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La planification d'urgence en Belgique régit et organise la planification d'urgence (plan catastrophe) dans ce pays, c'est-à-dire qu'elle met en place l'organisation et la prévention relative à un événement (catastrophique ou non) de grande ampleur nécessitant la collaborations de plusieurs services d’urgence différents (comme les pompiers, l'aide médicale urgente ou la police, par exemple).
Le , parait la loi sur la protection civile, qui définit les différentes termes, tels que la protection civile et les services régionaux d'incendie(SRI)[1].
Le , la loi relative à l'aide médicale urgente en Belgique est votée, transférant la responsabilité de celle-ci des communes vers l'état fédéral.
Le , parait la première directive européenne dite « Seveso », qui impose aux États membres de l'Union européenne d'identifier les sites industriels présentant des risques d'accidents majeurs et d'y maintenir un haut niveau de prévention.
Le , parait une circulaire ministérielle relative aux plans d'urgence et d'intervention en exécution de la loi du concernant les risques d'accidents majeurs de certaines activités industrielles.
Le , parait un arrêté royal fixant les normes de prévention incendie dans les nouvelles constructions[2].
La Loi du instaure la future réforme des polices de Belgique à la suite de nombreux dysfonctionnements dans l'affaire Dutroux mis en lumière par la commission d'enquête parlementaire débutée en 1996. Cette réforme organise un service de police intégré, structuré à deux niveaux (police locale et police fédérale), qui entrera en fonction le .
La loi du modifiant la loi du à propos de la protection civile a donné obligation aux bourgmestres de chaque commune d’établir un plan général d’urgence et d’intervention qui prévoit les mesures à prendre et l’organisation des secours en cas d’évènements calamiteux, de catastrophes ou de sinistres.
Le , survient la catastrophe de Ghislenghien qui fit 24 morts et 132 blessés lors de la rupture d'un gazoduc à haute pression qui entraina une explosion sur un zoning industriel. Cette catastrophe met en lumière des dysfonctionnements dans l’organisation et la coopération entre les services de secours[3] et a pour conséquences, outre la réforme de la sécurité civile belge de 2007, une réorganisation de la planification de l'urgence en Belgique, notamment via la création de cinq disciplines de l'urgence par l'arrêté royal du [4].
Le , c'est au tour de la protection civile d'être réformée, réduisant le nombre d'unités de 6 à 2 et redéfinissant les missions qui lui sont attribuées en activités à l'échelon fédéral pour des missions spécialisées et en activités à l'échelon local qui sont alors assurées, depuis lors, par les zones de secours[5].
Un nouvel arrêté royal parait au Moniteur belge le , précisant le rôle des bourgmestres et des gouverneurs de province en cas d'événements et de situations de crise nécessitant une coordination ou une gestion à l'échelon national[6].
La planification d'urgence en Belgique détermine 5 disciplines ayant chacune un rôle bien défini et étant abréviées par la lettre « D »:
Il existe 4 phases d'intervention se différenciant par l'ampleur de l'intervention, par la montée en puissance des moyens engagés, ainsi que par l'importance de sa gestion[7] :
Depuis l'Arrêté Royal de 2006 relatif à la planification d'urgence, ce sont les terminologie phase communale, phase provinciale et phase nationale qui sont privilégiées :
Le déclenchement des phases ne peut pas être délégué, ce qui signifie qu’il est du ressort du seul bourgmestre, du gouverneur ou du ministre selon le cas. Outre l’étendue géographique des conséquences de la situation d’urgence, la phase dépend des moyens à mettre en œuvre, du nombre réel ou potentiel des victimes, les nécessités de coordination, l’impact social des évènements, leur complexité technique et l’évolution des évènements.
À noter que certaines matières relèvent d'office d'un certain type de phase: un accident chimique dans une usine classée "Seveso" fera, a minima, l'objet d'une phase provinciale; un accident de type nucléaire, un black-out électrique ou une action terroriste fera d'office l'objet du déclenchement d'une phase fédérale. En cours de gestion de crise, les autorités administratives (Bourgmestres, Gouverneurs, Ministre de l'Intérieur ou de la Santé) pourront décider de changer de type de phase, en fonction de l'évolution de la situation sur le terrain.
Les Cellules de sécurité sont mises en place dans chaque commune et chaque province. Composées de l’autorité politique, d’un Coordinateur Planification d’urgence (Planu) et d’un représentant de chaque discipline, elles sont chargées d’inventorier et d’analyser les risques, d’établir et d’actualiser les plans d’urgence et d’intervention et d’organiser des exercices. Pour le niveau fédéral, la planification d’urgence est assurée par la Cellule de gestion. Elles permettent aussi aux responsables des différentes disciplines de se connaître et d’acquérir une vision plus large avant la crise.
La définition de la situation d’urgence parle de l’indispensable coordination des différentes disciplines. Cette coordination s’établit à deux niveaux.
Le niveau opérationnel, sur le terrain, est géré par le Poste de commandement opérationnel (PCOps). Le PCOps est dirigé par le Dir-PcOps, en général un officier du Service d’incendie, sauf si les circonstances exigent une autre disposition. Par exemple, une émeute dans une prison peut nécessiter une direction par la police. Le PCOps est également constitué d’un directeur pour chaque discipline : le Dir-Si pour le service d’incendie, le Dir-Med pour les secours médicaux, sanitaires et psychosociaux, aidé pour ce dernier point par le Coordinateur psychosocial local, le Dir-Log pour la discipline 4 et le Dir-Info pour la discipline 5. Souvent, s’y adjoindra un représentant de l’institution sinistrée. Le PCOps organise les lieux de l’intervention, met en place les différents périmètres, échange les informations avec les autorités, veille à la sécurité des intervenants, etc.
Le Comité de coordination communal (CCC) est la cellule multidisciplinaire chargée d’assister le bourgmestre dans la coordination stratégique. Il se réunit dans le centre de crise. Il comprend le Coordinateur communal Planification d’urgence, un représentant de chaque discipline et toute autre personne nécessaire à la gestion de la crise. La discipline 2 est représentée par l’Inspecteur d’hygiène fédéral pour les aspects médicaux et le Psychosocial manager (PSM) pour les aspects psychosociaux. Pour la phase provinciale, le Comité de coordination provincial (CCP) suit la même logique mais comprend en outre les bourgmestres de chaque commune concernée. Si une phase fédérale est déclenché, les cellules de crise se réunissent au sein du Centre de crise gouvernemental. Sous la présidence du Ministre de l'Intérieur, la Cellule de gestion réunit les Ministres concernés afin de coordonner les actions au niveau national.
Les lieux d’intervention sont répartis en trois zones, délimitées chacune par un périmètre.
À la demande de l’autorité judiciaire, un périmètre judiciaire peut être tracé en concertation avec le Dir-PCOps.
Les principes de prévention se traduisent en Belgique par plusieurs plans :
Le plan d’intervention médical (PIM) fait partie du plan monodisciplinaire de la Discipline 2. Ce plan monodisciplinaire a pour objectif de préciser les modalités de mise en œuvre, la coordination et l’organisation des moyens de la chaîne des secours médicaux et psychosociaux pour faire face à un afflux de victimes, à une situation sanitaire exceptionnelle ou à une manifestation à risques tout en évitant de porter la désorganisation vers les structures hospitalières ou de surcharger le Service 100. À cette fin, il recense l’ensemble des moyens disponibles susceptibles d’être mobilisés. Le PIM a pour but d’appliquer les techniques de l’urgence individuelle aux situations impliquant un grand nombre de victimes. Ainsi, l'urgence collective nécessite les mêmes procédures et les mêmes moyens que l’urgence individuelle. Toutefois, les besoins en soins médicaux sont tels que les standards habituels de qualité ne peuvent être garantis pour toutes les victimes. Cela nécessitera une catégorisation et un triage des victimes.
Les deux grands principes sont que :
Il est à noter que le PIM est dit « déphasé », c’est-à-dire qu’il n’est pas lié au déclenchement d’une phase communale ou provinciale des plans d’urgence. Il est déclenché d’office si les critères sont réunis. Il est également déphasé car aucune commune ou province, ni même l’État fédéral, ne dispose des ressources nécessaires pour absorber toutes les urgences médicales. C’est ainsi par exemple que lors de la catastrophe de Ghislenghien du , des brûlés graves ont été évacués en France. Ou lors de la tuerie de Liège du , les services médicaux néerlandais de Maastricht sont intervenus.
Devant le constat qu’en temps de crise, les moyens sont insuffisants par rapport aux besoins, il s’est avéré qu’une organisation spécifique était nécessaire. C’est ainsi que divers acteurs, Ministère de la Santé publique, Croix-Rouge de Belgique, Service médical de l’Armée et le monde académique se sont réunis à Gand en 1991. C’est ainsi qu’est née la doctrine de Gand qui reposait sur une coordination centrale unique et une hiérarchie unique et qui définissait un langage et une vision commune. Le consensus qui s’est dégagé a fait que cette doctrine a été acceptée par tous les acteurs des secours médicaux sans qu’un texte légal la rende obligatoire. Aujourd’hui, via le PIM, les grands principes de la doctrine de Gand ont été transposés dans un texte réglementaire.
Le PIM est mis en œuvre en cas de 5 blessés graves ou de 10 blessés quel que soit leur état, ce qui entraîne la mobilisation de l’Inspecteur d’hygiène fédéral (IHF), du Psychosocial Manager (PSM) et l’envoi sur place du Dir-Med, du Dir-Med adjoint, de 3 SMURS, de 5 ambulances et de la logistique médicale. Si plus de 10 personnes peuvent être mises en danger, l’IHF et le PSM sont mobilisés et le Dir-Med, son adjoint, 1 SMUR et 1 ambulance sont envoyés sur place. Des réponses spécifiques peuvent également être activées pour des situations particulières.
La Discipline 1 est chargée des opérations de secours. Elle vise à la maîtrise de la situation d’urgence et l’élimination du risque. Elle recherche et sauve les victimes et les met en sécurité. La Discipline 2, pour autant que les circonstances le permettent, se limite à effectuer un prétriage, une catégorisation grossière des victimes en fonction d’un code de couleur. Les personnes pouvant marcher sont pourvues d’un macaron jaune et celles ne pouvant pas marcher d’un macaron rouge. Les personnes décédées sur place sont pourvues d’un macaron noir, du moins si un médecin participe au tri. En effet, seul le médecin peut déclarer la mort d’un individu. Les actes de secourisme sont réduits aux gestes vitaux : PLS, couverture, arrêt des hémorragies…
Le concept de poste médical avancé (PMA) provient de la médecine militaire, où un poste médical est installé à proximité de la zone des combats. L’installation du PMA doit répondre, outre à la proximité du site de l’accident, à des critères d’absence de danger, d’espace suffisant, de voies d’accès aisées et de moyens de communication. Il s’agit donc d’une structure transitoire préhospitalière qui remplit plusieurs fonctions :
La régulation médicosanitaire des urgences est confiée au SAMU dans les pays ou il existe (France, Brésil, Chili, etc). Le médecin régulateur est chargé de désigner le service hospitalier approprié où sera évacuée la victime en fonction des priorités, de la pathologie et des disponibilités et spécificités des hôpitaux. Il choisit également le moyen de transport le plus efficient. Il évite ainsi l’engorgement des hôpitaux les plus proches du site qui était le résultat des plans anciens et il va les aider à se désengorger s'ils ont été envahis.
La SAMU peut envoyer auprès du PMA un médecin régulateur avancé dans un véhicule ad hoc qui se place auprès des PC de la Police des sauveteurs et du Centre de triage ou d'un Centre d'évacuations aériennes multiples. Plusieurs SAMU impliqués peuvent se répartir ces deux fonctions si nécessaire.
En France, c'est le médecin régulateur des SAMU qui déclenche la mise en branle des Plans Blancs des SAMU SMUR et des Hôpitaux qui sont concernés et alerte les SAMU voisins.
Dans les pays ou le réseau des SAMU est complet, ce réseau devient un énorme progrès pour les plans de Protection civile car elle implique directement tous les acteurs de Soins et de la Santé Publique.
Deux types de trajets ont été prédéfinis pour amener les victimes depuis le lieu de la catastrophe jusqu'aux différentes structures d’accueil. Elles portent le nom de noria, faisant référence à l'aspect circulaire et répétitif du transport de l'eau par ces machines. Ces norias sont assurées par les différents intervenants sur les lieux.
La « petite noria », consiste à brancarder les victimes « rouges » et à accompagner les victimes « jaunes » vers le poste médical avancé (PMA). Les non-blessés sont orientés vers les structures du PIPS.
La « grande noria » organise le transport depuis le PMA vers les hôpitaux par ambulance médicalisée ou non, transport collectif, hélicoptère, etc.
Le PIM peut compter sur la mobilisation immédiate des moyens habituels de l’aide médicale urgente (AMU), à savoir les ambulances 100, les SMURs et les moyens logistiques tel que le PMA mobile de la Santé Publique. Cette structure comprend notamment du matériel de réanimation respiratoire et circulatoire, une grande tente gonflable, des civières et une réserve d’oxygène.
Les renforts peuvent provenir de la Croix-Rouge de Belgique, de la Défense, des services d’ambulances ne collaborant pas à l’AMU, des médecins généralistes et des moyens de transports collectifs, publics ou privés.
Le PIM se gère sur deux niveaux. Le plan opérationnel, sur le terrain, incombe au Dir-Med, le directeur de l’aide médicale. Il est l’autorité opérationnelle de l’ensemble des secours médicaux et sanitaires, quels que soient leurs services d’origine. À ce titre, il valide l’emplacement du PMA, organise et coordonne la médicalisation des opérations, tient à jour la liste des victimes, s’assure de l’approvisionnement en produits pharmaceutiques, régule l’évacuation des victimes, organise la relève du personnel médical, etc.
Dans l’attente de l’arrivée du Dir-Med, la fonction est assurée par le médecin du premier SMUR sur les lieux du sinistre.
Le plan stratégique est assuré par l’IHF qui siège au Comité de Coordination communal ou provincial.
Le PIM est épaulé par notamment le plan MASH (Mise en alerte des services hospitaliers) qui vise à augmenter les capacités des hôpitaux et par le plan BABI (Belgian association for burn injuries).
Les victimes recueillies sur le site du sinistre sont destinées à être prises en charge par des structures hospitalières. Si celles-ci ne montent pas en puissance, l’évacuation régulée ne fera que déplacer le problème. Très vite, là aussi les moyens deviennent insuffisants. C’est pourquoi la législation impose à chaque institution hospitalière la mise sur pied d’un plan de Mise en alerte des services hospitaliers (MASH). Ce plan s'appelle depuis le le plan d'urgence hospitalier (PUH)[8]. Ce plan est réalisé sous la responsabilité du médecin-chef de l’établissement. Il vise à mettre sur pied une structure médicale et paramédicale capable de faire face à un afflux de victimes. Celles-ci doivent être accueillies efficacement tout en ne compromettant pas les soins aux patients « normaux ». Le plan MASH est donc mis en place en appui du plan monodisciplinaire de la Discipline 2. Les capacités d’accueil et de traitement de chaque hôpital sont intégrées dans le plan de cette discipline et le Dir-Med en tient compte pour les évacuations au niveau du PMA.
Outre ce volet externe, le plan MASH comprend aussi un volet interne destiné à réduire les conséquences d’un événement interne à l’institution, tel qu’un incendie. Les hôpitaux renferment des équipements à risque, des patients parfois peu valides, des visiteurs nombreux et des membres du personnel. Il existe un risque théorique de 2 incendies par an pour un hôpital de 500 à 1 000 lits.
Les plans MASH des différents hôpitaux sont intégrés dans les plans provinciaux et doivent être approuvés par le Gouverneur de Province.
Le médecin-chef est légalement responsable du plan MASH.
Le Comité permanent, qui réunit les directions médicale, infirmière et administrative, le service de sécurité et le Comité de prévention et de protection au travail, est chargé de la rédaction, de l’actualisation et de la validation du plan. Il organise des exercices réguliers.
La Cellule de coordination et de commandement (CCC) est activée en cas de déclenchement du plan MASH. Elle se compose des autorités hospitalières : médecin-chef, directeurs des départements logistique, administratif, informatique et infirmier, conseiller en prévention, officier de liaison, délégué à la presse ainsi que de personnel administratif. Elle dirige les opérations et assure les relations avec les services extérieurs et les autorités.
Concrètement, ses missions sont de nature médicale (gestion du personnel médical, attribution de fonctions, modalités d’évacuation, gestion des lits…), logistique (gestion de stocks, de la lingerie, de la cuisine, du personnel technique, contrôle de la sécurité des appareils médicaux, établissement de voies de circulation…), de coordination avec les autorités (information sur la situation concernant le nombre et la gravité des blessés, adaptation de la protection hospitalière…). La Cellule assure aussi le contact avec les médias et organise l’encadrement des familles des victimes.
Dès la mise en route du plan, du personnel est rappelé de manière nominative. Ce rappel nominatif s’explique par le fait que l’expérience montre que les appels généraux via les médias provoquent un afflux désordonné de personnel, ce qui entrave le bon fonctionnement du plan.
Le service des urgences est le premier à adapter ses structures pour recevoir les victimes selon les principes de fonctionnement d’un poste médical avancé (PMA). Les ambulances déchargent les victimes au sas d’admission. Le secrétariat in attribue un numéro d’identification à chacune. Les victimes sont catégorisées en U1 – U2 – U3 et UD. Des équipes médicales et infirmières sont attribuées à chaque secteur. Si nécessaire, les victimes sont transférées à l’extérieur par un sas d’évacuation. Le bureau central du service est transformé en Poste de commandement opérationnel (PCO) et en centre de régulation.
La montée en puissance concerne également le quartier opératoire, les soins intensifs, la radiologie et la psychiatrie.
Il est à noter que l’expérience des urgences collectives montre que l’hôpital le plus proche du sinistre est « pris d’assaut » par des victimes arrivant spontanément ou évacuées de manière sauvage par des passants. La doctrine veut donc que cet hôpital ne soit plus intégré dans les évacuations depuis le PMA car il aura déjà à gérer un grand nombre de victimes.
Le PIPS (Plan d’intervention psychosocial) apporte une réponse aux victimes non-blessées et aux impliqués de la crise, il fait partie du plan monodisciplinaire de la Discipline 2 qui comprend les secours médicaux, sanitaires et psychosociaux.
Il entre dans la logique plus large de la planification d’urgence. Dans une situation d‘urgence collective, on rencontre une inadéquation brutale entre les besoins, soudainement très grands, et les moyens, limités car ne dépassant pas dans un premier temps ceux habituellement mis en œuvre. Les renforts n’arrivent que dans un deuxième temps. Il faut alors passer d’une logique d’efficacité à une logique d’efficience et la priorité doit être donnée à l’organisation sur la satisfaction des besoins individuels. Par exemple, lors d’un incident impliquant de nombreux blessés, les premiers secouristes sur place devront prioritairement transmettre un bilan le plus complet possible au Centre 100, évacuer les personnes non-blessées et faciliter l’arrivée des secours, sans prodiguer des soins, même vitaux, à une victime particulière. Agir ainsi serait diminuer les chances de survie du plus grand nombre. Il s’agit là d’une rupture avec les concepts habituels du personnel soignant, habitué à tout mettre en œuvre pour sauver une vie.
Pour pallier l’insuffisance de moyens de la première phase de la situation d’urgence, il faut concevoir des plans d’urgence. Ces plans permettent d’établir une unité à la fois dans l’action et dans le commandement. Ils instituent également un langage commun et permettent aux décideurs des différentes disciplines de se connaître, ce qui facilite grandement les contacts lors de la crise. Les plans comprennent un inventaire des moyens humains et matériel ainsi qu’un règlement de manœuvre et des schémas de communication.
Cette planification permet de prévoir ce qu’il est possible de l’être et donc de limiter au maximum les moments d’incertitude et d’improvisation, synonymes de chaos dans les opérations de secours. À l’évidence, il n’est pas adéquat de chercher au moment de la crise les numéros de téléphone du personnel à rappeler et les clés des bâtiments stratégiques. Beaucoup d’impondérables sont à gérer lors de la situation d’urgence pour ne pas perdre son temps à cela.
C’est dans cette logique que s’inscrit le PIPS. Il active et coordonne les actions psychosociales lors de situations d’urgences collectives, aussi bien dans la phase aiguë que dans le soutien à plus long terme apporté aux personnes impliquées. Ses publics-cibles sont multiples : les blessés, les non-blessés, leurs proches, les intervenants, les témoins et d’autres groupes éventuels.
Il répond à plusieurs nécessités durant la situation de crise.
Ces différentes structures sont prévues dans le cadre de la planification d’urgence et activées en cas de crise. Les communes sont les chevilles ouvrières du PIPS. Cela s’explique par la proximité nécessaire des réponses à apporter aux besoins immédiats de ses publics-cibles. Elles doivent également prévoir à la fois les infrastructures et le personnel adéquat, assurer la logistique générale et spécifique à chaque structure, les moyens de communications et les partenariats avec des intervenants extérieurs tels que la Croix-Rouge. Des mutualisations des moyens sont évidemment possibles.
Dans les 24 à 48 heures après la crise, le PIPS prévoit l’élaboration d’un bilan post-crise qui analyse les informations récoltées auprès des différents intervenants à la suite de la crise. Il permet de déterminer l’impact psychosocial et les besoins des différents groupes-cibles et détermine les ressources disponibles et à mobiliser. C’est sur cette base que la décision sera prise de clore ou de poursuivre l’action du PIPS.
Dans le plus long terme, quelques jours après le bilan post-crise, le PIPS prévoit la constitution d’un Comité de coordination psychosociale (CCPS) qui évalue et décrit clairement les besoins. C’est de ceux-ci que dépend la composition du comité. Il assure le suivi des besoins collectifs des impliqués et veille à ce qu’une réponse y soit apportée. Il assure également une fonction de relais et de coordination pour les besoins individuels. Enfin, si nécessaire, le CCPS met en place un Centre d’information et de soutien (CIS), point de contact organisé pour les victimes directes et indirectes, les impliqués et les intervenants lorsqu’un soutien ultérieur est nécessaire. Il peut se concrétiser par un numéro de téléphone, une adresse électronique ou un bureau séparé avec du personnel. Son fonctionnement est déterminé par le CCPS et dépend de la nature du sinistre et des besoins qui ont été déterminés.
Le PIPS répond donc aux standards de la planification d’urgence en réduisant le temps nécessaire à la mise en place des structures de crise. Il donne un cadre de travail aux intervenants et repose essentiellement sur les ressources locales. Il a pour philosophie de répondre à la fois aux besoins organisationnels en temps de crise et aux aspects humains. Par exemple, le Centre d’Encadrement des Proches a pour but non seulement d’éviter l’afflux de proches désemparés sur les lieux du sinistre où ils ne feront que gêner les opérations de secours mais aussi d’offrir à ces proches un accueil à visage humain et le réconfort dont ils ont besoin.
La Belgian association for burn injuries (BABI) a établi un plan de gestion préhospitalière et interhospitalière des grands brûlés au cours des 72 heures après l’accident. En effet, en cas d’urgence collective, les lits pour brûlés risquent d’être en nombre insuffisant. Des services d’urgence classiques doivent alors prendre en charge des brûlés graves pendant plusieurs jours. L’explosion de Ghislenghien du a apporté une confirmation douloureuse à cette situation.
La Belgique dispose de 7 centres de brûlés situés à Anvers, Gand, HUDERF, Liège, Louvain, Neder-Over-Heembeek (Hôpital militaire Reine Astrid), pour un total de 65 lits, que l’on peut porter à 100 en cas de crise. Ils ont constitué une ASBL dont un des buts est de maintenir à jour un plan de coordination et de régulation des lits pour brûlés en cas d’urgence collective : le plan BABI. Celui-ci vise à régler les aides mutuelles entre les différents centres par une mise en alerte rapide, une augmentation des capacités, une réponse médicale rapide et adaptée, une répartition des transferts secondaires et une assistance réciproque avec les pays limitrophes.
Le plan BABI peut être activé notamment par le Centre 100, le Dir-Med, l’Inspecteur d’Hygiène fédéral ou le centre de brûlés le plus proche du sinistre.
Une centrale téléphonique a été mise en place au sein de l’Hôpital militaire Reine Astrid, choisi pour sa situation centrale et le multilinguisme de son personnel. Elle est distincte du centre de brûlés situé dans le même hôpital. Elle prend contact journellement avec les centres de brûlés pour tenir à jour la liste des lits disponibles. En cas de déclenchement du plan BABI, elle collecte les informations, sur la nature du sinistre, le nombre et le type de victimes. Elle contacte ensuite tous les centres de brûlés. Les évacuations sont alors coordonnées et régulées.
La centrale assure aussi le suivi de l’évolution des patients et veille au rapatriement des patients admis à l’étranger.
D’autre part, la B-Team (burn-team), équipe médicale spécialisée (chirurgien, anesthésiste et infirmier) dans le traitement des brûlures, est envoyée afin d’effectuer un triage des victimes. Elle apporte aussi son aide aux services d’urgence généraux ne disposant pas d’une expertise particulière en matière de brûlures. Ce triage évite le gaspillage des lits spécifiques
Le plan BABI est donc un complément de la chaîne médicale en situation d’urgence collective.
Par ailleurs, la BABI organise des réunions régulières, des symposiums et des formations.
Lors d'une crise grande ampleur, les opérations sont gérées à deux niveaux :
Les abréviations des directeurs de chaque disciplines sont les suivantes :
Niveau Opérationnel | Niveau Stratégique |
---|---|
DIR-SI
directeur service d'incendie (un officier de pompier). |
DIR-D1 |
DIR-MED | DIR-D2
généralement l'Inspecteur d'Hygiène Fédéral secondé par le PSM |
DIR-POL
directeur de police (un officier de police) |
DIR-D3 |
DIR-LOG
directeur logistique |
DIR-D4 |
DIR-INFO
directeur de l'information |
DIR-D5 |
Les différents services d'urgence utilisent tous le même opérateur radio: l'opérateur A.S.T.R.I.D..
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