent au bridge avec le président Manuel Quezón[86]. Pendant la 2e guerre mondiale, il privilégiait le recrutement de bridgeurs dans son état-major. Son partenaire favori a été le général Alfred Gruenther, réputé être le meilleur bridgeur de l'armée, dont il avait fait son adjoint au commandement de l'OTAN[87]. Pendant sa présidence, le samedi soir était consacré au bridge. Le champion de bridge Oswald Jacoby[88],[89], qui était régulièrement invité à la Maison Blanche, disait qu'il était un excellent joueur, meilleur au bridge qu'au golf[90]. Au bridge, Eisenhower était un partenaire sérieux et très exigeant, ce qui explique que Mamie et leur fils John, pourtant bridgeurs, ne voulaient pas jouer avec lui[91].
Entre 1942 et 1945, Dwight D. Eisenhower avait comme secrétaire personnelle et comme chauffeur la capitaine britannique Kay Summersby[92], avec laquelle on lui a prêté une possible liaison amoureuse, sans que cela ait pu être pendant longtemps établi. Mais Kay Summersby, alors qu'elle est atteinte d'un cancer, écrit Past Forgetting: My Love Affair With Dwight D. Eisenhower, qui est publié à titre posthume en 1976 et dans lequel elle reconnaît qu'il y avait eu entre eux une relation amoureuse, sans en donner la nature exacte[93],[94],[95].
Plus généralement, 55 voies publiques en France portent le nom du général Eisenhower[99].
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