Istrie
péninsule sur la mer Adriatique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L’Istrie (en istriote et italien Istria, en croate et en slovène Istra, anciennement Histria en latin) est une péninsule de l'Adriatique de forme triangulaire pointée vers le sud, reliée au continent par le nord-est. Sa superficie est de 2 820 km2. Son littoral commence au nord-ouest avec le golfe de Trieste, suit un tracé rectiligne nord-ouest - sud-est long de 242,5 km jusqu'au cap Kamenjak où il s'infléchit et suit une ligne sud-ouest - nord-est longue de 212,4 km jusqu'à la baie de Kvarner. Son territoire est partagé entre la Croatie (principalement), la Slovénie (une partie du Nord) et l'Italie (au sud de Trieste).
Istrie | |
Carte de l'Istrie. | |
Localisation | |
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Pays | Croatie Italie Slovénie |
Coordonnées | 45° 16′ 00″ nord, 13° 54′ 00″ est |
Mer | Adriatique |
Géographie | |
Superficie | 2 820 km2 |
Altitude | 1 396 m |
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D’après sa situation géographique, l’Istrie est une région intermédiaire entre le massif alpin de l’Europe centrale et les Alpes dinariques ; de ce fait, il constitue le lien le plus direct entre la plaine de Pannonie et les régions méditerranéennes. La limite continentale se prolonge du golfe de Trieste, au nord-ouest, jusqu’à Preluka dans le golfe de Rijeka (Fiume en italien), au sud-est.
La péninsule est composée de trois régions distinctes :
La partie calcaire du littoral est un plateau, qui décline graduellement vers l’ouest. Elle est recouverte d’une couche de terre rougeâtre qui a donné le nom d'« Istrie rouge » à cette région. Cette terre rougeâtre est cultivée, surtout dans la région de Puljstina qui est la plus étendue ; mais, bien que l'on soit à l’extrême sud de l’Istrie, les hivers y sont assez rigoureux à cause de la Bora. Outre les cultures méditerranéennes traditionnelles on y cultive des céréales.
Sur les côtes les hivers y sont moins rigoureux et les étés très chauds. On y trouve des vignobles, des champs cultivés, des oliviers et de belles forêts de chênes, de hêtres, de châtaigniers et de marronniers sur les versants de l’Učka.
Des trouvailles paléolithiques faites dans la grotte de Sandalja à proximité de Pula, attestent la présence de l’homme dans cette région il y a 1 million d’années environ. Dans cette grotte, l’époque supérieure (20000 – 10000 av. J-C) est bien représentée par un grand nombre de trouvailles, en particulier des bijoux travaillés dans les os ou des dents d’animaux. Des découvertes remontant au milieu du Paléolithique, contemporaines de l’homme de Néandertal, ont été faites uniquement à Crni Kal près de Koper/Capodistria.
Pendant l’époque néolithique (6000 – 2000 av. J.-C.), l’homme s’adonnait à l’agriculture, à l’apprivoisement des animaux et à la fabrication d’outils ainsi que le montrent les poteries en céramique découvertes près de Pula, Kavran et Medulin en Croatie, ou encore des poteries décorées de coquillages et divers objets usuels. Les fouilles ont permis de découvrir le type d’habitations de l’époque et le mode de vie, surtout basé en bord de mer, sur la pêche et la culture (archipel de Brioni).
Plus de 2 000 tombes ont été mises au jour, prouvant que l’Istrie a été une région ouverte jusqu’au début du règne de Rome (177 av. J.-C.).
Les premiers habitants, issus des tribus indo-européennes, s'installent : ce sont les Illyriens (Histres, Dalmates, Liburnes). Les Histres ont donné leur nom à la région.
L'Istrie connaît une modeste colonisation grecque (colonie d'Apsoris) avant d'être, en -178, conquise par les Romains qui en font la Xe région romaine. L'Aquilée romaine (-181), devenue Aquilée (Province d'Udine, Italie), dernière colonie latine, sert de base pour la colonisation romaine de l'Istrie.
L'Istrie est intégrée à la province de Vénétie-et-Istrie de la préfecture du prétoire d'Italie (337-584), puis à l'exarchat de Ravenne (585-751).
Après la disparition de l'Empire byzantin (Empire romain d'Orient), l'Istrie, comme l'Italie, tombe sous la domination des Ostrogoths en 493. L'Empire romain d'orient reconquiert l'Illyrie, l'Istrie et l'Italie en 539 (campagnes de Bélisaire)[1], mais cette dernière tombe sous le joug des Lombards en 568, puis est conquise par les Francs de Charlemagne en 788, puis intégrée dans la Francie orientale (843-962) au traité de Verdun (843). Durant cette période, le christianisme se propage dans les grandes villes de la région comme Poreč ou Pula.
À partir du VIIe siècle, les Carantanes, des Slaves ancêtres des Slovènes, les Horvates, Slaves ancêtres des Croates et les Istriens, Romans orientaux venus des Balkans, s'installent aussi en Istrie.
Au Xe siècle, la région est à plusieurs reprises pillée par les Magyars.
En 1060, la péninsule est divisée : la partie sud-ouest, à majorité italienne, est byzantine, tandis que la moitié nord-est, à majorité slovène et croate, est élevée au rang de margraviat autonome de l'Empire germanique (c'est le seul endroit où les deux empires sont en contact) : marche d'Istrie (1040-1918). Au XVe siècle, la plupart des côtes et la moitié sud-est de l'Istrie font partie des possessions de la république de Venise (de 1420 à 1797) tandis que la moitié nord-ouest et l'intérieur des terres appartiennent aux Habsbourg.
De 1798 à 1814 l'Istrie est successivement rattachée à l'empire des Habsbourg, au royaume napoléonien d'Italie (avec la Dalmatie) puis aux Provinces illyriennes de l'Empire français napoléonien. Le maréchal Jean-Baptiste Bessières est fait duc d'Istrie par Napoléon Ier. En 1814, le congrès de Vienne l'attribue à l'empire d'Autriche.
En 1866, l'Italie s'allie à la Prusse en guerre contre l'Autriche. L'Italie subit une cruelle défaite navale près de l'île de Lissa (aujourd'hui Vis). L'Autriche, vaincue par la Prusse en Bohême, doit néanmoins céder la Vénétie à l'Italie et la frontière se rapproche de Trieste et de l'Istrie.
Les deux composantes de l'Autriche-Hongrie (1867-1918) étaient séparées par une ligne douanière. Le Küstenland ou Pays Côtier relevait de l'Autriche et avait Trieste pour chef-lieu. Ce Kustenland regroupait le comté princier de Görz (Gorizia en italien, Gorica en slovène), Gradisca, et le margraviat d'Istrie ; les cartes de l'époque montrent que trois îles situées dans le golfe de Fiume (Veglia, Cherso et Lussino) appartenaient à l'Istrie. Il n'y avait pas continuité territoriale entre le Küstenland et la Dalmatie, laquelle relevait aussi de l'Autriche : la Hongrie possédait en effet un débouché maritime dont Fiume (les Hongrois utilisaient cette forme) était le port principal.
Après la Première Guerre mondiale, l’Autriche-Hongrie se fragmente et l’Istrie passe à l’Italie lors du traité de Rapallo. Rome a aussi des prétentions sur Fiume (Rijeka), ville alors mi-italienne, mi-croate par sa population, et principal port de la Transleithanie. Cependant, la conférence de Versailles l’attribue au royaume des Serbes, Croates et Slovènes. En réaction, le nationaliste italien Gabriele D'Annunzio occupe Fiume mais les pressions internationales obligent les italiens à expulser par la force le dissident et Fiume devient une ville libre sous mandat de la SDN. Les îles dalmates, elles aussi, ainsi que les villes côtières dalmates de Karlobag (Carlovari), Sibenik (Sebenico), Zadar (Zara), Split (Spalato) et Dubrovnik (Raguse), avaient des populations mixtes croato-italiennes, et l’Italie les revendiquait au nom de l’« héritage vénitien » : elle obtient l’enclave de Zadar (Zara) et les îles de Cres (Cherso), Lošinj (Lussino) et Lastovo (Lagosta) tandis que la Yougoslavie obtient le reste. Dès lors, chacun des pays inclut des minorités proches de l’autre : slovènes et croates en Istrie, à Fiume, Zara et dans les trois îles italiennes, mais italophones dans la plupart des ports et des îles dalmates de la Yougoslavie.
Après la Seconde Guerre mondiale l’Istrie est disputée entre l’Italie, qui ne garde au bout du compte (en 1954) que Trieste (ainsi coupée de son arrière-pays), et la Yougoslavie, qui annexe le reste ainsi que Rijeka, Zadar et les trois îles de Cres, Lošinj et Lastovo. La Slovénie et la Croatie, deux composantes (républiques) de la Yougoslavie communiste fédérale, deviennent indépendantes dans les années 1991-1992 en conservant les frontières yougoslaves internes de 1954 de l’Istrie (règlement de la question de Trieste). Depuis 1952, la Slovénie dispose d'un débouché sur la mer comprenant Koper/Capodistria en italien) et Piran (Pirano en italien). Le reste de l’Istrie (90 %) appartient à la Croatie.
Les « massacres des foibe, cause principale de l'exode istrien[alpha 1],[alpha 2] » connurent, dans l’immédiat après-guerre, deux périodes distinctes :
La Slovénie intègre l’Union européenne en 2004. La frontière italo-slovène est ouverte le lors de l’adhésion de fait de la Slovénie au traité de Schengen. Trieste est donc « réunie » à son arrière-pays dont elle avait été séparée en 1947. L’adhésion, en 2013, de la Croatie à l’Union européenne a ouvert la frontière croato-slovène à l’intérieur de l’Istrie, mais la crise migratoire de 2015 a amené les deux pays, ainsi que l’Italie, à rétablir les contrôles.
Dans le golfe de Trieste, la Slovénie revendique à la Croatie un élargissement de ses eaux territoriales et un « couloir » pour accéder aux eaux internationales.
Géographiquement, les habitants de l’Istrie sont les Istriotes ou Istriens, mais linguistiquement, ces deux termes ne désignent qu’une minorité car l’istriote est une langue italo-romane parlée par une partie des italophones soit 4,3 % des habitants en 2001, tandis que l’istrien est une langue romane orientale parlée par quelques centaines de personnes en 2001 soit moins de 0,1 % des habitants[2].
En 1910, 41,6 % des Istriotes parlaient croate, 36,5 % italien, 13,7 % slovène, 3,3 % allemand, 0,2 % istrien et 0,5 % d’autres langues. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la composition ethnique a changé en faveur des Croates puisque selon les données du recensement fait en 2001 en Croatie, le comitat d'Istrie est peuplé de 206 344 habitants, dont 71,88 % sont Croates, 6,92 % Italiens, 4,3 % Istriotes (soit 10,95 % d’italophones), 3,2 % Serbes et 1,49 % Bosniaques. À cela il faut ajouter la partie Slovène.
Glas Istre (« La voix de l'Istrie »), publié à Pula, est le principal organe de presse croate.
En avril 2001, le ministère croate de la Justice, de l’Administration et des Collectivités locales a décidé, face aux pétitions nationalistes venues du reste de la Croatie, de suspendre 10 dispositions du nouveau statut du comitat d'Istrie (ou joupanie, c’est-à-dire région) :
La région possède des gisements de charbon et de bauxite. Elle tire également des revenus du tourisme, et des industries du bois et agro-alimentaire.
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