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réalisateur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean Eustache est un réalisateur français, né le à Pessac et mort le à Paris.
Naissance | |
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Décès |
(à 42 ans) 17e arrondissement de Paris |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Jean André Eustache |
Nationalité | |
Activités |
Films notables |
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Proche de la rédaction des Cahiers du cinéma et des réalisateurs de la Nouvelle Vague, il passe à la réalisation en 1963 avec Les Mauvaises Fréquentations puis tourne, en 1965 à Narbonne, Le père Noël a les yeux bleus.
En 1972, il réalise La Maman et la Putain qui obtient le grand prix au festival de Cannes 1973. Après ce succès, Eustache met en scène son enfance à Narbonne dans Mes petites amoureuses, film sorti en 1974 dont le succès est moindre. Par la suite, il ne parvient pas à tourner un nouveau long métrage.
Jean Eustache naît à Pessac en 1938, son père, ouvrier communiste, est maçon[1],[2]. Après le divorce de ses parents, il est d'abord élevé par sa grand-mère maternelle Odette Robert avant de rejoindre sa mère à Narbonne en 1951-1952 où il passe un CAP d'électricien[2],[3]. Il arrive à Paris en 1957 et travaille à la SNCF comme ouvrier spécialisé. Cinéphile, il fréquente la Cinémathèque française le week-end[2]. Refusant de partir en Algérie, il fait une tentative de suicide en s'ouvrant les veines et passe un an en hôpital psychiatrique[2].
Il épouse Jeanne Delos avec qui il a deux fils, Patrick et Boris[2].
À la Cinémathèque française, et par l'intermédiaire de sa femme qui travaille comme secrétaire aux Cahiers du cinéma, il rencontre les principaux protagonistes de la Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard, Éric Rohmer, Jean Douchet, Jean-Pierre Léaud et Paul Vecchiali[2]. En 1962, il assiste au tournage de La Boulangère de Monceau d'Éric Rohmer et du Mannequin de Belleville de Jean Douchet[4],[5].
Grâce à Paul Vecchiali, il peut réaliser La Soirée, son premier court métrage, en 1962. À l'hiver 1963, il tourne un moyen métrage, Du côté de Robinson, plus connu sous le nom Les Mauvaises Fréquentations[2]. Le film raconte l'histoire de deux copains, d'origine modeste, qui s'ennuient dans les rues de Paris. Ils abordent une fille dans la rue et l'emmènent au dancing. La fille finit par danser avec un autre garçon. Pour se venger, ils lui volent son portefeuille.
À l'hiver 1965-1966, il réalise à Narbonne un second moyen métrage, Le père Noël a les yeux bleus, avec des chutes de pellicule du film Masculin féminin de Jean-Luc Godard[6],[2]. Le film raconte l'histoire d'un jeune homme, Daniel (Jean-Pierre Léaud), qui, pour se payer un duffel-coat, accepte la proposition d'un photographe de se déguiser en père Noël pour poser dans la rue avec les passants.
En 1966, il travaille comme monteur pour la série de trois émissions que Jacques Rivette réalise sur Jean Renoir, Jean Renoir, le patron dans le cadre de la série Cinéastes de notre temps produite par Janine Bazin et André S. Labarthe[7] puis pour l'émission consacrée à Murnau[8].
Jean Eustache se sépare de sa femme en 1967[2]. Il vit ensuite une histoire d'amour avec Françoise Lebrun[2] qui sera l'une des deux principales actrices de La Maman et la Putain. Il tourne alors la première version de La Rosière de Pessac, le documentaire Le Cochon avec Jean-Michel Barjol et Numéro Zéro, un film sur sa grand-mère, Odette Robert, qu'il filme en continu grâce à deux caméras fixes qui permettent d'avoir un film « en temps réel ». Après une projection privée devant un petit nombre de proches, dont Jean-Marie Straub, Eustache lui-même décide de ne pas diffuser Numéro Zéro. En 1980, il accepte de le diffuser en version courte (54 min) sous le titre Odette Robert à la télévision. Le cinéaste Pedro Costa, qui a entendu parler du film par Jean-Marie Straub, retrouve et restaure une version du film et permet ainsi la sortie en salle en 2003[9]. Lors de sa sortie en salles en 2003, il fait 3 500 entrées[10].
En 1972, Eustache écrit et tourne son film autobiographique La Maman et la Putain, d'une durée finale de 3 h 40. L'histoire, qui s'inspire de sa vie réelle immédiate et notamment de son histoire d'amour avec Catherine Garnier, raconte quelques jours de la vie d'un jeune homme oisif, Alexandre (Jean-Pierre Léaud), qui passe sa vie à discuter dans les cafés. Vivant chez sa maîtresse, Marie (Bernadette Lafont), il tente désespérément de persuader son ancienne petite amie, Gilberte (Isabelle Weingarten), de revenir avec lui et sort avec Veronika (Françoise Lebrun), une infirmière abordée dans la rue. En 1973 le film, sélectionné au festival de Cannes, obtient le grand prix spécial du jury[2] présidé par Ingrid Bergman, qui déteste le film, dans un climat houleux[11]. Il divise la critique, Jean-Louis Bory (Le Nouvel Observateur), par exemple, n'apprécie ni le film, ni le style de jeu de Léaud qui selon lui « joue faux et reste faux[12]. » Juste après Cannes, Catherine Garnier se suicide et Eustache passe quelque temps en maison de repos. Le film fait 340 000 entrées[13].
La Maman et la Putain est devenu un film culte. Ainsi, dans son histoire du cinéma français, Jean-Michel Frodon le considère comme un des plus beaux films du cinéma français[5].
Le succès relatif du film permet à Eustache de tourner Mes petites amoureuses dans de bonnes conditions[1],[2]. Le film raconte l'enfance et l'adolescence de Daniel dans un petit village proche de Bordeaux auprès de sa grand-mère, puis à Narbonne auprès de sa mère. Le film s'inspire de la jeunesse du cinéaste à Narbonne[14]. À l'inverse du précédent, le film comporte beaucoup moins de dialogues[15]. Il ne rencontre qu'un faible succès (120 000 entrées)[16].
Eustache joue dans L'Ami américain de Wim Wenders, puis dans La Tortue sur le dos de Luc Béraud.
Il tourne aussi Une sale histoire et la deuxième version de La Rosière de Pessac, intitulée La Rosière de Pessac 79.
En , en Grèce, il chute du haut d'une terrasse et se brise une jambe. Cloîtré chez lui de longs mois, il apprend qu’il boitera toute sa vie[17],[2]. En pleine dépression, il se suicide le [note 1], dans son appartement du 106 rue Nollet, à Paris, en se tirant une balle de pistolet dans le cœur[2]. Sur la porte de la chambre, il a punaisé une carte sur laquelle il a laissé ces mots lapidaires : « Frappez fort. Comme pour réveiller un mort[3]. »
Il avait plusieurs projets en cours dont Peine perdue[18], La rue s'allume avec Jean-François Ajion, la suite de La Maman et la Putain et Un moment d'absence avec Sylvie Durastanti[2],[19],[note 2].
Il est inhumé au cimetière parisien de Bagneux (division 94).
L'œuvre de Jean Eustache s'inspire largement de sa vie réelle (Les Mauvaises Fréquentations, Le père Noël a les yeux bleus, La Maman et la Putain, Mes petites amoureuses)[1]. Mes petites amoureuses raconte la fin de son enfance à Pessac et à Narbonne[20]. La Maman et la Putain s'inspire directement de sa vie au moment même où il tourne le film et plus particulièrement de sa rupture avec Françoise Lebrun, de sa vie avec Catherine Garnier et de son amour pour Marinka Matuszewski[3].
Jean Eustache écrit des textes précis et demande que les acteurs respectent le texte. Dans un entretien avec Sylvie Blum et Jérôme Prieur, il explique : « Cela n'est pas intéressant que l'acteur trouve lui-même une phrase plus juste (et modifie les dialogues du scénario) : le jeu de l'acteur consiste précisément à se trouver lui-même à l'intérieur d'une chose écrite[15]. »
Dans un entretien donné à la revue So Film en 2012, Jean-Pierre Léaud raconte que, sur le tournage de La Maman et la Putain, Jean Eustache était intraitable avec les acteurs et voulait absolument que le texte, particulièrement long et dense, soit connu au mot et à la virgule près. L'exigence était d'autant plus grande qu'il n'y avait qu'une seule prise par plan[21].
Dans Bernadette Lafont, une vie de cinéma (Atelier Baie, 2013), Bernadette Lafont évoque le rapport d'Eustache aux acteurs : « Alors que Léaud devait absolument être présent, je pensais qu'il n'était pas nécessaire de faire appel à des comédiennes professionnelles pour les deux rôles féminins. Eustache pouvait, en effet, diriger n'importe qui. Il était de ces metteurs en scène capables de faire jouer une chaise […]. J'ai longuement hésité et il s'en est fallu de peu que je ne fasse pas le film. Je disais à Jean : "Mais pourquoi tu me prends moi ?". "C'est comme ça, répliquait-il. C'est Léaud, toi et Françoise. Ou alors je change tout et je prends Marie-France, le travesti !" ».
Le cinéma de sa ville natale, Pessac, porte son nom.
Jean Eustache a profondément marqué ses amis et plusieurs lui ont rendu hommage depuis sa mort en :
L'œuvre de Jean Eustache était difficile d'accès en DVD. Pour des raisons liées aux droits d'auteurs, il y a eu peu d'éditions de la plupart de ses films[note 5]. Depuis 2022, Les Films du losange ont entrepris de restaurer et rééditer l'œuvre du réalisateur, à commencer par La Maman et la Putain, présenté au festival de Cannes 2022.
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