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La maison de Croÿ ou de Croy (prononcez « croui » [krwi]) est une ancienne famille de la noblesse européenne, originaire de Picardie.
Maison de Croÿ | |
Armes | |
Blasonnement | D'argent, à trois fasces de gueules. |
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Devise | « À jamais Croÿ » |
Branches | Croÿ-Aerschot Croÿ-Havré Croÿ-Le Rœulx Croÿ-Chimay Croÿ-Solre |
Période | XIIe siècle – XXIe siècle |
Pays ou province d’origine | Village de Crouy en Picardie |
Allégeance | État bourguignon |
Fiefs tenus | Comtés de Beaumont (Hainaut) et de Chimay, duché d'Aarschot, seigneurie de Tamise (Belgique) |
Demeures | Château des Princes de Croÿ Château d'Azy |
Charges | Grand bailli du Hainaut |
Récompenses civiles | Chevalier de la Toison d'or |
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Elle connut une ascension rapide au XVe siècle en se mettant d'abord au service des ducs de Bourgogne, puis, après la mort de Charles le Téméraire, au service de leurs descendants Habsbourg dans leurs territoires des Pays-Bas.
On trouve les premières traces de la maison de Croÿ au XIIe siècle, en Picardie. Elle tire son nom du village de Crouy-Saint-Pierre (Somme), ce qui explique que le nom Croÿ se prononce toujours en français « croui » [krwi], avec un « i voyelle » (et non pas « croye », avec un « i semi-consonne »). Ce sont alors des seigneurs locaux sans fortune ni influence.
Jacques II de Croÿ prit part à la bataille de Crécy, le 26 août 1346.
C'est Antoine Ier, dit « le Grand », qui, sous le règne de Philippe le Bon, favorise l'ascension de la famille. Ayant obtenu l'oreille du prince, il devient dans la dernière décennie du règne son plus proche conseiller. Les Croÿ sont alors le parti le plus important de la cour. Ils reçoivent gouvernements, titres et largesses, et ces faveurs leur attirent la haine de la noblesse burgondo-flamande qui accuse Antoine, petit seigneur français, d'accaparer à son seul profit l'attention d'un prince vieillissant. Antoine entre alors en conflit avec le comte de Charolais, futur Charles le Téméraire. L'héritier, déjà en âge de régner, n'apprécie guère ce clan « parasitaire » qui capte le pouvoir alors que lui-même est exclu du gouvernement par son père. Lors de son « coup d'État », Charles accuse les Croÿ de travailler pour la France et, avec leurs alliés Rubempré, il les raye du titre de chevalier de la Toison d'or. Ils sont bannis. Beaucoup trouvent refuge à la cour de France, dont le roi n'est que trop content de pouvoir nuire ainsi à son encombrant cousin.
Après la mort du Téméraire, les Croÿ reviennent d'autant plus vite en faveur qu'ils se posent en défenseurs des droits de la princesse Marie de Bourgogne face au roi de France. Les premiers Habsbourg, Maximilien, Philippe le Beau et Charles Quint, continuent à s'appuyer sur cette famille aux clientèles influentes et à la récompenser de leurs largesses. Les Croÿ parviennent à l'apogée de leur puissance au début du XVIe siècle, quand Guillaume de Croÿ, seigneur de Chièvres, est fait précepteur de Charles de Bourgogne, futur Charles Quint, à Malines et Bruxelles. Le théologien et philosophe Érasme, qui réside près de Bruxelles à Anderlecht, écrit à cette occasion son traité de L'Éducation d'un prince. Mais après la mort de Guillaume, la puissance acquise sous Charles Quint ne se maintient plus que localement, très contestée qu'elle est lorsque Philippe III de Croÿ, 3e duc d'Aerschot, demeuré farouchement catholique, doit s'exiler à Venise après avoir abdiqué son titre de gouverneur général des Pays-Bas pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans.
Les Croÿ doivent leur fortune à leur position de conseillers et serviteurs des princes : avant le XVe siècle et l'ascension fulgurante d'Antoine le Grand, ce n'est qu'une famille de noblesse locale.
La seigneurie de Croÿ, pour être la plus ancienne, ne fut pas la plus importante possession de la famille avant le XVIIe siècle. Ce sont surtout les terres de Chimay — élevée en comté, puis en principauté dans la deuxième moitié du XVe siècle — de Beaumont et d'Aarschot — cette dernière élevée en duché par Charles Quint en 1534 — qui concentrèrent la fortune des Croÿ et distinguèrent les deux principales branches issues d'Antoine. Ces dernières furent réunies en 1525 par la mort de la dernière princesse de Chimay, Anne fille de Charles Ier de Croÿ, qui avait épousé son cousin éloigné le duc d'Aerschot, accroissant notablement la fortune de la famille. Le titre de prince de Chimay devint celui des aînés du vivant de leur père.
Avec les guerres entre la France et l'Empire, les Croÿ furent un enjeu de taille. Pour tenter de les attirer, Henri IV proposa en 1598 à Charles de Croÿ d'ériger en duché sa terre de Croÿ, sise en France. Il s'agissait de faire aussi des Croÿ des Grands dans le royaume de France, et ainsi de les détacher de l'Espagne. Ce droit ne fut confirmé qu'en 1768 par Louis XV.
La maison de Croÿ a donné naissance à deux cardinaux, l'un en 1517, archevêque de Tolède, primat d'Espagne et chancelier de Castille, l'autre grand aumônier de France et archevêque de Rouen ; deux évêques et ducs de Cambrai, princes du Saint-Empire ; cinq évêques de Thérouanne, de Tournai, de Camin, d'Arras et d'Ypres ; un grand-bouteiller, un grand-maître et un maréchal de France ; six chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit ; un tuteur, parrain et premier ministre de la personne de l'empereur Charles Quint, grand-chambellan, grand-amiral et premier ministre de ce monarque et bien sûr régent de l'empire à la mort des parents de Charles V ; un grand chambellan et premier ministre de Philippe le Bon, duc de Bourgogne ; un grand-maître et plusieurs maréchaux de l'Empire ; un grand-écuyer du roi d'Espagne, un dignitaire de la même charge près d'Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, en 1555 ; un gouverneur-général des Pays-Bas en 1573 ; treize généraux des armées bourguignonne, impériale et espagnole et sept généraux au service de la France ; un généralissime des armées du tsar Pierre le Grand, quatre chefs du Conseil des finances aux Pays-Bas et un surintendant des finances de Philippe III, roi d'Espagne ; enfin, un grand nombre d'ambassadeurs et de ministres plénipotentiaires aux diètes de l'Empire, en France, en Espagne, en Italie et en Angleterre.
À ce brillant palmarès fait par le chevalier de Courcelles, ajoutons que cette maison a donné naissance également à des députés, des sénateurs et pairs de France.
Le gouvernement du duché de Brabant et des comtés de Flandre et de Hainaut a été, pour ainsi dire, héréditaire dans cette maison. Deux de ses branches sont depuis plus de deux siècles en possession de la grandesse d'Espagne, et elle compte en 1979 trente-deux chevaliers de l'ordre de la Toison d'Or.
Au début de son histoire, la maison de Croÿ a souffert d'une mauvaise réputation due à la vitesse et au caractère récent de son ascension. Elle ne correspondait pas à l'idéal d'une noblesse issue de la chevalerie immémoriale, et les vieilles familles flamandes la taxaient facilement d'arrivisme. En un mot, la maison n'avait pas la légitimité de la durée. Il fallait pour la maison de Croÿ se construire la légende familiale qui manquait à son nom. Au début du XVIIe siècle, on fit donc dresser une de ces généalogies légendaires dont l'époque raffolait[1]. Jacques de Bye, l'historiographe retenu pour cette tâche, ne se contenta pas d'inventer une foule d'ancêtres prestigieux à la famille picarde : il remonta sans discontinuer ni hésiter à Adam lui-même[2].
Le duc Charles prétendit ainsi descendre des rois de Hongrie de la dynastie des Árpád, que la légende fait remonter à Attila. La filiation se basait sur la similitude héraldique (un appareil de bandes horizontales rouges et blanches)[3], se rattachant par Marc de Hongrie, chassé par son frère et dépossédé de son royaume, qui se serait réfugié en France, en 1147, où il aurait épousé Catherine de Croÿ.
Cela donna lieu à la fameuse anecdote du tableau des Croÿ, sans doute apocryphe : dans son château, le duc de Croÿ aurait fait peindre une représentation du Déluge où un personnage nageant à côté de l'arche aurait été figuré tendant un parchemin à Noé en déclarant : « Sauvez les titres de la maison de Croÿ ! »[4]
Terres : Château-Porcien, Chimay, Havré, Meghen, Millendonck/Mylendonk, Molembais, Renty, (Le) Rœulx, Solre, Warneck/La Motte Warnecque
Les princes de Croÿ-Rœulx, avec reconnaissance du titre de prince du St-Empire (Belgique, le 27.10.1947), sont actuellement représentés par :
Les princes de Croÿ-Solre (2e majorat et confirmation en Belgique le 02.01.1933 avec prédicat d'Altesse Sérénissime) sont représentés par le 6e prince Emmanuel, né en 1957. Les princes de Croÿ-Collalto, par héritage des princes de Collalto et San Salvatore[6] (27.07.1994), sont représentés par le prince Emmanuel, né en 1990.
Par le traité de Lunéville en 1801, les propriétés des Croÿ dans les Pays-Bas, surtout le comté de Horn, sont perdus par la famille. Par le recès d'Empire de 1803, Auguste Louis Philippe Emmanuel de Croÿ, 9e duc de Croÿ, obtient le comté souverain de Dülmen, puis élevé en duché, en Westphalie comme compensation, devenant prince régnant du Saint-Empire. Par le congrès de Vienne en 1815, ce duché est attribué au royaume de Prusse. Depuis la destruction du château de Dülmen en 1945, les ducs résident au château de Merfeld près de Dülmen.
Le 10e duc Alfred de Croÿ-Dülmen et ses deux frères cadets Ferdinand et Philippe ont fondé les trois branches existantes de la famille. La progéniture d'Alfred s'est installée en Westphalie, en Bohême et en France. La progéniture de Ferdinand s'est divisée entre les branches du Rœulx et de Rumillies, en Belgique. La progéniture de Philippe (1801–1871) est allée en Autriche.
Figure | Blasonnement |
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Croÿ, armes primitives : D'argent, à trois fasces de gueules[7] . La maison de Croÿ porte pour cimier une tête de lévrier de sable dans un vol banneret d'argent. | |
Croÿ-Renty, à partir d'Antoine Ier le Grand, auteur des branches de Croÿ-Aerschot et Croÿ-Le Rœulx : Écartelé: aux 1 et 4, d'argent, à trois fasces de gueules (de Croÿ) ; aux 2 et 3, d'argent, à trois doloires de gueules, les deux du chef adossées (Renty)[7] . Ces armes peuvent être surbrisées pour les branches cadettes. | |
Croÿ-Chimay, comtes puis princes de Chimay, auteurs des seigneurs de Sempy Écartelé: aux 1 et 4, d'argent, à trois fasces de gueules (de Croÿ) ; aux 2 et 3, d'argent, à trois doloires de gueules, les deux du chef adossées (de Renty) ; sur le tout écartelé, aux 1 et 4, d'or au lion de sable (de Flandre) ; aux 2 et 3, losangé d'or et de gueules (de Craon)[7] . Ces armes peuvent être surbrisées pour les branches cadettes. | |
Croÿ-Sempy, seigneurs de Sempy Écartelé: aux 1 et 4, de Croÿ ; aux 2 et 3, de Renty ; sur le tout écartelé, aux 1 et 4, de Flandre ; aux 2 et 3, de Craon, les armes brisées d'une bordure de gueules chargée de douze besants d'argent.[7] | |
Croÿ-Le Rœulx : Écartelé: aux 1 et 4, de Croÿ ; aux 2 et 3, de Renty ; sur le tout écartelé, aux 1 et 4, de Lorraine ; au 2, de Valois-Alençon ; au 3, d'Harcourt.[8] | |
Croÿ-Renty, portées notamment par Guillaume III de Croÿ ( † ), 2e marquis de Renty, vicomte de Bourbourg, seigneur de Chievres, de Meulant, chevalier de la Toison d'or (1559, brevet no 237), fils de Philippe II de Croÿ (1496-1549), Prince de Chimay, duc d'Aerschot, Écartelé de Croÿ et de Renty ; sur le tout écartelé : aux a et d, de France ; aux b et c, d'Albret ; sur-le-tout-du-tout de Bretagne[9]. | |
Croÿ-Arenberg : Écartelé : aux 1 et 4, d'argent à trois fasces de gueule (qui est Croÿ) ; aux 2 et 3, contre-écartelé : aux a et d, d'azur à trois fleurs de lis d'or (qui est France) ; aux b et c, de gueules (qui est d'Albret) ; sur le tout du contre-écartelé, d'hermines (qui est Bretagne) ; et sur le tout de l'écartelé, de gueules à trois roses d'or (qui est Arenberg).[10] | |
Croÿ-Chièvres : Écartelé de Croÿ et de Renty ; sur-le-tout écartelé en I et IV de Luxembourg, en II de Lorraine, en III, de Bar. | |
Croÿ-Solre : Écartelé : au 1 et 4, contre-écartelé a) et d) d'argent, à trois fasces de gueules (de Croÿ), b) et c) d'argent, à trois haches de gueules, les deux du chef adossées et posées l'une en bande, l'autre en barre, celle de la pointe posée en bande (de Renty) ; au 2, contre-écartelé a) et d) d'azur, à trois fleurs-de-lis d'or (de France), b) et c) de gueules plain (d'Albret), sur le tout d'hermine (de Bretagne); au 3, contre-écartelé a) et d) d'or au lion de sable (Flandre), b) et c) losangé d'or et de gueules (Craon). Sur le tout de l'écu écartelé de Croÿ et de Renty.[11] | |
Charles-Philippe de Croÿ (1549†1613), Marquis d'Havré, comte de Fontenoy, seigneur de Bièvre, d'Acre et d'Everbeck |
Les armoiries des Croÿ ont inspiré celles de nombreuses localités, en France et en Belgique : Biévène, Malderen (Brabant flamand, Belgique), Froidchapelle, Ghlin, Havré, Macon, Momignies, Saint-Vaast, Sivry, Sivry-Rance, Solre-Saint-Géry (Hainaut, Belgique), Senzeille (province de Namur, Belgique), Avesnelles, Bermerain, Étrœungt, Féron, Ferrière-la-Grande, Lez-Fontaine, Rousies, Solrinnes (Nord, France), Hervelinghen (Pas-de-Calais, France)[12].
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